Premier message du Président Michel Raimbaud du 09 décembre 2024

Mesdames, Messieurs,

Chères amies, chers amis,

J’aurais aimé vous adresser le premier message de mon mandat dans des circonstances plus sereines. L’actualité en a décidé autrement.

La Syrie qui en quatorze ans a dû affronter le djihadisme, l’occupation, le blocus, le pillage, les sanctions, l’asphyxie programmée,  est depuis quelques jours la cible d’une agression aux conséquences incalculables.

Elle met en danger l’intégrité et l’indépendance de la Syrie en tant qu’Etat et fait peser de nouvelles menaces sur la cohésion et les conditions de vie des Syriens déjà soumis à rude épreuve.

En conséquence,  l’Association  faillirait gravement  à sa vocation si elle restait silencieuse. L’ offensive en cours constitue en soi une violation sans précédent de la légalité internationale.

Elle a pour objectif réel la destruction sauvage d’un pays à l’origine de la civilisation humaine, la nôtre entre autres, en premier lieu l’effacement de sa conscience historique et de son identité nationale.

Il était une fois la Syrie…Et elle n’a pas la vocation innée d’être le terrain de jeu d’Erdogan et de ses alliés ou un terrain de jeu pour djihadistes.

C’est le lieu d’invention de l’écriture et du premier alphabet, où l’on a imaginé les premières notes de musique, et la première partition musicale, il y a …3400 ans ( c’est ce que vous diront les archéologues français qui ont découvert les trésors du site d’Ougarit.

La Syrie est le berceau de l’agriculture et des premiers villages agricoles par essence…C’est sur cette terre fertile à tous égards qu’est née la Cité, Damas et Alep se disputant le titre de ville habitée la plus ancienne au monde.

Ces innovations engendreront tout naturellement l’émergence des premières cités-Etats ou des premiers Empires, avant même que le processus fasse irruption dans le monde hellénique.

Ces innovations donneront lieu tout naturellement à l’invention des nouveaux concepts et des nouvelles réalités qui structurent notre monde contemporain: le gouvernement, l’impôt, le commerce, la guerre sans doute, et leurs corollaires, les traités, autant d’innovations promises à un long et grand avenir.

La vie urbaine intense de cette région, pionnière et inventive par excellence, sera le berceau du développement de la médecine, de l’astronomie, des sciences.

C’est enfin en ce cœur historique du monde que surgira la religion, lien entre l’être humain et les dieux, puis sa quintessence le monothéisme, à la base des trois religions révélées et de leurs déviations, qui sont à la source de nombreux conflits actuels.

Tous ces rappels historiques suffisent largement, et bien au-delà, à attribuer à la Syrie le titre de « phare du Proche et du Moyen-Orient, et celui, encore plus emblématique, de « mère de la Civilisation ».

Ces lettres de noblesse donnent leur sens à la belle formule d’André Parrot, ex-directeur en chef des antiquités du Louvre, archéologue français ayant travaillé de longues années sur les sites du sanctuaire syrien :

« Tout homme civilisé a deux patries: la sienne et puis la Syrie ». Cette formule fait d’ailleurs écho à celle dont les Français sont si fiers, qui est du Président Thomas Jefferson:

 » Tout homme a deux patries, la sienne et puis la France ».

Quoi de mieux pour rappeler la vocation de l’association d’amitié France-Syrie.

 Michel Raimbaud

Président de l’Association d’Amitié France Syrie

 

Communiqué de l’Association d’Amitié France-Syrie du 09 décembre 2024

« Tout homme a deux patries, la sienne et puis la France » (Thomas Jefferson, fondateur, 3ème président des Etats-Unis)

Tout homme civilisé a deux patries, la sienne et puis la Syrie (André Parrot, archéologue français)

 

Communiqué de l’Association d’Amitié France-Syrie

Les membres de l’Association d’Amitié France-Syrie sont bouleversés par cette nouvelle tragédie qui frappe la Syrie, déjà accablée depuis de longues années par une guerre d’agression qui ne dit pas son nom mais pourtant bien réelle. Terroriste par essence, cette nouvelle offensive s’inscrit dans le plan de reconfiguration du Grand Moyen-Orient, toujours à l’ordre du jour malgré ses échecs.

