Résolutions de la conférence de Bruxelles sur la Syrie.

1. La haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et vice‑présidente de la Commission européenne, le secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d’urgence des Nations unies et les ministres des affaires étrangères de l’Allemagne, du Koweït, de la Norvège, du Qatar et du Royaume-Uni ont présidé ce jour à Bruxelles une conférence sur le conflit syrien et ses répercussions dans la région. Cette conférence, qui s’inscrit dans le prolongement de celles qui se sont tenues précédemment au Koweït et à Londres, a rassemblé les représentants de plus de 70 pays et organisations internationales et des représentants de la société civile syrienne et internationale.

2. Le conflit en Syrie provoque des destructions et des souffrances humaines d’une énorme ampleur. En particulier, la Conférence a condamné l’utilisation d’armes chimiques par le gouvernement et l’EIIL/Daech, constatée par le mécanisme d’enquête conjoint de l’OIAC et des Nations unies, ainsi que les attaques dont Khan Cheikhoun a été la cible hier. L’utilisation d’armes chimiques, par qui que ce soit et où que ce soit, doit cesser immédiatement.

3. La communauté internationale est fermement résolue à se mobiliser et à unir ses efforts en faveur d’un avenir pacifique pour la Syrie et l’ensemble de sa population. À cette fin, les participants à la conférence ont souligné l’importance de maintenir un pays souverain, indépendant, unitaire et territorialement intègre, où tous les Syriens pourront vivre en paix et en sécurité. Leur objectif est de continuer à progresser sur la voie d’une paix durable et sans exclusive tout en répondant à l’urgence des besoins humanitaires et des besoins en matière de résilience sur le territoire syrien et en soutenant les efforts consentis par les pays voisins pour accueillir plus de cinq millions de réfugiés.

4. Les participants à la conférence ont reconnu que les besoins humanitaires et les besoins en matière de résilience des personnes vulnérables (en particulier des femmes et des enfants) n’ont jamais été aussi grands en Syrie et dans la région. Ils ont pris acte des appels de fonds coordonnés des Nations unies visant à récolter 8 milliards d’USD en 2017 pour répondre aux besoins d’assistance et de protection en Syrie, ainsi qu’en Turquie, au Liban, en Jordanie, en Iraq et en Égypte. Ils ont salué la générosité dont continuent de faire preuve les pays d’accueil voisins et leurs populations en offrant un refuge à des millions de personnes déplacées. Ils se sont accordés à reconnaître qu’une aide financière massive et des approches novatrices et globales sont nécessaires pour faire face aux énormes besoins des populations, en Syrie et dans les pays voisins, et pour renforcer la résilience des communautés d’accueil. La générosité des participants s’est traduite par la promesse de verser $ 6 milliards (€ 5.6 milliards) en 2017 et par des promesses de dons pluriannuels pour un montant de $ 3.73 milliards (€ 3.47 milliards) for 2018-2020. En outre, certaines institutions internationales et certains donateurs ont annoncé des prêts pour un montant d’environ $ 30 milliards (€ 27.9 milliards) dont un nombre d’éléments seront assortis de conditions préférentielles. Les coprésidents et d’autres sont convenus d’élargir la base de ressources et de veiller à une plus grande prévisibilité, cohérence et efficacité de l’aide en traduisant les engagements du « Grand Bargain » pris lors du sommet humanitaire mondial en actions dont les fruits concrets bénéficieront aux populations touchées par le conflit syrien.

5. Toutefois, l’aide humanitaire ne suffira pas à elle seule à mettre un terme aux souffrances de la population syrienne en l’absence d’une solution politique négociée entre les parties syriennes sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies, notamment de la résolution 2254, et du communiqué de Genève de 2012. Les participants à la conférence ont souligné le fait que, pour être durable, toute solution au conflit doit répondre aux aspirations démocratiques et aux besoins de la population syrienne et garantir la sûreté et la sécurité de tous. Seule une véritable transition politique sans exclusive permettra de mettre fin au conflit.

6. Les participants ont dès lors réitéré leur soutien et leur engagement sans réserve à l’égard des pourparlers intrasyriens encadrés par les Nations unies à Genève, seule enceinte où une solution politique devrait être négociée. Ils ont salué les pourparlers de Genève, ont appelé de leurs vœux de nouvelles avancées et ont loué les efforts inlassables de l’envoyé spécial des Nations unies. Le rôle de la société civile, notamment des organisations de femmes, a été reconnu comme un élément essentiel d’une solution durable. Les participants se sont penchés sur la manière dont la communauté internationale et les pays de la région peuvent contribuer à garantir le succès de ces pourparlers.

7. Les participants ont reconnu le rôle constructif que les acteurs régionaux peuvent jouer afin de faciliter le règlement du conflit et se sont félicités de l’initiative de l’UE visant à dégager un terrain d’entente entre eux sur l’avenir de la Syrie.

8. Les réunions d’Astana peuvent jouer un rôle déterminant en consolidant et en renforçant le cessez-le-feu à l’échelle du pays garanti par la Russie et la Turquie, avec, désormais, la participation de l’Iran. Les contributions constructives de ces réunions devraient venir compléter les efforts des équipes spéciales de Genève. Bien qu’ils soutiennent ces efforts, les participants ont exprimé leurs vives préoccupations face à la poursuite des activités militaires et ont exhorté toutes les parties à redoubler d’efforts pour parvenir à un respect total du cessez-le-feu. Un véritable cessez-le-feu devrait faciliter un accès humanitaire sans entrave à l’ensemble du pays. Les participants ont également reconnu qu’il était important, pour instaurer un climat de confiance, de prendre des mesures concrètes immédiates, telles que la libération des détenus et des personnes enlevées, l’échange de prisonniers et la remise des corps, aux fins de l’identification des personnes disparues. Les participants ont salué la volonté des Nations unies de fournir un appui technique pour améliorer l’efficacité du mécanisme trilatéral mis en place pour vérifier le respect du cessez-le-feu.

