Le Liban et la Syrie au miroir français (1946-1991)

Par Marie-Thérèse Oliver-Saidi, aux Editions l’Harmattan, 34,50 euros, 396 pages. www.editions-harmattan.fr

 Le Liban et la Syrie au miroir français (1946-1991)Depuis le Mandat exercé par la France au Levant, le Liban et la Syrie n’ont cessé de s’opposer et de s’appeler dans l’imaginaire français. Dans un contexte géopolitique régional et international particulièrement mouvementé, les représentations de ces deux pays ont connu en France, de leur indépendance en 1946 à la guerre du Golfe en 1991, des évolutions aussi importantes qu’inattendues.

Les diverses facettes de ces représentations contrastées sont abordées  tant au niveau de l’histoire que de la littérature au fil des nombreuses crises vécues, notamment de la guerre civile qui débute en 1975 au Liban. Cet événement constitue, à cet égard, un moment charnière dans l’histoire et les relations de ces pays. Après une description des effets du mandat (1920-1946) sur les populations de la Syrie et du Liban, l’auteur se penche sur les événements politiques intervenus dans les deux pays et qui ont jalonné la période 1946-1991.  L’auteur aborde l’œuvre des romanciers français et libanais qui ont  jalonné cette période, et rappelle l’émergence dans les années 1980 du monde français de l’édition à destination du monde arabe (Kartala, Actes Sud, Sindbad…). Un survol exhaustif de l’œuvre des multiples romanciers et auteurs de cette période familière à de nombreux d’entre nous (Amine Maalouf, Nadia Tuéni, Mustapha Al Ujailly…) est ainsi réalisé pour notre grand plaisir.

Marie-Thérèse Oliver-Saidi, Agrégé de Lettres classiques, Docteur d’Etat ès Lettres et Sciences humaines a passé plusieurs années au Moyen-Orient (Liban, Egypte, Turquie), y exerçant diverses responsabilités au sein du ministère des Affaires étrangères .Elle est l’auteur de plusieurs articles sur la littérature francophone et la politique éducative. 

La Botaniste de Damas

La Botaniste de Damas

Après Sciences et Technologies en Islam (UNESCO, 1990) et Syrie, Berceau des civilisations (Paris, ACR, 1997), Simone Lafleuriel-Zakri, historienne française mariée au calligraphe syrien Naaman Zakri, se tourne vers le roman ou plutôt l’histoire romancée.

L’auteure avait beaucoup écrit sur le pharmacologue Ibn Baytar (1195-1148), né à Séville et ayant exercé au Caire au service des Ayyoubides et à Damas. Son Traité des Simples fut traduit par le Dr. Lucien Leclercq (1816-1893), spécialiste de la médecine arabe, médecin en Algérie et dont l’Histoire de l’Algérie montre son excellente connaissance de ce pays au XIXe siècle.
La Botaniste de Damas peut attirer trois sortes de lecteurs ; ceux qui aiment le Vieux Damas superbement emmuraillé avec ses souqs médiévaux, sa « qaïssarya » (marché de Tissus), son bimaristan (hôpital ayyoubide) entourant le temenos séculaire de la Mosquée des Omeyades, dont les mosaïques byzantines, représentant la ville du VIIIe siècle, ont traversé les temps. C’est dans ce décor qu’évoluent les personnages réels ou « recomposés » à partir d’archives de l’époque ; la Ghouta est également décrite avec ses produits fruitiers, ses légumes, ses herbes médicinales. Ainsi voit-on confectionner les mets damascènes préparés par Hasifa, fille d’un médecin et elle-même botaniste,et les servantes et qui enchantent les hôtes du père de Hasifa, Ibn Baytar, le grand Ibn Arabi, d’autres intellectuels et médecins venus se restaurer dans cette maison accueillante.
Les amateurs d’histoire apprécieront le rayonnement de Damas dans le monde d’alors ; les marchands vénitiens s’y installent, et le fils de Hasifa deviendra maître verrier à Murano ; les pèlerins irakiens rejoignent le départ du Hajj (pèlerinage) dont la caravane se forme dans les faubourgs du Maïdan ; les contacts avec les Francs, parfois alliés, parfois ennemis, permettent de se rendre à Acre et d’Acre en Egypte, et de là dans le Kanem (Tchad actuel) dont les souverains étaient liés aux Hafsides de Tunis.

