Caroline Galactéros: «Un nouveau partage du monde est en train de se structurer»

FIGAROVOX / GRAND ENTRETIEN – Le monde depuis 1989, puis 2001, est en constante restructuration. La géopolitologue Caroline Galactéros analyse la fin de l’utopie de la mondialisation heureuse, et regrette que la France et l’Europe ne développent pas davantage une stratégie de puissance.Par Entretien FigaroVox Publié le 9 novembre 2019 à 10:00, mis à jour le 12 novembre 2019 à 11:48

G7 le 26 août 2019 à Biarritz  -  BERTRAND GUAY/AFP
G7 le 26 août 2019 à Biarritz. BERTRAND GUAY/AFP

Docteur en sciences politiques, Caroline Galactéros est présidente du think tank Geopragma et dirige le cabinet d’intelligence stratégique PLANETING. Elle a notamment publié Vers un nouveau Yalta. Recueil de chroniques géopolitiques 2014-2019 (Sigest, 2019).


FIGAROVOX – Le magazine The Economist consacre son dernier numéro et sa couverture à une interview d’Emmanuel Macron dans laquelle il affirme que le monde est au bord du précipice. La situation internationale est-elle aussi apocalyptique que celle que décrit le chef de l’État?

Caroline GALACTEROS – Il me semblait que le Président, dans son interview, avait appliqué cet oracle à l’Europe et non du monde. Le monde n’est pas du tout au bord du précipice. Il se rééquilibre autour de puissances qui assument leur souveraineté, définissent leurs ambitions et se donnent les moyens de les mettre en œuvre. Ce sont nos utopies qui sont en déroute et c’est bien l’Europe qui tombe dans l’insignifiance stratégique (une forme de mort cérébrale) subitement privée de la béquille mentale que lui fournissaient le lien transatlantique et son alignement servile sur les injonctions américaines. Quant à la France, elle danse sur un volcan et pas seulement au plan extérieur. Si la présente lucidité présidentielle se consolide par des actes et des dynamiques durables, alors nous éviterons le pire et peut-être même renverserons-nous enfin la vapeur à notre avantage. Ce serait là, sur le plan stratégique, une vraie et salutaire «disruption». Après Biarritz, Moscou, la Conférence des Ambassadeurs et désormais cette interview, la grande question est désormais la suivante: Jusqu’à quel point sommes-nous déterminés à désobéir et à assumer les critiques ou la résistance active de certains de nos partenaires européens?


Notre vieux continent est en pleine dépression post-traumatique non traitée.


Le rôle de pionnier, de défricheur d’une voie nouvelle est périlleux et demandera beaucoup de ténacité. Jusqu’au moment où certains de nos partenaires, entrevoyant la liberté, voleront au secours de la victoire et nous emboîteront le pas, notamment en Europe du Sud mais pas seulement. Notre vieux continent est en pleine dépression post-traumatique non traitée. Le choc? Notre abandon sans états d’âme par la figure paternelle américaine. Sur le fond, rien de bien nouveau mais le verbe trumpien nous a brutalement ouvert les yeux sur le profond mépris et l’indifférence en lesquels Washington nous tient. La servilité ne paie jamais vraiment. Emmanuel Macron a bien raison de douter de l’applicabilité de l’article 5 du Traité de l’Alliance atlantique. Le problème n’est pas de savoir si les États-Unis voleraient au secours d’un État européen attaqué par la Russie ou Chine. La Russie a vraiment d’autres chats à fouetter et la Chine «attaque» déjà l’Europe tous azimuts économiquement. Non, le problème est bien celui d’un fatal entraînement de la France ou d’un autre membre de l’Otan si jamais la Turquie venait à être prise à partie militairement par la Syrie en réponse à sa violation caractérisée de la souveraineté syrienne. Scénario peu probable à vrai dire, car Moscou ne laissera sans doute pas un tel engrenage ruiner ses patients efforts pour en finir avec la déstabilisation de son allié moyen oriental. Même chose si l’Iran venait à réagir à une provocation savante téléguidée par Washington. Moscou, Téhéran et Ankara ont partie liée pour régler le sort de la Syrie au mieux de leurs intérêts respectifs et Washington comme Damas n’y peuvent plus rien. Ce qui est certain, néanmoins, c’est que la Turquie n’agit à sa guise en Syrie qu’avec l’aval américain. Washington laisse faire ce membre du flanc sud de l’Alliance qui lui sert en Syrie de nouvel agent de sa politique pro-islamiste qui vise à empêcher Moscou de faire totalement la pluie et le beau temps dans le pays et la région. Ankara gêne aussi l’Iran. Bref, ce que fait Erdogan est tout bénéfice pour Washington. Et les Kurdes ne font pas le poids dans ce «Grand jeu»? En conséquence, c’est bien l’Amérique qui dirige toujours et complètement l’Otan. S’il est bien tard pour s’en indigner ou faire mine de le découvrir, il n’est pas trop tard pour se saisir de cette évidence et initier enfin une salutaire prise de distance de l’Europe par rapport à une Alliance qui ne traite nullement ses besoins de sécurité propres.