9. La protection des civils reste primordiale. Les participants ont condamné les violations persistantes, par les parties au conflit, du droit humanitaire international et du droit international relatif aux droits de l’homme, notamment les attaques visant délibérément des civils et des infrastructures civiles, en particulier des infrastructures médicales et éducatives et des lieux de culte, et les violences à caractère sexuel ou sexiste. En particulier, ils ont pris acte des conclusions de la commission d’enquête du siège des Nations unies concernant le convoi des Nations unies et du Croissant-Rouge arabe syrien. Les participants ont aussi condamné les atrocités commises par l’EIIL/Daech et d’autres groupes terroristes désignés par les Nations unies, et ont réaffirmé qu’ils étaient résolument déterminés à vaincre ces derniers. Les coprésidents ont appelé à soutenir, y compris en mobilisant des moyens financiers appropriés, la mise en œuvre de la résolution 71/248 de l’Assemblée générale des Nations unies qui instaure un mécanisme international, impartial et indépendant visant à faire en sorte que les auteurs de ces violations systématiques, généralisées et flagrantes du droit humanitaire international et des droits de l’homme en Syrie aient à répondre de leurs actes.

10. Les participants ont rappelé qu’il était urgent de permettre un accès humanitaire rapide, sûr, durable et sans entraves à l’ensemble du pays, pour que les agences des Nations unies et les ONG puissent atteindre toutes les populations en détresse en empruntant les itinéraires les plus directs, y compris à travers les lignes de front et les frontières, tout comme il est urgent de mettre un terme à tous les refus d’accès humanitaires arbitraires. La tactique consistant à affamer les populations civiles en les assiégeant et le déplacement forcé de civils, constatés par la commission d’enquête mise en place par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies, constituent des violations manifestes du droit humanitaire international. Ces pratiques sont inacceptables et doivent cesser immédiatement. Il reste impératif d’apporter une aide humanitaire et une protection immédiates à tous ceux qui en ont besoin sur l’ensemble du territoire syrien. Les participants ont salué le travail des organisations d’aide internationales, régionales et syriennes et ont invité les responsables sur le terrain à faire en sorte que les travailleurs humanitaires et le personnel médical puissent remplir leur mission sans courir le risque de subir des violences. Les opérations humanitaires de déminage visant à réduire les risques liés aux engins explosifs en Syrie sont également reconnues comme essentielles pour la protection des civils. Les pays voisins ont été invités à continuer de faciliter l’accès de l’aide humanitaire.

11. Les participants ont reconnu les difficultés que la présence prolongée de millions de réfugiés syriens entraîne pour les pays voisins, notamment la Jordanie, le Liban et la Turquie, et ils ont félicité les gouvernements de ces pays, ainsi que ceux de l’Iraq, de l’Égypte et d’autres pays de la région, États du Golfe inclus, qui accueillent un grand nombre de personnes en provenance de Syrie, pour avoir pris la tête des efforts déployés pour faire face aux conséquences du conflit. Les participants ont pris acte de la résolution de la Ligue des États arabes sur la crise des réfugiés syriens et ont réaffirmé leur ferme volonté d’aider les pays d’accueil à fournir des services publics, une protection et une assistance aux réfugiés et aux communautés qui les accueillent. Ils ont particulièrement rendu hommage à tous ceux qui ont fourni cette aide dans les circonstances les plus difficiles. Les gouvernements de la région ont accompli des progrès substantiels dans la réalisation des objectifs de la conférence de Londres et les participants ont loué la générosité des pays qui accueillent des réfugiés.

12. Les coprésidents et d’autres ont reconnu qu’il était nécessaire de soutenir le développement économique de la Jordanie et du Liban, pour les aider à faire face aux conséquences de cette crise prolongée, et d’offrir aux Syriens des possibilités d’assurer leur subsistance. Ils ont salué les progrès réalisés dans l’ouverture des marchés du travail aux réfugiés et sont convenus de soutenir des programmes de création d’emplois compatibles avec les stratégies de développement économique et social adoptées par les gouvernements des pays d’accueil. Gardant à l’esprit la nécessité d’accélérer les progrès afin de créer 1,1 million d’emplois, les coprésidents se sont engagés à soutenir la croissance économique au bénéfice de tous, notamment par l’ouverture d’un accès aux marchés extérieurs, l’octroi de financements à des conditions préférentielles et le développement des infrastructures. Ils ont invité les autres participants à se joindre à eux pour appuyer les réformes nécessaires, parmi lesquelles l’amélioration de la réglementation et du climat d’investissement, le renforcement des liens entre les secteurs public et privé et l’adoption de stratégies claires en matière de réformes. Les participants se sont engagés à élargir l’accès des réfugiés et des communautés d’accueil à une formation professionnelle tenant dûment compte des besoins de main-d’œuvre du secteur privé et accompagnée de programmes de mise en adéquation des compétences. Les moyens mis en œuvre pour concrétiser notre vision partagée sont détaillés dans les documents en annexe.

13. Les participants sont convenus de continuer à poursuivre l’objectif « Non à une génération perdue d’enfants », en Syrie et dans la région, et d’intensifier les efforts visant à atteindre l’objectif d’un enseignement de qualité, accessible aux filles comme aux garçons, pour tous les enfants réfugiés et tous les enfants vulnérables des communautés d’accueil. Ils se sont engagés à améliorer l’accès à l’éducation pour 1,75 million d’enfants déscolarisés en Syrie même. À cet égard, ils sont également convenus de concentrer leurs efforts sur l’amélioration des résultats d’apprentissage des garçons et des filles issus des communautés de réfugiés et des communautés d’accueil vulnérables et de prévenir les abandons scolaires dus à des obstacles financiers ou autres.

14. Les participants ont souligné l’étroitesse des liens entre la protection, l’éducation et les moyens de subsistance et ont salué l’engagement renouvelé des pays d’accueil à protéger les réfugiés, y compris en luttant contre les facteurs qui les mettent en situation d’illégalité. Il faut renforcer l’aide humanitaire visant à répondre aux besoins élémentaires des réfugiés les plus vulnérables, en prêtant une attention particulière aux enfants et aux femmes. Les participants ont reconnu le rôle essentiel de la réinstallation en tant qu’instrument de protection des réfugiés particulièrement vulnérables, pour offrir, avec d’autres filières légales d’admission, un accès sûr et digne à la sécurité au-delà du voisinage immédiat de la Syrie. L’importance d’un retour sûr, volontaire et digne des réfugiés, dans le respect du droit international et une fois les conditions réunies, a été reconnue.