Malheureusement, des évènements tragiques vont survenir à Damas et à Alep dus aux combats fratricides entre les monarques ayyoubides, régnant en Syrie ou en Egypte et qui font appel à des mercenaires turcs du Khawarezm (Iran oriental), pillards chassés vers l’ouest par les Mongols. Puis ce seront ces mêmes Mongols qui détruiront la civilisation abbasside à Bagdad et ne pourront être chassés de Syrie que par des mercenaires mamelouks venus d’Egypte.

D’autres lecteurs examineront avec attention les descriptions de plantes médicinales consignées dans les ouvrages d’Ibn Baytar ou de son disciple damascène Ahmed Ibn Ali Ousaybiya (1195-1270). L’auteure rappelle que les découvertes de la pharmacopée arabe seront transférées en Andalousie et de là dans toute l’Europe.

Le chercheur consultera avec intérêt les annexes de l’ouvrage, les biographies d’Ibn Baytar, d’Ibn Arabi, l’évocation de la lignée célèbre des libraires de la famille Jazari, la notice sur les voyages à travers toute la Méditerranée d’Ibn Baytar depuis Malaga jusqu’à Antioche, son séjour en Egypte (une erreur à corriger : « Matariya », faubourg nord du Caire n’est pas situé en « Arabie Saoudite », laquelle d’ailleurs, au XIIIe siècle, n’existait pas), en Irak, en Palestine et au Maghreb ; la chronologie des sultans ayyoubides, un glossaire, un lexique des mots arabes passés en français, le rappel biblio-biographique de Lucien Leclercq et une bonne bibliographie consacrée au sujet du livre.

L’auteure a eu l’occasion de présenter son ouvrage récemment, au Centre Culturel Syrien ; nous lui souhaitons de le voir diffusé dans le plus grand nombre de sociétés savantes et auprès du grand public, car ces 485 pages constituent un travail considérable qui intéressera et passionnera de nombreux lecteurs

Christian Lochon

La grande mosquée des Omeyyades à Damas

La grande mosquée des Omeyyades à Damas

L’un des plus anciens monuments (temple araméen puis grec, église byzantine, mosquée) et des plus prestigieux de l’architecture musulmane. Les mosaïques, l’un des joyaux du patrimoine mondial, sont reproduites dans leur intégralité. 

