La bataille de Raqqa.

La course pour Raqqa et le grand échec des Sunnites en Syrie

Publié le par Caroline Galactéros

Carte de la Guerre civile syrienne avec notamment les batailles de Manjib (au Nord-Est d'Alep) et de Tabqa (à la pointe Sud du lac Assad).

Carte de la Guerre civile syrienne avec notamment les batailles de Manjib (au Nord-Est d’Alep) et de Tabqa (à la pointe Sud du lac Assad).

 

Les choses bougent rapidement en Syrie alors que les deux coalitions principales, derrière les Etats-Unis et la Russie, commencent à envisager une avancée vers Raqqa, siège syrien de l’Etat islamique. En quelques mois, force est de constater que c’est surtout du côté occidental que les cartes ont été rebattues en s’appuyant désormais principalement sur les forces kurdes largement majoritaires au sein du Front Démocratique Syrien (FDS) et non plus sur les « rebelles modérés », formule généreuse pour décrire le vaste camaïeu de vert foncé que forme le camp islamiste sunnite en Syrie, appuyé par le Qatar, l’Arabie Saoudite et la Turquie. Dans le nouveau grand jeu syrien, les Sunnites parraissent les grands perdants.

Quelques points factuels.

Du côté du régime syrien, l’Iran, son principal soutien au sol, augmente considérablement son aide. Désormais, ce n’est plus seulement la Force Al-Qods – le corps d’élite des Gardiens de la Révolution – qui intervient en Syrie, mais également les troupes régulières de l’Armée iranienne, commandées en Syrie par le Général Mohsen Ridaii. Parmi les diverses forces iraniennes et les brigades chiites venus d’Irak, du Liban, d’Afghanistan et du Pakistan, cette force de soutien à l’armée régulière syrienne compterait près de 80 000 hommes répartis sur les différents théâtres d’opération. Les enjeux sont en effet de taille pour le régime de Bachar el-Assad :