15. La reconstruction et l’aide internationale à sa mise en œuvre ne seront un dividende de la paix que lorsqu’une transition politique crédible sera fermement engagée. Il est crucial d’avancer dans la planification de l’après-accord afin d’être prêts à réagir rapidement et efficacement lorsque les conditions énoncées dans la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies et dans le communiqué de Genève seront en place. Les participants se sont donc félicités des travaux réalisés par l’équipe spéciale interorganisations des Nations unies chargée de la planification de l’après-accord et des efforts déployés par cette équipe pour nouer le dialogue avec les parties prenantes concernées et assurer la coordination au niveau international, et ils ont pris acte des principes de stabilisation civile définis lors de la conférence de Londres. Les Nations unies, l’UE et la Banque mondiale procèdent actuellement à des analyses des dommages et des besoins en vue de lancer, le moment venu, une évaluation complète portant sur le relèvement du pays et la consolidation de la paix. Les coprésidents et d’autres ont réfléchi à la façon dont les Syriens et leurs voisins pourraient contribuer à la reconstruction et au relèvement économique de la Syrie une fois qu’une transition politique crédible sera fermement engagée.

16. Les participants ont reconnu que, pour réussir, la reconstruction devra s’inscrire dans le cadre d’une transition véritable et sans exclusive qui bénéficiera à tous les Syriens. Pour garantir une paix durable, il sera nécessaire de répondre aux revendications légitimes et aux aspirations démocratiques de la population syrienne. La réconciliation et la justice transitionnelle feront elles aussi partie intégrante du processus de reconstruction pacifique du pays.

17. L’annexe relative à la levée de fonds présente les promesses de dons annoncées durant la présente conférence. Les coprésidents se sont engagés à suivre la concrétisation de ces promesses et à faire rapport à ce sujet, en coordination avec les Nations unies. Ils se sont également engagés à faire régulièrement le point, à l’occasion de grands événements internationaux qui se tiendront au cours de l’année, sur les progrès accomplis dans la réalisation des engagements pris pendant la présente conférence.

18. Les participants à la conférence de ce jour se sont accordés sur une approche globale à l’égard de la crise syrienne. Ils ont souligné la nécessité de continuer à faire face à la situation humanitaire désastreuse en apportant aide et protection aux populations en détresse dans le respect des principes en vigueur et en soutenant les pays voisins. Les souffrances de ces populations sont telles qu’il est plus urgent que jamais de dégager une solution politique. Déployer des efforts politiques pour favoriser le règlement de la crise est dès lors crucial pour garantir un avenir à la Syrie et à sa population. Seuls les Syriens peuvent parvenir à l’accord qui garantira la paix, mais il est essentiel que la communauté internationale et les pays de la région se mobilisent pour les aider à obtenir cet avenir pacifique. L’établissement d’une paix durable et sans exclusive en Syrie pour les Syriens reste l’objectif vers lequel tendent tous nos efforts

ALEP,la vie dans les décombres

Nous vous recommandons d’écouter ce reportage sur France Inter dans le cadre de  l’émission: INTERCEPTION de Christian Chesnot  Grand reporter.

Ce reportage montre la formidable résilience du peuple syrien et son souffle d’optimisme même si la vie continue à être dure, mais moins dure maintenant que les canons se sont tus.

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https://www.franceinter.fr/emissions/interception/interception-02-avril-2017

Plus de cinq millions de réfugiés syriens

Des enfants syriens déplacés, le 4 mars 2017 à Kharufiyah, au sud de Manbij / AFP/Archives

Des enfants syriens déplacés, le 4 mars 2017 à Kharufiyah, au sud de Manbij / AFP/Archives

Plus de cinq millions de Syriens, soit environ un quart de la population, sont devenus des réfugiés, a annoncé jeudi l’ONU, alors que des ONG exhortent de nouveau la communauté internationale à accroître son aide.

« C’est une étape importante », a résumé la porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) en commentant ce nombre record de réfugiés.

« Alors que le nombre d’hommes, de femmes et d’enfants ayant fui six années de guerre en Syrie a franchi la barre des 5 millions, la communauté internationale doit faire davantage pour les aider », a lancé le HCR.

Plus de 5 millions de régugiés syriens dans les pays voisins / AFP

Plus de 5 millions de régugiés syriens dans les pays voisins / AFP

La guerre en Syrie a déclenché la plus grave crise humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale, avec plus de 320.000 morts en six ans et des millions de déplacés. Le pays comptait 22 millions d’habitants avant la guerre.

Malgré une baisse d’intensité des combats dans plusieurs régions, « la situation n’est pas encore assez sûre pour que les gens puissent retourner chez eux. Nous voyons encore chaque jour des gens être déracinés », a souligné à l’AFP Alun McDonald, le porte-parole régional de Save the Children.

Il a regretté que la communauté internationale, incapable de régler le conflit, a failli à augmenter son aide au fur et à mesure que la crise humanitaire s’aggravait, fermant au contraire de plus en plus les frontières, notamment en Europe.

Vue aérienne du camp de Bab al-Salama pour les réfugiés syriens, le 23 mars 2017 à Azaz, en Turquie / AFP/Archives

Vue aérienne du camp de Bab al-Salama pour les réfugiés syriens, le 23 mars 2017 à Azaz, en Turquie / AFP/Archives

Près de trois millions de Syriens sont réfugiés en Turquie, le pays voisin le plus affecté, selon le HCR. Moins de 10% d’entre eux ont été accueillis dans des camps, tandis qu’une majorité vit dans les villes, dont plus de 500.000 à Istanbul.

Plus d’un million ont fui au Liban et 657.000 en Jordanie, mais les autorités d’Amman évaluent leur nombre à 1,3 million. Ils sont par ailleurs plus de 233.000 en Irak, plus de 120.000 en Egypte et près de 30.000 dans les pays d’Afrique du Nord, selon le HCR.

– Les enfants affectés –

Dans un communiqué conjoint avec des organisations syriennes, l’organisation Oxfam a appelé jeudi à apporter plus d’aide aux pays voisins de la Syrie.