Édifiée par le sixième calife omeyyade, le conquérant al-Walid (705-715), pour la plus grande gloire de l’islam, de la dynastie et de sa personne, sur l’emplacement d’un ancien temple païen d’Hadad-Jupiter devenu église depuis Théodose, la grande mosquée de Damas fut d’emblée considérée comme l’une des merveilles du monde, surpassant en beauté et en majesté toutes les créations du calife et de son père, ‘Abd al-Malik, à Jérusalem (Dôme du Rocher, mosquée al-Aqsa) ou à Médine.
Géographes, historiens, voyageurs : al-Idrisi, Benjamin de Tudèle, Ibn Battuta, Ibn Khaldun, rivalisèrent de superlatifs pour en louer le caractère unique; jusqu’à cet ambassadeur de Byzance qui, selon la chronique, tomba évanoui en découvrant l’intérieur de la salle de prière! Cette universelle admiration tient d’abord à l’ampleur de ses dimensions et à l’audace de sa conception architecturale, tranchant avec celle des mosquées précédentes pour mieux rivaliser avec les plus fameuses églises de la Syrie.
L’immense salle de prière, désormais séparée de la cour par une façade monumentale, adopte le plan basilical d’inspiration antique et se développe de part et d’autre d’un « transept » médian, déployant ses colonnes de marbre à chapiteaux corinthiens, reliées par des arcs outrepassés selon la tradition byzantine. La coupole à tambour octogonal, les trois minarets, la cour pavée de marbre blanc, entourée de piliers et de colonnes alternées, les portes ouvragées, la Maison de l’argent (Bayt al-Mal), de structure octogonale, elle aussi, et construite selon la technique byzantine: tout porte la marque d’un grandiose dessein.
Mais la merveille des merveilles, ce sont les mosaïques. En grande partie détruites par l’incendie de 1893, elles ornaient originairement les murs de la salle de prière et des vestibules, les murs de fond des portiques ainsi que tous les piliers. Un grand panneau, redécouvert en 1927 sur le mur du portique ouest et restauré depuis, est à lui seul un chef-d’oeuvre artistique absolu. La richesse chromatique, incluant une gamme de quarante tons :douze verts, neuf bleus, cinq violets, plusieurs tons d’or et d’argent, est accentuée par les incrustations de nacre illustrant la lumière, symbolique, des lampes omniprésentes dans le décor.
L’univers entier est représenté en ce lieu qui s’affirme le centre du monde : la luxuriance d’une nature souvent qualifiée de « paradisiaque » ; la théâtralité des architectures de villes et de palais qui rappellent les plus glorieuses créations de Rome et de Byzance, à Pompéi, à Boscoreale, à Sainte-Marie-Majeure, à Saint-Georges de Salonique, au Grand Palais des empereurs de Constantinople. Livre de splendeurs, d’érudition aussi.
L’auteur relate en détail, citant chacune des sources, la lente redécouverte par l’Occident d’un lieu dont il était exclu et dont il refusa longtemps, jusqu’au milieu du siècle dernier, d’attribuer la création à l’islam, prétendant que la mosquée n’était rien d’autre que l’ancienne basilique chrétienne. Ainsi, le livre participe-t-il de l’incessant mouvement de reconstruction et de restauration qui, au fil des siècles et de leurs catastrophes, séismes et incendies, rétablit dans sa gloire l’unique, la sans pareille mosquée des Omeyyades.

