Relations bilatérales France-Syrie
Relations bilatérales France-Syrie
(Les relations diplomatiques sont supspendues depuis mars 2012)
Les relations entre la France et la Syrie sont anciennes. A la fin de la première guerre mondiale, la France s’est vue confier un mandat sur la Syrie. Depuis l’indépendance en 1946, les liens sont restés forts. Le Président Chirac était le seul président occidental à assister aux obsèques de Hafez El Assad en 2000. Les relations se sont toutefois tendues suite à l’assassinat de l’ancien Premier Ministre libanais Rafic Hariri à Beyrouth en 2005.
Les relations bilatérales politiques de haut niveau entre les deux pays ont repris à la de la signature de l’accord de Doha le 21 mai 2008 [relatif à l’élection du Président de la République au Liban] et de l’existence de négociations indirectes entre la Syrie et Israël sous l’égide de la Turquie. Ce changement s’est traduit par une succession de contacts et de visites bilatérales : visite du Président Bachar Al-Assad à l’occasion du sommet de l’Union pour la Méditerranée du 13 juillet 2008 puis le 13 novembre 2009, visites en France des Ministres syriens de la culture et des Affaires étrangères, ainsi que du Vice-Premier Ministre chargé des Affaires économiques, envoi d’émissaires du Président de la République à Damas, visite de Bernard Kouchner en Syrie fin août puis visite du Président de la République, Nicolas Sarkozy, les 3 et 4 septembre 2008, et de François Fillon le 20 février 2009.
Au delà de ces relations d’Etat à Etat, il existe une grande diversité de liens décentralisés, associatifs notamment, entre ces deux pays.
En 2009, on note les principales manifestations suivantes :
Visite de M. Luc Chatel, Secrétaire d’Etat chargé de l’Industrie et de la Consommation, en Syrie du 7 au 9 février. Il était accompagné d’une importante délégation comprenant des responsables de grandes entreprises françaises, notamment des secteurs de l’agroalimentaire, des télécommunications, des transports, de l’énergie et de la construction.
Au cours de ce déplacement, M. Chatel a eu des entretiens avec M. Abdallah Dardari, Vice-Premier Ministre pour les Affaires économiques et les membres du gouvernement syrien chargés des dossiers économiques. Ces entretiens se sont conclus par la signature, avec M. Loutfi, ministre de l’Economie et du Commerce, et M. Jouni, ministre de l’Industrie, de déclarations d’intention permettant de renforcer la coopération bilatérale franco-syrienne, d’une part en matière de protection des consommateurs, et d’autre part de la qualité dans le domaine industriel.
Lancement du Club des entrepreneurs franco-syrien le 13 mai 2009.
A l’occasion de la visite à Paris du Dr. Amer Hosni Loutfi, ministre syrien de l’Economie et du Commerce, la Chambre de commerce et d’industrie de Paris et la Chambre de commerce franco-arabe ont organisé une conférence sur les atouts et les opportunités en Syrie, à l’issue de laquelle a été lancée en présence de Mme Anne-Marie Idrac, Secrétaire d’Etat au Commerce Extérieur, le Club d’affaires franco-syrien.
Mission de l’Agence Française pour le Développement (AFD) et du Ministère français de l’Agriculture (14-22 juin 2009)
Mission d’une délégation de la région PACA (27-30 juin 2009)
Convention de non double imposition entre la France et la Syrie
La convention entre la France et la Syrie en vue d’éviter les doubles impositions et de prévenir l’évasion et la fraude fiscales en matière d’impôts sur le revenu a été ratifiée par le Sénat le 19 février dernier et est parue au Journal Officiel du 27 février 2009.
Accord sur la protection réciproque des investissements
Cet accord a été signé le 12 mai 2009. Il doit permettre d’augmenter le montant des investissements entre les deux pays. Rappelons que le montant des investissements français en Syrie est passé en trois ans de 10 à 800 millions d’euros. Tandis que le montant des échanges commerciaux a connu une hausse de 12% en un an, puisqu’il est passé de 883 millions d’euros en 2007 à 992 millions d’euros en 2008 cette année.
Visite de M. Joseph Sweid, ministre des Emigrés à Paris les 19-23 septembre, où il a rencontré les différents représentants des associations syriennes en France.