  • Le régime est attaqué au Nord, notamment à Alep, par le Front Al-Nosra, branche d’Al-Qaïda en Syrie, qui dispose par de savantes entourloupes, des armes fournies par les Américains et les puissances sunnites aux « rebelles modérés ». L’avenir de la bataille d’Alep, capitale économique du pays – et seconde grande ville, avec Idleb, sur laquelle misent les rebelles sunnites – sera probablement un tournant de la guerre. Si la ville d’Alep a largement été libérée par l’Armée syrienne, de sorte à couper notamment l’accès à la Turquie par le Nord pour les rebelles, le Front Al-Nosra poursuit sans trève ses offensives tout autour de la ville, infligeant des pertes au régime. Néanmoins, Bachar el Assad pourrait prendre l’avantage car les Américains semblent de plus en plus conscients du nouveau rapport de force qui s’établit en faveur de Damas au détriment du camp des“ rebelles”, désormais clairement dominé par Al-Qaïda. Ainsi, Le Figaro reprend la déclaration duministère russe des Affaires étrangères selon laquelle « le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le secrétaire d’Etat américain John Kerry ont évoqué ce mercredi au téléphone la nécessité « d’actions communes décisives » contre le Front Al-Nosra. La discussion concernait la situation en Syrie, plus particulièrement le besoin d’actions communes décisives contre le Front Al-Nosra, comme la partie russe l’a constamment proposé». En soi, il n’y a là rien d’étonnant. Si les Etats-Unis et les Occidentaux ont eu au départ des relations très troubles avec le Front Al-Nosra, Washington considère depuis quelques temps officiellement l’officine d’Al-Qaïda comme un groupe terroriste, d’ailleurs exclu du « cessez-le-feu » conclu à la toute fin du mois de février 2016. En revanche, envisager une collaboration avec Moscou (une campagne commune de frappes aériennes avait d’ailleurs été proposée pour le 25 mai par Vladimir Poutine, essuyant une nouvelle fin de non recevoir américaine) reviendrait à admettre pour Washington la nécessité d’envisager des actions renforçant le pouvoir de Damas. La position américaine, volontairement encore très floue pour entretenir un certain chaos et préserver les apparences, a dans les faits sensiblement évolué sous la pression constante de Moscou.
  • Le régime a libéré, fin mars 2016, la cité antique de Palmyre au cœur du désert syrien, comptant bien poursuivre son avancée vers l’Est (région où les exploitations pétrolières sont nombreuses) pour rejoindre finalement Deir ez-Zor, ville du régime assiégée par l’Etat islamique depuis le début du conflit. Une reprise de cette large zone vers l’Est couperait largement les liaisons de l’Etat islamique entre la Syrie et l’Irak et montrerait la capacité de Bachar el-Assad à sortir de la « Syrie utile » à l’Ouest pour contrôler une partie de l’immensité désertique sunnite, loin des côtes. Néanmoins, cette avancée vers l’Est marque le pas. Entre Palmyre, deux points stratégiques restent à « reprendre » : Arak d’abord, puis As-Sukhnah. Gênée notamment par les champs de mines laissés par Daech, l’armée syrienne piétine devant Arak. Les prochaines semaines diront si le régime parvient à avancer vers Deir ez-Zor.
  • Mais aujourd’hui, d’après le correspondant à Beyrouth de RFI, c’est directement vers Raqqa que l’Armée syrienne a lancé une offensive. Dans un premier temps, Damas compte reprendre la ville intermédiaire de Tabqa, près du lac artificiel d’El-Assad situé sur l’Euphrate. C’est d’ailleurs le barrage de Tabqa qui a permis la création de ce lac dans les années 1970 avec l’aide des Soviétiques. Pour l’Armée syrienne, cette ville est essentielle : en plus de comporter un aéroport, elle se situe sur la route qui relie Raqqa à Alep. Si l’Armée syrienne s’emparaît de Tabqa, le fief de l’Etat islamique aurait beaucoup de mal à rejoindre la frontière turque par laquelle transitent armes, djihadistes et pétrole. Paul Khalifeh explique ainsi que « l’armée syrienne est appuyée, dans cette offensive, par les unités d’élite appelées les « aigles du désert », entraînées par les Russes, et qui ont joué un rôle important dans la reconquête de Palmyre, en mars dernier (…) Cette bataille avait fait 700 morts dans les rangs de la garnison, dont des centaines de soldats massacrés après la chute de l’aéroport. En prévision de cette bataille, planifiée depuis longtemps, l’armée syrienne avait pris le contrôle des hauteurs surplombant les vastes espaces désertiques menant jusqu’à Tabqa ». Si l’Etat syrien est aujourd’hui poussé à accélérer la cadence de ses opérations, c’est aussi pour réagir à l’offensive du Front démocratique syrien (FDS) dominé par les Kurdes et soutenu par les Américains et qui tentent eux aussi d’avancer vers le Sud pour rejoindre en premier le lac El-Assad. Ce mouvement est toutefois ralenti par leurs difficulté pour reprendre la ville de Manbij au Nord (nous y revenons dans le paragraphe suivant). A l’heure où j’écris ces lignes, le quotidien L’Orient le Jour révèle que l’armée syrienne serait à 30 kilomètres de l’aéroport proche de Tabqa et à 24 km du lac El-Assad (Tabqa étant à une cinquantaine de km à l’Ouest de Raqqa).