L’Économie syrienne en 2010

2010 a été pour l’économie syrienne une année de consolidation des progrès enregistrés durant les années précédentes. Après les soubresauts de 2008 et 2009, la plupart des indicateurs macroéconomiques ont retrouvé le rythme des années 2000. La croissance du secteur privé est encore tiré par les progrès du secteur tertiaire (banque et tourisme notamment) mais devraient se propager à l’ensemble de l’économie. La modernisation de l’Etat et l’assainissement des finances publiques poursuit enfin son cours et devrait contribuer à une amélioration globale de l’environnement des affaires.
Un Bon rythme de croisière
Après un ralentissement de la croissance à 4% en 2009, le rythme de progression du PIB est revenu en 2010 à 5% et devrait se poursuivre avec 5,5%
en 2011 selon le FMI.
Il en va de même pour l’inflation qui, après le bond de 15,2% de 2008 et le petit 2,18% enregistré en 2009 se stabilise à 5%, ainsi que
pour le déficit commercial qui est revenu selon le FMI à 3,9% du PIB après avoir atteint 4,5% en 2009.
En effet, le volume des échanges retrouve quasiment le niveau de 2008 après une légère inflexion en 2009. Importations et exportations ont ainsi toutes les deux progressé de 12%.
Le déficit commercial se maintient à 4,5% du PIB mais est compensé par une hausse de l’excédent de la balance des paiements de 40%
(tirée par l’augmentation des rémittences de la diaspora et des revenus du tourisme). Au final la balance des paiements affiche un solde légèrement négatif à 0,9% du PIB (+400 millions d’euros).
Le développement du secteur tertiaire tire la croissance :
Ce retour à la croissance est tiré par le développement des activités tertiaires et notamment de la banque et du tourisme.
Avec une hausse du portefeuille de prêts total de 14,7% entre 2009 et 2010, le secteur bancaire confirme la dynamique de croissance observable depuis l’ouverture au privé en 2004. Avec l’arrivée de deux nouveaux acteurs en 2010, le marché compte désormais quatorze banques privées dont trois islamiques mais reste encore dominé par les six banques publiques qui détiennent les ¾ des actifs. Le secteur bancaire a d’importantes marges de progressions car la Syrie est un pays encore largement sous-bancarisé (avec une agence pour 45 000 habitants).
 Le tourisme a rapporté quant à lui en 2010 plus d’un milliard d’euros en devise. Le nombre de visiteurs aurait progressé de 50% par rapport à 2009, avec un contingent européen de plus en plus important.
Le bilan du secteur secondaire est en revanche plus mitigé. Si les quatre cités industrielles du pays (Adra, Hessia, Cheikh Najjar et Deir Ez Zor) ont reçu près de 7 milliards d’euros d’investissement en 2010, les industries traditionnelles du pays peinent à faire face à la concurrence des produits importés massivement de Turquie avec la mise en oeuvre progressive de l’accord de libre échange. La production textile a par exemple diminué de 80% entre 2009 et 2010.
Enfin, l’année a été catastrophique pour la production agricole. Les cultures de blé ont été touchées par la maladie de la rouille brune qui n’a permis de récolter que la moitié de la quantité espérée.
La mise en place des chantiers du XIe plan quinquennal
Cette année 2010 a vu la modernisation de l’environnement des affaires, avec l’adoption en mai du code du travail et l’ouverture des secteurs des télécommunications et de l’électricité  à l’investissement privé.
D’autres chantiers de réformes devraient voir le jour dans le courant de l’année 2011 tels que l’adoption d’une loi encadrant les contrats de Partenariats Public Privé, où l’installation de l’Agence Nationale de Planification Régionale (calquée sur le modèle de la Datar française).
2011 est également l’année ou commence le XIe plan quinquennal qui a fait de la modernisation des infrastructures, une priorité de l’investissement public.
Sur le plan des finances publiques enfin, le modeste déficit budgétaire de 4,5% du PIB (par rapport aux 6,5% programmés) permet au pays d’atteindre un niveau d’endettement externe particulièrement bas (9,1% du PIB). Afin d’exploiter au mieux cette importante capacité d’emprunt, le gouvernement a émis au mois de décembre les premiers titres de la dette publique, sous la forme d’abord de bons du Trésor à 3 mois, puis à 1 et 5 ans d’échéance.
La modernisation de ces outils de création de dette (notamment la mise en place d’un marché secondaire pour ces titres et l’ouverture à davantage de catégories
d’investisseurs) devrait aider l’Etat à financer au mieux les projets d’investissement du XIe plan.

.(in Lettre de Syrie, service économique de l’Ambassade de France. Janvier 2011. FMI.).

Le forum économique syro-français discute de projets de partenariats dans différents domaines 03 Fév 2011

Damas / Organisé par le conseil d’hommes d’affaires syro-français, le forum économique syro-français a passé en revue le 3 février les opportunités d’investissement et de coopération entre les deux pays.
Les deux parties ont examiné les grands projets réalisés par des sociétés locales et en ont étudié la faisabilité économique.
Le vice-président du Conseil des ministres aux affaires économiques, M. Abdallah Dardari, a indiqué que le gouvernement et le secteur privé avaient commencé il y a quelques années à effectuer un programme économique de réforme, soulignant que 100 milliards $ sont consacrés au développement économique et social en vertu du 11e plan quinquennal.
« La Syrie est intéressée par l’établissement de partenariats avec le secteur privé français dans les domaines touristique, industriel, agricole, financier, bancaire et celui des infrastructures », a dit M. Dardari.
Il a d’autre part présenté un exposé sur la position géopolitique de la Syrie, estimant que cette position motive les hommes d’affaires français à mettre en place des projets dans les domaines de l’énergie, du transport et de l’agriculture.
M. Dardari a mis l’accent sur les relations historiques d’amitié entre Damas et Paris, appelant les hommes d’affaires français à investir en Syrie et à rendre ces investissements un exemple à suivre de coopération entre les pays du nord et du sud.
De son côté, l’ambassadeur de France à Damas, M. Eric Chevallier, a souligné que ce forum servait d’une opportunité pour renforcer les relations syro-françaises, mettant en relief la nécessité d’augmenter les investissements français en Syrie.
Quant à M. Jacques Saadé, PDG du Groupe CMA CGM et chef de la délégation du Mouvement des entreprises de France (Medef), a fait noter que le Medef cherche à développer les investissements et les exportations français en Syrie, et au-delà dans toute la région.
De plus, il a indique que le Medef est prêt à mettre son expérience et son savoir-faire en ce qui concerne les domaines du commerce et de l’industrie à la disposition de la Syrie.
Le chef du conseil d’affaires syro-français, M. Bassame Ghrawi, a indiqué que le conseil avait été lancé en mai 2009 en vue de consolider les relations économiques et commerciales entre la France et la Syrie.
Comprenant 30 chefs d’entreprises industrielles, économiques et touristiques, la délégation française avait commencé hier une visite en Syrie (In SANA).

