Un séisme d’une grande ampleur vient de frapper la Syrie ajoutant une catastrophe naturelle dévastatrice au drame humanitaire des Syriens.
Le bilan des victimes ne cesse d’augmenter dans les villes d’Alep, de Lattaquié, de Hama et d’Idleb.
Le Chef de l’État, monsieur Emmanuel Macron a déclaré que La France est prête à apporter une aide d’urgence aux populations en Turquie et en Syrie.
Nous, signataires de ce communiqué appelons la France et l’Union Européenne à la levée urgente et immédiate des sanctions économiques imposées à la Syrie dans son ensemble.
Cette décision serait en conformité avec le rapport publié en novembre dernier par le rapporteur spécial de l’ONU, Mme Alena Douhan, Professeur de droit international, qui a sonné l’alerte contre les sanctions économiques et leur impact considérable sur la situation de la population.
Aujourd’hui, 90% des Syriens vivent sous le seuil de pauvreté, avec un accès limité à la nourriture, à l’eau, à l’électricité et aux combustibles de cuisson et de chauffage.
Le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies a déjà affirmé que la Syrie était au bord d’une famine massive.
Depuis douze ans, la Syrie est en proie à une guerre sans fin. Les sanctions « unilatérales », qui affectent fortement la population civile rendent aujourd’hui la situation intenable pour des milliers de syriens qui sont dans des abris de fortune. Alors qu’une tempête est annoncée dans la région, un simple souci humanitaire impose que soient levées dans l’immédiat et en urgence les sanctions sur les produits de première nécessité alimentaires et médicaux.
Avec la même urgence de venir en aide aux populations sinistrées, il est demandé que toutes les ONG et associations habilitées ou susceptibles de travailler avec la Croix Rouge et le CICR, soient éligibles aux fonds mobilisés par la France et l’Union Européenne.
Rony BRAUMAN, ancien président de Médecins Sans Frontières
Hervé de CHARETTE, ancien ministre des Affaires étrangères
Pierre CUYPERS, Sénateur
Dr Maher DAOUD, Président de l’association médicale franco- syrienne
Didier DESTREMAU, Président de l’Association d’amitié France Syrie
Dr Michel DIB, Neurologue
Roland DUMAS, ancien ministre des Affaires étrangères
Professeur Manar HAMMAD, archéologue, spécialiste de Palmyre et Président d’une Association culturelle franco-syrienne
Dr Fayez HOCHE, Fondateur de l’Association médicale franco-syrienne
Olivier JARDET, Député honoraire
Pierre JOXE, ancien ministre de l’Intérieur et de la Défense
Christianne KAMMERMAN, Sénatrice honoraire
Patricia LALONDE, ancienne membre du Parlement européen
Michel RAIMBAUD, ancien ambassadeur de France
Jean Pierre VIAL, Sénateur honoraire
Samir ABDULAC, expert international en patrimoine culturel
Mouna MANSOUR, présidente de Coeur sans Frontières
Anas CHEBIB, médecin radiologue
Joseph ATTALA, Alliance Française
Roula ZEIN JOXE, journaliste
Safa SAKER DELYE, Docteur en biologie
Reem DAKKAK, docteur en immunologie et chercheur
Jihane HATAHET RAIMBAUD
Mouhannad SADATE, Docteur en chirurgie gynécologique et obstétrique
Majed NEHME, journaliste, Directeur du site Afrique-Asie
Patrice MOUCHON, ancien Président de l’Association d’Amitié France Syrie, Avocat au Barreau de Paris, Président du Centre de Médiation et d’Arbitrage près la Chambre de Commerce Franco-Arabe.
La recrudescence de la violence en Syrie, combinée à la chute de son économie, rend les perspectives de plus en plus «sombres» pour les civils, ont estimé mardi 14 septembre des enquêteurs des Nations Unies.
« Après une décennie, les parties au conflit continuent de perpétrer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité et de porter atteinte aux droits humains fondamentaux des Syriens », a déclaré lors d’une conférence de presse le président de la Commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie Paulo Pinheiro. « La guerre contre les civils syriens se poursuit et il leur est difficile de trouver la sécurité ou un refuge sûr dans ce pays ravagé par la guerre », a-t-il ajouté.
Dans leur dernier rapport couvrant la période du 1er juillet 2020 au 30 juin 2021, les membres de la commission ont déploré qu’il n’y ait pas d’efforts pour réunifier le pays ou parvenir à une réconciliation, alors que les détentions arbitraires par les forces gouvernementales se poursuivent sans relâche.
« La situation générale en Syrie semble de plus en plus sombre », a déclaré Karen Koning AbuZayd, l’une des membres de la commission dans un communiqué. « Outre la violence qui s’intensifie, l’économie s’effondre, le lit des rivières de la Mésopotamie est au plus sec depuis des décennies, et la transmission communautaire généralisée du Covid-19 semble incapable d’être endiguée par un système de santé décimé par la guerre », a-t-elle ajouté. « Ce n’est absolument pas le moment pour quiconque de penser que la Syrie est un pays capable d’accueillir le retour de ses réfugiés », a-t-elle ajouté.
Le rapport a souligné que des dizaines de milliers de Syriens attendaient toujours désespérément des nouvelles de leurs proches disparus tandis que des dizaines de milliers d’autres étaient illégalement détenus. Les enquêteurs ont également déploré une recrudescence des combats dans le pays au cours de derniers mois, avec un retour à la «tactique du siège» comme à Deraa dans le sud, où le régime a encerclé des quartiers rebelles, a souligné le commissaire Hanny Megally.