M. Walid Mouallem, ministre des affaires étrangères s’est rendu à Paris le 30 septembre, dans le but de renforcer la dynamique des relations syro-françaises.
Le Premier ministre syrien, Mohammad Naji Otri, et le secrétaire d’Etat français aux Transports, M. Dominique Bussereau, se sont entretenus à Damas début novembre, des perspectives de coopération bilatérale concernant les compagnies Airbus et CMA-CGM. La contribution des grandes compagnies françaises au financement et à la mise en œuvre de projets d’infrastructure dans le domaine des transports, a été évoquée.
Visite en France du président Bachar Al-Assad les 12 et 13 novembre, laquelle s’inscrit dans le cadre de la dynamique constructive des nouvelles relations franco-syriennes.
Les grands enjeux régionaux ont été au cœur des entretiens, ainsi que l’approfondissement de la relation bilatérale franco-syrienne dans les domaines économique et culturel.
Un Accord de coopération financière entre la France et la Syrie et une note de compréhension issue de l’accord ont été signés avec la société /Bull/ pour l’informatisation du système fiscal en Syrie a été signé à Paris le 11 décembre 2009 entre le ministre syrien des Finances, Mohammad al-Hussein, et Mme Christine Lagarde.
Visite de Mme Christine Lagarde, ministre de l’Econome et des Finances en Syrie, le 17 décembre, au cours de laquelle les deux parties ont signé trois accords de coopération l’un entre la chambre de navigation maritime syrienne et l’union du transport maritime et naval de Marseille, un autre entre l’établissement des chemins de fer syrien et le CMA-CGM, et un troisième entre les commissions de standardisation dans les deux pays.
Un mémorandum portant établissement d’une centrale de contrôle du réseau d’électricité en Syrie et une déclaration d’intention pour le financement par la France du projet du métro de Damas et pour le soutien de l’élaboration d’une loi-cadre concernant l’association entre les deux secteurs public et privé, ont été signés également, ainsi que le plan de travail du Club des entrepreneurs syro-français pour l’année 2010.
En 2010,
Le Sénateur Philippe Marini, président du groupe d’amitié parlementaire franco-syrienne, envoyé du président français a remis au président Bachar Al-Assad le 2 février 2010 un message du président français Nicolas Sarkozy portant sur les relations franco-syriennes et les perspectives de leur développement.
M. François Fillon, Premier ministre, se rend à Damas le 19 février à la tête d’une nombreuse délégation dont fait part Mme Christine Lagarde, ministre de l’Economie, M. Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture ainsi que d’une trentaine de chefs d’entreprises, en vue de l’approfondissement de la coopération bilatérale et l’établissement d’un partenariat global. Sur le plan économique, un contrat de 27 millions d’euros a été signé pour la vente de deux avions de transport régional (ATR) et le protocole pour la vente de 14 Airbus à la compagnie Syrian Arab Airlines bloqué par un embargo américain, a été prorogé.
A l’occasion du Forum International des Femmes Arabes, qu’elle a ouvert, Mme Anne-Marie Idrac, Secrétaire d’Etat chargée du Commerce Extérieur, s’est rendue les 14 et 15 mai en Syrie, accompagnée de Mme Christiane Kammermann, Sénateur représentant les Français établis hors de France
Au cours de ce déplacement, Mme Idrac a rencontré le Vice-premier ministre pour les Affaires économiques, M. Abdallah Dardari, le ministre des Transports, M. Yarob Badr, ainsi que le Vice-ministre des Affaires Etrangères, M. Abdelfattah Ammoura, et le Président de la Commission d’Etat au Plan, M. Amer Loutfi.
M.Bernard Kouchner, ministre des Affaires Etrangères et Européennes, effectue une visite en Syrie, les 22-23 mai 2010.
Visite à Damas du Secrétaire Général de l’Elysée, M. Claude Guéant, le 29 mai.
Visite à Damas de la Secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville, Mme Fadela Amara, les 6-8 juillet 2010.