Il faut que nous ayons aujourd’hui le courage d’en sortir et de dire que l’OTAN ne correspond pas à la défense des intérêts sécuritaires de l’Europe.


Nous restons extrêmement naïfs. Nous n’avons jamais eu voix au chapitre au sein de l’Alliance pas plus d’ailleurs depuis que nous avons rejoint le commandement intégré pour nous faire pardonner notre ultime geste d’autonomie mentale de 2003, lorsque nous eûmes l’audace de ne pas rejoindre la triste curée irakienne. Il faut que nous ayons aujourd’hui le courage d’en sortir et de dire que l’OTAN ne correspond pas à la défense des intérêts sécuritaires de l’Europe et d’ailleurs que l’épouvantail de la prétendue menace russe est une construction artificielle destinée à paralyser le discernement des Européens, à les conserver sous tutelle, à justifier des budgets, des postures, des soutiens résiduels au lieu de construire enfin une véritable stratégie propre à l’Europe en tant qu’acteur et cible spécifique stratégique. Je rejoins là notre président. Mais je ne crois pas du tout que L’OTAN soit en état de mort cérébrale. Il devient juste clair que ce qui pouvait, aux yeux de bien des atlantistes, justifier notre alignement silencieux et quasi inconditionnel a vécu. Trump veut faire payer les Européens pour qu’ils achètent des armes…américaines et obéissent aux décisions d’intervention américaines qui ne les concernent pas. Il est temps de ne plus supporter ce chantage et de sortir de l’enfance stratégique. Nous en avons les moyens. Il ne manquait que la volonté.

De son côté l’UE peine à définir une politique étrangère commune, croyez-vous la diplomatie européenne encore?

Je n’y ai jamais cru! Je ne vous rappellerai pas le cruel sarcasme de Kissinger «L’Europe? Quel numéro de téléphone?» Ce qui est possible, c’est de faire sauter un tabou ancien qui veut que l’affirmation de la souveraineté des nations européennes soit antinomique de la puissance collective et un autre, qui veut que l’élargissement de l’UE ait été destiné à la rendre puissante et influente. C’est précisément tout l’inverse. Mais il est trop tard pour regretter cet élargissement brouillon et non conditionnel stratégiquement. Il faut partir du réel et le réel, c’est qu’il existe une très grande divergence entre les intérêts stratégiques américains et ceux des Européens qui doivent se désinhiber. La France peut prendre la tête de cette libération et favoriser une conscience collective lucide et pragmatique des enjeux communs sécuritaires et stratégiques.

Il faut commencer par une véritable coopération industrielle à quelques-uns en matière de défense, sans attendre une unanimité introuvable. Il faut créer des synergies, faire certaines concessions et en exiger d’autres, et ne plus tolérer la moindre critique de Washington sur les contributions à une Alliance enlisée dans d’interminables et inefficaces opérations.

Alors qu’Emmanuel Macron rentre d’un voyage officiel en Chine, vous écrivez, «La Chine a émergé tel un iceberg gigantesque». La Chine est en train de tisser son empire autour du globe, est-elle en train d’imposer son propre contre modèle à l’Occident?

Pékin agit très exactement comme Washington et joue l’Europe en ordre dispersé. Oui le «contre monde» comme je l’appelle est en marche. La Chine profite du tirage entre Washington et les Européens au fur et à mesure que les pays européens prennent conscience qu’ils ne comptent plus pour l’Amérique, mis à part pour justifier un dispositif otanien contre Moscou et empêcher le rapprochement stratégique avec la Russie qui seule pourrait donner à l’Europe une nouvelle valeur ajoutée dans le duo-pôle et triumvirat Washington -Moscou-Pékin. C’est Sacha Guitry je crois qui disait que les chaînes du mariage sont si lourdes qu’il faut être trois pour les porter. L’adage est valable pour l’Europe à mais aussi pour Moscou qui sait combien «le baiser de la mort» chinois peut, à terme, lui être fatal. L’Europe n’a donc pas encore tout à fait perdu de son intérêt aux yeux de Moscou même si, en ce qui concerne la France, la charge affective et historique du lien a été très abîmée. Il me semble donc que l’initiative française d’une relance d’un «agenda de confiance et de sécurité» est un pas important dans cette direction qu’il faut jalonner à bon rythme de réalisations concrètes.

La guerre commerciale semble être la forme conflictuelle privilégiée par l’administration de Donald Trump. Les sanctions américaines pleuvent sur les entreprises chinoises, en Iran, en Russie. La guerre commerciale devient-elle un des éléments structurant d’un monde Yalta 2.0?