La création romanesque en Syrie 1967-2006)

d’Elisabeth Vauthier (Damas, Institut François du Proche-Orient 2007)

Rares sont les ouvrages consacrés à la littérature contemporaine syrienne et l’étude d’Elisabeth Vauthier permet de mieux approcher des auteurs arabophones bien connus en Syrie et dans le monde arabe mais que le public français connaît à peine. L’auteure nous avait déjà livré Le Roman syrien de 1967 à nos jours (Paris, L’Harmattan, 2002).
De notre côté, dans le cadre de l’AFS, nos amis se rappellent de la soirée littéraire syrienne que nous avions organisée à la Maison Molière le 5 mai 2000, sur une mise en scène du poète Franck Smith, et où les Professeurs Robert Santucci et Ali Ibrahim, alors directeur du Centre Culturel Syrien, avaient présenté une lecture d’extraits d’écrivains syriens avec Mme Roula Nabulsi, Anne France Avillon, Myriam Guilbert et MM Hussam Khastim et Christian Lochon. Puis le 25 mai 2005, au Centre Culturel syrien, Roula Nabulsi, Walieddin Saïdi et Christian Lochon avait présenté certaines composantes de la littérature syrienne avec des extraits de romanciers, de poètes et d’essayistes. Mais déjà, le 31 mai 1995, l’écrivaine Myriam Antaki avait donné un aperçu de son œuvre dans une conférence organisée par l’AFS, à l’Elysée-Marbeuf. Ces manifestations furent toujours présentées à l’intention de nos lecteurs dans notre Bulletin. Comme la soirée littéraire qui se tint le 17/04/2009, à la demande du directeur du Centre Culturel Syrien, avec des lectures d’autres textes littéraires par Roula Nabulsi (les romancières syriennes), Walieddin Saïdi et Christian Lochon (cf notre Bulletin N°36).

E. Vauthier, dans son deuxième ouvrage, examine le réveil qualitatif du roman syrien de 1967 avec de nouveaux thèmes : la lutte nationaliste, l’unité arabe, la libération de la femme et les tentatives d’évolution sociales, car les nouveaux écrivains éprouvent un sentiment de responsabilité vis-à-vis de leurs concitoyens. Ainsi de Abd Al Nabi Hijazi dans son roman le Vaisseau du temps lourd, 1970 (Qarib ezzaman Ethaquil) qui évoque le conflit israélo-arabe et témoigne du désarroi des intellectuels ; ou Hani Al Raheb dans Faille dans une longue histoire, 1979, (Chirakh fi tarikh tawil) décrivant l’échec de l’Union syro-égyptienne, le conservatisme de la société les décalages entre l’espoir et le vécu ; ou La neige vient de la fenêtre ,1984, (Al talej ya’ati min annafiza) de Hanna Mina, fait appel à des références culturelles, dont une thématique chrétienne (« Il faut que je porte ma croix » dit un personnage), un espace géographique englobant Syrie et le Liban, des références historiques partagées ; ou La Distance (AlMasafa), de Youssef Al Sayegh, auquel les techniques cinématographiques utilisées donnent un aspect de « nouveau roman » ; c’est que la conception existentialiste d’alors montrait l’être social en butte à une organisation collective qui ne le satisfaisait pas.