Les entretiens avec MM. Abdallah Dardari, vice Premier ministre chargé des Affaires économiques, Tamer Hijjeh, ministre de l’Administration locale et Mme Diala Hajj Aref, ministre des Affaires sociales et du Travail, portent sur le développement de la coopération entre la France et la Syrie en matière de politique urbaine, en particulier les perspectives offertes par les jumelages entre les villes des deux pays.
Le président Nicolas Sarkozy a chargé le 4 août 2010, M. Jean-Claude Cousseran, ancien ambassadeur de France dans plusieurs capitales arabes, de tenter de relancer les pourparlers de paix entre Israël et la Syrie. M. Cousseran remet un message écrit de Nicolas Sarkozy au président al-Assad à Damas le 13 septembre.
Visite d’une délégation sénatoriale (18-22 septembre 2010)
Une délégation sénatoriale française, composée de M. Jean-Pierre Vial, Président du groupe d’amitié France-Syrie au Sénat, de Mme Christiane Kammermann, Vice-Présidente du groupe, de M. Jean-Pierre Michel, Vice-Président, de Mme Bernadette Dupont et de M. André Ferrand, a effectué une visite en Syrie du 18 au 22 septembre. Cette visite a confirmé le renforcement des liens entre les deux pays et leur volonté conjointe d’entretenir une relation privilégiée. L’accent a été mis sur la nécessité d’accroître le rôle des entreprises françaises dans le développement économique syrien, ainsi que sur l’importance d’un renforcement de la coopération universitaire.
Visite à Paris d’Abdallah Dardari, Vice-Premier Ministre syrien chargé des Affaires économiques (22-26 septembre 2010)
- Abdallah Dardari, Vice-Premier ministre syrien pour les Affaires économiques, a effectué une visite à Paris du 22 au 26 septembre 2010. Ce déplacement s’inscrit dans le cadre de l’intensification de la coopération entre la France et la Syrie.
- Dardari a notamment été reçu au cours de ce déplacement par Mme Christine Lagarde, afin d’évoquer les perspectives de la coopération économique franco-syrienne dans les secteurs de l’énergie, des chemins de fer, et du tourisme. Toujours au chapitre économique, le Vice-Premier ministre a rencontré de nombreux représentants d’entreprises françaises, dans le cadre du MEDEF International, et lors d’entretiens avec les responsables de France Telecom , Alstom, Bouygues Construction.
- Dardari a par ailleurs été reçu par le Secrétaire Général de la Présidence de la République, Claude Guéant.
Le président Bachar al-Assad, président de la République arabe Syrienne, qui était accompagné de son épouse, a effectué une visite officielle en France les 9-10 décembre 2010 (voir Visite du président Bachar al-assad en France).
Les copains d’avant (Enquête de Benjamin Barthe parue dans le Monde du 11.12.2012)
Au fur et à mesure que le pays sombre dans le chaos, les divergences affleurent entre les anciens du lycée franco-arabe de Damas /fichiers/pdf/les-copains-d-avant-le-monde-11-12-12.pdf
Art et Culture Syrien : Voyageurs français en Syrie
Après avoir évoqué le 3 avril 1990 (1) l’espace francophone en Syrie, issu de ces relations séculaires avec la France, c’est avec Yves Rannou, aujourd’hui décédé, et qui avait au cours d’un séjour professionnel de deux ans en 1970-1971 à Damas, réalisé de nombreuses photographies, que nous présentâmes (1) le 13 octobre 1992 un montage de diapositives intitulé “Syrie d’hier, Syrie éternelle”, illustré de comptes-rendus de divers voyageurs au cours des siècles. C’est en pensant à lui, qu’à la demande de M. Ali Ibrahim, j’ai repris un certain nombre de textes significatifs de l’intérêt que des voyageurs, souvent esthètes ou écrivains, venus de France, avaient porté aux sites syriens. D’ailleurs, la belle exposition au Petit Palais, en 1984, et celle de l’Institut du Monde Arabe (septembre 1993 – juin 1994) drainèrent un public passionné pour un pays, dont la culture aura été universelle.
“Alep dont l’immense murmure Semble au pâtre lointain le bruit d’un océan”
(1) au Centre Culturel Syrien
(2) voir bibliographie
I – MOYEN AGE
Les Croisades rapprocheront, et parfois opposeront, occidentaux et syriens, mais Usama Ibn Munqidh (2), seigneur de Chaïzar, près d’Apamée, aura montré les aspects positifs de la cohabitation.