Le Front démocratique syrien avance vers le Sud depuis plusieurs mois, mais le mouvement semble bien s’accélérer. Une difficulté considérable attend néanmoins le camp américain : les FDS sont très largement composés des forces YPG kurdes, branche armée du parti kurde PYD partisan d’une Syrie fédérale au sein de laquelle les trois cantons kurdes de Djézireh, d’Afrin, de Kobané disposeraient d’une très large autonomie, sur le modèle du Kurdistan irakien, et seraient réunis sous l’entité de « Rojava ». Le PYD contrôle déjà très largement ces trois cantons et ne souhaite aucunement déborder dans ses offensives au Sud vers des zones non peuplées par les Kurdes. Même s’ils le souhaitaient, poussés par les Américains, la chose serait malaisée dans la mesure où les guerres de contre-insurrection se font lentement avec le soutien progressif des populations civiles (cf. les thèses du stratège français David Galula). Or, les populations civiles sunnites ne souhaitent pas être libérées par des Kurdes ! En particulier à Raqqa, grande ville sunnite, les Kurdes se heurteraient à un fort ressentiment de la population locale, ce qui rendrait très difficile le contrôle de cette ville où, en réaction, les djihadistes pourraient compter sur un soutien beaucoup plus fort. Les Américains poussent au développement du rôle des Arabes et des Syriaques au sein des FDS, mais le rapport de force en faveur des Kurdes demeure largement inchangé. En témoigne les combats à l’Ouest de Kobané, dans cette bande de terre entre Alep et la frontière turque encore contrôlée par l’Etat islamique, créant une enclave entre les deux cantons kurdes d’Afrin et de Kobané. Evidemment, les Kurdes souhaiteraient reprendre ce territoire pour relier enfin ces deux territoires et constituer le grand Rojava (Kobané et Djézireh sont déjà reliés) tout le long de la frontière turque. Mais dans cette enclave entre les deux territoires kurdes, la population est majoritairement sunnite et turkmène, ce qui limite l’avancée des FDS. Les Américains ont promis que, pour cette offensive-ci, les FDS seront davantage composées d’Arabes que de Kurdes, mais Ankara et la population civile restent sceptiques à raison. Si les Kurdes en général ne souhaitent pas contrôler de territoire non-kurde, celui-ci a un statut stratégique très différent : les YPG kurdes qui dominent globalement les FDS accepteront-ils de ne pas contrôler un territoire qui les intéresse particulièrement et pour lequel ils ont consenti de grands sacrifices depuis le début de la guerre civile ? En même temps, les FDS ont tout intérêt à occuper ce territoire qui priverait Daech de tout accès à la frontière turque, notamment si les FDS reprennent les villes de Manbij et de Jarabulus, toutes deux encore aux mains des islamistes. Manbij est aujourd’hui complètement encerclée, mais les djihadistes de l’Etat islamique font preuve d’une résistance particulièrement forte. On s’attend néanmoins à ce la ville tombe sous peu. Quant à l’avancée vers Raqqa, le problème posé sera le même : plus les FDS iront au sud, plus les populations civiles seront hostiles aux Kurdes et risqueront de soutenir les djihadistes. Problème insoluble, car ce sont les Kurdes qui se battent le mieux contre l’Etat islamique !

Les Kurdes de Syrie et les Américains ne sont donc pas tout à fait sur la même ligne, d’autant que les premiers désapprouvent le jeu des seconds avec les « rebelles » islamistes dans les provinces d’Idleb et d’Alep. Nous avions écrit un article sur cet épisode grotesque et cynique il y a quelques semaines, quand on a vu un groupe rebelle islamiste, Fursan al-Haq, soutenu activement par la CIA affronter près d’Alep les FDS soutenu par les Kurdes. TTU – lettre d’informations stratégiques et de défense – est allé encore plus loin en révélant récemment que, « alors que le Congrès américain avait interdit toute aide en matériel à ce groupe en décembre 2014, la découverte que la moitié des missiles TOW aient été trouvés en possession du Front Al-Nosra, lié à Al-Qaida, laissait supposer que la CIA avait poursuivi sa coopération avec ce groupe pour tenir en échec l’offensive russe ». Dans le même ordre d’idée, L’Orient le Jourrévèle que « 3 000 tonnes d’armes et de munitions auraient été livrées depuis le mois de décembre 2015 (par les Américains aux rebelles islamistes, ndlr). Un premier cargo serait parti de Bulgarie le 5 décembre pour Constanza, en Roumanie, puis arrivé à Aqaba dix jours plus tard avec à son bord 81 containers, dont 994 tonnes de mitrailleuses AK-47 et PKM mais aussi de calibres 12,7 mm et 14,5 mm pour véhicules, ainsi que 864 tonnes de missiles antichars russes Fagot et Factoria, et de lance-roquettes RPG-7, destinés à être acheminés par la route jusqu’en Syrie en traversant le territoire jordanien. Un second cargo aurait quitté la Bulgarie le 28 mars avec à son bord 2 007 tonnes d’armements et 162 tonnes d’explosifs. Une opération dont le manque de discrétion frise la caricature, puisque l’achat de ces matériels à la Bulgarie et leur transport par des sociétés américaines avaient fait l’objet d’un appel d’offres publié sur le site FedBizGov.org en septembre dernier ! ». TTU estime finalement que, « après avoir échoué à monter une armée de volontaires syriens luttant à la fois contre les forces loyalistes et djihadistes, le Pentagone a perdu la fidélité du YPG kurde rallié à Moscou ». Nous avions consacré un dossier entier à la question kurde pour montrer à quel point ceux-ci étaient historiquement proches des Russes et faisaient l’objet de toute leur sollicitude. Le PYD kurde est en effet la branche syrienne du PKK turc, soutenu par Moscou pour entraver les actions d’Ankara. Mais ce n’est pas tout : à quelques rares exceptions près, les Kurdes syriens et le régime de Damas ne sont en rien ennemis, voire sont parfois tactiquement alliés. Un positionnement kurde qui est donc très éloigné de la position américaine de départ et qui est également très rarement évoqué dans les médias.