Paulo Pinheiro a par ailleurs estimé « scandaleux » qu’environ 40.000 enfants, pour moitié irakiens et pour les autres d’une soixantaine de nationalités, soient toujours détenus à al-Hol et dans d’autres camps pour les déplacés et les familles de jihadistes en raison du refus de leurs pays d’origine de les accueillir. « Punir les enfants pour les péchés de leurs parents ne peut pas être justifié », a-t-il affirmé.
La commission doit présenter son rapport au Conseil des droits de l’homme de l’ONU le 23 septembre. Les violences en Syrie ont fait près d’un demi-million de morts et déplacé des millions de personnes depuis le déclenchement du conflit en 2011.
L’AFS vous recommande la lecture de l’article du docteur Nabil Antaki, publié sur Arrêt sur info, le 1er juillet 2020, qui décrit d’une manière poignante la situation des Syriens oubliés par tout le monde. L’AFS a entrepris depuis 2 ans d’interpeler la communauté internationale afin que cessent les mesures d’embargo contre le peuple syrien.
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Le peuple syrien ne sait plus à quel saint se vouer.
Les drames se suivent, ne se ressemblent pas mais aboutissent au même résultat : celui de continuer à faire souffrir la population syrienne qui ne demande qu’à vivre dignement dans la paix.
Commençons par la guerre. Elle dure depuis plus de neuf ans.
Elle a fait des centaines de milliers de victimes et une dizaine de millions de déplacés internes et de réfugiés, a poussé un million de personnes à l’exil, a détruit l’infrastructure de la Syrie et a ruiné un pays qui, autrefois, était paisible, sûr, stable et prospère. Lire la suite…
Mme Noomah Ali, journaliste à la télévision syrienne, vient d’écrire, « de la part de tous les Syriens », une lettre dans laquelle elle interpelle « le Monde »…
Vous en trouverez ci-après le texte dans une traduction libre, mais qui se veut fidèle.
La Syrie, après avoir résisté face au fléau terroriste, saura venir à bout de la pandémie Covid-19
Citation :
En tant que Syriens, avec vous nous faisons face au coronavirus…Mais, savez-vous que depuis 2011 nous affrontons seuls tous ces pays puissants qui marchent aux côtés de l’Amérique…Il faut ajouter, et c’est une grosse affaire, qu’un petit virus invisible à l’œil nu nous oblige à rester confiné à la maison, nous interdit de sortir, de travailler, nous obligeant à mettre en veilleuse notre volonté de vivre. Et cela alors qu’il y a toutes ces attaques terroristes, ces organisations takfiristes, de Da’esh à « Al Nosra » et « Ahrar Al Sham », de Machin et Truc &Cie et tout le bataclan, avec tout le sinistre bilan de leur terrorisme, de leur traîtrise : ils ont massacré, coupé les têtes, dévoré les cœurs des soldats de l’armée syrienne, fait rôtir les têtes, écorché vif…. Ils ont organisé le commerce d’organes, pris les femmes en captivité, vendu des êtres humains sur les marchés aux esclaves, pratiqué le nettoyage confessionnel, cultivé le mensonge, l’hypocrisie, réduisant à presque rien les fondamentaux à respecter : des coupures d’électricité aux pénuries de carburant, jusqu’à l’incendie des récoltes de blé et l’abattage des oliviers.
Avec l’arrivée du coronavirus, l’économie syrienne est complètement confinée…
Mais l’État syrien n’a pas décrété de couvre-feu, n’a pas décidé de fermer les marchés, n’a pas cherché à instiller la crainte dans les esprits par précaution ou pour mettre en garde. Peuple pacifique, nous n’avons pas eu peur et notre détermination n’a pas faibli…Bien au contraire nous avons fait face, dans la solitude, en silence et avec fierté ; chez nous, les martyrs en cohortes sont plus nombreux que les victimes du coronavirus. Malgré tout cela, ô toi, ce Monde que j’interpelle, tes paupières n’ont pas cillé…
J’ai de la compassion pour l’Italie, j’ai de la compassion pour l’Espagne, mais est-ce que les peuples de ces pays ont eu de la compassion pour la peur qui est mienne, le froid dont je souffre, la maladie qui me frappe, moi Syrien, citoyen d’un pays qui est encore en guerre…J’ai de la compassion pour les Américains, mais est-ce que les Américains ont la moindre compassion pour moi, citoyen syrien assiégé économiquement et réduit à la pauvreté que l’on sait, tandis que l’Amérique tire bénéfice des sanctions économiques sans cesse alourdies qui nous sont imposées à nous les Syriens, alors que lever ces sanctions nous permettrait au moins de résorber les pénuries dans le secteur sanitaire. Peut-être pourrions-nous vaincre ce virus américain ???
Je compatis avec tout être humain, pour la simple raison que je suis syrien. Pour moi, le message délivré il y a des millénaires par Baal le dieu syrien, loin d’être superficiel, était destiné à rester pour l’éternité (« Brise ton sabre, prends ta pioche et suis-moi afin que nous semions l’amour et la paix au centre de la terre. Tu es syrien et la Syrie est le centre de la terre »).
