Les membres du Conseil d’Administration se joignent à moi pour vous présenter tous nos meilleurs vœux pour cette nouvelle année.
Lors du dernier conseil, nous avons pour l’année 2018 décidé de mener deux actions qui nous apparaissent essentielles pour la sauvegarde de l’amitié entre la France et la Syrie.
La première concerne la réouverture d’une antenne consulaire à Damas.
En effet depuis la suspension des relations diplomatiques toutes les affaires sont traitées par le Consulat de France à Beyrouth.
Or de nombreux français ou Franco-Syriens résidant en Syrie et particulièrement à Damas ont besoin de recourir aux services consulaires pour leurs démarches administratives.
Il serait utile qu’ils puissent bénéficier de ces services à Damas sans être obligés de se rendre à Beyrouth par des routes qui ne sont pas encore entièrement sécurisées.
Au-delà de cet aspect pratique, cela serait un premier pas vers le rétablissement de relations diplomatiques dont la France et la Syrie ont tant besoin au service de la paix.
A l’heure où le gouvernement français semble prendre conscience de la nécessité de négocier avec le gouvernement syrien pour faire avancer le processus de paix, il apparait hautement souhaitable qu’à minima soit rétablie une antenne consulaire.
Dans ce but nous entreprendrons toute démarche propre à convaincre le Gouvernement français.
Mais ce n’est pas tout.
Le Conseil d’administration a également décidé de mener des actions en vue de suspendre l’embargo sur les produits de première nécessité vis-à-vis de la Syrie.
Une telle décision serait de nature à faire en sorte que nos amis syriens voient leur vie s’améliorer.
Il existe notamment une pénurie de médicaments qui entraine des souffrances accrues pour les Syriens qui doivent pouvoir après 6 ans et demi de guerre, bénéficier non seulement d’un accès aux soins, mais également d’un légitime accès à tout produit de première nécessité.
Prendre une telle décision permettrait de rendre justice à un peuple qui a tant souffert de cette guerre et qui a fait les frais d’une politique internationale pour le moins ambigüe.
C’est ainsi que nous allons mener ces actions de concert avec le Groupe d’amitié France-Syrie du Sénat représenté par notre ami le Sénateur Jean-Pierre Vial membre d’honneur de notre association qui, de son côté, mène de telles actions.
Cela ne sera pas chose facile, mais nous considérons qu’il est impérieux qu’elles soient tentées sinon le but même de notre association en serait ébranlé.
Au-delà de ces actions capitales et humanitaires, nous souhaiterions que nos adhérents se manifestent en nous renvoyant le présent éditorial dument signé accompagné de vos témoignages sur l’avantage de pouvoir disposer d’une antenne consulaire à Damas et sur les conséquences de l’embargo sur les produits de première nécessité.
Nous vous en remercions de votre soutien et souhaitons vous voir nombreux lors de notre prochaine assemblée générale dont la date vous sera communiquée sous peu.
ARTICLE SÉLECTIONNÉ DANS LA MATINALE DU 13/11/2017
édition abonné Le Monde
En Syrie par temps de guerre 1|3. Dans une série de trois articles, « Le Monde » évoque la vie quotidienne dans la capitale syrienne, où la population veut croire à la fin de la guerre et des privations.
LE MONDE | • Mis à jour le | Par Laure Stephan (Damas, envoyée spéciale)
Ce reportage a été réalisé à la mi-septembre en présence d’un jeune employé du ministère de l’information, comme c’est la règle pour la plupart des journalistes étrangers amenés à séjourner en Syrie dans les zones sous contrôle gouvernemental.
En contrebas de la grande mosquée des Omeyyades, la terrasse du café Al-Nawfara, que l’on dit être le plus ancien de Damas, ne désemplit pas. Des jeunes fument le narguilé, pianotent sur leurs smartphones, boivent un café. Plus à l’est dans la vieille ville, vers Bab Touma, l’une des sept anciennes portes de la ville, des adolescents en uniforme scolaire bavardent et rient, en petits groupes. C’est la mi-journée, les classes viennent tout juste de se terminer. Au loin, des bombardements se font entendre, sporadiques, puis plus fréquents.
Visage impassible, une mère marche main dans la main avec son enfant, des écoliers montent dans le minibus qui les ramène chez eux. Aucun des hommes assis devant une petite boutique voisine de l’école ne tourne le regard vers le lieu des frappes. « Cela fait si longtemps, nous nous sommes habitués » ; « c’est loin » ; « les temps ont été bien plus difficiles, aujourd’hui ce n’est rien», nous confieront les Syriens croisés au cours de ce séjour d’une semaine à Damas.
Les bruits d’artillerie, isolés mais quotidiens, proviennent de la Ghouta orientale, une vaste enclave rebelle en lisière de la capitale syrienne, mais plus personne ne s’en inquiète vraiment. Porte d’entrée, le quartier de Jobar, dont le contrôle reste disputé entre le régime et les combattants anti-Assad, se trouve à moins d’un kilomètre des faubourgs est de la vieille ville. Les frappesdes forces progouvernementales et les combats ont baissé d’intensité depuis qu’un processus de « désescalade » a été mis en place en juillet par la Russie, dans la Ghouta orientale. La trêve exclut les djihadistes de l’ex-Front Al-Nosra, lié à Al-Qaida. En septembre, un regain de violence a été enregistré dans cette zone, l’un des derniers fiefs rebelles de la région.