En 1332, comme le rappelle Gérard Degeorge (2), un religieux dominicain, le Père Guillaume de Boldensele, décrit Damas en termes élogieux : “la cité de Damas, délectable, arrosée, peuplée est très belle et très riche, abondante en marchandises “épices, pierres précieuses, soies”. Trois ans plus tard, Jacques de Vérone le confirme : “de l’Assyrie, de l’Inde, arrivent une infinité de chameaux portant du poivre, du gingembre, de la cinnamome et d’autres épices en grande quantité”. il déclare aussi la supériorité architecturale de la mosquée des Ommeyyades sur toutes les églises d’Italie.
Un siècle plus tard, poursuit Gérard Degeorge (2), en 1432, Bertrandon de la Broquière rapporte qu’un grand nombre de commerçants européens résident à Damas, et parmi eux des Vénitiens, Génois, Florentins, Catalans et parmi les Français un certain Jacques Cœur, qui deviendra le ministre des finances de Charles VIT, et ornementera son palais de Bourges de souvenirs architecturaux damascènes, tandis que ses navires rapportaient draps d’or et de soie de Damas en France.
II – XVIIème et XVIIIème SIECLES
Volney, en 1783, s’installe dans un couvent du Nord-Liban pour apprendre “la langue, les coutumes ”, car ces conditions manquent souvent aux voyageurs. Il remarque que la France est la nation européenne qui fait le plus grand commerce avec la Syrie, exportant ses draps du Languedoc, ses indigos et son café des Antilles, très apprécié sur les rives du Barada.
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Volney se verra confier également une enquête en Egypte, en 1785, pour examiner le projet de Tort de conquérir ce pays ; son ouvrage deviendra le livre de chevet du Général Bonaparte, et l’on connaît la suite.
III – XIXème SIECLE
Tout d’abord, un cousin de Jean-Jacques Rousseau, Jean-Baptiste Louis Rousseau, Consul de France à Basrah, se rend en caravane, dans des conditions très éprouvantes de Mossoul à Alep, et nous livre une analyse du commerce français au Levant (2), qu’il évalue à quatre millions de francs de l’époque (à multiplier par 30 pour avoir l’équivalent aujourd’hui) ; ce sont des “draps du Languedoc, des bonnets et burnous (sic) d’Orléans, des soieries, des drogueries et des quincailleries”. En 1822, Alep est presque entièrement détruite par un violent séisme qui fait perdre à la ville les trois quarts de ses 200 000 habitants et met à bas les cent mosquées, cinquante chapelles de tous rites, cent dix cafés et quarante bazars. Mais la prospérité va revenir et Michaud et Poujoulat (2) vantent, en 1830, “les bains publics de Damas qui surpassent en commodité et en élégance ceux de Smyrne et de Constantinople; les cafés et les jardins sont la poésie de Damas …. Damas a cent vingt-deux cafés, les plus fréquentés sont le café des Roses, celui du fleuve et celui de la Porte du Salut”.
C’est Lamartine (2) qui déclarera : “Si j’étais maître de choisir mon séjour, j’habiterais le pied du Liban ou Lattakié pendant le printemps et l’automne”. Pour Damas, le poète a une grande admiration : “C’est une de ces villes écrites par le doigt de Dieu sur terre, une capitale prédestinée comme Constantinople. Tant que la terre portera des Empires, Damas sera une grande ville”. C’est que l’écrivain réside suffisamment de temps pour apprécier les demeures damascènes, d’extérieur modeste mais somptueuses à l’intérieur : “Les douces heures passées à causer le soir à la lueur de sa lampe, au bruit du jet d’eau dans la cour, sont restées dans ma mémoire et dans mon cœur comme un des plus délicieux repos de mes voyages”. Ainsi “les parois sont revêtues de stuc et peintes en arabesques de mille couleurs et souvent avec des moulures d’or extrêmement chargées”. L’hôte de Lamartine à Damas est un Français, Monsieur Beaudin, qui deviendra notre consul ; il dispose d’un magasin depuis 1824 au Khan Assad Pacha, ainsi décrit, non sans peut-être un grand lyrisme : “C’est une immense coupole dont la voûte hardie rappelle celle de Saint-Pierre à Rome”. Le coût de la vie n’y est pas élevé ; on peut s’y nourrir parfaitement pour 2 piastres par jour (50 centimes de l’époque), et vivre un an avec trois ou quatre cents francs de revenu annuel (soit 10 000 F de nos jours !). Lamartine achète trois coffres de cèdre peints en rouge avec des ornements dessinés en clous d’or, des selles, des harnais, des ballots de café de Moka et un cheval de 3 ans qu’il appelle “Tadmor”, pour évoquer Palmyre, où il n’aura pas pu se rendre pour des raisons de sécurité. Quant aux dames qu’il trouve “toutes belles et aussi aimables que belles”, il laisse une description de leur habillement : “des festons de pièces d’or et des rangées de perles sont mêlées à leurs longues nattes ; la tête est coiffée d’une petite calotte d’or ciselé. Elles portent une veste en soie brochée d’argent ou d’or, un large pantalon blanc descendant à plis jusqu’à la cheville et une longue robe de soie d’une couleur éclatante”.