Et nous à l’heure qu’il est, dans cette confrontation mondiale, nous souhaitons la paix au monde entier. Nous affrontons ce virus avec courage, le même courage qui nous a permis d’affronter celui qui est accusé de l’avoir créé (l’Amérique). Et j’aimerais ajouter ceci : au moment où les Européens, les Américains et les Arabes du Golfe se retrouvent en confinement forcé, ils doivent remarquer que l’électricité ne leur est pas coupée, qu’ils ont du pain et qu’ils disposent de tous les aliments essentiels au renforcement de leur appareil immunitaire.
Ils ne manqueront pas de noter également que moi-même, en tant que citoyen syrien, je ne dispose pas de toutes ces choses simples dont ils bénéficient dans leur lieu d’isolement sanitaire. Et ce n’est pas tout, car j’ai aussi un frère, ou un père ou un mari « au front », combattant les groupes terroristes que les pays précités soutiennent. Et en raison du confinement, du couvre-feu et des mesures de précaution, ce combattant si cher à notre cœur ne peut plus, même lors de ses « permissions », retrouver les siens, sa mère ou son fils…
Mon mot de la fin, soyez humains, levez les sanctions pour tous les pays et mettez fin à toutes vos guerres contre tous les pays. Cessez de fabriquer des armes et tournez-vous vers l’humanité, car la condition humaine est la plus belle et la plus pure des conditions que l’on puisse trouver sur terre. Assez de sang versé !!
Fin de citation
Noomah Ali, journaliste syrienne
Je ne connais pas Noomah Ali, mais son texte m’a profondément touché. Car ce n’est pas seulement un cri du cœur, c’est également un rappel à la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, sans fard et sans exagération, loin des prudences diplomatiques, des mensonges médiatiques, des artifices politiques et des pirouettes intellectuelles.
On ne saurait reprocher à une journaliste syrienne travaillant à Damas de rappeler que son pays fait face depuis 2011 à une guerre sauvage organisée par l’Amérique et ses alliés, dénoncés sans ambages. Si elle n’en rappelle pas le bilan effrayant — pas moins de 400°000 morts, environ deux millions de blessés, estropiés et handicapés, et une bonne douzaine de millions de réfugiés ou déplacés – son énumération des crimes commis est impressionnante et édifiante. Elle ne fait pourtant que rappeler la stricte vérité, si bien occultée par les hypocrites, et sa dénonciation des criminels devrait rafraîchir les mémoires qui flanchent.
Oui, le coronavirus est un fléau inquiétant qui fait déjà bien des dégâts, et n’a pas fini d’en faire. Mais, quel que soit son impact en Syrie, où il a fait son apparition, il n’effacera pas les immenses malheurs d’une guerre entrée dans sa dixième année, même s’il tend à les occulter, comme c’est déjà le cas – et plus que jamais par ces temps coronariens – dans le paysage médiatique de nos rivages, amnésique après avoir été envahi si longtemps par le mensonge et le déni de justice.
Qui donnerait tort à Madame Noomah de mettre en lumière le deux poids deux mesures systématique qu’affectionnent les professionnels de la compassion, une compassion à sens unique puisque les malheurs de l’Occident sont les seuls à être universels. Son appel vibrant à l’Amérique et à ses alliés pour que soient levées « les sanctions contre tous les pays » et qu’il soit mis un terme à toutes les guerres, devrait trouver un écho chez les hommes et femmes de bonne volonté, pour qui le virus de la guerre est au moins aussi dévastateur que celui des pandémies.
Oubliée du côté de chez nous, la guerre des sanctions menée contre la Syrie (ou d’autres pays) par l’Amérique et ses laquais est une guerre invisible, excellent prétexte pour n’en pas voir le bout. Elle n’est pas moins impitoyable que l’affrontement militaire qui, selon toute vraisemblance, tire à sa fin. Elle est illégale, infâme, criminelle.
C’est une insulte à l’humanité du monde. Elle doit cesser immédiatement et sans délai et sans conditions. Il restera encore aux agresseurs à s’occuper de leurs affaires, ne serait-ce que de cette pandémie mystérieuse qui sème le chaos au sein du désordre et le trouble dans toutes les certitudes.
Le président syrien Bachar al-Assad et le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed al-Nahyane, ont eu vendredi un entretien téléphonique, a rapporté l’agence officielle syrienne Sana, une première depuis le début du conflit en Syrie en 2011.
Citant la présidence syrienne, Sana a fait état d’un « entretien téléphonique entre le président Assad et le prince héritier d’Abou Dhabi (…) axé sur les conséquences de la propagation du nouveau coronavirus (…) » durant lequel le responsable émirati a assuré M. Assad de « l’appui des Emirats arabes unis au peuple syrien durant ces circonstances exceptionnelles ».
Sur son compte twitter, le prince héritier d’Abou Dhabi a confirmé l’information, relayée également par l’agence officielle du riche émirat du Golfe.
« J’ai discuté avec le président syrien (…) des derniers développements liés (à la maladie) Covid-19. Je l’ai assuré du soutien des Émirats arabes unis et de la volonté d’aider le peuple syrien », a-t-il écrit.
« La solidarité humanitaire pendant les temps difficiles l’emporte sur toutes les considérations, et la Syrie et son peuple ne seront pas seuls », a ajouté le responsable émirati.