Sa directrice exécutive, Winnie Byanyima, a appelé « les pays riches à afficher leur soutien aux voisins de la Syrie qui ont accueilli ces réfugiés et à relocaliser au moins 10% des réfugiés syriens les plus vulnérables d’ici la fin 2017 ».

Une Syrienne tient son enfant dans ses bras, dans un camp de réfugiés à Ain Issa, à 50 km de la ville de Raqa, le 25 mars 2017 / AFP/Archives

Une Syrienne tient son enfant dans ses bras, dans un camp de réfugiés à Ain Issa, à 50 km de la ville de Raqa, le 25 mars 2017 / AFP/Archives

« Il s’agit d’une crise qui dure et les financements ne suivent pas », a déploré la porte-parole d’Oxfam à Beyrouth, Joëlle Bassoul, à l’AFP. « Avec moins de ressources, nous devons aider maintenant plus de personnes ».

Les ONG et l’ONU mettent également régulièrement en garde contre les conséquences à long terme de la crise, tout particulièrement sur les enfants.

« Un million d’enfants réfugiés syriens ne sont pas scolarisés (…) et ils sont ceux qui devront contribuer à reconstruire la Syrie pour la prochaine génération », a indiqué M. McDonald, de Save The Children.

Outre ces cinq millions de réfugiés, des millions d’autres Syriens sont déplacés dans leur propre pays.

La plupart ont été obligés de fuir les combats entre les différents acteurs en conflit, et d’autres ont été déplacés à l’issue d’accords en rebelles et régime. Plus de 30.000 personnes doivent ainsi être évacuées dans les prochains jours de quatre localités assiégées.

Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations pro-démocratie, la guerre en Syrie s’est progressivement complexifiée avec l’implication de groupes jihadistes, de forces régionales et de puissances internationales, sur un territoire très morcelé.

Aucune solution n’est en vue pour le conflit malgré plusieurs rounds de négociations indirectes entre régime et opposition sous l’égide de l’ONU, dont l’un est en cours actuellement à Genève.

afp

Une oeuvre de leur collection au profit des Enfants Syriens Réfugiés au Liban

Shafic ABBOU, Les Inspirations, 1994

Shafic ABBOU, Les Inspirations, 1994. Tempera sur toile, 50 x 64 cm

L’Association d’Amitié France-Syrie en appelle à votre générosité.

Mobilisons-nous au profit des enfants syriens qui souffrent atrocement des conséquences de cette horrible guerre.

Bravo pour cette belle initiative.

A l’occasion d’Art Paris Art Fair 2017, les Artistes de la Galerie Claude Lemand vous invitent à acquérir une oeuvre de leur collection au profit des Enfants Syriens Réfugiés au Liban

« J’ai senti le besoin de mener une action en faveur des Enfants syriens réfugiés au Liban, une action dans le domaine de l’éducation, car la moitié de ces 400 000 enfants ne fréquente aucune école. Au lieu d’organiser une vente aux enchères, j’ai élaboré, avec l’équipe dirigeante d’ART PARIS ART FAIR, un beau projet humanitaire, une exposition sur les 4 grands Murs de la foire et sur les murs extérieurs de mon stand. Les œuvres seront ainsi vues par les 57.000 visiteurs de cette grande foire du printemps parisien puis vendues, et l’écho médiatique de la générosité des artistes et de la cause qu’ils soutiennent sera large et fort.
Mon objectif est de permettre le bon fonctionnement de 5 écoles durant une année entière, et si possible durant 2 ans. C’est un acte d’humanité solidaire et d’espérance dans l’avenir de ces Enfants, une goutte d’eau, mais une action ciblée et contrôlée. Le produit de la vente sera versé à l’association de droit français CODSSY.ORG, qui fédère plusieurs associations d’enseignants actifs sur le terrain, spécialisés dans l’éducation laïque des Filles et Garçons syriens réfugiés au Liban. J’ai signé une convention avec CODSSY, qui donnera à chaque artiste une attestation de don et qui nous remettra tous les 6 mois un rapport d’activité pour chacune de ces écoles. »

(Claude Lemand, janvier 2017)

Artistes donateurs :

Shafic ABBOUD
Youssef ABDELKE
Etel ADNAN
Mahjoub BEN BELLA
Mahi BINEBINE
Manabu KOCHI
Najia MEHADJI
Antonio SEGUI
Vladimir VELICKOVIC

« Tempête sur le Grand Moyen-Orient » Par Michel Raimbaud

Recension du livre de Michel Raimbaud par Didier Destremau, Administrateur de l’AFS en charge des Relations Extérieures.

Michel Raimbaud, ancien ambassadeur de France en Mauritanie, au Soudan, et au Zimbabwe, a publié un ouvrage intitulé « Tempête sur le Grand Moyen-Orient». Il en explique ainsi la teneur : « En raison de sa position stratégique aux confins de l’Eurasie, autant que par sa richesse en gaz et pétrole,
cette immense « ceinture verte» islamique détient un potentiel de puissance considérable et constitue un enjeu majeur. De son devenir, mis en question par la tempête actuelle, dépend en bonne partie la physionomie de notre monde de demain.»

Quant au titre, il dit qu’il a intitulé son livre « Tempête sur le Grand Moyen-Orient » parce que cela ne concerne pas seulement le Moyen-Orient géographique mais il s’agit du Grand Moyen-Orient au sens donné par les néoconservateurs américains. Pour eux, affirme-t-il, le Grand Moyen-Orient est extensible au gré des pulsions américaines, parce que ce sont les Américains qui l’ont modelé pour lui donner l’extension qu’il a maintenant.»

Ces affirmations quelque peu péremptoires donnent d’emblée le ton de l’ouvrage, plaidoyer à charge contre Washington qui aurait fabriqué des révolutions clés en main, les Printemps arabes, tous synonymes de mort, de destruction et de chaos. Pour M Raimbaud, le début de cet imbroglio ne date pas de 2011, avec la Tunisie, mais de 1991, avec la chute de l’Union Soviétique. La question n’est pas le regard que l’on porte sur le bilan de l’Union Soviétique au plan national ou plan international, mais sur le fait, selon lui incontestable que ce grand bouleversement géopolitique fait passer la planète d’un monde bipolaire, celui de la Guerre froide, à un monde unipolaire, celui de l’Ouest. C’est donc l’Occident qui va prétendre incarner la communauté internationale à lui seul alors que les autres pays, les anciens pays communistes, les non-alignés, les pays du Sud étant priés finalement de se soumettre ou de se démettre. S’ils se rebellent, ils sont qualifiés d’États voyous ou d’États parias !