Après 1967, le roman est encore lié à l’Histoire mais explore les voies de l’intériorité et de la subjectivité. Haydar Haydar dans Le temps dévasté, 1979, (Azzaman almouwahach) montre des personnages qui subissent les contraintes d’une société qui a perdu la Palestine, le Sanjaq, recherchent l’amour en vain et meurent violemment. Hani Al Raheb dans 1002 Nuits, 1979, (Alf leyla wa leyltan) s’interroge sur les lecteurs éventuels, car « le peuple ne lit pas les romans » et la société est assoupie. Alors il faut privilégier le sujet à l’être social et créer un modèle néo-réaliste, Ghada al Samman dans Beyrouth 75 montre un univers aux valeurs sociales dévoyées comme l’exprime le proverbe populaire « Si tu n’as qu’un sou, tu ne vaux pas un sou ». Féministe, Ghada accuse cette société qui rend la femme une éternelle dépendante. Elle se venge par des descriptions réalistes de l’union sexuelle qui lui ont été reprochées. Khairi Dhahabi dans le Royaume des simples, 1976, (Malkout Al Boussata) évoque les traditions où la mère veuve marie ses fils à sa convenance, plongeant ses proches dans l’affliction. Dans quatre chapitres, chacun des protagonistes livre son évaluation de la situation. Ainsi le romancier recherche le compromis entre modernisme et enracinement local. Khalil An-Nuaïmi dans Les Réprouvés, 1990, (Al Khula’a), l’héroïne refuse « la condition naturelle » qui lui est imposée : « Ce qui n’est pas autorisé aux femmes est permis aux hommes », s’écrie-t–elle. Haïdar Haïdar dans Festin d’Algues (Walima lia’chab al bahr), qui fut interdit en Egypte, et dont l’action se passe en Algérie, s’attaque aux autorités politiques et religieuses. La mer est un refuge pour les opposants, comme l’indique cette citation de Camus : « Avec eux je suis inconnu et pour sortir de mon exil, je vais contempler la mer ». Quant à Ulfa Idlibi, dont nous parla si bien au cours de la soirée littéraire évoquée, Roula Nabulsi, elle choisit le genre du « hikâya » (histoire et conte) comme dans L’histoire de mon grand’ père, 1990, (hikâya jeddi).

E. Vauthier conclut que, dans la littérature syrienne, la femme possède un état ambigu : elle joue le rôle de séductrice, oscille entre un statut de victime et d’être diabolique. Quant au roman, greffe importée d’Europe, il est devenu un vecteur incontournable de la vie culturelle, mais il demeure menacé par la pression sociale et politique, la cherté de la vie, l’absence d’un système de distribution et de communication, et aussi un public encore restreint.

Ce qui est souhaitable, c’est que soient traduits en français et publiés les auteurs syriens qui peuvent apporter à la littérature mondiale l’expérience et le talent qu’ils ont hérité d’un pays de si riche et si ancienne culture.

Christian Lochon

Tourisme et principales villes de Syrie : La côte syrienne

La côte syrienne s’allonge sur plus de 17.5 Km de plages infinies et de vertes montagnes.
Couvertes de forêts et de maquis, ces dernières ponctuent les rivages et inclinent leurs pentes douces vers la mer. La côte offre ce même spectacle depuis Ras-AI Bassit au Nord jusqu’à Tartous au Sud. Lattaquié est le port principal de la Syrie en Méditerranée (1 86 Km au sud-ouest d’Alep). C’est l’une des cinq villes fondées par Séleucos Nikator au Ille siècle avant J.-C, qui lui donna le nom de sa mère Laodicée. Mais la ville n’a conservé que peu de choses des siècles passés : quatre colonnes et un arc d‘un grand monument romain remontant à Septime Sévère et un bel édifice ottoman, khan Eddukhan, devenu aujourd’hui l’un des musées syriens les plus importants.
Véritable poumon économique de la Syrie, Lattaquié attire également les touristes. A 16 km au nord se trouve l’un des sites historiques les plus célèbres dans le monde : Ras-Shamra, siège de la Royauté d’Ugarit qui du XVIe au XIIe siècle avant J.-C. connut son âge d’or tant au plan de l’organisation administrative qu’au plan de la culture de la diplomatie, du droit, de la religion et de l’économie. C’est Ugarit qui offrit à l’humanité le premier alphabet du monde auquel les langues occidentales doivent d’exister.