Sept ans après avoir rompu leurs relations diplomatiques, les Emirats arabes unis ont rouvert leur ambassade à Damas en décembre 2018.
La Syrie avait été mise au ban du monde arabe dès fin 2011, et des pays, notamment du Golfe, avaient rappelé leurs ambassadeurs, pour protester contre la répression sanglante menée par le pouvoir de Damas contre des manifestations pro-démocratie, avant de soutenir pour certains l’opposition en exil et les rebelles armés.
La Syrie, ravagée par neuf ans de guerre, a signalé jusqu’ici cinq cas de contamination au nouveau coronavirus. Les organisations humanitaires craignent une « catastrophe » en cas de propagation de l’épidémie.
Turkey said Thursday that an airstrike by the Syrian government killed 29 of its soldiers in Idlib, a war-torn province in northwestern Syria that has become the site of an increasingly volatile military confrontation among Ankara, Damascus and Moscow.
The death toll was the highest for Turkish forces in a single day since Turkey began ramping up the deployment of troops to Idlib this month to block a Russian-backed Syrian military offensive.
Turkish President Recep Tayyip Erdogan convened an emergency meeting of his top security officials Thursday night, local media reported.
Fahrettin Altun, Erdogan’s spokesman, said Turkey would “retaliate against the illegal [Syrian] regime, which pointed their guns at our soldiers.”
Turkey has been trying to halt a rapid advance by the Syrian army across Idlib province and nearby areas, which have been held by rebels opposing the government of Syrian President Bashar al-Assad. The province is largely controlled by an extremist group that once was formally associated with al-Qaeda.
The Syrian offensive has sparked a massive humanitarian crisis and sent hundreds of thousands of displaced Syrians fleeing toward the Turkish border. Russia, which is the Syrian government’s principal ally, has carried out airstrikes to aid the Syrian advance and provided Assad’s forces with other military support.
Turkey has called for the restoration of a de-escalation agreement between Ankara and Moscow and threatened to take further military action if Syrian forces do not withdraw from areas they have captured in Idlib. But negotiations between Ankara and Moscow over the past month aimed at securing a cease-fire have faltered.
FIGAROVOX / GRAND ENTRETIEN – Le monde depuis 1989, puis 2001, est en constante restructuration. La géopolitologue Caroline Galactéros analyse la fin de l’utopie de la mondialisation heureuse, et regrette que la France et l’Europe ne développent pas davantage une stratégie de puissance.Par Entretien FigaroVox Publié le 9 novembre 2019 à 10:00, mis à jour le 12 novembre 2019 à 11:48
FIGAROVOX – Le magazine The Economist consacre son dernier numéro et sa couverture à une interview d’Emmanuel Macron dans laquelle il affirme que le monde est au bord du précipice. La situation internationale est-elle aussi apocalyptique que celle que décrit le chef de l’État?
Caroline GALACTEROS – Il me semblait que le Président, dans son interview, avait appliqué cet oracle à l’Europe et non du monde. Le monde n’est pas du tout au bord du précipice. Il se rééquilibre autour de puissances qui assument leur souveraineté, définissent leurs ambitions et se donnent les moyens de les mettre en œuvre. Ce sont nos utopies qui sont en déroute et c’est bien l’Europe qui tombe dans l’insignifiance stratégique (une forme de mort cérébrale) subitement privée de la béquille mentale que lui fournissaient le lien transatlantique et son alignement servile sur les injonctions américaines. Quant à la France, elle danse sur un volcan et pas seulement au plan extérieur. Si la présente lucidité présidentielle se consolide par des actes et des dynamiques durables, alors nous éviterons le pire et peut-être même renverserons-nous enfin la vapeur à notre avantage. Ce serait là, sur le plan stratégique, une vraie et salutaire «disruption». Après Biarritz, Moscou, la Conférence des Ambassadeurs et désormais cette interview, la grande question est désormais la suivante: Jusqu’à quel point sommes-nous déterminés à désobéir et à assumer les critiques ou la résistance active de certains de nos partenaires européens?
Notre vieux continent est en pleine dépression post-traumatique non traitée.
Le rôle de pionnier, de défricheur d’une voie nouvelle est périlleux et demandera beaucoup de ténacité. Jusqu’au moment où certains de nos partenaires, entrevoyant la liberté, voleront au secours de la victoire et nous emboîteront le pas, notamment en Europe du Sud mais pas seulement. Notre vieux continent est en pleine dépression post-traumatique non traitée. Le choc? Notre abandon sans états d’âme par la figure paternelle américaine. Sur le fond, rien de bien nouveau mais le verbe trumpien nous a brutalement ouvert les yeux sur le profond mépris et l’indifférence en lesquels Washington nous tient. La servilité ne paie jamais vraiment. Emmanuel Macron a bien raison de douter de l’applicabilité de l’article 5 du Traité de l’Alliance atlantique. Le problème n’est pas de savoir si les États-Unis voleraient au secours d’un État européen attaqué par la Russie ou Chine. La Russie a vraiment d’autres chats à fouetter et la Chine «attaque» déjà l’Europe tous azimuts économiquement. Non, le problème est bien celui d’un fatal entraînement de la France ou d’un autre membre de l’Otan si jamais la Turquie venait à être prise à partie militairement par la Syrie en réponse à sa violation caractérisée de la souveraineté syrienne. Scénario peu probable à vrai dire, car Moscou ne laissera sans doute pas un tel engrenage ruiner ses patients efforts pour en finir avec la déstabilisation de son allié moyen oriental. Même chose si l’Iran venait à réagir à une provocation savante téléguidée par Washington. Moscou, Téhéran et Ankara ont partie liée pour régler le sort de la Syrie au mieux de leurs intérêts respectifs et Washington comme Damas n’y peuvent plus rien. Ce qui est certain, néanmoins, c’est que la Turquie n’agit à sa guise en Syrie qu’avec l’aval américain. Washington laisse faire ce membre du flanc sud de l’Alliance qui lui sert en Syrie de nouvel agent de sa politique pro-islamiste qui vise à empêcher Moscou de faire totalement la pluie et le beau temps dans le pays et la région. Ankara gêne aussi l’Iran. Bref, ce que fait Erdogan est tout bénéfice pour Washington. Et les Kurdes ne font pas le poids dans ce «Grand jeu»? En conséquence, c’est bien l’Amérique qui dirige toujours et complètement l’Otan. S’il est bien tard pour s’en indigner ou faire mine de le découvrir, il n’est pas trop tard pour se saisir de cette évidence et initier enfin une salutaire prise de distance de l’Europe par rapport à une Alliance qui ne traite nullement ses besoins de sécurité propres.