Les habitants sont conscients de leur « chance »
Si les tirs d’obus sur la ville sont moins fréquents, la menace demeure bien présente. A plusieurs reprises, durant notre séjour, plusieurs s’abattront sur des secteurs sous contrôle loyaliste. Un matin, un quotidien gouvernemental annonce un mort et plusieurs blessés dans le quartier de Douela, en attribuant les tirs aux « terroristes » de la Ghouta orientale. Si ces tirs entretiennent un sentiment de vulnérabilité chez les Damascènes, leur peur n’a rien à voir avec celle qu’ils ont connue dans les années 2013-2015, lorsqu’ils pouvaient à tout moment périr sous un obus de mortier. Damas se sent-elle encore une ville en guerre ? « C’est plutôt la capitale d’un pays en guerre », juge Abou Qassem, un commerçant loyaliste.
Les habitants ont conscience de leur « chance » par rapport à ceux d’Homs ou d’Alep, meurtries par les combats. Mais, derrière la normalité apparente du trafic automobile et des magasinsouverts, le conflit demeure omniprésent, que ce soit au travers du fracas intermittent des explosions, ou des barrages militaires. « Ils sont bien moins nombreux », souligne pourtant unhabitant, en décrivant les embouteillages de l’année passée. Des checkpoints quadrillent toujours les abords de la capitale, ses principaux axes, ainsi que les entrées des divers quartiers.
Des photos du président Bachar Al-Assad, en civil ou en tenue militaire, les mêmes que celles qui ornent les commerces, y sont affichées, parfois aussi des posters glorifiant l’armée. Un chauffeur de taxi se lamente de l’attente causée par le contrôle des papiers d’identité ou des véhicules ; il essaie d’emprunter la « file militaire » avant de se faire éjecter par un garde. En quelques jours, le rituel devient vite familier : deux coups secs donnés par l’homme en uniforme sur le coffre de la voiture ; après inspection, c’est le feu vert pour reprendre la route.
Une amélioration de la sécurité
A l’un de ces barrages, près de l’enclave de la Ghouta, deux pick-up chargés de combattants en treillis passent en trombe. Sur un mur, on peut lire ce slogan sans équivoque : « Assad ou personne ». En longeant les abords de Jobar se dressent bientôt des immeubles éventrés, aux façades noircies par les flammes, un infime indice du niveau de destruction à l’intérieur de la zone insurgée, pilonnée depuis des années par les aviations syrienne et russe. Les récits des nombreux déplacés ayant fui le secteur viennent rappeler la violence des combats. S’ils ne sont plus retournés sur place, ils ont appris, d’une manière ou d’une autre, que leur maison était désormais à terre.Mais c’est une réalité parallèle, un autre monde, à la fois proche et lointain.Collé à Jobar, un marché aux légumes continue de fonctionner côté loyaliste.
Damas a changé. Des places ont été rabotées, des rues interdites, des rangées de blocs de béton entourent ministères et administrations militaires. Il faut dire que plusieurs attentats majeurs ont secoué la ville depuis 2011. Le dernier en date, le 11 octobre, a fait deux morts et six blessés selon un bilan officiel : trois kamikazes ont tenté d’assaillir le quartier général du commandement de la police. Pris sous le feu des gardes en faction, ils se sont fait exploser avant de pénétrer dans le bâtiment.
LE COÛT DES LOGEMENTS A BONDI. CELUI DES TRANSPORTS AUSSI. CÔTÉ NOURRITURE, TOUT A DÉCUPLÉ
Quelques jours plus tôt, le 2 octobre, un autre attentat avait visé un commissariat de police du quartier de Midane, faisant au moins dix-sept morts, en majorité des membres des services de sécurité. L’attaque a été revendiquée par l’organisation Etat islamique, encore présente à Yarmouk, un faubourg occupé autrefois par un camp palestinien. Au pic du conflit, il y avait même des enlèvements en ville. « Mais la sécurité s’est améliorée », assure-t-on avec soulagement, comme pour conjurer le passé.
Les Damascènes parlent bien plus volontiers, et plus spontanément, de leurs difficultés quotidiennes à joindre les deux bouts. Le salaire mensuel moyentourne autour de 30 000 livres syriennes (environ 49 euros). Le coût des logements a bondi. Celui des transports aussi. Côté nourriture, tout a décuplé. « Chaque classe sociale est descendue d’un étage, constate un employé d’une association caritative du quartier de Midane. La classe moyenne s’est appauvrie, et les pauvres sont encore plus pauvres. » Il note toutefois un léger mieux : son association a suspendu, à la fin de l’été, l’aide d’urgence, qui consistait à distribuer des repas aux indigents.
80 % des Syriens sous le seuil de pauvreté selon l’ONU
Situé dans le sud de Damas, Midane est connu pour les pâtisseries orientales de sa rue commerçante. Classes moyenne et populaire se côtoient dans cette partie de la ville où les maisons sont basses, et les mosquées d’époque mamelouke ou ottomane. Le soir, dans une odeur de fleur d’oranger et de sucre, les gourmands y dégustent des gâteaux. Mais les commerçants se plaignent : d’après eux, les affaires tournent au ralenti. Pour beaucoup de Syriens, la vie demeure un combat, un défi au jour le jour qui oblige à se contenter du minimum. « Avant la crise, chaque famille de Midane pouvait se permettre 2 kilos de viande par semaine. Par les temps qui courent, c’est bien si un foyer parvient à acheter un kilo par mois », résume l’employé humanitaire.
Selon l’ONU, plus de 80 % des Syriens vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, contre 28 % avant le conflit. Samira Badawiyé, 53 ans, en fait partie. La maison dans laquelle elle vit, près d’un marché aux légumes, surprend par son état de délabrement. Elle a pourtant dû avoir du cachet, cette demeure ancienne… Ses vitres sont cassées, ses murs décrépis, l’ensemble semble pouvoir s’effondrer à tout moment. Au premier étage, du linge pend aux fenêtres. C’est là que vit cette mère de quatre enfants. Elle a fini par trouver refuge dans cet appartement qui appartenait à ses parents.