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Avec Baptistin Poujoulat (2), en 1841, c’est la première mention des “dix bateaux à vapeur français qui sillonnent depuis un an les flots de la Méditerranée et sont comme un pont jeté entre Toulon, Marseille, Constantinople et Alexandrette”. Le voyageur se rend à Hama, l’ancienne Epiphania “charmante ville assise au penchant de deux collines, formant une large vallée, toute plantée de beaux arbres fruitiers … quatre ponts joignent les deux parties de la cité … Les machines hydrauliques font un bruit d’enfer en tournant … ces immenses roues, ces longs aqueducs, ces eaux perpétuellement agitées, les kiosques de Hama, mêlés aux grenadiers à la fleur écarlate produisent des paysages délicieux et pleins d’originalité”. L’écrivain se rend aussi à Palmyre : “Du haut du monument, on a sous les yeux … la magnifique colonnade qui vaut, à elle seule, la peine qu’on fasse le voyage … Couché sur le sable, la tête appuyée sur un tronçon de colonne, je prêtais l’oreille aux longs frémissements des branches de palmier … puis je croyais entendre des voix perdues dans l‘espace, des accents inconnus, des soupirs, des plaintes, des gémissements mystérieux”. Le Romantisme était toujours présent !
En 1844, M. Quétin publie un “Guide en Orient”, itinéraire scientifique, artistique, pittoresque (2) où il rappelle l’importance d’une bonne santé dans ces voyages ; à cette condition : “le voyageur commencera une existence nouvelle, simple et nomade, plus délicieuse que celle qu’il a menée dans les cités de l’Europe”.
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dans une grande spartialité : “Mon logement à Bloudane était tout simplement une pièce de terre sur laquelle on m’autorisait à déployer mes tentes. Ce terrain, coupé dans la longueur par une haie, formait comme deux appartements disposés en prairies”. Les logements à Bloudane sont aujourd’hui plus confortables mais moins bucoliques !
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IV – XXeme SIECLE
“Une enquête aux pays du Levant” avait été menée par Maurice Barrès (2) avant la première guerre mondiale, mais cette dernière précisément repousse à 1923 l’édition de cet ouvrage, resté un document incontournable de la présence, culturelle francophone dans la région, et des multiples rencontres Orient-Occident. Ainsi, de la description, à Damas de la Porte de Salhiyé et du tombeau d’Ibn Arabi, ou de la basilique Notre-Dame de Tartous, où pria Joinville, à Alep du Collège Halawiyya et de l’évocation du grand mystique Suhrawardi. Avec “Un Jardin sur l’Oronte”, célèbre roman, Barrès confirmait ce qu’il devait au Proche-Orient “une des patries de l’imagination, une des résidences de la poésie, un des châteaux de l’âme”.