C’est précisément à cette aune que deux grands enseignements se dégagent :

  • Moscou n’a jamais eu autant de cartes en main pour imposer sa place sur l’échiquier géostratégique en Syrie. Non seulement la Fédération de Russie soutient l’axe chiite qui pourrait très progressivement avancer à Alep, vers Raqqa et Deir ez-Zor, mais elle exerce également une influence considérable auprès des Kurdes en jouant des différends entre ces derniers et les Américains, mis en défaut par leur attitude ambigüe entre les Forces démocratiques syriennes et ce qui reste de « rebelles ».
  • C’est le second enseignement des dernières évolutions du conflit syrien : les puissances sunnites n’ont jamais été aussi affaiblies. Le Qatar, la Turquie et l’Arabie Saoudite avaient dépensé force d’argent et d’énergie pour cacher aux Occidentaux la véritable nature des « rebelles modérés ». Acculés par les forces du régime, les rebelles apparaissent aujourd’hui pour ce qu’ils sont : des djihadistes tenus sur le terrain par le Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda, dont même les Etats-Unis sont obligés de s’éloigner peu à peu pour ne pas aggraver leur sort en révélant davantage encore leur jeu d’alliance avec ceux qui firent tomber les tours du World Trade Center en 2001. Duplicité et cynisme s’accommodent mal de la transparence médiatique…

Des rebelles islamistes coupables de « crimes de guerre » en Syrie.

Des rebelles islamistes coupables de « crimes de guerre » en Syrie, selon Amnesty

Le Monde.fr avec AFP | 05.07.2016 à 04h13 • Mis à jour le 05.07.2016 à 09h00

Amnesty International a accusé mardi 5 juillet des groupes rebelles islamistes en Syrie d’« exécutions sommaires et de torture » appelant la communauté internationale à retirer tout soutien aux mouvements responsables de crimes de guerre. L’organisation de défense des droits de l’homme sise à Londres pointe du doigt des milices dans les provinces d’Alep (Nord) et d’Idleb (Nord-Ouest). Certaines « auraient le soutien du Qatar, de l’Arabie saoudite, de la Turquie et des Etats-Unis », insiste l’ONG.

Lire aussi :   En Syrie, comprendre qui soutient qui en deux clics

L’organisme estime ainsi dans un nouveau rapport que ces groupes armés ont aujourd’hui « le champ libre pour commettre en toute impunité des crimes de guerre et d’autres violations du droit humanitaire international ». Amnesty cite les formations Noureddine Zinki, le Front Al-Chamia et la Division-16, qui font tous trois partie de la coalition islamiste Fatah Halab (« la conquête d’Alep »), mais aussi la puissante milice salafiste Ahrar Al-Cham, soutenu par Riyad, ainsi que les djihadistes du Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaida.

Déclenchée en 2011, la révolte contre le régime de Bachar Al-Assad s’est transformée en guerre dévastatrice, dans laquelle sont impliqués des acteurs régionaux et internationaux. Elle a fait plus de 280 000 morts et des millions de déplacés.

« Peur constante »

Le rapport d’Amnesty recense « 24 cas d’enlèvements par des groupes armés entre 2012 et 2016 », ciblant notamment « des militants pacifiques ou même des enfants », ainsi que des minorités religieuses. « Beaucoup de civils vivent dans la peur constante d’être enlevés s’ils critiquent la conduite des groupes armés, ou s’ils ne respectent pas les règles strictes qu’ils leur imposent. »

 Selon l’ONG, entre 2014 et 2015, cinq personnes affirment avoir été torturées par Noureddine Zinki et le Front Al-Nosra. L’organisme pointe par ailleurs les exécutions sommaires conduites par la branche syrienne d’Al-Qaida, le Front Al-Chamia, et les puissants tribunaux islamistes qui leur sont affiliés et rendent justice en vertu de la charia, la loi islamique.

« Parmi ceux qui ont été tués, on compte des civils – notamment un adolescent de 17 ans accusé d’être gay et une femme accusée d’adultère. »

Amnesty en appelle aux pays du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), notamment les Etats-Unis, le Qatar, la Turquie et l’Arabie saoudite, pour « cesser tout transfert d’armes ou tout autre soutien aux groupes impliqués dans des crimes de guerre ou d’autres violations flagrantes ».