Beaucoup de sang musulman a coulé depuis la machiavélique mise en scène du 11 septembre 2001, date choisie pour favoriser l’érection d’un Nouvel ordre international, le Grand Moyen-Orient qui, extensible au gré des pulsions américaines, s’étend désormais de l’Atlantique à l’Indonésie.

Après avoir évoqué les raisons objectives de l’effilochement de l’URSS et les inconséquences de Saddam Hussein lors de son invasion du Koweït, (du reste encouragé par les Américains…) M Raimbaud souligne que Al Qaïda a été créée par les USA, les Saoudiens et les Pakistanais pour lutter contre les Soviétiques en Afghanistan. Certes, il n’y a jamais eu de collaboration entre Al Qaîda et Saddam Hussein, et cette proclamation de GW Bush fut une escroquerie par laquelle tout commence. C’est ensuite, le démantèlement de la Yougoslavie pour réduire la zone d’influence russe, puis le Soudan, harcelé pour obtenir sa partition 15 ans plus tard, et la Somalie qui se retrouve divisée en trois ou quatre États. La troisième guerre du Golfe aboutira au démantèlement de l’Irak que suit, logiquement, l’offensive contre la Syrie présentée comme un État dangereux.

C’est donc après les attentats de 2001 que George Bush aurait mis en œuvre sa doctrine du Grand Moyen-Orient auquel il faut imposer la démocratie par la force. Washington annonce clairement la couleur, avec une liste de pays à déconstruire afin de les mettre hors d’état de nuire aux intérêts américains.

On le constate, M Raimbaud n’y va pas de main morte qui, destine son livre à tous ceux qui s’intéressent aux peuples arabes et/ou musulmans, à leur histoire et leur avenir. On peut ne pas partager son interprétation des événements, mais on doit admettre que, visant le public des personnes désireuses de comprendre les événements actuels et de démystifier ce vieux monde où l’on sème si facilement la mort et la destruction au nom du Bien, si ce n’est au nom de Dieu, il se montre assez convaincant.

U.S. military likely to send as many as 1,000 more ground troops into Syria ahead of Raqqa offensive, officials say

The Washington Post:

The deployment, if approved by Defense Secretary Jim Mattis and President Trump, would potentially double the number of U.S. forces in Syria and increase the potential for direct U.S. combat involvement in a conflict that has been characterized by confusion and competing priorities among disparate forces. The U.S. military has drawn up early plans that would deploy up to 1,000 more troops into northern Syria in the coming weeks, expanding the American presence in the country ahead of the offensive on the Islamic State’s de facto capital of Raqqa, according to U.S. defense officials familiar with the matter.

Trump, who charged former president Barack Obama with being weak on Syria, gave the Pentagon 30 days to prepare a new plan to counter the Islamic State, and Mattis submitted a broad outline to the White House at the end of February. Gen. Joseph Votel, head of U.S. Central Command, has been filling in more details for that outline, including by how much to increase the U.S. ground presence in Syria. Votel is set to forward his recommendations to Mattis by the end of the month, and the Pentagon secretary is likely to sign off on them, according to a defense official familiar with the deliberations.

U.S. likely to send up to 1,000 more ground troops to Syria

If the deployment is approved by Secretary of Defense Jim Mattis and President Trump, it would double the number of U.S. service members already in Syria. (The Washington Post)

While the new contingent of U.S. troops would initially not play a combat role, they would be entering an increasingly complex and dangerous battlefield. In recent weeks, U.S. Army Rangers have been sent to the city of Manbij west of Raqqa to deter Russian, Turkish and Syrian opposition forces all operating in the area, while a Marine artillery battery recently deployed near Raqqa has already come under fire, according to a defense official with direct knowledge of their operations.

The moves would also mark a departure from the Obama administration, which resisted committing more ground troops to Syria.

The implementation of the proposed plan, however, relies on a number of variables that have yet to be determined, including how much to arm Kurdish and Arab troops on the ground, and what part regional actors, such as Turkey, might have in the Raqqa campaign.

The new troops, if sent, would be focused on supporting Kurdish and Arab fighters in northern Syria battling the Islamic State. Under the plan, the added American forces would act primarily as advisers, offering expertise on bomb disposal and coordinating air support for the coalition of Kurds and Arabs, also known as the Syrian Democratic Forces.

About 500 U.S. Special Operations forces are already in Syria operating alongside the SDF, in addition to about 250 Rangers and 200 Marines. The new U.S. troops, if approved, would probably come from parts of both the 24th Marine Expeditionary Unit — a flotilla of ships loaded with 2,200 Marines that is now steaming toward the region — and the U.S. Army’s 82nd Airborne Division, from which 2,500 troops are headed to Kuwait. These conventional troops would supplement the Special Operations forces already on the ground and operate much like their counterparts fighting in the Iraqi city of Mosul.

“This would still be by, with and through our local partners on the ground,” one defense official said of the potential surge. The official, like others, spoke on the condition of anonymity to discuss plans that have not yet been made public.

The new Syria deployments are set to occur in tandem with a likely White House decision that would officially abolish the troop caps that were put in place for U.S. forces in Iraq and Syria by the Obama administration. The number of troops in Iraq and Syria were officially capped by the previous administration at about 5,000 and 500, respectively. Military commanders have said in the past that the caps have split up units for the sake of keeping troop numbers low.

“If the caps were removed, it would allow us to fight as we train,” said the defense official who discussed the potential surge. “Military doctrine promotes agility, and it would help us respond as conditions dictate.”