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Jean Gaulmier demeurera l’un des meilleurs amis de la Syrie à la fin de l’époque du mandat, et après l’indépendance. Venu à Alep pour la première fois, en 1928, avec Jean Sauvaget, il y revint à plusieurs reprises pour y rencontrer Ibrahim Hanano, y résida de 1934 à 1942 pour s’occuper de l’instruction publique. Au lycée “Sultaniyeh”, il eut comme élèves Abdessalam Ujeili ou Farid Jiha, auteur d’un grand nombre, d’articles rappelant ces liens de l’amitié. Jean Gaulmier enseignera également à Hama en 1929, et aura comme élève Fakhri Kilani ou Saddik Naasan, le fils du mufti.. Au collège “Maktab al Anbar”, dans le vieux Damas, il côtoya d’éminents collègues, Chukri Churbadji, Ruchdi Barakat, Wagih Samman, et, je le cite “il y avait mes longues promenades de printemps au bord du Wadi Barada, vers Rabwa et Zebdani : avec mon charmant camarade parisien Kazem Daghestani”.
Ce rappel, bien modeste, car le corpus est énorme, de ces quelques délectables visions, ou projections d’eux-mêmes, conçues par ces voyageurs, poètes, aventuriers, chroniqueurs et archéologues ou historiens, devrait permettre de,souligner, une fois de plus, les multiples liens qui unissent la Syrie et la France, intellectuellement, littérairement, culturellement. Quel chercheur voudra bien, dans l’autre sens, se pencher vers les nombreux Syriens qui ont parlé de Paris, Marseille ou des Châteaux de la Loire, car l’admiration réciproque a toujours soutenu une amitié séculaire.
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ELEMENTS DE BIBLIOGRAPHIE | ||
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BORDEAUX Henry | Voyageurs d’Orient (2 tomes) | Paris, Plon, 1926 |
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CHAKHACHIRO Omar | Proche et Moyen-Orient dans l’œuvre de Victor Hugo | Paris, Jouve, 1950 |
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DEGEORGE Gérard | Damas, des origines aux mamelouks | Paris, L’Harmattan, 1997 |
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MARAVAL Pierre | Récits des premiers pèlerins chrétiens au Proche-Orient | Cerf, 1996 |
MARMIER Xavier | Impressions d’un voyageur chrétien | Tours, Mame, 1877 |
MICHAUD et POUJOULAT | Correspondance d’Orient 1830-1831 (7 tomes) | Paris, Ducollet, 1835 |
NERVAL Gérard de | Voyage en Orient (2 tomes) | Paris, 1843 |
POUJOULAT Baptistin | Voyage à Constantinople, à Palmyre, en Syrie et en Palestine | Bruxelles, Grégoir, 1841 |
QUETIN | Guide en Orient, itinéraire artistique, pittoresque | Paris, 1844 |
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THARAUD Jérôme et Jean | Le Chemin de Damas | Paris, Plon, 1922 |
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VOGUË Melchior de | Syrie Centrale, architecture civile et religieuse (2 tomes) | Paris, 1865 et 1877 |
VOLNEY | Voyage en Egypte et en Syrie (1783-1785) | Paris, Mouton, 1959 |
Parution : Pas de printemps pour la Syrie ( La Découverte, 2013)/les Carnets de l’IFPO
Parution : La Syrie et la France : Enjeux géopolitiques et diplomatiques
L’enseignement de la langue française en Syrie : témoignage.
Le Liban et la Syrie au miroir français (1946-1991), par Marie-Thérèse Oliver-Saidi
Marie-Thérèse Oliver-Saidi, Agrégé de Lettres classiques, Docteur d’Etat ès Lettres et Sciences humaines a passé plusieurs années au Moyen-Orient (Liban, Egypte, Turquie), y exerçant diverses responsabilités au sein du ministère des Affaires étrangères.
Elle a présenté son livre « Le Liban et la Syrie au miroir français (1946-1991) », paru récemment aux Editions l’Harmattan (www.editions-harmattan.fr), le 23 février dans le cadre du Séminaire « Orient, littératures contemporaines », animé par Gilles Ladakany et Rania Samaria à l’EHESS, 96, bd Raspail à Paris.
Après une description des effets du mandat (1920-1946) sur les populations de la Syrie et du Liban, l’auteure s’est penché sur les événements politiques intervenus dans les deux pays et qui ont jalonné la période 1946-1991.