 

La nouvelle diplomatie française au Moyen-Orient

Académie de Géopolitique de Paris

http://www.academiegeopolitiquedeparis.com/index.php?option=com_content&view=article&id=107:la-nouvelle-diplomatie-francaise-au-moyen-orient&catid=8&Itemid=101&lang=fr

Colloque International

La nouvelle diplomatie française au Moyen-Orient
23 Juin 2016 – 14H00 – 19H00

À LA SORBONNE  dans l’amphi Cauchy

Au 17 rue de la Sorbonne, traverser la Cour d’honneur, longer
l’amphi Richelieu par la droite et dans la Galerie Richelieu prendre
l’escalier F jusqu’au 3e étage où se trouve l’amphi Cauchy

Dans le cadre de ses analyses des grandes questions géopolitiques du monde d’aujourd’hui, l’Académie de Géopolitique de Paris, organise le jeudi 23 Juin 2016 de 14H00 à 19H00 à l’université de la Sorbonne, un colloque intitulé « La nouvelle diplomatie française au Moyen-Orient », à l’occasion duquel des personnalités de renom, académiciens, diplomates et des chercheurs spécialisés de la question apporteront leurs éclaircissements sur ce sujet.

L’objectif du colloque est d’analyser en profondeur l’évolution récente de la diplomatie française, en mettant en lumière ce qui a pu conduire le Quai d’Orsay et les responsables politiques gouvernementaux à donner une autre impulsion que celle qui l’avait précédée et qui avait caractérisée la recherche d’autonomie de la France vis-à-vis des têtes du condominium américano-soviétiques pendant la guerre froide, ainsi la continuité de sa politique arabe face aux stratégies anglo-saxonnes. Les contributions des intervenants permettront d’évaluer les effets, la crédibilité et l’avenir de cette nouvelle politique et de ces nouveaux développements sur la scène internationale, et ce, à l’égard des acteurs traditionnels et modernes, étatiques et non-étatiques.

L’Académie de Géopolitique de Paris reste fidèle à sa vocation d’animer librement des débats aux thématiques inédites et originales et c’est ainsi qu’elle a instruit que les travaux des meilleurs spécialistes sollicités reflètent l’indépendance et l’approche scientifiques de son comité d’organisation. Seront évoqués les raisons profondes de ces changements, voire bouleversements, qui ont conduit à de véritables renversements d’alliances pourtant traditionnelles et ancrées sur le long terme. L’intérêt de l’industrie d’armement pour les pays du Golfe Persique, un certain alignement sur le dispositif américain dans la zone et le mépris affiché pour certaines communautés alliées historiquement mais de peu de poids face aux enjeux financiers et de puissance, seront analysés. De même, la question de la légitimité de ce changement stratégique des acteurs français depuis quinze ans devra être posée notamment face à l’implication réelle de nombreux acteurs internationaux. L’Académie de Géopolitique de Paris fait le choix d’une approche pluridisciplinaire et bénéficiera d’expertises en pointe sur ce dossier

LE PROGRAMME

13h30 : Inscription

Première table ronde

Modérateur : Ali RASTBEEN, Président de l’Académie de Géopolitique de Paris

14h00 : Ali RASTBEEN, Président de l’AGP « La France et le Moyen-Orient »

14h15 : Professeur François GÉRÉ, Fondateur de l’Institut français d’analyse stratégique, «  Où va la diplomatie française? »

14h30 : Sawsan Darwich, Journaliste libanaise, présentatrice du programme «  un regard sur le terrorisme » « La cohabitation problématique entre droits de l’Homme et intérêts économiques »

14h45 : François Belliot, Ecrivain et politologue «les relations franco saoudiennes du point de vue de la sécurité et de la défense »

15h00 : Débat.

15h15 : Fayçal Jalloul, Ecrivain et spécialiste du Monde arabe « Cinq ans de politique étrangère aux printemps arabes »

15h30 : EMMANUEL DUPUY, Président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE), « La politique française vis à vis de l’Iran entre dessein d’un nouvel équilibre stratégique et stabilité régionale »

15h45-Talal ATRISSI, Doyen de l’école doctorale à l’Université de Libanaise, « La politique française dans le Golfe Persique »

16h00: Débat général.