ABANDONNÉE PAR SON MARI AU DÉBUT DE LA GUERRE, SAMIRA TENTE DE SURVIVRE EN S’ENDETTANT ET REMBOURSE SES DETTES AVEC CE QUE GAGNE SON FILS DE 19 ANS
En juillet 2012, ce mois où la rébellion a semblé sur le point de percer vers le centre de la capitale, elle s’était enfuie du quartier de Yarmouk, théâtre de violents affrontements. « J’ai passé une année à avoir peur la nuit pour mes enfants, raconte-t-elle. Il y avait des bombardements sur les quartiers voisins. A l’été 2012, on entendait que l’Armée [syrienne]libre allait attaquer. Daech [l’acronyme arabe de l’organisation Etat islamique] n’existait pas encore. » Le groupe djihadiste, qui s’est emparé de la majorité du camp de Yarmouk en 2015, y est toujours présent, et Samira Badawiyé ne veut plus y remettre les pieds. Tout cela, pour elle, c’est du passé : « Les gens disent que tout le quartier où l’on vivait a été détruit. »
Abandonnée par son mari au début de la guerre, elle tente de survivre en s’endettant et rembourse ses dettes avec ce que gagne son fils de 19 ans, tailleur occasionnel. Il a quitté l’école et, même si la paix venait demain, il ne reprendrait pas les cours. « Il est le seul homme, insiste Samira. Il faut bien qu’on vive. » A la dernière rentrée scolaire, elle a hésité à inscrire ses deux cadettes, faute d’argent pour les fournitures. « Et puis je me suis dit : peut-être qu’elles deviendront fonctionnaires plus tard. Alors, je les ai tout de même inscrites. »
Malgré le dénuement dans lequel elle survit, Samira s’efforce de bien recevoir ses hôtes. Elle prépare un café en louant la générosité de ses voisins. Dans le salon, un baby case est posé par terre, celui de sa petite-fille, née voici quelques mois, qui dort à poings fermés. Le mari de sa fille aînée est soldat démineur, il a droit chaque mois à une permission de trois jours. « Il a déjà été blessé cinq fois », se désole-t-elle.Aux dernières nouvelles, il a été envoyé sur le front d’Idlib,dans le nord du pays, où les armes continuent de se déchaîner.
La société est composée de très riches et de très pauvres
Dans la rue, près d’étals de tomates, d’aubergines ou de gombos, Mayada Ayoub, 47 ans, décrit, elle aussi, un quotidien de privations. A l’entendre, la société est « désormais composée de très riches et de pauvres ». Elle-même s’en sort grâce à l’argent envoyé par ses deux filles parties en Allemagne, l’une avant la guerre, l’autre après. Son mari, combattant d’une faction palestinienne à Yarmouk, est décédé. Mayada Ayoub met un point d’honneur à aider également sa nièce, malade, et ses neveux, pour les dépenses scolaires et sanitaires. Dans un sachet, elle montre des médicaments achetés à la pharmacie. « Ils viennent d’Iran, confie-t-elle, on m’a dit que c’était bien, et pas trop cher. » Derrière son comptoir, Loubna, la pharmacienne, confirme : « J’ai tout un rayon de médicaments en provenance d’Iran, dont les psychotropes et les antidouleurs. On continue à vendre de tout, mais il y a une hausse des tranquillisants et des somnifères. »
QU’ILS DÉFENDENT LE POUVOIR OU LE CRITIQUENT, LA PLUPART DESINTERLOCUTEURS DÉPLORENT LES SANCTIONS, QUI ONT SURTOUT NUI À LA POPULATION
Avant le conflit, la Syrie disposait d’une importante industrie pharmaceutique. Depuis, de nombreuses usines ont été détruites ou endommagées, et la production entravée par les difficultés à importer les matières premières, en raison des sanctions américaines et européennessur les transferts financiers. Les Syriens ont dû composer avec les pénuries de médicaments. Ceux de fabrication occidentale restent chers. D’autres, trafiqués en contrebande, sont dangereux.
Qu’ils défendent le pouvoir ou le critiquent, la plupart desinterlocuteurs déplorent ces sanctions. Censées punir le régime, pour sa répression des manifestations des premiers mois de la révolte en 2011, et affaiblir le pouvoir, elles ont surtout nui à la population, première victime de l’inflation et des pénuries. C’est aussi le point de vue de plusieurs organisations humanitaires internationales présentes en Syrie. D’autant que les profiteurs de guerre ont réalisé, eux, de juteux bénéfices grâce à la contrebande et au marché noir.
Sur les étagères de la pharmacie de Loubna, on trouve aussi des boîtes de lait pour enfants, ainsi que des paquets de couches fabriquées en Syrie. Des produits déjà coûteux en temps ordinaire. Loubna connaît des mères obligées de diminuer la quantité de lait donnée aux enfants, ou de le remplacer par du riz et de l’eau. Certains parents, pour faire face aux difficultés économiques, multiplient les métiers. Ainsi, de nombreux chauffeurs de taxi travaillent en pantalon de treillis : ce sont des soldats qui profitent des périodes de permission pour gagner un peu d’argent. « La solde n’est pas assez bonne, il faut bien que je fasse vivre ma famille », explique l’un d’eux. Lorsqu’il n’est pas au volant de son vieux taxi jaune, il se bat dans la région de Palmyre.