C’est donc sans surprise que l’on retrouve à la manœuvre les islamistes pilotés par le Hay’et Tahrir al Sham (HTS), émanation d’Al Qaida, soutenu par la Turquie d’Erdogan et bénéficiant de la complicité de Washington. Bien que tous inscrits sur la liste américaine et la liste onusienne des mouvements terroristes, ces groupes djihadistes sont approvisionnés en sous-main par les Etats-Unis et certains de leurs alliés, fournisseurs d’armes sophistiquées, de matériel militaire divers et d’instructeurs….

Bien que la Syrie n’ait jamais riposté aux nombreux bombardements israéliens dont elle est la cible depuis des années, elle n’aura pas pu rester à l’écart de la tempête que l’on voit se propager de part en part, inexorablement, dans ce grand Moyen-Orient aussi explosif qu’imprévisible. Dans ce contexte, personne n’aura été vraiment surpris de l’ultimatum lancé au Président Bachar Al Assad par Netanyahou, qui venait d’être contraint de demander un cessez-le-feu suite à un nouvel échec au pays du cèdre (cf. la résolution 1701 du Conseil de Sécurité).

Conseillés, encouragés, armés, défiant désormais tous les tabous et revendiquant ouvertement leurs connivences, les agresseurs décomplexés n’ont pas hésité à prendre comme cible prioritaire Alep, deuxième ville et moteur économique de la Syrie, avant de pousser plus loin. Or, quel que soit le prétexte invoqué, il est clair que la population civile ne saurait être prise en otage sur son sol pour des règlements de comptes quels qu’ils soient.

L’Association d’Amitié France-Syrie (AFS) demande au gouvernement français d’intervenir avec fermeté auprès de la Turquie afin que celle-ci entende enfin la voix de la sagesse et de la raison, conformément aux résolutions de l’ONU : fragiliser la Syrie revient en effet à déstabiliser tout le bassin méditerranéen.

C’est d’ailleurs en se référant à la légalité onusienne que l’AFS suggère de lever les sanctions illégales et immorales qui frappent en premier lieu la population civile. Le peuple syrien doit rester indépendant, y compris et notamment dans le choix de ses dirigeants, la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie doivent être scrupuleusement respectées, non pas seulement dans le discours, mais dans la réalité.

La grandiloquence n’est pas de mise, mais l’humanité doit choisir entre paix et guerre. Il n’y a pas de paix possible au Moyen-Orient sans la Syrie. Et il n’y aura pas de paix dans le monde tant que le Moyen-Orient est en guerre.

 

 

Conférence de l’AFS « Le partage de l’eau : L’hydrodiplomatie » par Monsieur Brice Lalonde. Ancien ministre

L’AFS a le plaisir de vous inviter à participer à une vidéoconférence sur le sujet crucial de l’eau au Proche-Orient

« Le partage de l’eau : L’hydrodiplomatie »

 

Le mardi 30 avril 2024 à 19h00 (Heure de Paris).

Durée 1h15.

 

Intervenant:

 

Monsieur Brice Lalonde. Ancien ministre de l’Environnement (1988-1992) et président de l’institut Equilibre des Energies.

 

Coordonnées Zoom

https://cnrs.zoom.us/j/93492910474?pwd=ZkU1RkptM3oyUHdGWmVhYSsvelM2dz09

ID de réunion: 934 9291 0474

Code secret : kxBXS6

Il est conseillé de se connecter quelques minutes en avance.

La connexion sera ouverte à partir de 18h45.

 

N’hésitez pas à informer vous amis et à leur transmettre cette invitation.

 

A toutes fins utiles, vous trouverez ci-après un bulletin de cotisation pour 2024.

