Le mouvement littéraire féminin syrien contemporain par Christian Lochon.

Ancien attaché culturel à l’Ambassade de France en Syrie et membre du Bureau de notre association en charge, depuis
sa création, de son activité culturelle, Christian Lochon a bien voulu réserver à notre «Lettre» la primeure de son étude
sur «le mouvement littéraire féminin syrien contemporain» dont nous publions  ci-joint l’intégralité du texte. /fichiers/pdf/tir-part-lochon.pdf

Les Echanges commerciaux franco-syriens en 2010

Les échanges franco-syriens ont affiché un solde négatif de -73M€ en faveur de la Syrie en raison
de la reprise des achats de pétrole de la France et cela malgré une hausse des exportations françaises.
.
Progression de +13% du volume des échanges :
La Syrie demeure un partenaire commercial modeste de la France. Elle se situait au 82ème rang des clients de la France et n’était que son 69ème fournisseur en 2010.La France ne figure pas non plus aux premiers rangs des fournisseurs de la Syrie qui favorise les achat d’Ukraine, Russie, Chine, ainsi que d’Italie pour ses approvisionnements en Europe.

La France reconquiert cependant des parts de marché, elle serait selon les statistiques syriennes le 12ème pays fournisseur de la Syrie en 2009 (seulement 22ème en 2008) et son 3ème client (6ème précédemment).

Les importations françaises sont pour plus de 90% composées d’hydrocarbures et les exportations portent sur une large gamme de produits agricoles, biens manufacturés, produits intermédiaires et biens industriels.

Hors pétrole, selon les années quelques grands postes modifient la structure des échanges : exportations de blé en 2009, de sucre et d’avions en 2010.

Hausse de 9,4% des exportations à 333M€
Hausse des ventes aéronautiques et de sucre.
A l’exception des produits agricoles (qui sont tombés à 7,3M€ contre 28M€ l’année précédente et le recul des exportations de céréales à 8,8M€ contre 25,8M€ également en 2009) et des produits pétroliers,

Les principaux postes d’exportation qui ont connu une progression sont :

les produits industriels, 144 M€, +20%
parmi lesquels les produits chimiques, parfums et cosmétiques, 43 M€, +14,5%,
les produits pharmaceutiques 38 M€, +6,7%, les métaux et produits métalliques 36 M€, +95%
les produits alimentaires 74 M€ , +33%
les machines et équipements mécaniques, électroniques et autres équipements industriels et agricoles, 59 M€ + 3,6%
les équipements de transport: 45 M€, qui avec la vente de deux appareils ATR en 2010 augmentent de + 160%
– Avec une vente inhabituelle (13 M€ contre 4,6 M précédemment), le sucre gonfle les exportations de produits agroalimentaires qui sont passés de 56 à 75 M€, +33,6%.
-Les produits laitiers et fromages, (7,6M€, +38%) renforcent les ventes du secteur, de même que les préparations à base de céréales (3,4 M€, +25%).

Importations : en hausse de +16% à 405 M€.

Les importations françaises ont également augmenté en 2010, +16%, à 405 M€, très largement dominées par les achats de pétrole et produits pétroliers qui représentent 94,5% des importations totales.
On assiste en 2010 à une reprise des importations de brut (+30% à 371 M€) et de produits pétroliers (12 M€).
Hors secteur pétrolier, les achats ont concerné des produits industriels 16 M€, +7,7% parmi lesquels les produits des industries textile et habillement pour 10 M€, +5,4% et les produits chimiques et de parfumerie 3,6 M€ +9% (savon d’Alep).
Les importations de produits agricoles (3,8 M€), sont constituées pour moitié d’épices entrant dans la fabrication des boissons anisées, les achats d’anis, badiane et cumin s’élèvent à 1,9 M€, soit +40%.
Enfin on relève des importations, inhabituelles, de phosphate pour 4 M€, l’une des principales ressources du pays hors pétrole.

