L’archéologie a l’honneur

Des conférences ayant pour thème la présentation des multiples sites et aspects de l’archéologie syrienne sont régulièrement organisées tous les mois par le Centre Culturel Arabe Syrien.

Citons pour mémoire la tenue depuis le début de cette année des conférences suivantes :

–  Conférence le 10 janvier 2012 de Mme Béatrice Muller, Directeur de recherche au CNRS, UMR 7041 ArScAn, Archéologies et Sciences de l’Antiquité – Nanterre, sur le thème «La peinture murale en Syrie et en Mésopotamie (du IVe au Ier millénaire av. J.-C.)». 

peinture murale syro-mésopotamienneMéconnue en raison de son mauvais état de conservation, la peinture murale syro-mésopotamienne a joué, dans l’art et dans la vie quotidienne, un rôle beaucoup plus important que ce que pourrait laisser croire la rareté de ses vestiges. Le décor coloré, tant géométrique que figuratif, s’organise savamment dans les maisons, les palais et les temples et témoigne de préoccupations où la figure royale et la figure divine, souvent associée symboliquement à des animaux, tiennent la plus grande part.
          

Conférence le 31 janvier de M. Eric Coqueugniot, Directeur de recherche au CNRS, Responsable de la   fouille de Dja’de, qui a traité de « Dja’de el Mughara, un village du 9ème millénaire avant notre ère en Syrie (Vallée de l’Euphrate) ».

Le néolithique apparaît au Moyen-Orient, notamment dans le nord de la Syrie, avant    l’Europe.    On    assiste       selon       des    étapes    successives à la naissance des divinités, à la sédentarisation, à l’agriculture, à l’élevage, puis à la céramique. La question de la domestication des plantes, des animaux et de la sédentarité est évoquée.      On a notamment découvert des figurines féminines avec la symbolique du taureau, des figurines féminines et des figurines asexuées, ainsi que des petites haches en céramique, des poignards et des flèches en silex. La découverte également d’une sépulture de 70 individus « maison des morts », sans offrandes ni objets est ensuite relatée.

      

– Conférence le 7 février de M. Pierre Leriche, Directeur de Recherche Emérite au CNRS, Directeur de la Mission Franco-Syrienne d’Europos-Doura, Responsable de l’Association Orient Hellénisé, sur le thème « Europos-Doura sur l’Euphrate, Témoin exceptionnel de la civilisation de la Syrie classique. Découvertes récentes »

steppe syrienne et Djeziré, Europos-Doura

Entre steppe syrienne et Djeziré, Europos-Doura marque de sa forte présence le paysage avec ses murailles remarquablement conservées et ses ruines qui dominent l’Euphrate du haut d’une falaise de quarante mètres.Située entre Deir ez Zor et Al Boukamal, elle a été fouillée depuis 1920 par trois missions archéologiques successives qui y ont dégagé de nombreux monuments et ont révélé l’un des sites archéologiques les plus prestigieux de la Syrie antique. Définitivement désertée en 256 à l’issue d’un siège acharné par les Sassanides, elle n’a jamais été réoccupée. C’est ainsi qu’ont été remarquablement préservés ses monuments et qu’y ont été découverts de nombreux documents illustrant la vie de cette période. Ceci en fait la source majeure de l’histoire du Proche Orient grec, parthe et romain. Ses peintures, dont certaines ont été récemment découvertes, sont particulièrement célèbres et lui ont valu d’être appelée « La Pompéi du désert ».

Rappelons en particulier, les restes d’une synagogue de 12 m de long sur 8 m de large ont été découverts, témoignent de la présence d’une communauté juive très active. Les peintures qui couvrent l’ensemble des murs représentent la vie de Moïse et ont été transportées au musée de Damas. 19 édifices religieux ont été découverts consacrés à des dieux différents (Artémis, Aphrodite, Bâal….)

La réunion le 27 mars sous le titre de : « La Syrie antique, terre des reines » a donné lieu à deux présentations distinctes :

–  « Les reines de Syrie aux IIIe et IIe millénaires av.J.C. » par Mme Brigitte Lion, Professeur d’histoire ancienne à l’Université François Rabelais, Tours.

Si en Syrie, les femmes n’exercent pas la réalité du pouvoir politique aux IIIe et IIe millénaires av.J.C., les femmes de la famille royale jouissent d’un grand prestige et exercent des fonctions administratives importantes. La mère du roi bénéficie d’un statut élevé, son épouse principale est informée de la situation politique et joue un rôle majeur dans la gestion du palais, ses filles contribuent à la création de jeux d’alliances par le biais de mariages diplomatiques. Les archives des palais d’Ebla, de Mari et d’Ougarit permettent d’étudier cette place remarquable des femmes pendant plus d’un millénaire, du XXIV au XIIIe s.av.J.C.

–  « Zénobie : de Palmyre à Rome » par Mme Virginie Girod-Drost, Docteur en Histoire de l’Université Paris IV-Sorbonne.

Zénobie (267-273), la reine des reines, est un personnage emblématique de la Syrie antique. Par son ambition et son habileté, elle s’est imposée sur la scène politique romaine de laquelle les femmes étaient généralement exclues. Zénobie, comme les autres impératrices syriennes, à l’instar de Julia Domna, a affolé les chroniqueurs de l’Histoire Auguste qui lui ont consacré un chapitre complet dans le livre des Trente Tyrans. Reine orientale, elle devint, sous la plume des historiens romains, une nouvelle Cléopâtre.

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