 

Six ans de guerre en Syrie: le miroir de nos échecs

 

Deux chercheurs de sensibilité opposée, Jean-Pierre Filiu et Frédéric Pichon publient chacun un livre clair et argumenté. Ces deux ouvrages permettent de mieux comprendre ce pays ravagé par la guerre civile. Et nos propres erreurs

Il y a six ans, le 15 mars 2011, le pouvoir syrien de Bachar al-Assad réprimait violemment des manifestations d’opposants. Le début d’une atroce guerre, toujours pas terminée.

Une seule chose réunit Jean-Pierre Filiu et Frédéric Pichon : leur amour de la Syrie. En revanche, sur la guerre civile qui s’y déploie depuis six ans, leurs désaccords d’historiens et d’arabisants sont profonds. C’est dire si la lecture parallèle de leurs deux livres permet, non de se faire une opinion moyenne et insipide, mais d’aller plus loin dans la compréhension d’une situation tragique, en évitant l’écueil des anathèmes et des polémiques.

Depuis le premier jour, Jean-Pierre Filiu soutient activement ceux qu’ils appellent les « révolutionnaires », c’est-à-dire l’opposition modérée, au risque de privilégier son engagement personnel à la froide réflexion. Au risque, lui, de passer pour un soutien du régime, Frédéric Pichon se méfie des amis syriens de Filiu, par crainte de l’islamisme et attachement aux chrétiens d’Orient. Et si le premier approuve la politique anti-Assad de la France, le second y voit un « naufrage de la diplomatie française ».

Jean-Pierre Filiu n’en est pas à son premier livre sur la Syrie. Son Je vous écris d’Alep (Denoël, 2013) était un témoignage à chaud de la situation sur le terrain. En 2015, l’universitaire publie une BD (avec Cyrille Pomès) intitulée La Dame de Damas (Futuropolis, 2015), une manière pour lui de raconter cette « révolution » à un autre public. Avec Le miroir de Damas, Jean-Pierre Filiu en revient à l’histoire. Il entreprend de nous convaincre que « nous avons tous en nous une part de Syrie ». Si son livre part d’un cri de colère contre « l’indifférence » de « notre monde [qui] a abandonné la Syrie et son peuple à une horreur inimaginable », il nous montre comment « Damas nous tend aujourd’hui son miroir », tant « la descente aux enfers de la Syrie et de son peuple n’est ni un problème d’Arabes, ni le solde de querelles immémoriales ». C’est une histoire partagée que Filiu nous raconte dans ce livre savant mais très accessible.

Chemin de Damas. Tout débute avec Saint Paul et sa conversion « sur le chemin de Damas » : « C’est en Syrie que le christianisme a commencé à s’émanciper du judaïsme » et, là aussi, qu’a « grandi une chrétienté consciente d’elle-même au point de nourrir une ambition universelle ». Suivrons « les schismes d’Orient », « le premier empire de l’Islam », « les croisades et Saladin », la terreur mongole, puis le retour des Européens avec « les échelles du Levant » ou « la trahison des Alliés » au lendemain de la Première Guerre mondiale. L’auteur rappelle que ce « pays de Cham » est, dans l’eschatologie islamique, « la terre de la fin des temps », des concepts médiévaux repris par Daech.

Jean-Pierre Filiu insiste sur les erreurs et les crimes commis par les Français durant la période du mandat (1920-1946). Cette histoire est peu connue dans notre pays et il faut, par exemple, lire l’Histoire des Arabes d’Eugène Rogan (Tempus) pour mesurer l’ampleur des dégâts. « Comment ne pas retrouver dans ce triste feuilleton mandataire les échos de la conflagration actuelle ? », s’interroge Filiu, fidèle à sa méthode de « concordance des temps ». C’est, selon l’auteur, le refus obstiné de comprendre qu’il s’agit d’une révolution et l’accent, excessif à ses yeux, mis sur le sort des « minorités ». « Ce discours n’a pas pris une ride depuis les propagandistes du mandat [français] jusqu’aux thuriféraires d’Assad », dit-il.

S’il n’est pas cité, Frédéric Pichon fait évidemment partie de ceux dont Jean-Pierre Filiu dénonce les thèses. Jeune spécialiste de géopolitique, auteur d’une thèse sur le village chrétien de Maaloula, Pichon considère que la Syrie est « une guerre pour rien ». Au vu de l’échec de la « révolution » déclenchée en mars 2011 et de la « résilience » du régime, il est difficile de lui donner tort. Il place son livre sous les auspices de George Orwell, qui écrivait à propos de la guerre d’Espagne : « J’ai vu l’histoire s’écrire non pas en fonction de ce qui s’était passé, mais en fonction de ce qui aurait dû se passer ».

Progressive paralysie. Pour Frédéric Pichon, « la guerre régionale qui se joue en Syrie est devenue le symptôme de l’agonie d’un ordre international en même temps que la prémisse de celui qui vient. » Il diagnostique « la progressive paralysie de l’Occident, entravé dans ses actes mais aussi ses mots, donnant la pénible impression d’un monde qui lui échappe ». Il insiste sur « la dimension religieuse de ce conflit que les acteurs, à tort ou à raison, envisagent comme un élément essentiel, tandis que ce phénomène structurant est de plus en plus inconcevable dans nos sociétés qui vivent le crépuscule du religieux ».

Moins historique que celui de Filiu, le livre de Pichon décrit la situation actuelle, après la chute d’Alep-Est, en décembre dernier. Il revient toutefois sur les fondamentaux géopolitiques, sur lesquels s’est construit le régime baasiste depuis les années soixante. « Le système est confronté à deux contradictions majeures : celle du nombre et de l’espace », écrit-il. « Issu d’une communauté minoritaire, les Alaouites, et gouvernant avec d’autres groupes minoritaires, y compris la bourgeoisie sunnite, l’État baasiste manque d’un socle suffisant. Il lui est donc nécessaire de négocier quand c’est possible et de frapper brutalement quand il le faut, c’est-à-dire la plupart du temps ».