(in lettre de Syrie. Service Economique de l’Ambassade de France. mars 2011)

                    2008 2009 2010 Variation
Exp.fr. vers la Syrie 289 303 332 +9,4%
Impor.fr vers
la syrie
696 348 405 +16,3%
Solde -406 -44 -72,9

Économie – Syrie

Chiffres-Clés de l’économie syrienne (Source : FMI – septembre  2010)

2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
Produit Intérieur Brut (Md USD)
28,6 33,5 40,6 54,5 52,5 59,4 66,0
Croissance réelle du PIB (%)
 6 5,2 6,3 5,2 4 5 5,5
Inflation prix consommation (%)
7,2 10 4,7 14,5 7,5 6,0 5,0
Dette externe/PIB (%)
23,4 19,2 14,5 10,4 12,1 9,1 8,1
Solde budgétaire/PIB (%)
-4,5 -1,1 -4,0 -2,8 -5,5 -4,5 -5,8
Solde budgétaire hors recettes pétrolières/PIB hors pétrole (%)
-11,6
-8,4 -8,9 -7,9 -10,0 -6,3 – 6,2
Importations Biens et Services (Md USD)
10,5 11,7 13,4 16,2 15,8 17,0 18,7
Exportations Biens et Services (Md USD)
7,6 9,1 11,2 13,7 13,2 14,4
Importations Biens et Services hors pétrole (Md USD)
7,8 9,0 10,3 11,4 12,2 13,1 15,2
Exportations Biens et Services hors pétrole (Md USD)
4,7 6,2 7,4 9,0 9,3 11,1 13,2
Solde de la Balance des paiements (Md USD)
-0,5 -1,2 0,6 -0,1 -0,0 0,9 -0,6
Réserves de change brut (Md USD)
En mois d’importations
17,4
16
16,5
13,6
17,0
11,5
17,1
9,4
17,1
10,7
16,6
9,4
16,1
8,4
Croissance PIB hors pétrole 7,5 6,9 5,8 6,0 4,5 5,5 6,0
Croissance pétrole -8,6 -7,1 -4,8 0,0 0,2 0,2 0,0
Solde des échanges pétroliers (Md USD) 0,7 0,0 -1,0 -1,7 -1,0 -1,2  –

2009 et 2010 estimations, 2011 : projections

Économie

Investissements français en Syrie :

La Syrie représente un intérêt croissant pour les investisseurs français
La France est le premier investisseur européen hors pétrole et Total poursuit ses investissements
Le premier investissement français remonte à 1988 avec l’implantation de Total. Depuis, Total a continué à investir très régulièrement pour une meilleure exploitation des champs et signé un accord préférentiel pour en obtenir de nouveaux.

Il faudra ensuite attendre 2003 pour voir arriver des capitaux français importants, en lien avec l’ouverture de la Syrie aux investissements privés.

Bel est ainsi le premier français à avoir implanté une unité de production, inaugurée en 2005 (investissement 100% français) et Lafarge réalise depuis 2008 l’investissement étranger le plus important dans son secteur (construction d’une cimenterie d’une capacité de 3M de tonnes annuelle),  Air Liquide pour sa part a inauguré en 2010 une usine de production de gaz industriels.
Selon les chiffres de la Banque de France, l’IDE français en Syrie avoisine 1,6 milliard USD.se rapproche des stocks détenus par la France au Liban, partenaire principal de la France dans la zone. Ils sont désormais plus élevés que les stocks d’IDE français en Jordanie
Les investissements français en Syrie sont concentrés sur les secteurs hydrocarbures et ressources minières (Total et Lafarge), qui accueillaient 89% des stocks d’IDE français en Syrie en 2008. Le reste concerne l’Immobilier et services aux entreprises 6%, Agriculture et industrie alimentaire 1%, Autres 4%.

En 2010, la Syrie comptait 16 implantations françaises directes et plus d’une vingtaine de sociétés présentes au travers de filiales ou bureaux de représentation, employant 900 personnes. Par-ailleurs, de nombreuses marques sont présentes sous forme de franchise ou licence (biens de consommation et santé essentiellement).

Il est à noter l’arrivée de nouvelles enseignes françaises en distribution (Monoprix, Daniel Hechter…), gestion hôtelière (Ibis et Novotel, groupe Accor) et les ouvertures de bureaux de représentations (Veritas, MTO, …) et les partenariats (Sobem, Sodem…) se multiplient. CMA-CGM a obtenu en juillet 2009 le deuxième terminal portuaire offert en BOT et envisa ge des extensions.
(In lettre de la Syrie, réalisée par la Mission Economique Française en Syrie. Janvier 2011)

Echanges commerciaux franco-syriens au 1er semestre 2010 :
Les flux globaux des échanges commerciaux entre la France et la Syrie enregistrent une hausse de 50% au premier semestre 2010, pour un montant de 468 M €E contre 314 M € au 1er semestre 2009. La balance commerciale bilatérale est déficitaire pour la France -101 M € (positive de 40 millions sur la même période 2009) pour un taux de couverture de 55%.