Une reprise économique attendue
D’un bout à l’autre de Damas, la guerre a fait voler en éclats les habitudes. Elle a tout envahi, même les squares : dans les boutiques de jouets, au milieu des ballons et des poupées, on vend des panoplies en plastique avec arme, gilet pare-balles et casque. « La vie continue », vous répète-t-on, mais l’incertitude du lendemain est devenue le lot commun, et il faut apprendre à faire comme si… « On vient au bureau d’un pas affairé, témoigne un entrepreneur, comme si on était débordés, alors qu’on ne travaille peut-être qu’une heure ou deux. Mais on en a besoin, pas seulement financièrement, mais pour continuer, pour le moral. » L’une de ses usines, dans les environs de Damas, est en ruine. Prudent, il dit sentir venir, depuis la reprise des quartiers rebelles d’Alep par les forces progouvernementales, en décembre 2016, le « début de la fin [de la guerre] ».
Mohammed Ghassan Al-Qallaa, président de la chambre de commerce de Damas et responsable de la fédération des chambres de commerce syriennes, ne donne pas de chiffres sur les dégâts subis par son secteur. Il s’en tient à des généralités, soulignant à quel point toute l’activité économique a été touchée. « Les régions industrielles ont été bombardées, des usines vendues en pièces détachées. » Commerçants et industriels ont également souffert des sanctions.« Mais les Syriens sont inventifs, ajoute-t-il. On trouve tout sur le marché. Prenez l’électroménager, ça se faisait déjà avant la crise, mais la pratique a augmenté : on importe les moteurs et on fabrique sur place. »
LA TENUE DE LA FOIRE INTERNATIONALE DE DAMAS CET ÉTÉ LAISSE ENTREVOIR UN FRÉMISSEMENT, MAIS PAS ENCORE LA FIN DE LA GUERRE
La « crise » est l’un des mots qu’il utilise, au même titre que les « événements », pour décrire la situation du pays depuis 2011. M. Al-Qallaa énumère les difficultés : la production de blé qui, avant-guerre, garantissait à la fois l’autosuffisance et les exportations, a été divisée par quatre ; les entrepreneurs contraints de mettre la clé sous la porte ; les industriels partis après la destruction de leur usine… En fouillant dans le passé, il cherche des raisons de croire à la renaissance de la Syrie : « Durant la première guerre mondiale, il y a eu un flux d’émigration vers les Amériques. Le pays a continué. »
Les décideurs se sont réjouis de la tenue de la Foire internationale de Damas cet été. Une première depuis six ans. L’événement, présenté comme un signe du retour à la normale, a attiré des visiteurs étrangers : Russes, Chinois, Indiens, Egyptiens. Il faut y voir un frémissement, mais pas encore la fin de la guerre. « Il faudra quelques années pour que les opérations militaires se terminent. Puis la vie économique reprendra, et même mieux qu’avant », veut croire M. Al-Qallaa. Les profiteurs de guerre, enrichis grâce à toutes sortes de trafics, figureront alors en bonne place de cette reprise. Qui sont-ils ? Des « privilégiés », des « nouveaux riches », dit-on, sans avancer de nom, en affirmant volontiers que « tout le monde les connaît ». « Le plus important pour l’économie, ce n’est pas la source de l’argent, mais le fait qu’il ne reste pas dans des coffres et circule », dit M. Al-Qallaa.
A quelques rues de là, Sonia Khandji Cachecho, chef d’entreprise et membre du conseil d’administration de la chambre de commerce de Damas, ne cache pas son émotion lorsque nous la rencontrons, dans son bureau en rez-de-chaussée. L’une de ses proches a été tuée par une roquette aux abords de la Foire internationale. Tout en exprimant sans détour son dégoût pour ceux qui se sont enrichis sur le dos des autres, elle se veut pragmatique : « C’est le lot de toute guerre »,assure-t-elle.Le sort subi par certains professionnels la met en colère: « Les petits entrepreneurs se sont appauvris, ils sont sortis du jeu, ont choisi l’exil, non pas pour des raisons politiques, mais parce qu’ils ne possèdent plus rien, parce qu’on leur a tout détruit. Leurs espoirs, leurs possessions, leur histoire familiale. » Si l’idée de partir lui a traversé l’esprit, elle a fini par l’écarter. « Il reste une vie solidaire ici, malgré toute cette guerre qui a détruit beaucoup de l’âme des Syriens. »
Des jeunes dandys en terrasse
Le soir, l’animation ne faiblit pas dans le quartier d’Al-Hboubi. Le long d’un axe commercial, les passants flânent devant les vitrines de boutiques d’habillement. Dans d’autres rues alentour, les volets de petits immeubles aux entrées fleuries de bougainvilliers et de jasmins, restent fermés. Aucune lumière n’en filtre. Leurs habitants ont-ils quitté les lieux ? Damas est devenu le carrefour d’un vaste chassé-croisé, entre exilés (5 millions de Syriens ont fui le pays) et déplacés (6 millions sur l’ensemble du pays).
UN 4 × 4 RUTILANT FREINE DEVANT L’UN DE CES ENDROITS À LA MODE, INACCESSIBLES POUR UNE MAJORITÉ DE SYRIENS. QUI SONT-ILS ? QUE LEUR VAUT CE PRIVILÈGE ?