La fin de l’utopie d’une mondialisation heureuse a permis la résurgence d’une politique de puissance et d’influence décomplexée. Or le commerce est l’instrument privilégié de ces relations. Il n’y a qu’en France que l’on croit encore aux pures amitiés et aux affections qui guideraient les rapprochements entre États. Attention! Je ne veux pas dire que les relations personnelles, l’empathie ou l’animosité ne comptent pas, bien au contraire. Mais ce qui compte dans l’établissement du rapport de force et dans la consolidation des rapprochements, ce sont les complémentarités économiques mais aussi culturelles et même civilisationnelles et surtout la fiabilité de la parole donnée et la crédibilité interne des dirigeants.

Votre livre donne un aperçu global de l’état des relations diplomatiques depuis les cinq dernières années. Le monde depuis 1989, puis 2001 est en constante restructuration. Le jeu des puissances est mouvant. Quelle place la France peut-elle occuper dans un monde géopolitique si instable et imprévisible? Comment peut-on participer à construire une «coexistence optimale»?

La France doit se voir en grand car elle a de sérieux atouts de puissance et d’influence mais elle n’en use pas à bon escient. Elle se complaît dans la repentance et l’alignement. Notre place dépendra en premier lieu de notre capacité à structurer une vision et un chemin puis dans notre ténacité à défendre nos intérêts et à affirmer nos principes.


Un État puissant est un État sûr, qui sait d’où il vient, n’a pas honte de son passé et embrasse l’avenir avec confiance.


Il nous faut effectuer un tournant pragmatique en politique étrangère et en finir avec l’idéologie néoconservatrice. Celle-ci a dramatiquement vérolé toute une partie de notre administration et de nos élites qui ne savent plus ce qu’est l’intérêt national. La France est toujours une puissance globale. Plus que nombre d’autres. Simplement, elle doit retrouver une économie florissante, restructurer son industrie, remettre son peuple au travail autour d’un projet de prospérité lié à l’effort et non à l’incantation. Un État puissant est un État sûr, qui sait d’où il vient, n’a pas honte de son passé et embrasse l’avenir avec confiance.

La Russie de Vladimir Poutine s’est imposée aux puissances occidentales comme un acteur majeur des relations géopolitiques. Son attitude sur la crise syrienne incarne ce positionnement dans l’échiquier mondial. La Russie peut-elle être un allié «fréquentable» des puissances européennes? La distance entre les Européens et les Russes en termes de politique internationale est-elle encore légitime?

La Russie est tout à fait fréquentable. La diabolisation infantile à force d’être outrancière, dont elle fait l’objet chez nous, nous ridiculise et surtout la conforte dans une attitude de plus en plus circonspecte envers ces Européens qui ne savent plus penser ni décider par eux-mêmes.


L’UE doit se projeter vers l’Union Économique Eurasiatique (UEE) et nouer avec elle de très solides partenariats.


En 30 ans, la Russie a vécu le pire durant les années 90 puis a entamé sans violence une remarquable reconstruction nationale. Tout n’y est pas parfait, mais pouvons-nous réellement donner des leçons et nous imaginer être encore pris au sérieux après les sommets de cynisme démontrés dans nos propres ingérences étrangères, avec les résultats que l’on sait? C’est là une posture qui sert essentiellement à se défausser, à ne pas aller de l’avant notamment sur les dossiers où nous pourrions et aurions tout intérêt à tendre la main à la Russie: sanctions, Ukraine Syrie, Libye, Union économique eurasiatique (UEE), etc… Sur ce dernier point, il faut nous montrer un peu plus lucides et anticipateurs que sur les Nouvelles Routes de la Soie sur lesquelles nos diplomates ironisaient il y a encore quelques années. L’UE doit se projeter vers l’Union Économique Eurasiatique (UEE) et nouer avec elle de très solides partenariats. Je souhaite de tout cœur que la récente inflexion imprimée par notre président à la relation franco-russe après une sombre et triste période, passe rapidement dans les faits et que nous soyons le maillon fort d’une nouvelle ère collaborative, intelligente et humaine entre la Russie l’Europe.

La solution diplomatique peut-elle encore jouer un rôle dans le dossier syrien?

Une solution diplomatique ne peut exister que si l’on a atteint un équilibre militaire acceptable. La Syrie doit d’abord recouvrer son intégrité territoriale. Après les Syriens décideront de ce qu’ils souhaitent politiquement pour leur pays.


Nous avons eu tout faux sur le dossier syrien.


Notre implication a été si humainement et politiquement désastreuse qu’il est impossible de prétendre encore pouvoir décider du sort de ce pays à la place de son peuple. Évidemment, la guerre n’est pas finie. Il y a encore des dizaines de milliers de djihadistes fondus dans la population civile d’Idlib. Il y a la Turquie, la Russie et l’Iran qui consolident dans un vaste marchandage leurs influences respectives. Et il y a tous les autres acteurs régionaux et globaux qui cherchent à tirer leur épingle du jeu et à faire oublier leurs méfaits. Nous avons eu tout faux sur le dossier syrien. Je l’ai assez expliqué, démontré et je n’épiloguerai pas. J’en parle abondamment dans mon recueil. Il est trop tard pour pleurer mais sans doute pas pour faire amende honorable, intégrer le processus d’Astana et son actuel dérivé – le Comité constitutionnel en cours de formation à Genève. Cela aussi, nous le devons à l’approche diplomatique inclusive et non idéologique de Moscou, ne nous en déplaise. Essayons, pour une fois, d’être intelligents et d’avancer pour que le peuple syrien sorte au plus tôt de son interminable martyr.