Les importations françaises au 1er semestre 2010 se sont élevées à 284 M €, composées essentiellement d’hydrocarbures, phosphates, industries textiles (habillement, linge de maison, tissus, fils), produits de toilette et savons d’Alep, plantes à épices (anis, cumin…).

Les exportations françaises s’établissent à 183 M€, en augmentation de + 3,6% par rapport à la même période de 2009. Cette augmentation est largement due à la vente de deux avions ATR (27 M€) à la compagnie nationale syrienne, les ventes de tabac, les machines chaudières et engins mécaniques, (19,7 M€)  les préparations pharmaceutiques (18,8M€), ventes d’instruments et de fournitures médicales (3,2 M€), sucre (3,3M €), produits laitiers et fromages (3M€).
Selon le Bureau des statistiques syriennes, la France ne figure plus parmi les 10 premiers fournisseurs de la Syrie. Seules Malte et l’Italie, pour ce qui concerne les pays européens, prennent place dans ce classement dominé par la Russie, la Chine, l’Ukraine, et la Turquie (Allemagne 11ème fournisseur).

(in lettre de la Syrie, réalisée par la Mission Economique Française en Syrie, Septembre 2010).

Syrie, éclats d’un mythe , de Nathalie Galesne

Syrie, éclats d'un mythePour connaître la Syrie dans son ensemble; pour connaître sa culture, son passé, son présent, sa réalité quotidienne, les légendes qui constituent son quotidien, le charme envoûtant que ses villes continuent à exercer sur les visiteurs, il n’y a pas mieux que le livre de Nathalie Galesne Syrie, éclats d’un mythe.
Le titre lui même est éloquent. Il connote un pays solide, précieux et fragile comme le cristal; un pays éblouissant, étincelant et déroutant comme un palais de glaces; enfin un pays qui a longtemps cultivé le mythe de son homogénéité contre la menace d’éclatement dans un Moyen-Orient explosif. La structure fragmentée que Nathalie Galesne a choisi pour son livre est en harmonie avec cette image du pays: un mélange agréable d’histoires, de citations, de poèmes, d’entretiens et de photos, en plus du texte de l’auteur qui dévoile tout l’amour qu’elle porte à la Syrie.

Le Liban et la Syrie au miroir français (1946-1991)

Par Marie-Thérèse Oliver-Saidi, aux Editions l’Harmattan, 34,50 euros, 396 pages. www.editions-harmattan.fr

 Le Liban et la Syrie au miroir français (1946-1991)Depuis le Mandat exercé par la France au Levant, le Liban et la Syrie n’ont cessé de s’opposer et de s’appeler dans l’imaginaire français. Dans un contexte géopolitique régional et international particulièrement mouvementé, les représentations de ces deux pays ont connu en France, de leur indépendance en 1946 à la guerre du Golfe en 1991, des évolutions aussi importantes qu’inattendues.

Les diverses facettes de ces représentations contrastées sont abordées  tant au niveau de l’histoire que de la littérature au fil des nombreuses crises vécues, notamment de la guerre civile qui débute en 1975 au Liban. Cet événement constitue, à cet égard, un moment charnière dans l’histoire et les relations de ces pays. Après une description des effets du mandat (1920-1946) sur les populations de la Syrie et du Liban, l’auteur se penche sur les événements politiques intervenus dans les deux pays et qui ont jalonné la période 1946-1991.  L’auteur aborde l’œuvre des romanciers français et libanais qui ont  jalonné cette période, et rappelle l’émergence dans les années 1980 du monde français de l’édition à destination du monde arabe (Kartala, Actes Sud, Sindbad…). Un survol exhaustif de l’œuvre des multiples romanciers et auteurs de cette période familière à de nombreux d’entre nous (Amine Maalouf, Nadia Tuéni, Mustapha Al Ujailly…) est ainsi réalisé pour notre grand plaisir.