Il faut que nous ayons aujourd’hui le courage d’en sortir et de dire que l’OTAN ne correspond pas à la défense des intérêts sécuritaires de l’Europe.
Nous restons extrêmement
naïfs. Nous n’avons jamais eu voix au chapitre au sein de l’Alliance pas
plus d’ailleurs depuis que nous avons rejoint le commandement intégré
pour nous faire pardonner notre ultime geste d’autonomie mentale de
2003, lorsque nous eûmes l’audace de ne pas rejoindre la triste curée
irakienne. Il faut que nous ayons aujourd’hui le courage d’en sortir et
de dire que l’OTAN ne correspond pas à la défense des intérêts
sécuritaires de l’Europe et d’ailleurs que l’épouvantail de la prétendue
menace russe est une construction artificielle destinée à paralyser le
discernement des Européens, à les conserver sous tutelle, à justifier
des budgets, des postures, des soutiens résiduels au lieu de construire
enfin une véritable stratégie propre à l’Europe en tant qu’acteur et
cible spécifique stratégique. Je rejoins là notre président. Mais je ne
crois pas du tout que L’OTAN soit en état de mort cérébrale. Il devient
juste clair que ce qui pouvait, aux yeux de bien des atlantistes,
justifier notre alignement silencieux et quasi inconditionnel a vécu.
Trump veut faire payer les Européens pour qu’ils achètent des
armes…américaines et obéissent aux décisions d’intervention américaines
qui ne les concernent pas. Il est temps de ne plus supporter ce chantage
et de sortir de l’enfance stratégique. Nous en avons les moyens. Il ne
manquait que la volonté.
De son côté l’UE peine à définir une politique étrangère commune, croyez-vous la diplomatie européenne encore?
Je
n’y ai jamais cru! Je ne vous rappellerai pas le cruel sarcasme de
Kissinger «L’Europe? Quel numéro de téléphone?» Ce qui est possible,
c’est de faire sauter un tabou ancien qui veut que l’affirmation de la
souveraineté des nations européennes soit antinomique de la puissance
collective et un autre, qui veut que l’élargissement de l’UE ait été
destiné à la rendre puissante et influente. C’est précisément tout
l’inverse. Mais il est trop tard pour regretter cet élargissement
brouillon et non conditionnel stratégiquement. Il faut partir du réel et
le réel, c’est qu’il existe une très grande divergence entre les
intérêts stratégiques américains et ceux des Européens qui doivent se
désinhiber. La France peut prendre la tête de cette libération et
favoriser une conscience collective lucide et pragmatique des enjeux
communs sécuritaires et stratégiques.
Il
faut commencer par une véritable coopération industrielle à
quelques-uns en matière de défense, sans attendre une unanimité
introuvable. Il faut créer des synergies, faire certaines concessions et
en exiger d’autres, et ne plus tolérer la moindre critique de
Washington sur les contributions à une Alliance enlisée dans
d’interminables et inefficaces opérations.
Alors
qu’Emmanuel Macron rentre d’un voyage officiel en Chine, vous écrivez,
«La Chine a émergé tel un iceberg gigantesque». La Chine est en train de
tisser son empire autour du globe, est-elle en train d’imposer son
propre contre modèle à l’Occident?
Pékin
agit très exactement comme Washington et joue l’Europe en ordre
dispersé. Oui le «contre monde» comme je l’appelle est en marche. La
Chine profite du tirage entre Washington et les Européens au fur et à
mesure que les pays européens prennent conscience qu’ils ne comptent
plus pour l’Amérique, mis à part pour justifier un dispositif otanien
contre Moscou et empêcher le rapprochement stratégique avec la Russie
qui seule pourrait donner à l’Europe une nouvelle valeur ajoutée dans le
duo-pôle et triumvirat Washington -Moscou-Pékin. C’est Sacha Guitry je
crois qui disait que les chaînes du mariage sont si lourdes qu’il faut
être trois pour les porter. L’adage est valable pour l’Europe à mais
aussi pour Moscou qui sait combien «le baiser de la mort» chinois peut, à
terme, lui être fatal. L’Europe n’a donc pas encore tout à fait perdu
de son intérêt aux yeux de Moscou même si, en ce qui concerne la France,
la charge affective et historique du lien a été très abîmée. Il me
semble donc que l’initiative française d’une relance d’un «agenda de
confiance et de sécurité» est un pas important dans cette direction
qu’il faut jalonner à bon rythme de réalisations concrètes.