De jeunes dandys se retrouvent sur une place, des filles rient en les dévisageant. Les terrasses des cafés branchés sont bondées, on fume le narguilé, on boit du café. Un 4 × 4 rutilant freine devant l’un de ces endroits à la mode, inaccessibles pour une majorité de Syriens. Un chauffeur en pantalon de treillis en descend pour ouvrir la porte aux passagers. Qui sont-ils ? Que leur vaut ce privilège ? La clientèle s’anime alors que les écrans transmettent un match de football. Autant de moments volés à la morosité et à la dévastation. Une affiche célèbre les « Aigles de Qassioun », l’équipe nationale, qui a finalement raté de peu la qualification pour le Mondial de 2018.
Au restaurant Naranj, table réputée de la vieille ville, deux enfants s’installent sur la terrasse pour épier la noce dans la douceur du soir : la mariée, une couronne posée sur ses longs cheveux, danse entourée des invités, au rythme d’une musique enivrante. Autrefois, ce restaurant était l’une des adresses favorites de Bachar Al-Assad. Malgré la guerre, l’endroit n’a jamais fermé ses portes. « Au plus fort de la crise, les mariages se faisaient dans l’après-midi », se souvient le père Youssef, chargé d’enregistrer les mariages au patriarcat orthodoxe. « Depuis quelques mois, nous accueillons plus de mariages ou d’anniversaires, confirme Mirna Meda, gérante d’un hôtel voisin, le Beit Zaman. Les gens ont envie de vivre des moments de joie. »
L’établissement, lui aussi, est toujours resté ouvert. Les touristes d’avant la guerre ont été remplacés par des journalistes, des employés d’ONG… « On a pesé le pour et le contre, se souvient la gérante. Et puis on a décidé de continuer. C’était une manière de garder espoir et de résister. » Peu importe que des employés soient partis, que sa fille ait émigré en Allemagne… Mirna Meda est restée avec son fils. A ses heures libres, elle photographie pour son aînée les rues de Damas. Quand les bombardements font trembler les vitres qui donnent sur le patio de l’hôtel, elle ne s’en émeut même pas. Sa conviction est faite : si la bataille de la Ghouta orientale finit, « la vie sera plus facile : plus de travail, moins de barrages, la peur qui s’éloigne ».
Des futures mariées au souk de la soie
A l’autre extrémité de la vieille ville, au souk de la soie, une robe de mariée est présentée sur un mannequin à l’entrée d’une impasse. « On vit dans la crise et dans la guerre, mais malgré cela, tout continue. C’est le génie syrien : la capacité d’adaptation », assure le vendeur, Mohamed Ghanem Geha. Dans sa vie d’avant, M. Geha travaillait en Libye. Il a quitté ce pays en 2011, quand une partie la population a commencé à se soulever contre le régime du colonel Kadhafi, puis il s’est lancé dans la mécanique auto, à Jobar. Ensuite, il a fui les combats pour se rendre en zone loyaliste et changer de métier. Le voici maintenant qui montre des modèles de robes blanches pour les mariées, ou de couleur pour les fiancées.Les tenues sont à vendre, ou à louer si l’argent manque. Il arrive à M. Geha d’habiller des jeunes femmes qui célèbrent leurs noces seules avec les deux familles, avant de rejoindre leur mari à l’étranger.
« Avant la guerre les mariages réunissaient les familles pendant trois ou quatre jours. Maintenant, chacun est dans sa région, c’est impossible »
Doha
« C’est une chance de se marier, car il n’y a pas de travail et beaucoup d’hommes manquent », assure Riham, sidérée par les prix de la lingerie et des chaussures à talon. Cette jeune fille de 20 ans fait les magasins avec sa mère. Elles ont prévu de louer une salle pour le mariage. Plus loin, une autre cliente, une étudiante de 23 ans prénommée Doha, compte les jours avant son propre mariage, organisé à Jaramana, une banlieue de la capitale. En attendant, trois femmes voilées l’accompagnent pour choisir sa robe : sa mère, sa belle-mère et une tante. Toutes trois contemplent les modèles présentés par le vendeur.
Doha aurait aimé acheter une robe rien qu’à elle, du genre unique, « que personne d’autre n’a portée et que personne d’autre ne portera jamais ». Mais sa famille n’a pas les moyens de la lui offrir, il faudra donc la louer. En tout, les deux familles débourseront 900 000 livres syriennes (1 500 euros) pour cette cérémonie, soit trente fois le salaire moyen. Et encore, avoue la belle-mère, la liste des invités a été restreinte aux intimes. « Avant la guerre, explique-t-elle, les mariages réunissaient les familles pendant trois ou quatre jours. Maintenant, chacun est dans sa région, c’est impossible de penser organiser de telles festivités. » La cérémonie sera tout de même filmée pour être partagée avec les proches en exil. « Ce sera un moment de joie et de souvenir, dit-elle. Dans chaque maison, il y a des émigrés, des disparus ou des morts. » C’est ainsi : à Damas, les fantômes des absents s’invitent partout, même aux mariages des vivants.
L’Arabie saoudite a prévu d’accueillir la semaine prochaine à Ryad une conférence qualifiée d' »élargie » de l’opposition syrienne afin d’unifier les différents courants avant des négociations de paix sous l’égide de l’Onu, indique l’agence saoudienne de presse SPA, lundi.
Les discussions prévues du 22 au 24 novembre visent « à réunir les partis et plates-formes (de l’opposition) et à unifier leur délégation de négociateurs pour relancer les pourparlers directs sous les auspices de l’Onu à Genève », indique SPA.
Le royaume saoudien soutient un rassemblement de personnalités de l’opposition réunies au sein du Haut comité pour les négociations (HCN) présidé par Riyad Hidjab, ancien Premier ministre de Bachar al Assad.
Le HCN représentait l’opposition syrienne lors des discussions organisées à Genève par les Nations unies.