Marie-Thérèse Oliver-Saidi, Agrégé de Lettres classiques, Docteur d’Etat ès Lettres et Sciences humaines a passé plusieurs années au Moyen-Orient (Liban, Egypte, Turquie), y exerçant diverses responsabilités au sein du ministère des Affaires étrangères .Elle est l’auteur de plusieurs articles sur la littérature francophone et la politique éducative. 

La Botaniste de Damas

La Botaniste de Damas

Après Sciences et Technologies en Islam (UNESCO, 1990) et Syrie, Berceau des civilisations (Paris, ACR, 1997), Simone Lafleuriel-Zakri, historienne française mariée au calligraphe syrien Naaman Zakri, se tourne vers le roman ou plutôt l’histoire romancée.

L’auteure avait beaucoup écrit sur le pharmacologue Ibn Baytar (1195-1148), né à Séville et ayant exercé au Caire au service des Ayyoubides et à Damas. Son Traité des Simples fut traduit par le Dr. Lucien Leclercq (1816-1893), spécialiste de la médecine arabe, médecin en Algérie et dont l’Histoire de l’Algérie montre son excellente connaissance de ce pays au XIXe siècle.
La Botaniste de Damas peut attirer trois sortes de lecteurs ; ceux qui aiment le Vieux Damas superbement emmuraillé avec ses souqs médiévaux, sa « qaïssarya » (marché de Tissus), son bimaristan (hôpital ayyoubide) entourant le temenos séculaire de la Mosquée des Omeyades, dont les mosaïques byzantines, représentant la ville du VIIIe siècle, ont traversé les temps. C’est dans ce décor qu’évoluent les personnages réels ou « recomposés » à partir d’archives de l’époque ; la Ghouta est également décrite avec ses produits fruitiers, ses légumes, ses herbes médicinales. Ainsi voit-on confectionner les mets damascènes préparés par Hasifa, fille d’un médecin et elle-même botaniste,et les servantes et qui enchantent les hôtes du père de Hasifa, Ibn Baytar, le grand Ibn Arabi, d’autres intellectuels et médecins venus se restaurer dans cette maison accueillante.
Les amateurs d’histoire apprécieront le rayonnement de Damas dans le monde d’alors ; les marchands vénitiens s’y installent, et le fils de Hasifa deviendra maître verrier à Murano ; les pèlerins irakiens rejoignent le départ du Hajj (pèlerinage) dont la caravane se forme dans les faubourgs du Maïdan ; les contacts avec les Francs, parfois alliés, parfois ennemis, permettent de se rendre à Acre et d’Acre en Egypte, et de là dans le Kanem (Tchad actuel) dont les souverains étaient liés aux Hafsides de Tunis.

Malheureusement, des évènements tragiques vont survenir à Damas et à Alep dus aux combats fratricides entre les monarques ayyoubides, régnant en Syrie ou en Egypte et qui font appel à des mercenaires turcs du Khawarezm (Iran oriental), pillards chassés vers l’ouest par les Mongols. Puis ce seront ces mêmes Mongols qui détruiront la civilisation abbasside à Bagdad et ne pourront être chassés de Syrie que par des mercenaires mamelouks venus d’Egypte.

D’autres lecteurs examineront avec attention les descriptions de plantes médicinales consignées dans les ouvrages d’Ibn Baytar ou de son disciple damascène Ahmed Ibn Ali Ousaybiya (1195-1270). L’auteure rappelle que les découvertes de la pharmacopée arabe seront transférées en Andalousie et de là dans toute l’Europe.

Le chercheur consultera avec intérêt les annexes de l’ouvrage, les biographies d’Ibn Baytar, d’Ibn Arabi, l’évocation de la lignée célèbre des libraires de la famille Jazari, la notice sur les voyages à travers toute la Méditerranée d’Ibn Baytar depuis Malaga jusqu’à Antioche, son séjour en Egypte (une erreur à corriger : « Matariya », faubourg nord du Caire n’est pas situé en « Arabie Saoudite », laquelle d’ailleurs, au XIIIe siècle, n’existait pas), en Irak, en Palestine et au Maghreb ; la chronologie des sultans ayyoubides, un glossaire, un lexique des mots arabes passés en français, le rappel biblio-biographique de Lucien Leclercq et une bonne bibliographie consacrée au sujet du livre.