:Bulletin de cotisation 2024

 

Avec toute notre amitié.

Didier Destremau

Président de l’AFS

Ancien Amabassadeur

 

CONFÉRENCE DE L’AFS du 25 mars 2024 à 19H

J’ai le plaisir de vous annoncer que la prochaine conférence de notre association aura lieu le 25 mars à 19 h. Elle sera menée par Monsieur Rudolf el Kareh. politologue fort connu sur le thème:

« La Syrie au cœur de la Question de Palestine, Gaza et les enjeux de l’avenir ».

Je vous serais vivement reconnaissant de bien vouloir largement diffuser cette annonce car le sujet choisi est au centre de toutes les préoccupations.

Pour ce faire :

Sujet:  AFS SYRIE Destremau

Heure: 25 mars 2024 06:30 PM Paris

 

Rejoindre Zoom Réunion

https://cnrs.zoom.us/j/99061389378?pwd=WkFsYnA1MThsbDd5czlxdTcvWGp0Zz09

ID de réunion: 990 6138 9378

Code secret: r0nBZu

 

Bien cordialement

Didier Destremau
Président

Visioconférence | Les déplacés et réfugiés de Syrie. Quelle résilience et quel avenir ?

Le 20 décembre, dans les conditions habituelles l’AFS offrira à ses membres et ses sympathisants une visioconférence sur le thème :

Les déplacés et réfugiés de Syrie. 
Quelle résilience et quel avenir ?
 
INTERVENANT :

 

M Samir Aita
Président du cercle des économistes arabes et consultants des agences des nations Unies
 
Le lundi 20 décembre 2021 à 18h30 (Heure de Paris). 
 
Coordonnées Zoom :
 
ID de réunion : 932 2168 2477
Code secret : 286714
 

Une seule touche sur l’appareil mobile

+33170950350,,93221682477#,,,,*286714# France
+33186995831,,93221682477#,,,,*286714# France
 
 

Il est conseillé de se connecter quelques minutes en avance.

La connexion sera ouverte à partir de 18h00.

Avec toute notre amitié.

 

Nous vous serions reconnaissant de bien vouloir réserver cette soirée et en informer tous ceux qui s’intéressent à la Syrie et à cette question spécifique.

Avec toute notre amitié.

Recrudescence de la violence en Syrie

La recrudescence de la violence en Syrie, combinée à la chute de son économie, rend les perspectives de plus en plus «sombres» pour les civils, ont estimé mardi 14 septembre des enquêteurs des Nations Unies.

« Après une décennie, les parties au conflit continuent de perpétrer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité et de porter atteinte aux droits humains fondamentaux des Syriens », a déclaré lors d’une conférence de presse le président de la Commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie Paulo Pinheiro. « La guerre contre les civils syriens se poursuit et il leur est difficile de trouver la sécurité ou un refuge sûr dans ce pays ravagé par la guerre », a-t-il ajouté.

Dans leur dernier rapport couvrant la période du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021, les membres de la commission ont déploré qu’il n’y ait pas d’efforts pour réunifier le pays ou parvenir à une réconciliation, alors que les détentions arbitraires par les forces gouvernementales se poursuivent sans relâche.

« La situation générale en Syrie semble de plus en plus sombre », a déclaré Karen Koning AbuZayd, l’une des membres de la commission dans un communiqué. « Outre la violence qui s’intensifie, l’économie s’effondre, le lit des rivières de la Mésopotamie est au plus sec depuis des décennies, et la transmission communautaire généralisée du Covid-19 semble incapable d’être endiguée par un système de santé décimé par la guerre », a-t-elle ajouté. « Ce n’est absolument pas le moment pour quiconque de penser que la Syrie est un pays capable d’accueillir le retour de ses réfugiés », a-t-elle ajouté.