Plusieurs autres groupes politiques d’opposition sont soutenus par d’autres pays comme la Russie ou l’Egypte.
L’agence SPA ne précise pas quelles sont les formations opposées au régime d’Assad qui seront présentes lors de cette conférence.
Le gouvernement saoudien est favorable à la conclusion d’un accord international sur l’avenir de la Syrie mais soutient qu’Assad ne peut pas jouer un rôle dans la transition qui doit mener à la fin de la guerre.
Plusieurs sessions de négociations sous médiation de l’Onu n’ont abouti qu’à de maigres progrès.
L’armée syrienne a repris le contrôle total de la ville orientale de Deir ez-Zor, la plus importante de l’est du pays.
L’EI s’était emparé de la quasi-totalité de Deir ez-Zor et de sa province riche en pétrole en 2014. L’armée syrienne avait pu en libérer certains quartiers assiégés en septembre.
Les tranchées creusées par les jihadistes étaient encore visibles. Vendredi, des unités d’ingénierie au sein de l’armée s’employaient à désamorcer les mines et autres engins explosifs laissés par les combattants de l’EI, selon la télévision d’Etat.
La perte de la ville de Deir ez-Zor est un nouveau coup dur pour l’EI, qui a subi une série de revers ces dernières semaines en Syrie et en Irak voisin.
Le groupe ultra-radical ne tient plus aujourd’hui que 35% de la province de la Deir ez-Zor et s’est retranché dans une ville de moindre importance, Boukamal, à la frontière irakienne. Les forces du régime syrien sont désormais à 40 km de Boukamal.
L’EI contrôle encore des villages et localités et au moins un champ pétrolier dans la Syrie en guerre, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Ces derniers mois, les jihadistes ont été chassés des grandes villes qu’ils contrôlaient, sous le coup de multiples offensives: par les forces irakiennes à Mossoul (nord de l’Irak) en juillet, et par une coalition kurdo-arabe syrienne soutenue par Washington à Raqa en Syrie, au mois d’octobre.
Une infirmière porte une petite fille syrienne souffrant de malnutrition aiguë, le 21 octobre 2017 dans un hôpital de la Ghouta orientale (afp)
Plus de 1.100 enfants ont souffert ces trois derniers mois de malnutrition aiguë dans la région de la Ghouta orientale, en Syrie, a indiqué lundi l’Unicef, alors que cette zone tenue par les rebelles est assiégée par le régime.
Dans cette région rurale située à l’est de Damas, où vivent près de 400.000 personnes selon l’ONU, l’aide humanitaire ne parvient qu’au compte-goutte en raison du siège imposé depuis 2013 par le régime de Bachar al-Assad.
« Avec la fermeture de la Ghouta, et la hausse des prix des aliments, la question de la malnutrition est en train de se dégrader », a mis en garde Monica Awad, une responsable de l’Unicef dans un communiqué en réponse à des questions de l’AFP.
Ces trois derniers mois, 232 enfants ont souffert de malnutrition aiguë sévère, et 882 de malnutrition aiguë modérée, selon l’agence des Nations unies pour l’enfance, précisant que 1.589 autre enfants se trouvaient par ailleurs dans une situation « à risque ».
Selon le site internet de l’Unicef, la malnutrition aiguë sévère s’illustre par « un enfant fragile et squelettique qui a besoin d’un traitement urgent pour survivre ».
« Les enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère ont un poids très faible pour leur taille et manifestent une sévère émaciation musculaire ».
Mme Awad a évoqué la mort récente de deux enfants en bas âge, une fillette de 34 jours et un garçon de 45 jours, « en raison d’un allaitement insuffisant, selon le médecin ».
« Les mères n’ont pas accès à une nourriture de qualité, ce qui les fragilise et fait qu’elles ne sont pas capables d’allaiter leurs enfants », a-t-elle précisé.
La petite Sahar Dofdaa, 34 jours, est décédée dimanche, après avoir été conduite par ses parents dans un hôpital de la Ghouta. Samedi, elle avait été filmée par un collaborateur de l’AFP.
Squelettique, les côtes saillantes sous sa peau translucide, elle respirait avec difficulté, elle pesait à peine plus de 1,9 kg.
La Ghouta orientale est une des quatre « zones de désescalade » instaurée en mai par les parrains internationaux des belligérants en Syrie, dans le but d’obtenir une trêve dans les combats et mettre un terme à la guerre meurtrière qui ravage le pays.
Le 23 septembre, un convoi transportant de la nourriture ainsi que des aides médicales et nutritives pour quelque 25.000 personnes était parvenu à entrer dans trois localités assiégées de la Ghouta, selon le bureau des affaires humanitaires de l’ONU.
« Mais ce n’était pas suffisant pour répondre aux besoins de tous les enfants », a souligné Mme Awad. « Les besoins humanitaires sont très importants. Ils ont besoin de nourriture de qualité, de médicaments et de provisions en nutrition thérapeutique »
Des enfants jouent dans une rue d’al-Qaryatain, récemment reprise aux jihadistes de l’EI, le 22 octobre 2017 en Syrie (afp)
Le groupe Etat islamique (EI) a été accusé lundi d’avoir « exécuté au moins 116 civils » dans une ville du centre de la Syrie avant d’en être chassé, les jihadistes ne contrôlant plus qu’un territoire restreint dans ce pays en guerre.
Cible de multiples offensives, l’EI subit depuis des mois revers après revers en Syrie et en Irak voisin. Il vient d’être chassé par une alliance de combattants kurdes et arabes de Raqa, son ancienne « capitale » de facto en Syrie et voit s’écrouler son « califat » autoproclamé sur les régions conquises en 2014.