Tourisme et principales villes de Syrie : LE DÉSERT ET LA RÉGION DE L’EST

Raqqa

Située sur la rive gauche de l’Euphrate entre Alep (188 km) et Deir-ez-zor (105 km), cette ville ancienne fut construite au IVème siècle avant J.-C par Alexandre le Grand. Elle jouera un rôle stratégique et commercial important comme tête de pont à la frontière du monde antique. Mais les luttes dont elle fut l’objet ne laissèrent subsister aucun vestige qui mérite d’être cité. En 772 le Calife al Mansour construisit une ville nouvelle sur le modèle circulaire de la ville de Bagdad et à laquelle on donna le nom de Rafika qui ne tarda pas à éclipser celui de Raqqa. Elle était au sommet de sa gloire et de sa prospérité lorsqu’elle fut envahie et saccagée par les mongols au XIIe siècle. Raqqa a été un centre fameux du verre et de la céramique à l’époque arabo-musulmane. Aujourd’hui, la construction du barrage de l’Euphrate au niveau de la ville al Thawra donne à Raqqa l’occasion de jouer à nouveau un rôle important dans l’économie syrienne grâce à l’agriculture.

La Thawra

“Barrage de l’Euphrate”
Cette ville nouvelle sortie du sable est la ville du barrage de l’Euphrate, la réalisation économique et sociale la plus importante de la Révolution en Syrie. Le président AI-Assad l’inaugura en Juillet 1973. Le barrage mesure 4 500 m de longueur et 60 m de hauteur pour une largeur de 512 m à la base. Le lac al Assad, créé par cet ouvrage, s’étend sur 80 kilomètres de long et couvre une superficie de 630 km2. Cette masse d’eau de 12 milliards de m3 produira plus de 800.000 kW/ho d’électricité. Il permettra l’irrigation de 640 000 ha ce qui représente plus du double des terres irriguées actuellement dans toute la Syrie. Grâce à la coopération entre la Syrie et l’UNESCO, les vestiges qui se trouvaient dans le périmètre d’inondation du lac sont pour la plupart exposés dans le musée d’Alep.
Deir Ez-Zor (320 Km, sud-est d’Alep) Cité très ancienne qui portait le nom de Ouzara et qui vit de nombreux conquérants et des armées entières, ainsi que des caravanes de commerce traverser l’Euphrate. La construction du barrage et la découverte du pétrole dans la région lui font jouer aujourd’hui un rôle économique important. Elle est aussi le point à partir duquel on part à la découverte des antiquités mésopotamiennes, les rives de l’Euphrate et celles de son affluent al-Khabour ayant vu naître et se développer les plus grandes civilisations humaines.

Halabiya et Zalabiya

Les deux sites se font face sur les rives de l’Euphrate et leur essor a accompagné celui de Palmyre. Les vestiges de ces deux places fortes qui se dressaient face aux attaques perses contre la Syrie sont entourés de remparts byzantins.
(210 km au nord-est de Damas et 155 Km à l’est de Homs).