L’auteure a eu l’occasion de présenter son ouvrage récemment, au Centre Culturel Syrien ; nous lui souhaitons de le voir diffusé dans le plus grand nombre de sociétés savantes et auprès du grand public, car ces 485 pages constituent un travail considérable qui intéressera et passionnera de nombreux lecteurs

Christian Lochon

La grande mosquée des Omeyyades à Damas

La grande mosquée des Omeyyades à Damas

L’un des plus anciens monuments (temple araméen puis grec, église byzantine, mosquée) et des plus prestigieux de l’architecture musulmane. Les mosaïques, l’un des joyaux du patrimoine mondial, sont reproduites dans leur intégralité. 

Édifiée par le sixième calife omeyyade, le conquérant al-Walid (705-715), pour la plus grande gloire de l’islam, de la dynastie et de sa personne, sur l’emplacement d’un ancien temple païen d’Hadad-Jupiter devenu église depuis Théodose, la grande mosquée de Damas fut d’emblée considérée comme l’une des merveilles du monde, surpassant en beauté et en majesté toutes les créations du calife et de son père, ‘Abd al-Malik, à Jérusalem (Dôme du Rocher, mosquée al-Aqsa) ou à Médine.
Géographes, historiens, voyageurs : al-Idrisi, Benjamin de Tudèle, Ibn Battuta, Ibn Khaldun, rivalisèrent de superlatifs pour en louer le caractère unique; jusqu’à cet ambassadeur de Byzance qui, selon la chronique, tomba évanoui en découvrant l’intérieur de la salle de prière! Cette universelle admiration tient d’abord à l’ampleur de ses dimensions et à l’audace de sa conception architecturale, tranchant avec celle des mosquées précédentes pour mieux rivaliser avec les plus fameuses églises de la Syrie.
L’immense salle de prière, désormais séparée de la cour par une façade monumentale, adopte le plan basilical d’inspiration antique et se développe de part et d’autre d’un « transept » médian, déployant ses colonnes de marbre à chapiteaux corinthiens, reliées par des arcs outrepassés selon la tradition byzantine. La coupole à tambour octogonal, les trois minarets, la cour pavée de marbre blanc, entourée de piliers et de colonnes alternées, les portes ouvragées, la Maison de l’argent (Bayt al-Mal), de structure octogonale, elle aussi, et construite selon la technique byzantine: tout porte la marque d’un grandiose dessein.
Mais la merveille des merveilles, ce sont les mosaïques. En grande partie détruites par l’incendie de 1893, elles ornaient originairement les murs de la salle de prière et des vestibules, les murs de fond des portiques ainsi que tous les piliers. Un grand panneau, redécouvert en 1927 sur le mur du portique ouest et restauré depuis, est à lui seul un chef-d’oeuvre artistique absolu. La richesse chromatique, incluant une gamme de quarante tons :douze verts, neuf bleus, cinq violets, plusieurs tons d’or et d’argent, est accentuée par les incrustations de nacre illustrant la lumière, symbolique, des lampes omniprésentes dans le décor.
L’univers entier est représenté en ce lieu qui s’affirme le centre du monde : la luxuriance d’une nature souvent qualifiée de « paradisiaque » ; la théâtralité des architectures de villes et de palais qui rappellent les plus glorieuses créations de Rome et de Byzance, à Pompéi, à Boscoreale, à Sainte-Marie-Majeure, à Saint-Georges de Salonique, au Grand Palais des empereurs de Constantinople. Livre de splendeurs, d’érudition aussi.
L’auteur relate en détail, citant chacune des sources, la lente redécouverte par l’Occident d’un lieu dont il était exclu et dont il refusa longtemps, jusqu’au milieu du siècle dernier, d’attribuer la création à l’islam, prétendant que la mosquée n’était rien d’autre que l’ancienne basilique chrétienne. Ainsi, le livre participe-t-il de l’incessant mouvement de reconstruction et de restauration qui, au fil des siècles et de leurs catastrophes, séismes et incendies, rétablit dans sa gloire l’unique, la sans pareille mosquée des Omeyyades.