Source de l’article

Il était une fois le Rojava…

Qu’Erdogan me pardonne de revenir un siècle en arrière, à la recherche du temps perdu, quand les puissances triomphantes prétendaient refaire l’Europe sur les ruines des empires déchus et redessiner l’Orient compliqué selon leur simple bon plaisir. Nous sommes donc en 1919 et « l’homme malade » agonise. Le monde guette son ultime soupir, mais il y a dix ans que l’essentiel du pouvoir a échappé au Sultan : en avril 1909, le dernier souverain absolu, le réformateur Abdel Hamid II, a dû abdiquer sous la pression des Jeunes-Turcs. Investi illico presto, son demi-frère Mehmed V a été contraint d’accepter la tutelle d’un gouvernement dirigé par Mustafa Kemal, le nouveau gourou. C’est ainsi qu’en 1914 il a « choisi » l’alliance avec l’Allemagne, pensant sauver son trône. Décédé le 3 juillet 1918, il a laissé la Porte ouverte à tous vents. Qu’à cela ne tienne, au pied levé, il a été remplacé par son cadet Mehmet VI, qui n’a rien à refuser à ses parrains. Plus de miracle en vue. Pour l’Empire qui se retrouve dans le camp des vaincus, cette guerre sera « la der des ders» …

Michel Raimbaud

Michel Raimbaud

Impatientes, les deux « superpuissances » de l’époque n’ont d’ailleurs pas attendu la victoire, se partageant dès 1916 la grande « velayet » de Syrie. Qui plus est, lorsqu’ils signent avec la France les accords Sykes-Picot, nos amis britanniques ont déjà, en 1915, promis au Chérif Hussein un grand royaume arabe, avant de parrainer en 1917 le projet d’un Foyer national pour les Juifs (cf. la déclaration Balfour). La « Grande Syrie » historique sera divisée en deux : la Syrie actuelle et le Liban à la France, la Palestine et l’Irak à l’Angleterre.

Refusant un dépeçage du domaine ottoman qu’il a pourtant « facilité », Mustafa Kemal déclenche la guerre d’indépendance turque, prenant la tête d’un gouvernement émanant de la Grande Assemblée nationale constituée à Ankara en avril 1920. C’est bien vu puisque le 10 août 1920, le malchanceux Mehmed VI signe avec les Alliés le traité de Sèvres qui ne laisse à feue la Sublime Porte qu’une portion congrue de son territoire, soit moins de 380 000 kilomètres carrés (contre 1 780 000 avant la guerre). Elle renonce à toutes ses provinces arabes proche-orientales ou maghrébines, ainsi qu’à ses possessions européennes (ou ce qu’il en reste). Elle accepte de faire des concessions à la Grèce en Thrace et à l’ouest de l’Asie Mineure. A l’est, le cœur « turc » de l’Empire est entamé puisque l’on prévoit la création de deux Etats à l’est de l’Anatolie, l’un pour les Arméniens dans le nord-est et un autre pour les Kurdes, cantonné au sud-est. Le futur Kurdistan d’Irak, dont le sort est resté pendant, sera finalement remis aux Britanniques et la zone kurde d’Iran n’est pas affectée, la Perse n’étant pas belligérante. Le territoire de la Syrie actuelle n’est pas concerné. Si les cartes « ottomanes » mettent en évidence la présence kurde (pour l’essentiel l’Est anatolien, le Nord de l’Irak et la frange ouest de la Perse), on n’y trouve pas de Rojava.

Le 1er novembre 1922, Mehmed VI est contraint à l’abdication et le Sultanat disparaît. Son successeur Abdel Meçid, élu Calife par la Grande Assemblée, partira en exil en 1924, cette fonction « résiduelle » étant abolie.

Arbitraire des puissances ou volatilité de leurs engagements ? Peut-être les négociateurs réalisent-ils soudain que les Kurdes n’ont pas été trop « maltraités » par les Ottomans depuis 1453, mais qu’ils ont au contraire occupé une place privilégiée en qualité de « gardiens des marches de l’Empire » ? Signé le 24 juillet 1923 au bout d’une longue guerre de reconquête, le traité de Lausanne offre à Atatürk des conditions plus avantageuses que celui de Sèvres. Plus de présence grecque, plus de grand Etat arménien en Anatolie, et… pas d’Etat pour les Kurdes. Ceux-ci voient s’évaporer leur rêve sur la « carte du tendre » ébauchée en 1920 par l’Occident, réduits au rang de « détail » dans le règlement d’un conflit qui a amené la chute de quatre empires : l’allemand, l’austro-hongrois, le russe et l’ottoman.