Finalement, note-t-il, « la contestation est venue de la plus grosse partie des mécontents, les populations des petits bourgs ruraux et des campagnes, véritablement sacrifiés sur l’autel des réformes économiques et ce paradoxalement alors que le Baas avait fondé ses succès et son arrivée au pouvoir sur cette ruralité ». En 2011, « c’est la Syrie périphérique qui se soulève brutalement ». Une thèse qui séduirait sans doute le géographe français Christophe Guilluy et sa « France périphérique »…

« Les révolutionnaires qui se sont soulevés en 2011 étaient persuadés de la chute imminente du régime Assad et ce fut sans doute leur plus grave erreur », juge Jean-Pierre Filiu. Un constat qui s’apparente finalement au « sursaut d’intelligibilité » revendiqué par Frédéric Pichon.

Le miroir de Damas », de Jean-Pierre Filiu, La Découverte, mars 2017, 14 euros.

Syrie, une guerre pour rien, de Frédéric Pichon, les éditions du Cerf, mars 2017, 16 euros.

 

Comment demain faire Revivre la Syrie.

L’AFS vous communique l’invitation que nous a adressée Monsieur Michel Morzière  Président d’honneur de l’Association Revivre.

Après six années de barbarie, la Syrie est un pays ravagé et les Syriens sont un peuple martyrisé. Bien que la situation demeure très incertaine, il est temps de réfléchir au jour d’après, celui où la Syrie pourra penser à revivre.

Cette table ronde, organisée par l’association Revivre, ambitionne de réfléchir au jour où la Syrie émergera de cet interminable cauchemar.

L’Association Revivre vous invite à une table ronde

Sous le parrainage de Monsieur Jack Lang

Président de l’IMA

Animée par Madame Isabelle Hausser, écrivaine.

A l’Institut du Monde arabe Salle du haut Conseil

1, rue des Fossés– Saint Bernard Place Mohamed V, Paris 5e

Samedi 18 mars 2017, de 19h à 21h

Réservation conseillée avant le 16mars : invitations@imarabe.org

Vous trouverez ci-dessous le carton d’invitation et le programme.

IMA_CARTON_INVITATION_18_MARS

Haytham Manna: Le dégagement de 70.000 combattants non syriens de Syrie, un préalable à la stabilisation du conflit.

 

M. Haytham Manna, président du Mouvement QAMH (Valeurs, Citoyenneté, Droits), figure de proue de l’opposition démocratique syrienne, a estimé que le dégagement de 70.000 combattants non syriens de Syrie doit constituer un préalable à la stabilisation du conflit, jugeant que l’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, se livre à un vain exercice culinaire consistant à «faire cuire des cailloux».

Ci joint l’intégralité de sa mise au point parvenue au site www.madaniya.info samedi 25 Février 2017, au lendemain de la fin de la 4 ème phase des pourparlers inter syriens de Genève:

« De nombreux amis, de même que des journalistes et hommes politiques syriens et non syriens, ont multiplié les contacts avec moi pour s’enquérir des raisons de mon absence de la scène médiatique, en pleine phase de reprise des pourparlers inter syriens de Genève, une ville où je réside.

Suite à ces appels, il m’importe d’apporter les précisions suivantes »:

A PROPOS DE STAFFAN DE MISTURA: UN VAIN EXERCICE CULINAIRE CONSISTANT À «FAIRE CUIRE DES CAILLOUX», EN GUISE DE «CÉRÉMONIE D’ADIEU».

«En tant que citoyen syrien, agissant en toute indépendance d’esprit, j’ai considéré depuis plus d’un an que M. Staffan de Mistura, n’est plus le représentant spécial de l’ONU sur la Syrie, mais le simple coordinateur des positions des états parrains du conflit et que le diplomate n’est pas un élément de la solution mais du problème.

«En conséquence, je refuse de participer à la cérémonie d’adieu de M. De Mistura se déroulant sous couvert d’un mensonge collectif opéré tant sur le plan international que régional que syrien.

LE MANDAT DU HAUT COMITÉ DES NÉGOCIATIONS (SOUS LA COUPE SAOUDIENNE) A EXPIRÉ EN DÉCEMBRE 2016.

«De ma vie, je n’ai considéré une posture négative comme une forme d’attitude constructive. Aussi ai-je veillé depuis deux mois à tenir une conférence groupement les principales composantes de l’opposition syrienne avec la participation de personnalités syriennes indépendantes,

  • d’autant plus que le mandat d’un an du Haut Comité des Négociations a expiré en décembre 2016; et que cette instance n’est plus habilitée à négocier au nom de l’ensemble de l’opposition
  • que la composante Moscou est une instance consultative entre l’opposition et le pouvoir;
  • que la composante le Caire a été neutralisée par les efforts conjoints de l’Égypte et de la Russie;

De surcroît M. De Mistura a refusé de rencontrer des dirigeants de ce groupement, cédant en cela aux pressions d’un «état agissant sur le terrain», faisant avorter la rencontre projetée avant la tenue de la pseudo conférence de reprise des pourparlers de paix sur le Syrie (Genève 4).

Les principaux groupements de l’opposition auxquels fait référence le document sont: le groupement du Caire (Groupement de personnalités indépendantes militaires et civiles de l’opposition démocratique syrienne), la Coalition Nationale (tendance Turquie-Qatar) et le Haut Comité pour les Négociations (tendance Arabie saoudite).

LE PROJET DE NOUVELLE CONSTITUTION DE LA SYRIE, UN DOCUMENT RÉDIGÉ PAR SIX ÉTATS.

«Dès le 30 septembre 2015, j’ai précisé à M. Qadri Jamil, ancien vice premier ministre syrien, proche de Moscou, lors d’un rencontre au Caire, que je ne me rendrai pas à Moscou tant que la Russie n’aura pas apporté la preuve tangible qu’elle se veut un intermédiaire et non comme une partie prenante au conflit, mais que je ne refuserai pas de rencontrer des responsables du ministère russe des Affaires étrangères dans tout autre pays neutre.

«J’ai refusé plus d’une invitation de Moscou, dont la dernière en date le 27 janvier 2017. Au point que l’ambassadeur russe s’étonnant de mon attitude m’a un jour apostrophé en ces termes: «Tu fais de la surenchère sur la coalition, qui, elle, nous rend visite» ?

« Je lui ai répondu: Il s’agit d’une position de principe qui n’implique ni surenchère, ni tentative de minoration du rôle de la Russie. J’ai qualifié la constitution irakienne de «Constitution Bremer» ( du nom du premier pro consul américian en Irak Paul Bremer) et vous présentez un texte aux Syriens, eux, qui ont contribué à la rédaction de la constitution de six Etats ? Quelle honte.