Elle analyse ensuite l’image d’un pays tel qu’il est perçu par un autre et comment cette image dispose de nombreuses facettes culturelles et économiques lesquelles influencent à leur tour la politique et la diplomatie.L’image est souvent façonnée par divers groupes de pression (pèlerins, religieux, journalistes, hommes d’affaires, médiateurs etc.) qui peuvent avoir un relais positif ou pas.
En l’occurrence, les représentations de ces deux pays ont connu en France, de leur indépendance en 1946 à la guerre du Golfe en 1991, des évolutions aussi importantes qu’inattendues.
Enfin, Mme Oliver-Saidi a conclu sa présentation en émettant le souhait que la situation actuelle puisse offrir de nouvelles perspectives aux relations franco-syriennes en particulier, et que la Syrie soit enfin abordée pour elle-même et non plus à travers le prisme libanais.
Le premier Ministre François Fillon, en visite à Damas le 20 février 2010
Le premier Ministre, François Fillon a effectué le 19 février une visite de 24 heures à Damas. Il était le premier chef du gouvernement français à se rendre en Syrie depuis 1977. Il a rencontré le président Bachar Al-Assad, lequel se serait réjoui « des améliorations intervenues dans la relation franco-syrienne » et a rappelé l’ouverture économique de son pays au secteur privé. La France souhaiterait accompagner cette « modernisation » syrienne, a dit M. Fillon. C’est ainsi que cette visite a été marquée par la signature d’accords bilatéraux. Un contrat d’achat de deux ATR (avions de transport régional) d’un montant de 27 millions d’euros a été paraphé et un protocole pour la vente de 14 Airbus à la compagnie Syrian Arab Airlines, datant de 2008 et bloqué par un embargo américain, a été prorogé.
François Fillon était accompagné de la ministre de l’Economie, Mme Christine Lagarde et d’une trentaine de représentants de grandes entreprises et de PME (Alstom pour le métro notamment, Lafarge, Total). Paris nourrit de grandes ambitions commerciales dans ce pays où la croissance a été de +3% en 2009 malgré la crise, selon le FMI, et qui s’ouvre de plus en plus aux investissements étrangers. Paris est ainsi très intéressé par le projet de métro à Damas programmé pour 2016 et du nouveau terminal de l’aéroport.
La culture était également à l’honneur avec la signature d’un accord pour la construction d’un réseau de musées modernes et la valorisation d’une trentaine de sites archéologiques.
Contribution aux pourparlers de paix :
Lors d’une conférence de presse à Damas, M. Fillon a souhaité passer à la vitesse supérieure et intensifier les partenariats économiques actuellement « très inférieures à leur potentiel ». Mais, avait-il prévenu peu auparavant, « l’une des conditions de la poursuite d’un développement économique en Syrie est la paix et la sécurité ». Selon lui, « la Syrie a un rôle fondamental dans l’établissement de la paix au Proche-Orient. Pour que la situation s’améliore, il faut que chacun fasse des efforts ».
Evoquant les dossiers où la Syrie peut jouer un rôle, le chef du gouvernement français a notamment mentionné l’Iran, qui refuse, malgré des sanctions de l’ONU, de suspendre ses activités nucléaires sensibles soupçonnées de cacher un volet militaire. « Nous avons tendu la main au gouvernement iranien, sans succès », a regretté M. Fillon, en allusion aux différentes propositions des pays occidentaux pour convaincre l’Iran. « Nous souhaitons que la Syrie nous aide dans cet effort pour que l’Iran renonce à des décisions dangereuses pour la paix dans le monde », a-t-il expliqué.
Son homologue syrien, Mohammad Naji Otri, a cependant indiqué : « Nous avons toujours appuyé l’emploi pacifique de l’énergie nucléaire, c’est un droit », a dit M. Otri. Celui-ci a appelé à une « dénucléarisation de la région » car selon lui « la menace vient de la puissance israélienne ».
Concernant les négociations de paix israélo-palestiniennes, François Fillon
a réaffirmé que la France était « disponible pour participer à renouer le dialogue entre la Syrie et Israël avec la participation de la Turquie ». « Il n’y a pas de temps à perdre », a-t-il insisté, affirmant que la France allait entamer des discussions avec les trois parties « dans les meilleurs délais » pour une reprise des négociations de paix également interrompues lors de la guerre de Gaza.