C’est seulement lorsque la France mandataire quitte enfin la Syrie, en avril 1946, qu’une minorité kurde se manifestera dans la sphère politique, plus précisément lors des coups d’Etat militaires qui émaillent les années suivant l’indépendance : celui de Husni Zaïm, officier kurde issu de l’armée ottomane (en 1946), celui d’Adib Shishakli (en 1949) un kurde également qui prend le pouvoir, l’abandonne pour revenir avant d’être renversé à son tour. Cette séquence suscitera une « refonte » de l’establishment militaire et la défiance à l’égard des partis « ethniques ».

Avec l’arrivée aux affaires du parti Baath en 1963, l’arabisme devient l’élément central de la politique nationale, ce qui ne présente pas de difficulté particulière pour les Kurdes. Arabisés, ils ne sont pas perçus comme un groupe ethnique particulier. Leurs options politiques sont diversifiées (dans les années 1980/1990, on dénombrera treize « partis » pour 1,5 million de personnes). Nul ne parle de « régions kurdes ». En effet, s’il y a de toute évidence un Kurdistan en Turquie, en Irak et en Iran, la situation est différente en Syrie, en l’absence d’assise historique ou géographique. Les trois modestes cantons « kurdes » de Qamishli, Ain al Arab (Kobané) et Afrin, situés dans le nord du pays, n’ont de continuité que via les territoires turc ou irakien et sont en réalité à peuplement mixte, les Kurdes ne représentant guère qu’un tiers de la population, pour un tiers d’Arabes musulmans et un tiers de chrétiens (arabes ou se réclamant d’une identité spécifique). Le Rojava, capitale Qamishli à la frontière turco-syrienne, n’existe qu’en mythe.

 

En outre, une partie importante des « kurdes » de ces régions ne sont pas de souche ancienne. Si ceux du nord-ouest, en nombre réduit, y sont présents depuis trois ou quatre siècles, l’implantation d’une population sédentaire dans la Haute Djézireh (le « bec de canard ») ne remonte qu’à la seconde moitié du XIXème siècle. En 1962, on compte environ 300°000 Kurdes « apatrides » et, jusqu’à la fin de la décennie 1990, ce sont 300°000 autres demandeurs d’asile venus des pays voisins qui trouveront refuge dans ces zones, y éveillant une certaine militance. Entre les Kurdes et le gouvernement baathiste, on parle alors d’alliance stratégique. Celle-ci est rompue le 9 octobre 1998 quand le chef historique du PKK, Abdullah Ocalan, doit quitter Damas (où il vivait depuis des années), suite aux pressions et menaces d’Ankara. Les liens entre le pouvoir et les partis kurdes, syriens ou étrangers, en seront affaiblis.

Si le pourcentage « kurde » (2 millions sur une population de 22,4 millions en 2011, soit 8,8%) a doublé en un demi-siècle, c’est avant tout en raison de ces mouvements migratoires. En fait, les Kurdes syriens sont dans leur grande majorité (plus des deux tiers) répandus sur l’ensemble du territoire, présents en force à Damas et dans ses banlieues, où l’on en compte plus d’un million. Ils constituent depuis des temps immémoriaux une partie intégrante du tissu national. Ils soutiennent l’Etat et ont donné au pays nombre de hauts dirigeants, de responsables et de personnalités dans tous les domaines.

C’est à la faveur des évènements que l’on sait, à partir de 2011/2012, qu’apparaîtra le « Rojava » et que ses hérauts feront leur entrée au panthéon de l’Occident dominateur, sûr de lui et grand donneur de leçons.

Etrange, cette compassion à éclipses. Notre « axe du bien » ne brille ni par sa bonté, ni par son respect des lois internationales. S’il n’est certes pas l’inventeur de l’impérialisme, il a donné à ce dernier, non pas un supplément d’âme comme il en est persuadé, mais un supplément d’arrogance et d’hypocrisie. La pensée unique adore les images d’Epinal et les peuples mythiques, de préférence souffrants et en perdition, peu susceptibles de contester l’hégémonie de l’Occident. En revanche, tout se passe comme si nos élites avaient un problème avec le monde arabo-musulman. Le passé colonial joue un rôle dans cette approche biaisée, mais les épisodes actuels n’ont rien arrangé. D’où cette sympathie débordante pour les communautés, les peuples ou les Etats qui semblent nourrir des revendications ou une hostilité, de long terme ou de circonstance, à l’encontre de leur environnement « arabe ».

Etat imposé par le colonialisme dans le contexte que l’on sait, Israël a su exploiter à outrance cette posture réflexe et, depuis sa création en 1948, en a tiré un avantage géostratégique majeur dans la confrontation qui l’oppose à son voisinage arabe et plus largement au monde musulman. Dans cette vaste région, en pleine débâcle depuis l’écroulement de l’ordre bipolaire de la guerre froide, les affirmations identitaires, résultant de l’air du temps plus que du vent de l’Histoire, se sont multipliées. Quelles que soient leurs enseignes – assyriennes, chaldéennes, syriaques, berbères, kabyles, « africaines », coptes – elles trouvent en Occident un écho favorable. Les Kurdes font partie du tableau, et dans le chambardement actuel, les voilà devenus la coqueluche de tous ceux qui rêvent de démembrer le monde arabe, ce nouvel « homme malade » du 21ème siècle.