Deuxième table rond

Modérateur :Philippe KALFAYAN, Juriste, consultant en droit international public et ancien secrétaire général de la FIDH

16h15 : Dr. Elias Lahham, Chef du service de chirurgie à l’hôpital français de Damas, Président du conseil d’administration du Forum National Syrien, « Les conséquences de la politique française en Syrie »

16h30 : Adel khalife, Professeur de Droit international public à l’université libanaise, Faculté de droit et sciences politiques, « la politique étrangère de la France à l’égard du Liban »

16h45 : Rene Naba, Ecrivain et journaliste, spécialiste du monde arabe,

« La France au Moyen orient : un demi-siècle d’infléchissements successifs : De la politique arabe, à la politique sunnite à la politique wahhabite »

17h00 : Débat.

17h30 : Bruno Guigue, Haut fonctionnaire d’Etat français, essayiste et politologue  « La France et la Palestine »

17h45-Jean-Pierre Chevènement, Ancien Ministre d’Etat, de l’intérieur, de la Défense et de l’Éducation nationale, « La diplomatie française au Moyen-Orient »

18h00-Ana Gomes, Député du Parlement européen « La France et l’Union Européenne – Quelle diplomatie au Moyen   Orient? »

18h15 : Débat général.

18h45 : Conclusion : Christophe REVEILLLARD,

UMR Roland Mousnier CNRS/Université Paris-Sorbonne.

L’inscription est gratuite mais obligatoire avant le lundi 20 Juin
Il suffit de remplir le formulaire en cliquant ci-dessous :

Patrice Mouchon Président de l’AFS sera présent accompagné des membres du Conseil d’administration.

Colloque du 11 mars 2016 au Sénat: Détruire l’Etat Islamique et après ?

L’Association d’Amitié France Syrie en partenariat avec le Groupe d’Amitié France Syrie du Sénat présidé par le Sénateur Jean-Pierre Vial ont conçu conjointement le projet d’organiser un colloque sur la Syrie au Sénat.  Sur proposition de Monsieur le Président du Sénat, Monsieur Gérard Larcher, ce colloque a été élargi à la situation au Moyen-Orient et à celle des Chrétiens d’Orient. Le Président Patrice Mouchon est intervenu au nom de l’AFS à la fin du colloque. Pour une parfaite information du public, on trouvera ci-après le texte de cette intervention ainsi qu’un lien du Sénat sur les actes de ce colloque organisé par les différents groupes d’Amitié du Sénat, coorganisateurs de ce colloque qui a rencontré un vif succès. Nous espérons qu’il contribuera à favoriser les prises de conscience.

Texte de l’intervention du Président Patrice Mouchon Président de l’Association d’Amitié France Syrie

Monsieur le Président,
Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Mesdames, Messieurs,

Je tiens à vous remercier, Monsieur le Président, de nous permettre de prendre la parole, au nom de l’Association France-Syrie.

Nous regroupons des Français et des Syriens de toutes opinions.

C’est ce qui fait sa force.

Nous travaillons en étroite collaboration avec le Groupe d’Amitié France-Syrie du Sénat, présidé par le Sénateur VIAL, que nous remercions vivement.

De cette étroite collaboration est née l’idée de ce colloque et que s’est imposée la nécessité de faire connaître d’une manière plus objective, les réalités de cet épouvantable conflit que déchire ce pays, depuis 5 ans.

Il est maintenant avéré que l’issue de ce conflit ne sera pas militaire, mais politique.

Politique, signifie dans l’esprit de beaucoup de syriens, qu’un changement radical intervienne dans la position et l’attitude des puissances régionales et internationales, dans la position des opposants et du Gouvernement syrien.

La fixité des positions a conduit au désastre.

Bouger les lignes, c’est faire preuve d’intelligence au service du dialogue et de la paix.

Cette conférence autour de cette Syrie que nous aimons et voulons retrouver voire recréer doit, grâce à la collaboration d’éminents intervenants, dégager les lignes de forces qui mèneront à placer autour d’une table de négociation les protagonistes de ce drame, et surtout à préserver ce qui fait la spécificité de ce pays dans son environnement géographique instable, je veux dire la cohabitation harmonieuse de communautés et de confessions qui ont su suivre ensemble, pendant des millénaires.

A l’AFS nous souhaitons de tout cœur que ces objectifs soient atteints et que ce colloque marque d’une pierre blanche le début d’une prise de conscience pour arrêter ce massacre.