Le rapport a souligné que des dizaines de milliers de Syriens attendaient toujours désespérément des nouvelles de leurs proches disparus tandis que des dizaines de milliers d’autres étaient illégalement détenus. Les enquêteurs ont également déploré une recrudescence des combats dans le pays au cours de derniers mois, avec un retour à la «tactique du siège» comme à Deraa dans le sud, où le régime a encerclé des quartiers rebelles, a souligné le commissaire Hanny Megally.

Paulo Pinheiro a par ailleurs estimé « scandaleux » qu’environ 40.000 enfants, pour moitié irakiens et pour les autres d’une soixantaine de nationalités, soient toujours détenus à al-Hol et dans d’autres camps pour les déplacés et les familles de jihadistes en raison du refus de leurs pays d’origine de les accueillir. « Punir les enfants pour les péchés de leurs parents ne peut pas être justifié », a-t-il affirmé.

La commission doit présenter son rapport au Conseil des droits de l’homme de l’ONU le 23 septembre. Les violences en Syrie ont fait près d’un demi-million de morts et déplacé des millions de personnes depuis le déclenchement du conflit en 2011.

Sources: https://news.un.org/fr/story/2021/09/1103622

Visioconférence | Syrie: enjeux et enseignements d’une guerre sans frontières

Chers amis,
L’AFS a le plaisir de vous inviter à participer à une vidéoconférence :
 

« Syrie: enjeux et enseignements d’une guerre sans frontières »

 

INTERVENANTS :
 
Didier Destremau 
Président de l’AFS
Michel RAIMBAUD
Ancien ambassadeur, essayiste, auteur d’ouvrages et d’articles sur la géopolitique et les relations internationales
Majed NEHME 
Chercheur, éditeur et journaliste. Directeur de la rédaction du journal en ligne afrique-asie.fr
Bernard CORNUT
Ingénieur, ayant une longue expérience des politiques publiques en Syrie, en Irak et dans plusieurs pays de la région
Fayçal JALLOUL
Journaliste et chercheur, spécialiste du monde arabe
 
Le mardi 22 juin 2021 à 18h30 (Heure de Paris). Durée 2h00.
 
Coordonnées Zoom :
 
ID de réunion : 927 7244 7119
Code secret : 618701

Il est conseillé de se connecter quelques minutes en avance.

La connexion sera ouverte à partir de 18h15.

Vous pouvez inviter vos amis à suivre cette conférence.

Avec toute notre amitié.

 

AFS | Visio-Conférence : Printemps arabes, mythes et réalités: la Syrie dix ans après

La 3ème visio-conférence de l’AFS aura lieu le 17 mars 2021 à 18h. Elle aura pour thème :
« Printemps arabes, mythes et réalités: la Syrie dix ans après ».

 

Les quatre intervenants prévus sont :

  • Caroline Galacteros, Présidente de Geopragma
  • Gérard Bapt, ancien député, ancien Président du Groupe parlementaire d’amitié France-Syrie à l’Assemblée Nationale
  • Ahmed Manai, Président de l’Institut Tunisien des Relations Internationales, ancien membre de la commission d’enquête conjointe Ligue Arabe-Nations-Unies en Syrie (2011)
  • Eric Dénécé, Directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), qui a publié l’ouvrage collectif  « La face cachée des révolutions arabes ».

 

Pour participer à la réunion Zoom

https://zoom.us/j/93335175964?pwd=YnpIQXBtTy9rRmthcmpTeTl2TmgxUT09

ID de réunion : 933 3517 5964

Code secret : 932065

N’hésitez pas à participer à cette visioconférence.

Alep: Guerre, sanctions, Corona, César, crise économique et quoi encore?

lettre-dalep

L’AFS vous recommande la lecture de l’article du docteur Nabil Antaki, publié sur Arrêt sur info, le 1er juillet 2020, qui décrit d’une manière poignante la situation des Syriens oubliés par tout le monde.
L’AFS a entrepris depuis 2 ans d’interpeler la communauté internationale afin que cessent les mesures d’embargo contre le peuple syrien.