L’Économie syrienne en 2010

2010 a été pour l’économie syrienne une année de consolidation des progrès enregistrés durant les années précédentes. Après les soubresauts de 2008 et 2009, la plupart des indicateurs macroéconomiques ont retrouvé le rythme des années 2000. La croissance du secteur privé est encore tiré par les progrès du secteur tertiaire (banque et tourisme notamment) mais devraient se propager à l’ensemble de l’économie. La modernisation de l’Etat et l’assainissement des finances publiques poursuit enfin son cours et devrait contribuer à une amélioration globale de l’environnement des affaires.
Un Bon rythme de croisière
Après un ralentissement de la croissance à 4% en 2009, le rythme de progression du PIB est revenu en 2010 à 5% et devrait se poursuivre avec 5,5%
en 2011 selon le FMI.
Il en va de même pour l’inflation qui, après le bond de 15,2% de 2008 et le petit 2,18% enregistré en 2009 se stabilise à 5%, ainsi que
pour le déficit commercial qui est revenu selon le FMI à 3,9% du PIB après avoir atteint 4,5% en 2009.
En effet, le volume des échanges retrouve quasiment le niveau de 2008 après une légère inflexion en 2009. Importations et exportations ont ainsi toutes les deux progressé de 12%.
Le déficit commercial se maintient à 4,5% du PIB mais est compensé par une hausse de l’excédent de la balance des paiements de 40%
(tirée par l’augmentation des rémittences de la diaspora et des revenus du tourisme). Au final la balance des paiements affiche un solde légèrement négatif à 0,9% du PIB (+400 millions d’euros).
Le développement du secteur tertiaire tire la croissance :
Ce retour à la croissance est tiré par le développement des activités tertiaires et notamment de la banque et du tourisme.
Avec une hausse du portefeuille de prêts total de 14,7% entre 2009 et 2010, le secteur bancaire confirme la dynamique de croissance observable depuis l’ouverture au privé en 2004. Avec l’arrivée de deux nouveaux acteurs en 2010, le marché compte désormais quatorze banques privées dont trois islamiques mais reste encore dominé par les six banques publiques qui détiennent les ¾ des actifs. Le secteur bancaire a d’importantes marges de progressions car la Syrie est un pays encore largement sous-bancarisé (avec une agence pour 45 000 habitants).
 Le tourisme a rapporté quant à lui en 2010 plus d’un milliard d’euros en devise. Le nombre de visiteurs aurait progressé de 50% par rapport à 2009, avec un contingent européen de plus en plus important.
Le bilan du secteur secondaire est en revanche plus mitigé. Si les quatre cités industrielles du pays (Adra, Hessia, Cheikh Najjar et Deir Ez Zor) ont reçu près de 7 milliards d’euros d’investissement en 2010, les industries traditionnelles du pays peinent à faire face à la concurrence des produits importés massivement de Turquie avec la mise en oeuvre progressive de l’accord de libre échange. La production textile a par exemple diminué de 80% entre 2009 et 2010.
Enfin, l’année a été catastrophique pour la production agricole. Les cultures de blé ont été touchées par la maladie de la rouille brune qui n’a permis de récolter que la moitié de la quantité espérée.
La mise en place des chantiers du XIe plan quinquennal
Cette année 2010 a vu la modernisation de l’environnement des affaires, avec l’adoption en mai du code du travail et l’ouverture des secteurs des télécommunications et de l’électricité  à l’investissement privé.
D’autres chantiers de réformes devraient voir le jour dans le courant de l’année 2011 tels que l’adoption d’une loi encadrant les contrats de Partenariats Public Privé, où l’installation de l’Agence Nationale de Planification Régionale (calquée sur le modèle de la Datar française).
2011 est également l’année ou commence le XIe plan quinquennal qui a fait de la modernisation des infrastructures, une priorité de l’investissement public.
Sur le plan des finances publiques enfin, le modeste déficit budgétaire de 4,5% du PIB (par rapport aux 6,5% programmés) permet au pays d’atteindre un niveau d’endettement externe particulièrement bas (9,1% du PIB). Afin d’exploiter au mieux cette importante capacité d’emprunt, le gouvernement a émis au mois de décembre les premiers titres de la dette publique, sous la forme d’abord de bons du Trésor à 3 mois, puis à 1 et 5 ans d’échéance.
La modernisation de ces outils de création de dette (notamment la mise en place d’un marché secondaire pour ces titres et l’ouverture à davantage de catégories
d’investisseurs) devrait aider l’Etat à financer au mieux les projets d’investissement du XIe plan.

.(in Lettre de Syrie, service économique de l’Ambassade de France. Janvier 2011. FMI.).