Monsieur le Sénateur VIAL, dans la lettre qu’il nous a adressée, Monsieur le Président a dit « Au cœur des civilisations arabo-musulmanes, la Syrie et l’Irak, ont montré depuis bientôt 14 siècles la capacité à faire vivre l’entente inter-religieuse dont l’enjeu est devenu un défi pour le Moyen-Orient, mais également pour l’Europe ».

Quant à Daesh et Jabhat an Nosra, je me contenterai de citer Ibn Arabi, mort à Damas en 1240.

« Mon cœur est devenu capable de prendre toutes les formes.
Il est pâturage pour les gazelles et couvent pour les moines.
Temple pour les idoles et Kaaba pour le pèlerin.
Il est les tables de la Torah et livre du Coran.
Il professe la religion de l’Amour, quel que soit le lieu vers lequel se dirigent les caravanes.
Et l’Amour est ma loi et l’Amour est ma foi ».

C’est toujours en s’élevant que les problèmes trouvent une solution.

Merci de votre attention.

Texte de Intervention de Patrice Mouchon au Sénat : https://francesyrie.org/wp-content/uploads/2016/03/Intervention-de-Patrice-Mouchon-au-Sénat.pdf

Actes du colloque: https://www.senat.fr/ga/ga137/ga137.pdf

Colloque au Sénat du 11 mars : « Détruire l’Etat islamique, et après ? » Les conditions d’un retour à la paix au Moyen-Orient.

A la demande du Conseil d’administration de l’AFS qui a participé activement à l’organisation de ce colloque, vous avez dû probablement recevoir une invitation. Dans le cas où vous souhaiteriez y assister, nous vous invitons à y répondre très rapidement, car les places sont limitées.
Les conditions de participation figurent à la page 4 du programme joint.

Un Oeil sur la Planète, Emission de Fr.2. « Syrie, le Grand Aveuglement »

Emission de FR.2. Un Oeil sur la Planète, diffusée le 18 février 2016.

Une synthèse pertinente et des reportages saisissants, un panorama glaçant et remarquable de la situation en Syrie, dans cette émission présentée par Samah Soula :

Hommage à Khaled Al Assaad

Le lundi 9 novembre 2015, à 16h30, à l’Ecole normale supérieure (salle Jaurès, 29 rue d’Ulm).
L’association des anciens élèves, élèves et amis de l’Ecole normale supérieure (A-Ulm), le laboratoire « Archéologie et philologie d’Orient et d’Occident » (UMR 8546 CNRS-ENS-EPHE) et l’association d’élèves « De la Renaissance aux Lumières » (LuRens), s’associent pour rendre hommage à Khaled Al-Assaad, directeur des antiquités de Palmyre, assassiné le 18 août 2015. Cet hommage aura lieu le lundi 9 novembre 2015, à 16h30, à l’Ecole normale supérieure (salle Jaurès, 29 rue d’Ulm).
Le professeur Maamoun Abdulkarim, directeur des antiquités des musées de Syrie sera l’ invité d’honneur. Il évoquera la vie et l’œuvre de Khaled Al-Assaad et fera un état des lieux du patrimoine archéologique syrien après quatre années de guerre. Houmam Saad et Komaït Abdallah, post-doctorants à l’AOROC, interviendront en particulier sur la destruction des vestiges et sur les actions menées pour leur conservation. Une discussion permettra à tous de participer à la réflexion.

Parution de « Palmyre, l’irremplaçable trésor » par Paul Veyne

L’historien Paul Veyne signe un livre magnifique sur la cité antique, symbole de l’ouverture à autrui détruit par l’Etat islamique. Dans les librairies, le 2 novembre.

« Ayant eu pour métier l’étude de l’Antiquité gréco-romaine, je n’ai cessé de rencontrer Palmyre sur mon chemin professionnel. Avec la destruction de Palmyre par l’organisation terroriste Daech, tout un pan de notre culture et mon sujet d’étude viennent brutalement de voler en éclats. Malgré mon âge avancé, c’était mon devoir d’ancien professeur et d’être humain de dire ma stupéfaction devant ce saccage incompréhensible et d’esquisser un portrait de ce que fut la splendeur de Palmyre qu’on ne peut plus désormais connaître qu’à travers les livres. »

C’est cette histoire de la « Venise du désert » que nous peint Paul Veyne ; avec lui, nous découvrons cet immense vestige d’un monde aboli.