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Le peuple syrien ne sait plus à quel saint se vouer.

Les drames se suivent, ne se ressemblent pas mais aboutissent au même résultat : celui de continuer à faire souffrir la population syrienne qui ne demande qu’à vivre dignement dans la paix.

Commençons par la guerre. Elle dure depuis plus de neuf ans.

Elle a fait des centaines de milliers de victimes et une dizaine de millions de déplacés internes et de réfugiés, a poussé un million de personnes à l’exil, a détruit l’infrastructure de la Syrie et a ruiné un pays qui, autrefois, était paisible, sûr, stable et prospère. Lire la suite…

En cours…

 

 

 

 

Le retour des Tcherkesses de Syrie sur la terre d’origine dans le Nord-Caucase

Originaires du Nord-Caucase, les Tcherkesses, autrefois appelés Circassiens, furent contraints à l’exil lorsqu’en 1864, l’armée impériale russe acheva sa conquête de la région. Vaincus, ils partirent majoritairement s’installer dans l’Empire ottoman. Au début des années 1990, l’implosion de l’Union soviétique incita des Tcherkesses à revenir sur la terre de leurs ancêtres. Un flux migratoire qui s’est densifié à partir de 2011, lorsque la guerre éclate en Syrie. Ni réfugiés ni étrangers, ils sont appelés « rapatriés ». Dans le Caucase, la communauté tcherkesse se mobilise pour organiser leur retour sur une terre désormais constitutive de la Fédération de Russie.

À la périphérie de Panakhes, des maisons neuves aux façades brutes se succèdent en enfilade, le long d’une conduite de gaz surélevée. Nart habite la dernière, au bout du chemin de terre. Dans son jardin, il nourrit ses poules qui se massent bruyamment autour de lui. Dans une autre vie, cet homme au sourire immuable était barbier dans un salon de Damas. Ces dernières années, il s’est improvisé fermier dans cet aoul (village) de l’Adyguée où se sont installés des « rapatriés » de Syrie. La famille de Nart est originaire de Marj al-Sultan, un village tcherkesse de la Ghouta. Lorsque la guerre s’est déclarée dans le pays, elle a fait le choix de partir dans le Caucase. Ou plutôt, d’y revenir. « Désormais, il faut construire notre vie ici. C’est notre patrie », appuie Mazhar, l’octogénaire patriarche. Mais 150 ans plus tard, ces descendants d’exilés s’apparentent à des immigrés sur leur propre terre. Sans se départir de son humeur allègre, sa fille Barina peine à y trouver sa place. « Les premières années ont été très difficiles, nous vivions sans ressources financières. Et sans la maîtrise du russe, il est très compliqué de trouver un travail ou de lancer un business. » Dans une région où le travail se fait rare, elle aimerait mettre à profit sa connaissance de l’anglais.

Au moment où la Syrie s’embrase, le pouvoir fédéral russe envoie une délégation parlementaire à Damas. « Les représentants des parlements locaux et le milieu associatif ont demandé aux autorités de prendre des mesures en faveur des Tcherkesses de Syrie », rapporte Asker Sokht, responsable de la principale organisation tcherkesse à Krasnodar. La Russie accorde alors visas et titres de séjour à des populations dont « l’essentiel avait conservé, d’une manière ou d’une autre, des liens avec le pays ». À l’époque soviétique déjà, la Syrie est un pays « ami » qui envoie étudiants et futurs militaires en URSS. Barsbi, le neveu de Barina, est d’ailleurs né en Russie. « Mon père s’y rendait régulièrement dans les années 1990 », précise celui qui endosse régulièrement le rôle d’interprète familial. Arrivé jeune, russophone, il envisage désormais, comme la majorité des rapatriés de sa génération, de faire sa vie en Russie. « Pourquoi retournerais-je en Syrie ? Nous avons tant attendu ce retour sur notre terre ».