La
guerre commerciale semble être la forme conflictuelle privilégiée par
l’administration de Donald Trump. Les sanctions américaines pleuvent sur
les entreprises chinoises, en Iran, en Russie. La guerre commerciale
devient-elle un des éléments structurant d’un monde Yalta 2.0?
La
fin de l’utopie d’une mondialisation heureuse a permis la résurgence
d’une politique de puissance et d’influence décomplexée. Or le commerce
est l’instrument privilégié de ces relations. Il n’y a qu’en France que
l’on croit encore aux pures amitiés et aux affections qui guideraient
les rapprochements entre États. Attention! Je ne veux pas dire que les
relations personnelles, l’empathie ou l’animosité ne comptent pas, bien
au contraire. Mais ce qui compte dans l’établissement du rapport de
force et dans la consolidation des rapprochements, ce sont les
complémentarités économiques mais aussi culturelles et même
civilisationnelles et surtout la fiabilité de la parole donnée et la
crédibilité interne des dirigeants.
Votre
livre donne un aperçu global de l’état des relations diplomatiques
depuis les cinq dernières années. Le monde depuis 1989, puis 2001 est en
constante restructuration. Le jeu des puissances est mouvant. Quelle
place la France peut-elle occuper dans un monde géopolitique si instable
et imprévisible? Comment peut-on participer à construire une
«coexistence optimale»?
La France doit se voir en grand car elle a de sérieux atouts de puissance et d’influence mais elle n’en use pas à bon escient. Elle se complaît dans la repentance et l’alignement. Notre place dépendra en premier lieu de notre capacité à structurer une vision et un chemin puis dans notre ténacité à défendre nos intérêts et à affirmer nos principes.
Un État puissant est un État sûr, qui sait d’où il vient, n’a pas honte de son passé et embrasse l’avenir avec confiance.
Il
nous faut effectuer un tournant pragmatique en politique étrangère et
en finir avec l’idéologie néoconservatrice. Celle-ci a dramatiquement
vérolé toute une partie de notre administration et de nos élites qui ne
savent plus ce qu’est l’intérêt national. La France est toujours une
puissance globale. Plus que nombre d’autres. Simplement, elle doit
retrouver une économie florissante, restructurer son industrie, remettre
son peuple au travail autour d’un projet de prospérité lié à l’effort
et non à l’incantation. Un État puissant est un État sûr, qui sait d’où
il vient, n’a pas honte de son passé et embrasse l’avenir avec
confiance.
La Russie de Vladimir
Poutine s’est imposée aux puissances occidentales comme un acteur majeur
des relations géopolitiques. Son attitude sur la crise syrienne incarne
ce positionnement dans l’échiquier mondial. La Russie peut-elle être un
allié «fréquentable» des puissances européennes? La distance entre les
Européens et les Russes en termes de politique internationale est-elle
encore légitime?
La Russie est tout à fait fréquentable. La diabolisation infantile à force d’être outrancière, dont elle fait l’objet chez nous, nous ridiculise et surtout la conforte dans une attitude de plus en plus circonspecte envers ces Européens qui ne savent plus penser ni décider par eux-mêmes.
L’UE doit se projeter vers l’Union Économique Eurasiatique (UEE) et nouer avec elle de très solides partenariats.
En
30 ans, la Russie a vécu le pire durant les années 90 puis a entamé
sans violence une remarquable reconstruction nationale. Tout n’y est pas
parfait, mais pouvons-nous réellement donner des leçons et nous
imaginer être encore pris au sérieux après les sommets de cynisme
démontrés dans nos propres ingérences étrangères, avec les résultats que
l’on sait? C’est là une posture qui sert essentiellement à se
défausser, à ne pas aller de l’avant notamment sur les dossiers où nous
pourrions et aurions tout intérêt à tendre la main à la Russie:
sanctions, Ukraine Syrie, Libye, Union économique eurasiatique (UEE),
etc… Sur ce dernier point, il faut nous montrer un peu plus lucides et
anticipateurs que sur les Nouvelles Routes de la Soie sur lesquelles nos
diplomates ironisaient il y a encore quelques années. L’UE doit se
projeter vers l’Union Économique Eurasiatique (UEE) et nouer avec elle
de très solides partenariats. Je souhaite de tout cœur que la récente
inflexion imprimée par notre président à la relation franco-russe après
une sombre et triste période, passe rapidement dans les faits et que
nous soyons le maillon fort d’une nouvelle ère collaborative,
intelligente et humaine entre la Russie l’Europe.
La solution diplomatique peut-elle encore jouer un rôle dans le dossier syrien?
Une solution diplomatique ne peut exister que si l’on a atteint un équilibre militaire acceptable. La Syrie doit d’abord recouvrer son intégrité territoriale. Après les Syriens décideront de ce qu’ils souhaitent politiquement pour leur pays.
Nous avons eu tout faux sur le dossier syrien.