Le groupe ultraradical, qui s’est fait connaître pour ses exactions souvent mises en scène de manière spectaculaire, conserve toutefois sa capacité à riposter de manière meurtrière, par des exécutions ou des attentats à travers le monde.
« Durant les 20 jours où il a contrôlé al-Qaryatayne, l’EI a exécuté au moins 116 civils (…), après les avoir accusés de collaboration avec les troupes du régime », a indiqué lundi à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
Cette localité de la province de Homs a été reprise samedi aux jihadistes par les forces du régime de Bachar al-Assad.
Selon M. Abdel Rahmane, les cadavres ont été « trouvés dans les rues, les maisons et à d’autres endroits » par des habitants de retour dans leur ville.
« Certains ont été tués à l’arme blanche, d’autres par balle », a ajouté le directeur de l’OSDH.
D’après ses sources, la plupart des victimes ont été tuées au cours des deux jours précédant la débâcle de l’EI à al-Qaryatayne.
L’agence officielle Sana a publié lundi des images tournées dans la ville, montrant un hôpital saccagé et en partie incendié, ainsi que des routes recouvertes de gravats.
Le gouverneur de la province de Homs, Talal Barazai, apparaît sur la vidéo remerciant les habitants pour leur « ténacité » face à l’EI et s’engageant à rester à leur côté. Des dizaines de personnes faisaient la queue pour recevoir de l’aide humanitaire distribuée par le Croissant rouge syrien.
L’EI avait capturée al-Qaryatayne une première fois en août 2015 avant d’en être chassé moins d’un an plus tard. Puis, le 1er octobre, les jihadistes s’étaient à nouveau emparé de cette ville qui compte une minorité chrétienne et plusieurs églises, dont certaines ont été saccagées.
Le régime a pris le contrôle de la ville samedi, « après le retrait de plus de 200 membres de l’EI en direction de la Badiya », le grand désert du centre syrien, selon l’OSDH.
Avec la récente perte de Raqa, le dernier bastion urbain de l’EI en Syrie est la ville de Boukamal, située à la frontière de l’Irak, dans la province de Deir Ezzor (est). Cette région pétrolière était quasi totalement entre les mains de l’organisation extrémiste il y a encore quelques mois, mais les jihadistes n’en contrôlent plus que 40% aujourd’hui.
Des combats s’y poursuivent, et l’EI se trouve confronté à deux offensives distinctes: l’une menée par le régime syrien et son allié russe, l’autre par l’alliance arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS), appuyée par les Etats-Unis.
Toujours dans la province de Deir Ezzor, l’EI contrôle par ailleurs, selon l’OSDH, quelque 8% de la capitale éponyme, soit une poignée de quartiers de cette cité qui comptait initialement plus de 100.000 habitants.
Dans tous les territoires dont il s’était emparé en 2014, l’EI a mené les pires exactions, orchestrant exécutions de masse, décapitations et autres atrocités.
En décembre 2014, les corps de 230 personnes exécutées par l’EI sont découverts par leurs proches dans une fosse commune dans la province de Deir Ezzor. En juin 2015, les jihadistes ont tué en trois jours plus de 200 civils, dont des femmes et des enfants, dans la ville de Kobané (nord), avant d’être repoussés par des forces kurdes.
En Irak, les jihadistes font subir à la minorité kurdophone yazidie des traitements particulièrement cruels, exécutant des hommes et réduisant des femmes à l’état d’esclaves sexuelles. L’ONU estime que les attaques de l’EI contre cette communauté « pourraient constituer un génocide ».
AFS: Est-ce le début d’un infléchissement de la politique de la France en Syrie?
» Nous souhaitons construire une solution diplomatique inclusive dans la région qui permette cette stabilité ». a déclaré le Président Emmanuel Macron.
Le président Emmanuel Macron et le roi de Jordanie Abdallah II (g), lors d’une rencontre à l’Elysée, le 19 juin 2017 à Paris (afp)
Emmanuel Macron et le roi de Jordanie Abdallah II ont souligné lundi leur « vision commune sur les défis du Moyen-Orient », avec comme « premier sujet la lutte contre le terrorisme et la radicalisation » ainsi que la crise en Syrie.
« Je veux exprimer au roi mon admiration sur sa façon de préserver la Jordanie qui reste un pôle de stabilité dans la région, alors que des fractures nombreuses aurait pu toucher votre pays », a déclaré le président français devant la presse, à l’issue d’un entretien à l’Elysée.
« La Jordanie est un membre important de la coalition internationale contre Daech et accueille une partie de notre dispositif militaire », a-t-il rappelé. « L »engagement de la France au côté de la Jordanie restera entier dans la lutte contre le fléau terroriste ».
Quant à la crise syrienne, « nous partageons le même sentiment d’urgence de construire les moyens d’une stabilisation militaire dans le sud de la Syrie et nous souhaitons construire une solution diplomatique inclusive dans la région qui permette cette stabilité ».
« La France est fortement impliquée dans cette action diplomatique, à travers le dialogue avec plusieurs puissance de la région » ainsi que la Russie et la Turquie, a-t-il dit.
Les deux chefs d’Etat ont aussi évoqué le dossier israélo-palestinien. « Je réitère ma condamnation de l’attaque vendredi à Jérusalem mais aussi la poursuite de la colonisation qui menace une solution à deux Etats », a dit M. Macron.
Il a enfin rendu hommage au journaliste irakien tué et aux trois journalistes français blessés à Mossoul, exprimant « la solidarité de la France et du chef de l’Etat à l’égard de ces hommes et ces femmes qui font leur travail et auprès desquels nous serons constamment ».