Au cœur du désert Syrien, une oasis de colonnes et de palmiers : Palmyre, dont les ruines se dressent, immenses, pour raconter sa grandeur.
L’oasis se situe à proximité d’une source chaude nommée Afqa, déjà citée dans l’un des manuscrits assyriens remontant au XXème siècle avant J-C. et mentionnée également dans les tablettes de Mari. Palmyre fut de tout temps une étape idéale pour les caravanes qui se déplaçaient entre l’Irak et la Syrie et pour celles qui empruntaient la route de la soie allant des confines de la Chine à la Méditerranée.
Cette situation exceptionnelle a entraîné, depuis les temps les plus reculés, la constitution d’une agglomération humaine composée d’Araméens et d’Arabes Nabatéens. Palmyre a tenté avec habileté de coexister avec l’Empire romain et l’Empire Perse mais ses intérêts étaient davantage liés à ceux de Rome car les Perses aspiraient toujours à la possession des embouchures du Tigre et de l’Euphrate ; menaçant d.’étouffer le négoce des Palmyréniens.
Lorsque les Romains conquirent la Syrie, Palmyre prélevait de lourdes taxes sur les marchandises transportées par les caravanes. De même, elle louait ses fameux escadrons de cavaliers et de lanciers à l’armée romaine. D’une ambition illimitée et animée du désir de se débarrasser de l’hégémonie romaine, Zénobie, seconde épouse du gouverneur arabe de Palmyre, prit le pouvoir à sa mort. Elle ne tarda pas à devenir l’une des femmes les plus célèbres du monde et une figure légendaire dans les contes de l’Orient et de l’Occident en raison de ses qualités exceptionnelles.

Elle possédait une vaste culture et un sens politique aigu et elle réunit dans sa cour un grand nombre de philosophes, de savants et de prêtres. Dès l’année 268 elle commença à mûrir le projet de dominer tout l’Empire Romain en le ravissant à son Empereur Aurélien qui faisait face alors à des difficultés internes et à des guerres à l’extérieur. Elle prit possession de toute la Syrie en 270, envahit l’Egypte et lança ses troupes en Asie Mineure jusqu’au Bosphore. Elle contrôla ainsi l’aboutissement des voies qui par mer et par terre rejoignaient l’extrême Orient et les sources d’approvisionnement de Rome. Zénobie ira plus loin encore dans le défi qu’elle lance à Aurélien en se proclamant et en proclamant son fils “Auguste”, titre réservé exclusivement à l’Empereur, et en frappant en 271 des monnaies à son effigie et à celle de son fils sans qu’y figure celle de l’Empereur de Rome.
Mais dès qu’il parvint à assainir sa situation, Aurélien leva une nouvelle armée, traversa l’Anatolie, et fonça sur Palmyre qu’il assiégea jusqu’à ce qu’elle se rendît. Zénobie fut arrêtée et emmenée à Rome en 274. Aujourd’hui encore les archéologues continuent à rechercher le palais de Zénobie que le conquérant romain avait transformé en ruines sur lesquelles il dressa son camp.

La côte syrienne

La côte syrienne s’allonge sur plus de 17.5 Km de plages infinies et de vertes montagnes.
Couvertes de forêts et de maquis, ces dernières ponctuent les rivages et inclinent leurs pentes douces vers la mer. La côte offre ce même spectacle depuis Ras-AI Bassit au Nord jusqu’à Tartous au Sud. Lattaquié est le port principal de la Syrie en Méditerranée (1 86 Km au sud-ouest d’Alep). C’est l’une des cinq villes fondées par Séleucos Nikator au Ille siècle avant J.-C, qui lui donna le nom de sa mère Laodicée. Mais la ville n’a conservé que peu de choses des siècles passés : quatre colonnes et un arc d‘un grand monument romain remontant à Septime Sévère et un bel édifice ottoman, khan Eddukhan, devenu aujourd’hui l’un des musées syriens les plus importants.
Véritable poumon économique de la Syrie, Lattaquié attire également les touristes. A 16 km au nord se trouve l’un des sites historiques les plus célèbres dans le monde : Ras-Shamra, siège de la Royauté d’Ugarit qui du XVIe au XIIe siècle avant J.-C. connut son âge d’or tant au plan de l’organisation administrative qu’au plan de la culture de la diplomatie, du droit, de la religion et de l’économie. C’est Ugarit qui offrit à l’humanité le premier alphabet du monde auquel les langues occidentales doivent d’exister.

Encadré :
Ministère du Tourisme en Syrie

Rue Barada – B.P. 6642 – Damas
Tél. : + 963 (11) 22 10 122
Fax : + 963 (11) 22 42 636
www.syriatourism.org