Notre
implication a été si humainement et politiquement désastreuse qu’il est
impossible de prétendre encore pouvoir décider du sort de ce pays à la
place de son peuple. Évidemment, la guerre n’est pas finie. Il y a
encore des dizaines de milliers de djihadistes fondus dans la population
civile d’Idlib. Il y a la Turquie, la Russie et l’Iran qui consolident
dans un vaste marchandage leurs influences respectives. Et il y a tous
les autres acteurs régionaux et globaux qui cherchent à tirer leur
épingle du jeu et à faire oublier leurs méfaits. Nous avons eu tout faux
sur le dossier syrien. Je l’ai assez expliqué, démontré et je
n’épiloguerai pas. J’en parle abondamment dans mon recueil. Il est trop
tard pour pleurer mais sans doute pas pour faire amende honorable,
intégrer le processus d’Astana et son actuel dérivé – le Comité
constitutionnel en cours de formation à Genève. Cela aussi, nous le
devons à l’approche diplomatique inclusive et non idéologique de Moscou,
ne nous en déplaise. Essayons, pour une fois, d’être intelligents et
d’avancer pour que le peuple syrien sorte au plus tôt de son
interminable martyr.
Les grandes manœuvres internationales en Syrie Major international manoeuvres in Syria
Le président turc Recep Tayyip Erdogan rencontrera le président russe Vladimir Poutine à Moscou le 23 janvier pour tenter de rétablir la politique turque de la Turquie.
Poutine veut que le gouvernement syrien prenne le contrôle de l’est de la Syrie, et finalement du pays tout entier, après le retrait des troupes américaines.
La priorité d’Erdogan est que les Unités de protection du peuple, qui forment le noyau des Forces démocratiques syriennes (SDF) soutenues par les États-Unis, ne concluent pas un accord avec Damas qui donne un second souffle à la force kurde syrienne après le départ des forces américaines …
À Damas, les relations avec le monde arabe sont une nouvelle mauvaise nouvelle pour la Turquie, qui a déjà du mal à faire face au changement rapide des rapports de force en Syrie », écrit Semih Idiz.
« Si le président Bashar al-Assad est de retour parmi les Arabes, comme beaucoup l’espèrent, ce sera le dernier clou de la politique d’Ankara en Syrie, qui a été minée par des erreurs de jugement, des suppositions erronées et des attentes trop ambitieuses ».
«Alors que des pays comme le Soudan, les Émirats arabes unis, Bahreïn, l’Égypte, la Jordanie, l’Iraq, le Liban et la Tunisie se rallient pour la normalisation des relations avec la Syrie – et beaucoup s’attendent à ce que l’Arabie saoudite finisse par les rejoindre – Ankara pourrait se retrouver face à un parti arabe anti-turc. un bloc auquel on ne s’attendait pas », ajoute Idiz.
« Un tel bloc pourrait également compliquer les projets de la Turquie d’entrer dans le nord de la Syrie pour débarrasser la ville de Manbij et les territoires situés à l’est de l’Euphrate des Unités de protection du peuple kurde… surtout maintenant que Damas a déclaré son opposition à cette incursion. » .. Erdogan fait face à des choix difficiles à venir à Idlib et Manbij. Idlib pourrait être « un atout de poids pour Ankara dans le cadre d’un éventuel accord avec la Russie », écrit Kirill Semenov.
«Moscou et le régime syrien ont voulu lancer une opération militaire contre HTS [Hayat Tahrir Al Sham (lié à al-Qaïda)] sans que les modérés ne s’opposent. Les groupes modérés ont maintenant disparu. »..
Le cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, émir du Qatar, a braqué les projecteurs à Beyrouth le 20 janvier, capitalisant sur les querelles arabes sur la Syrie pour remporter le premier siège du sommet économique arabe. Jusqu’à huit chefs d’Etat auraient dû participer au sommet, mais les tensions libanaises et régionales sur le rôle de l’Iran au Liban et le retour éventuel de la Syrie dans la Ligue arabe n’ont amené que les présidents somalien et mauritanien à déclarer qu’ils feraient le voyage en Iran. Beyrouth, avec d’autres participants présents au niveau ministériel. Ensuite, Cheikh Tamim a annoncé qu’il dirigerait la délégation de son pays. D’un coup, le Qatar est de retour dans le jeu, en Syrie et au Liban, aux dépens de l’Arabie saoudite, alors que Riyad continue de se sentir mal après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi , écrit Bruce Riedel cette semaine
Turkish President Recep Tayyip Erdogan will meet Russian President Vladimir Putin in Moscow on Jan. 23 to try to reset Turkey’s flailing Syria policy.
Putin wants the Syrian government to take control of eastern Syria, and eventually the entire country, following the withdrawal of US troops.
Erdogan’s priority is that the People’s Protection Units, the core of the US-backed Syrian Democratic Forces (SDF), do not cut a deal with Damascus that gives the Syrian Kurdish force a second wind after US forces leave…
“The apparent thaw in Damascus’ relations with the Arab world is more bad news for Turkey, which is already having a difficult time coping with the rapid change in the balance of power in Syria,” writes Semih Idiz.
“If President Bashar al-Assad is welcomed back to the Arab fold, as many expect, it will be the final nail in the coffin of Ankara’s Syria policy, which has been plagued with misjudgments, false assumptions and overambitious expectations from the start.”
“As countries like Sudan, UAE, Bahrain, Egypt, Jordan, Iraq, Lebanon and Tunisia line up to favor the normalization of ties with Syria — and many expect Saudi Arabia to join them eventually — Ankara could end up facing an anti-Turkish Arab bloc it never expected,” adds Idiz.