De son côté, le roi de Jordanie a dit vouloir « continuer le partenariat stratégique » avec la France. « Les défis économiques, sécuritaires ou le terrorisme doivent nous conduire à agir ensemble dans la région ». Faute de solution, « le terrorisme va continuer à se répandre », a-t-il averti.
« C’est également dans l’intérêt de l’Europe, c’est pour cela que nous avons accordé autant d’importance à nos relations avec les pays européens et la France », a-t-il poursuivi. Le dirigeant jordanien a aussi souligné les conséquences humanitaires et économiques du flux de réfugiés syriens en Jordanie, et espéré que les investissements français en Jordanie — premier pays investisseur non-arabe dans la pays — allaient se poursuivre.
AFS: La situation complexe en Syrie risque de se détériorer un peu plus chaque jour par le jeu dangereux des puissances internationales et régionales.
AFP:
Chasseur syrien abattu par l’aviation américaine, affrontements inédits entre troupes gouvernementales et rebelles soutenus par les Etats-Unis, tir de missiles iraniens sur Deir Ezzor: les tensions sont montées d’un cran dans le conflit syrien en l’espace de quelques heures.
L’avion syrien a été abattu dimanche par la coalition internationale dirigée par Washington dans la province de Raqa (nord), où des affrontements inédits ont opposé l’armée aux Forces démocratiques syriennes (FDS, djihadistes) soutenues par les Etats-Unis.
L’incident constitue une escalade, alors que les troupes de l’armée syrienne se trouvent à la lisière de zones contrôlées par des forces soutenues par les Américains dans le nord et le sud de la Syrie.
Après avoir largement avancé dans le Nord, notamment avec la conquête d’Alep, l’armée syrienne progresse depuis mai dans le Centre et le Sud, et se dirige dorénavant vers l’Est.
Elle a chassé le groupe djihadiste Etat islamique (EI) de plusieurs zones dans la Badiya (désert) et atteint le 9 juin la frontière irakienne, encerclant quasiment des rebelles soutenus par Washington et basés au poste-frontière d’Al-Tanaf. Inquiets, les Etats-Unis ont déployé dans la foulée des batteries de lance-roquettes multiples.
La tension est encore montée d’un cran avec l’annonce dimanche par l’Iran de tirs de missiles de moyenne portée contre « des bases terroristes » dans la région de Deir Ezzor (est), essentiellement contrôlée par l’EI. Il s’agit selon les médias iraniens des premiers tirs en 30 ans – depuis la guerre Iran-Irak (1980-88) – de missiles de l’Iran hors de son territoire.
« L’aviation de la coalition internationale a visé cet après-midi un de nos avions de combat dans la région de Resafa, dans le sud de la province de Raqa, alors qu’il menait une mission contre le groupe terroriste Etat islamique », a indiqué l’armée syrienne, précisant que « l’avion a été abattu et le pilote est porté disparu » et parlant d' »agression flagrante ».
Washington a confirmé avoir abattu un avion syrien. « A 18H43 (17H43 GMT), un avion syrien de type SU-22 a largué des bombes près de combattants soutenus par la coalition au sud de Tabqa, et en vertu de nos règles d’engagement et de la légitime défense qui prévaut au sein de la coalition (anti-EI), il a été immédiatement abattu par un avion américain F/A-18E Super Hornet », a affirmé le commandement de la coalition dans un communiqué.
L’armée syrienne avait progressé ces dernières heures dans cette région et était arrivée aux portes de Resafa, à une quarantaine de kilomètres au sud-ouest de la ville de Raqa, principal fief de l’EI en Syrie.
« Le régime veut à travers la province de Raqa parvenir à la province pétrolière de Deir Ezzor », plus à l’est, explique Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
« Le régime (…) ne veut pas que les forces soutenues par les Américains avancent plus au sud de Raqa », a-t-il ajouté, faisant état d’affrontements dans la nuit entre l’armée et les FDS dans deux villages, Chouwayhane et Jaaydine, à une quarantaine de kilomètres au sud de Raqa.
C’est la première fois que les deux forces rivales s’affrontent.
Les FDS, entrées le 6 juin à Raqa, se sont depuis emparées d’une poignée de quartiers et s’apprêtent à lancer la bataille cruciale du centre-ville.
La guerre en Syrie, qui a fait plus de 320.000 morts et ravagé le pays en six ans, s’est transformée en un conflit complexe avec la montée des jihadistes et l’implication de puissances régionales et internationales.
Engagé aux côtés de la Syrie, l’Iran a annoncé des tirs de missiles de moyenne portée contre des « terroristes » en Syrie.
Selon les Gardiens de la révolution, armée d’élite d’Iran, les missiles ont décollé dimanche de l’ouest de l’Iran pour frapper « des bases de terroristes » dans la région de Deir Ezzor, en représailles au double attentat (parlement et mausolée de l’imam Khomeyni, 17 morts) du 7 juin à Téhéran, qui a été revendiqué par l’EI.
Les médias iraniens ont évoqué six missiles.
Après le double attentat, les Gardiens avaient affirmé qu’ils « vengeraient le sang versé des innocents ».
Dans un communiqué, ils ont mis en garde dimanche les « terroristes et leurs protecteurs dans la région et hors de la région ». « En cas de répétition de ces attaques sataniques contre le peuple iranien, ils devront s’attendre à la colère révolutionnaire et aux flammes de la vengeance », préviennent-ils.
Les autorités iraniennes ont accusé l’Arabie saoudite, mais aussi les Etats-Unis, de soutenir les groupes djihadistes agissant contre l’Iran.