POUR UN DÉGAGEMENT DE 70.000 COMBATTANTS NON SYRIENS, D’OÙ QU’ILS VIENNENT ET QUELQUE SOIT LEUR ALLÉGEANCE

«J’ai précisé aux États parrains de la conférence d’Astana (Kazakhstan) que nous sommes favorables à toute négociation visant à mettre un terme à la violence haineuse et la mort gratuite de citoyens syriens. Un tel projet implique que le processus soit assorti d’un calendrier de retrait et d’une cartographie du déploiement des forces afin de mettre en œuvre le dégagement de tous les combattants étrangers de Syrie d’où qu’ils viennent, quelque soit leur allégeance.

«La présence de 70.000 combattants non syriens en Syrie signifie la prolongation de la violence sur plus d’une décennie.

«J’ai enfin confirmé à tous les intervenants que l’émissaire spécial de l’ONU en Syrie, M. Staffan De Mistura, se livre en fait à un vain exercice culinaire consistant à faire cuire des cailloux» (Tabkhet Bahs)

«Je m’abstiens de toute précision complémentaire afin de ne pas être accus de chercher à faire capoter les négociations.

en partenariat avec www.madaniya.info

A Palmyre, des musiciens veulent effacer les flétrissures de l’EI

Sur la scène du théâtre antique de Palmyre, que l’armée syrienne vient de reprendre au groupe Etat Islamique (EI), Angel Dayoub interprète le célèbre refrain arabe: « Nous serons de retour« .

La voix mélodieuse de cette chanteuse de 15 ans emplit cet édifice du IIe siècle, lourdement endommagé par l’EI, qui a abandonné la ville jeudi à l’approche de forces gouvernementales soutenues par la Russie.
« Les quelques destructions ne nous décourageront pas de venir chanter et jouer ici », dit-elle à l’AFP.
« Je veux jouer de la musique et chanter partout où l’EI a été chassé car ce groupe hait la chanson et interdit de jouer d’un instrument », ajoute-t-elle sur un ton de défi.

Pour son interprétation de la fameuse chanson de la diva libanaise Fayrouz, Angel est accompagnée par des amis musiciens jouant du violon, du tambourin ou de l’oud, le luth oriental.

« Nous serons de retour » (Fayrouz)

 

« Nous chantons ‘Nous serons de retour’ car nous allons revenir encore plus fort. Chacun reconstruira le pays à sa manière. Nous voulons le faire avec la musique et la chanson », explique-t-elle.
Palmyre, située en plein désert dans le centre du pays et dont les ruines ont été inscrites au patrimoine mondial de l’humanité en 1980, a changé plusieurs fois de mains lors des six ans de guerre.
L’EI s’en est emparé en mai 2015 et a détruit et vandalisé des trésors archéologiques durant dix mois d’un premier règne brutal.
A la recherche d’un spectaculaire mortifère, les jihadistes s’étaient livrés dans le théâtre romain à des exécutions, avant d’en être chassés en mars 2016.
Mais ils étaient revenus en décembre. Ils avaient alors détruit le tétrapyle, un monument de 16 colonnes érigé à la fin du IIIe siècle, et saccagé le théâtre.
Les jeunes musiciens ont donné un aperçu de leur talent devant une audience de soldats syriens et russes auxquels s’étaient joints des journalistes effectuant une visite organisée par l’armée.
Des explosions étaient encore audibles, en raison des combats des forces syriennes et de leurs alliés russes contre l’EI au nord et à l’est de la ville.
« Daech (acronyme en arabe de l’EI) voulait interdire le théâtre, la chanson, mais moi je veux les défier », assure Maysaa al-Nuqari, une jeune joueuse d’oud.
Vêtue d’une veste en cuir noir et de bottes de combat, cette jeune fille aux cheveux frisés teints en rouge appelle les autres musiciens à venir jouer.
« Daech, ce sont les ténèbres mais la musique, c’est la lumière », lance-t-elle.
Fondée il y a 2000 ans, Palmyre était une oasis caravanière qui tomba sous le contrôle romain dans la première moitié du Ier siècle et fut rattachée à la province romaine de Syrie.
La ville devint une cité prospère sur la route reliant l’Empire romain à la la Perse, l’Inde et la Chine, grâce au commerce d’épices et de parfums, de la soie et de l’ivoire de l’est, des statues et du travail du verre de Phénicie.
Ses temples magnifiques, ses tombes au style unique et ses allées de colonnades attiraient 150.000 touristes un an avant la début du conflit syrien.
Maintenant, l’inventaire de ce qu’ont subi les monuments a été confié à Wael al-Hafyan, un responsable du département des Antiquités de la province de Homs.
Ce quadragénaire arpente désormais le site, examine avec attention chaque pièce antique et note le tout sur petit carnet.
« Notre estimation préliminaire est que les nouvelles destructions sont limitées à la façade du théâtre, son abside, ainsi qu’à l’explosion du tétrapyle, assure-t-il à l’AFP.
Mais il s’effondre en larmes quand il arrive au théâtre et au tétrapyle, un édifice de 16 colonnes érigé à la fin du IIIe siècle.
L’EI l’a réduit en janvier à un amas de pierre, un acte qualifié par l’ONU de « nouveau crime de guerre et d’immense perte pour le peuple syrien et l’humanité ».
« Quiconque possédant un iota d’humanité ne peut pas ne pas se sentir triste en les voyant. Je suis triste et je le resterai jusqu’à ce que Palmyre redevienne ce qu’elle fut », martèle-t-il.
Mais cet ingénieur reste optimiste et considère que Palmyre sera restaurée grâce à l’aide de l’Unesco.
Quand on lui demande de faire le point sur ce qu’il reste des trésors de Palmyre, Wael al-Hafyan se mord la lèvre et réfléchit.
« Tout Palmyre demeure. Son histoire demeure. Quelques éraflures ne peuvent pas dénaturer sa beauté. L’énormité de ce qu’a commis Daech, tous ses crimes, ne peuvent porter atteinte à la gloire de cette ville », assure-t-il.