L’impact de l’agression de plus de cent Etats membres des Nations-Unies sur l’Etat syrien aura été tel que des activistes ont pu investir progressivement le Nord du pays et y instiller peu à peu un parfum de séparatisme, à l’ouest d’abord, puis sur la rive est de l’Euphrate, région vitale : 27% du territoire, l’eau, les barrages et l’énergie électrique, les terres, le pétrole, 80% des ressources potentielles de l’Etat. Excusons-les du peu.

Le Rojava, c’est l’ouest en langue kurde, et le mot fait référence au Kurdistan occidental, autrement dit « le Kurdistan de Syrie », présenté depuis le début des « évènements » comme un « territoire autonome de facto », créé en novembre 2013 et « peuplé en grande majorité de kurdes ». Sur quelles bases se fonde une revendication aussi exorbitante ?

A en croire la propagande, les milices « kurdes » auraient été sinon les seules, du moins les plus efficaces dans la lutte contre le terrorisme et l’Etat Islamique, se distinguant en outre par la place éminente des femmes dans leurs rangs. Pour un peu, avec des combattantes cheveux au vent systématiquement en première ligne, les « Forces Démocratiques de Syrie » ou les « Unités de Protection du Peuple » passeraient pour des légions d’amazones. La fougue supposée de ces troupes de partisans (et partisanes) s’expliquerait par leur ferveur à défendre les terres ancestrales… Le grand mot est lâché. Vue de Clermont-Ferrand, de Trebeurden ou de Saint-Pierre du Gros Caillou, la cause paraît indiscutable. A condition bien sûr qu’il s’agisse de terres « ancestrales ». Comment ne pas s’interroger sur la réalité de ce Rojava, le nouvel Eden des Kurdes sans patrie ?

Il est certes réducteur d’assimiler séparatisme kurde et les Forces Démocratiques de Syrie (Qasad en arabe et FDS en français) et/ou le Conseil Démocratique syrien, leur branche politique. Formées en octobre 2015, les FDS incorporent des rebelles de tribus arabes proches de l’Armée Syrienne Libre (ALS), des combattants d’allégeances diverses (Armée Al Sanadid) et des chrétiens du Conseil Militaire syriaque. Mais c’est l’élément kurde, les « Unités de Protection du Peuple » (Yekineyen Parastina Gel ou YPG), branche armée du Parti de l’Union Démocratique syrien, formée en 2011, qui en constitue la colonne vertébrale et le moteur. C’est lui qui polarise et capitalise le soutien des Occidentaux, Américains, Français et Britanniques, dont la présence en territoire syrien est illégale du point de vue du droit international. Que ces derniers aient utilisé ces FDS et/ou les YPG comme des alliés ou paravents et réciproquement, ne saurait justifier l’occupation de la rive Est par les uns et son usurpation par les autres, se traduisant par des pratiques mafieuses de pillage et de vol, et par des dénis du droit. On brandit des considérations sécuritaires : on redoute le chantage des Kurdes, au prétexte qu’il y aurait dans les territoires sous leur contrôle des prisons hébergeant 10 000 combattants de Daesh, dont 70 dirigeants et une dizaine de camps pour loger les 100 000 membres de leurs familles (selon Adel Bakawan). Venant de pays qui soutiennent le terrorisme contre l’Etat syrien, l’argument vaut son pesant d’or. Mais en ces temps déraisonnables, la psychanalyse est souvent plus pertinente que l’analyse. Une revue des « partenaires » possibles des séparatistes éclairera notre lanterne :

Pour les Etats-Unis dont la vision traditionnelle tourne de façon obsessionnelle autour de Tel Aviv, pas de doute possible : à Washington, on aime tellement Israël que l’on en voudrait bien deux, et la création d’un Etat kurde, qui serait ce deuxième Israël, ne peut être que bénéfique. Par ailleurs l’obsession de détruire et morceler la Syrie est telle que Washington soutient tous les sécessionnistes, les activistes kurdes en cette occasion. Ce sont donc des alliés évidents. Pour la diplomatie éléphantesque qui a les faveurs de l’Oncle Donald, la saisie des puits de pétrole syriens est un argument « stratégique » idéal. A ce stade de gangstérisme, à quoi bon évoquer la légalité internationale ? Autant demander à Al Capone de faire le baisemain aux dames avant de passer à la sulfateuse leurs maris quand ils ont trahi la Cosa Nostra.

