Des enfants jouent dans une rue d’al-Qaryatain, récemment reprise aux jihadistes de l’EI, le 22 octobre 2017 en Syrie (afp) |
Le groupe Etat islamique (EI) a été accusé lundi d’avoir « exécuté au moins 116 civils » dans une ville du centre de la Syrie avant d’en être chassé, les jihadistes ne contrôlant plus qu’un territoire restreint dans ce pays en guerre.
Cible de multiples offensives, l’EI subit depuis des mois revers après revers en Syrie et en Irak voisin. Il vient d’être chassé par une alliance de combattants kurdes et arabes de Raqa, son ancienne « capitale » de facto en Syrie et voit s’écrouler son « califat » autoproclamé sur les régions conquises en 2014.
Le groupe ultraradical, qui s’est fait connaître pour ses exactions souvent mises en scène de manière spectaculaire, conserve toutefois sa capacité à riposter de manière meurtrière, par des exécutions ou des attentats à travers le monde.
« Durant les 20 jours où il a contrôlé al-Qaryatayne, l’EI a exécuté au moins 116 civils (…), après les avoir accusés de collaboration avec les troupes du régime », a indiqué lundi à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Cette localité de la province de Homs a été reprise samedi aux jihadistes par les forces du régime de Bachar al-Assad.
Selon M. Abdel Rahmane, les cadavres ont été « trouvés dans les rues, les maisons et à d’autres endroits » par des habitants de retour dans leur ville.
« Certains ont été tués à l’arme blanche, d’autres par balle », a ajouté le directeur de l’OSDH.
D’après ses sources, la plupart des victimes ont été tuées au cours des deux jours précédant la débâcle de l’EI à al-Qaryatayne.
L’agence officielle Sana a publié lundi des images tournées dans la ville, montrant un hôpital saccagé et en partie incendié, ainsi que des routes recouvertes de gravats.
Le gouverneur de la province de Homs, Talal Barazai, apparaît sur la vidéo remerciant les habitants pour leur « ténacité » face à l’EI et s’engageant à rester à leur côté. Des dizaines de personnes faisaient la queue pour recevoir de l’aide humanitaire distribuée par le Croissant rouge syrien.
L’EI avait capturée al-Qaryatayne une première fois en août 2015 avant d’en être chassé moins d’un an plus tard. Puis, le 1er octobre, les jihadistes s’étaient à nouveau emparé de cette ville qui compte une minorité chrétienne et plusieurs églises, dont certaines ont été saccagées.
Le régime a pris le contrôle de la ville samedi, « après le retrait de plus de 200 membres de l’EI en direction de la Badiya », le grand désert du centre syrien, selon l’OSDH.
Avec la récente perte de Raqa, le dernier bastion urbain de l’EI en Syrie est la ville de Boukamal, située à la frontière de l’Irak, dans la province de Deir Ezzor (est). Cette région pétrolière était quasi totalement entre les mains de l’organisation extrémiste il y a encore quelques mois, mais les jihadistes n’en contrôlent plus que 40% aujourd’hui.
Des combats s’y poursuivent, et l’EI se trouve confronté à deux offensives distinctes: l’une menée par le régime syrien et son allié russe, l’autre par l’alliance arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS), appuyée par les Etats-Unis.
Toujours dans la province de Deir Ezzor, l’EI contrôle par ailleurs, selon l’OSDH, quelque 8% de la capitale éponyme, soit une poignée de quartiers de cette cité qui comptait initialement plus de 100.000 habitants.
Dans tous les territoires dont il s’était emparé en 2014, l’EI a mené les pires exactions, orchestrant exécutions de masse, décapitations et autres atrocités.
En décembre 2014, les corps de 230 personnes exécutées par l’EI sont découverts par leurs proches dans une fosse commune dans la province de Deir Ezzor. En juin 2015, les jihadistes ont tué en trois jours plus de 200 civils, dont des femmes et des enfants, dans la ville de Kobané (nord), avant d’être repoussés par des forces kurdes.
En Irak, les jihadistes font subir à la minorité kurdophone yazidie des traitements particulièrement cruels, exécutant des hommes et réduisant des femmes à l’état d’esclaves sexuelles. L’ONU estime que les attaques de l’EI contre cette communauté « pourraient constituer un génocide ».