“Such a bloc could also complicate Turkey’s plans to enter northern Syria to clear the town of Manbij and territories east of the Euphrates River from the Kurdish People’s Protection Units … especially now that Damascus has declared its opposition to this incursion.”.. Erdogan also faces difficult upcoming choices in Idlib and Manbij. Idlib could be a “bargaining chip for Ankara in a potential deal with Russia,” writes Kirill Semenov.
“Moscow and the Syrian regime have wanted to launch a military operation against HTS [al-Qaeda-linked Hayat Tahrir Al Sham] without the moderates in the way. The moderate groups are gone now.”..
Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani, the emir of Qatar, seized the spotlight in Beirut on Jan. 20, capitalizing on Arab squabbling over Syria to take the first seat at the Arab economic summit. The summit was supposed to have included up to eight heads of state, but Lebanese and regional tensions over Iran’s role in Lebanon, and Syria’s possible return to the Arab League, led to only the presidents of Somalia and Mauritania saying they would make the trip to Beirut, with other participants attending at the ministerial level. Then Sheikh Tamim announced he would lead his country’s delegation, and in one stroke, Qatar was back in the game, on Syria and in Lebanon, at the expense of Saudi Arabia, as Riyadh continues to find its footing after the murder of journalist Jamal Khashoggi, as Bruce Riedel writes this week
Le président russe Vladimir Poutine tentait lundi de lever les réticences de son homologue turc Recep Tayyip Erdogan concernant l’offensive que compte lancer le régime de Bachar al-Assad, avec l’aide de l’armée russe, à Idleb, dernier bastion rebelle de Syrie.
La rencontre entre les deux chefs d’Etat, dont les pays sont des acteurs-clefs du conflit syrien, a commencé peu avant 12H00 GMT dans la station balnéaire de Sotchi, sur la mer Noire.
Elle intervient moins de deux semaines après leur sommet avec le président iranien Hassan Rohani à Téhéran, où leurs divergences étaient apparues au grand jour, poussant la Russie à repousser l’offensive d’Idleb pour éviter une rupture avec Ankara.
« Nous avons beaucoup de sujets à discuter et certains d’entre eux sont difficiles », a déclaré M. Poutine, en accueillant son homologue turc à Sotchi. « Je suis ravi de vous voir non seulement pour échanger nos avis, mais aussi pour chercher des solutions là où elles n’ont pas encore été trouvées », a-t-il souligné.
Pour sa part, M. Erdogan a estimé que cette rencontre se solderait par une déclaration incarnant « un nouvel espoir » pour la région, sans plus de précisions.
Plus fidèle allié de Bachar al-Assad, la Russie semble pressée d’en finir avec la rébellion syrienne et était le plus fervent avocat d’un assaut d’ampleur sur Idleb lors du sommet de Téhéran.
Si la Turquie soutient pour sa part les rebelles syriens, la province d’Idleb est contrôlée à 60% par le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS), composé notamment de l’ex-branche d’Al-Qaïda en Syrie et considéré comme un groupe « terroriste » par Ankara.
« La situation est tendue avec Idleb », a reconnu lundi le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, cité par l’agence de presse russe Ria Novosti, évoquant des « différences d’approche » entre les deux pays sur le sort de ce dernier fief de l’opposition armée au président Bachar al-Assad.
Depuis le sommet de Téhéran, d’intenses tractations ont donc eu lieu entre Turcs et Russes pour tenter de parvenir à un compromis, l’objectif principal pour Ankara étant de parvenir à neutraliser le HTS tout en évitant le lancement d’une vaste offensive.
– Diminution des bombardements –
L’enjeu est double pour la Turquie : Ankara veut d’une part éviter un nouvel afflux de réfugiés syriens provoqué par une offensive d’envergure, alors que le pays a déjà accueilli plus de trois millions de Syriens depuis le début du conflit.
D’autre part, la Turquie s’inquiète du sort de centaines de soldats turcs déployés dans douze postes d’observation établis à Idleb pour veiller au respect de la « désescalade » mise en place par le processus d’Astana, entamé en janvier 2017, ainsi que des groupes de rebelles syriens « modérés » qu’elle soutient.
Dimanche, la Turquie a envoyé des renforts militaires, composés essentiellement de chars et d’autres équipements militaires, vers l’un de ses postes d’observation dans la province d’Idleb, selon le quotidien Hürriyet.
Début septembre, le régime de Damas et l’aviation russe avaient multiplié les bombardements sur Idleb pendant plusieurs jours, mais les frappes ont diminué d’intensité la semaine dernière.
« Ce qu’on présente en ce moment comme le début d’une offensive des forces syriennes soutenue par la Russie n’est pas une représentation fidèle des faits », a déclaré la semaine dernière le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, à l’occasion d’une visite à Berlin.
« Nous travaillons activement avec nos partenaires turcs pour régler la situation à Idleb », a-t-il ajouté, précisant que la Russie fera tout « pour s’assurer que la population civile ne souffre pas ».
La Syrie est déchirée depuis 2011 par une guerre qui a fait plus de 360.000 morts. L’intervention en septembre 2015 de l’armée russe aux côtés du régime syrien a changé le cours de la guerre et permis au régime de remporter d’importantes victoires militaires.