Les Européens partagent la même obsession anti-syrienne, et les évènements d’aujourd’hui leur rappellent le bon vieux temps des mandats. Pour la France, la création d’un Etat kurde dans le nord syrien va de soi et est prioritaire jusqu’à aujourd’hui. Nous ne reviendrons pas sur la colossale finesse de cette politique « arabe » revisitée. On se contrefiche bien évidemment des Kurdes, mais on ne peut laisser passer cette occasion de détruire un pays que l’on rêve de rayer de la carte. On se tamponne de la zone-tampon, ou de la zone de sécurité, l’important étant de faire comme si l’Etat syrien n’existait pas et de lui arracher une zone stratégique pour interdire sa reconstruction, une opération qui compléterait avec un siècle de retard « l’œuvre civilisatrice ». On n’en déduira pas que la France aime bien la Turquie… Mais elle ne hait point les Etats-Unis et verrait d’un bon œil l’implantation au cœur du monde arabe d’un deuxième Israël, une idée qui fait frétiller nos penseurs.

Idem pour les Grands Bretons sous la houlette de l’exotique Boris, toujours prêts à sortir quelques surprises de leur boîte à malices. Qui peut deviner les dernières nouvelles de demain : pourquoi ne déterrerait-on pas soudain la promesse faite aux Kurdes il y a un siècle en faisant du Nord syrien de nouveaux « territoires occupés » ?

S’ils ont soudain beaucoup d’amis, les Kurdes ont néanmoins un ennemi mortel : le nouveau Grand Mamamouchi. Erdogan n’aime pas l’idée d’une entité kurde en Syrie, à ses frontières, bien qu’il ait un peu joué avec le feu. Mais il peut compter sur des groupes armés d’inspiration turque, fussent-ils terroristes plus ou moins recyclés. Il peut encore miser sur la concurrence russo-américaine et tenter de nager au milieu des gros poissons, comme au temps des Ottomans. Erdogan vivant, il n’y aura pas de Rojava.

Si les activistes kurdes tentés par le séparatisme avaient un zeste de bon sens, ils verraient sûrement que Damas est finalement le recours le plus sûr. Pour le président Al Assad, la question kurde doit être replacée dans le contexte d’une société plurielle. « Nous n’avons aucun problème avec la diversité syrienne, qui est belle et riche. La diversité est une chose, mais la partition, le séparatisme et le dépeçage du pays en sont une autre absolument contraire ». Il précise : « Nous avons le droit de défendre l’intégrité du territoire national et de nous méfier des projets séparatistes ». Et de donner en exemple les Arméniens « qui ont toujours été des patriotes », s’étant intégrés sans se diluer. Selon le discours officiel, les Kurdes de Syrie n’ont pas d’agenda caché. La Syrie est une et indivisible. Le décret concernant les « Administrations locales », est en vigueur depuis 1972, et des amendements au niveau de la future Constitution garantiront les droits des Kurdes, à une seule condition : « que ceux-ci ne touchent pas à la souveraineté et à l’unité territoriale de la Syrie ».

Le gouvernement n’a pas ménagé les efforts d’ouverture : en témoigne le décret du 7 avril 2011 accordant la nationalité syrienne aux Kurdes venus jadis comme demandeurs d’asile à partir des années 50 ou 60, une mesure réclamée de longue date. Au-delà de décisions symboliques comme celle de donner une place à l’enseignement du kurde à l’université, le pouvoir a une vision œcuménique du processus de règlement : en témoigne « l’initiative nationale des Kurdes syriens » que dirige Omar Oussi, membre du Parlement, membre de la délégation du gouvernement aux pourparlers de Genève 3. La portée du geste ne saurait être sous-estimée : le PYD, le plus important des partis syriens « kurdes », dirigé par Saleh Muslim, avait été écarté de Genève par un veto turc, avec l’approbation de Riyad et de Washington, et les petites formations favorables au « Conseil national kurde » (parrainé depuis l’Irak par Massoud Barzani), étaient représentées à Genève par un seul représentant syrien, dans le cadre du « groupe de Riyad », le but étant de réserver à ce dernier et aux chefs de ses factions armées le rôle de porte-parole exclusif de « l’opposition ».

A Damas, on est soucieux d’élever le débat, et on refuse tout amalgame entre « Kurdes » et séparatistes. En visite à Idlib le 22 octobre dernier, le Président Assad rappelait que « le rôle naturel de l’Etat est de créer les conditions susceptibles de soutenir toute forme de résistance nationale contre l’occupant », mettant en lumière une évidence souvent oubliée : « Le principal facteur qui a amené les Américains, les non-Américains et les Turcs dans la région est l’existence de Syriens collaborateurs et traîtres. Nous devons traiter avec ces Syriens-là et restaurer la notion de patrie dans la société, faire en sorte que la traîtrise ne soit pas considérée comme un simple point de vue, ou une opinion politique comme une autre. Lorsque ce résultat sera atteint, les Américains partiront parce qu’ils n’auront plus ni le loisir ni la force de rester, toute grande puissance qu’ils soient ».