Dans la République d’Adyguée, le rapatriement des Tcherkesses de la diaspora bénéficie du soutien du pouvoir local. Mafekhabl se présente comme la vitrine de cette politique. « Ici, il y a tout ce qu’il faut : une infirmerie, une mosquée, un terrain de sport… Les conditions d’installation sont idéales », détaille Askhad Goutchetl, directeur du centre d’accueil des rapatriés. Cette structure régionale a été fondée pendant la guerre du Kosovo, en 1998. « Nous avons alors organisé le retour de plusieurs familles tcherkesses d’ex-Yougoslavie », raconte-t-il. Soucieux de faire revenir leurs compatriotes, les hommes d’affaires locaux financent la construction de cet aoul coquet et ordonné. Désormais, Mafekhal abrite des familles venues non seulement du Kosovo, mais aussi des principaux foyers de diaspora : Turquie, Syrie, Jordanie. « Le centre d’accueil nous permet de fournir aux nouveaux arrivants une aide administrative, juridique et sociale. Nous faisons en sorte que les Tcherkesses de l’étranger aient envie de vivre ici », explique Askhad Goutchetl pour qui cette mission présente un enjeu autant démographique que culturel.

Selon le militant Asker Sokht, environ 6 000 Tcherkesses de Syrie ont obtenu un titre de séjour russe depuis le début de la guerre. La moitié s’est établie sur le territoire tandis que l’autre est partie en Europe en transitant par la Russie. Environ un tiers de personnes restées sur le sol russe ont obtenu un passeport. « La méconnaissance du russe constitue le principal obstacle », indique-t-il tout en se montrant optimiste : depuis l’année dernière, le programme national d’aide au retour volontaire des compatriotes de l’étranger s’applique aussi à l’Adyguée. Une disposition qui doit permettre de régulariser l’ensemble des rapatriés présents dans la république. « Le développement d’internet a permis de rapprocher les diasporas à travers le monde », se réjouit Asker Bora, fondateur d’une association d’aide au retour à Naltchik, en Kabardino-Balkarie – dans le Caucase, les Tcherkesses vivent dans différentes républiques, autant de divisions administratives artificielles héritées de l’URSS. Au moment où les arrivées étaient nombreuses, l’association avait obtenu la mise à disposition de vieux sanatoriums. Le dernier encore occupé abrite une quarantaine de rapatriés. « Il nous faudrait des subventions fédérales… », élude Asker, soulignant la solidarité de la communauté et la réussite de l’intégration. « Dès qu’elles en ont la possibilité, les familles prennent leur indépendance ». Samira occupe toujours une petite chambre du sanatorium. Cette ancienne directrice d’école a quitté Damas avec des sentiments mêlés : l’amertume de tout laisser derrière elle et l’émotion de retrouver la patrie de ses ancêtres. Elle garde contact avec ceux qui, restés là-bas, n’ont pas eu les moyens de partir.

Permise par la chute de l’URSS, la réaffirmation des identités nationales a inspiré la rhétorique du Kremlin, qui honore aujourd’hui le caractère « multinational » de la Russie. Mais achevée il y a seulement 150 ans, la conquête du Caucase demeure source de crispations. Quand certains renoncent à remuer le passé, d’autres expriment un ressentiment sourd. « Contrairement à celui qu’ont subi les Arméniens, personne n’a entendu parler du génocide des Tcherkesses. Heureusement que ces dernières années, la diaspora s’active », glisse une rapatriée de Syrie. « Ce thème a été très présent avant et pendant les Jeux olympiques de 2014 à Sotchi, tenus sur les lieux où se livrèrent certains des derniers combats de la « Grande Guerre du Caucase » », note l’historien Iaroslav Lebedynsky. Sur ce sujet, les porte-parole de la cause tcherkesse en Russie observent généralement une certaine prudence. Selon Asker Bora, le bienfaiteur de Naltchik, le pays n’a pas encore fait son introspection. « Il est clair que l’enseignement de l’Histoire pose problème. »

*Source : RFI