Michel Raimbaud
Ancien ambassadeur de France

Source de l’article

 

Vernissage des peintures de Boutros Al-Maari

Claude Lemand

est heureux de vous inviter

au vernissage des peintures récentes de

Boutros Al-Maari

 « Syrie mon Amour »

Wâ Habîbati Sûria

Galerie Claude Lemand
16 rue Littré 75006 Paris
06 73 77 05 89

Vernissage : jeudi 21 nov 2019 de 18h à 21h

Exposition : 21 nov au 21 déc

claude-lemand.com

Conférence de Jean-Jacques GLASSNER

Conférence-de-Jean-Jacques-GLASSNER

Dans le cadre de notre partenariat avec

l’Association Troubadours

 nous sommes heureux de vous annoncer la conférence de

Jean-Jacques GLASSNER.

Il nous parlera de

« L’histoire mésopotamienne
entre mythe et réalité
Uruk au IVe millénaire »

Nous comptons sur votre présence

A la Maison des Associations du 12e arrondissement
181 Avenue Daumesnil 75012 Paris ♦ ♦ ♦ Jeudi 7 Novembre 2019 à 19h  
   
 

Conférence de Anna Caiozzo

Conférence de Anna Caiozzo

Dans le cadre de notre partenariat avec

l’Association Troubadours

nous sommes heureux de vous annoncer la conférence de Anna Caiozzo.

Il nous parlera de

« L’art des Grands Saljoukides
entre innovation, acculturation
et identité nomade »

 

Nous comptons sur votre présence

 

A la Maison de la Vie Associative et Citoyenne 12e
181 Avenue Daumesnil 75012 Paris
♦ ♦ ♦
Mardi 21 Mai 2019 à 19h

 

Les grandes manœuvres internationales en Syrie

Les grandes manœuvres internationales en Syrie Major international manoeuvres in Syria

Le président turc Recep Tayyip Erdogan rencontrera le président russe Vladimir Poutine à Moscou le 23 janvier pour tenter de rétablir la politique turque de la Turquie.

Poutine veut que le gouvernement syrien prenne le contrôle de l’est de la Syrie, et finalement du pays tout entier, après le retrait des troupes américaines.

La priorité d’Erdogan est que les Unités de protection du peuple, qui forment le noyau des Forces démocratiques syriennes (SDF) soutenues par les États-Unis, ne concluent pas un accord avec Damas qui donne un second souffle à la force kurde syrienne après le départ des forces américaines …

À Damas, les relations avec le monde arabe sont une nouvelle mauvaise nouvelle pour la Turquie, qui a déjà du mal à faire face au changement rapide des rapports de force en Syrie », écrit Semih Idiz.

« Si le président Bashar al-Assad est de retour parmi les Arabes, comme beaucoup l’espèrent, ce sera le dernier clou de la politique d’Ankara en Syrie, qui a été minée par des erreurs de jugement, des suppositions erronées et des attentes trop ambitieuses ».

«Alors que des pays comme le Soudan, les Émirats arabes unis, Bahreïn, l’Égypte, la Jordanie, l’Iraq, le Liban et la Tunisie se rallient pour la normalisation des relations avec la Syrie – et beaucoup s’attendent à ce que l’Arabie saoudite finisse par les rejoindre – Ankara pourrait se retrouver face à un parti arabe anti-turc. un bloc auquel on ne s’attendait pas », ajoute Idiz.

« Un tel bloc pourrait également compliquer les projets de la Turquie d’entrer dans le nord de la Syrie pour débarrasser la ville de Manbij et les territoires situés à l’est de l’Euphrate des Unités de protection du peuple kurde… surtout maintenant que Damas a déclaré son opposition à cette incursion. » .. Erdogan fait face à des choix difficiles à venir à Idlib et Manbij. Idlib pourrait être « un atout de poids pour Ankara dans le cadre d’un éventuel accord avec la Russie », écrit Kirill Semenov.

«Moscou et le régime syrien ont voulu lancer une opération militaire contre HTS [Hayat Tahrir Al Sham (lié à al-Qaïda)] sans que les modérés ne s’opposent. Les groupes modérés ont maintenant disparu. »..

Le cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, émir du Qatar, a braqué les projecteurs à Beyrouth le 20 janvier, capitalisant sur les querelles arabes sur la Syrie pour remporter le premier siège du sommet économique arabe. Jusqu’à huit chefs d’Etat auraient dû participer au sommet, mais les tensions libanaises et régionales sur le rôle de l’Iran au Liban et le retour éventuel de la Syrie dans la Ligue arabe n’ont amené que les présidents somalien et mauritanien à déclarer qu’ils feraient le voyage en Iran. Beyrouth, avec d’autres participants présents au niveau ministériel. Ensuite, Cheikh Tamim a annoncé qu’il dirigerait la délégation de son pays. D’un coup, le Qatar est de retour dans le jeu, en Syrie et au Liban, aux dépens de l’Arabie saoudite, alors que Riyad continue de se sentir mal après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi , écrit Bruce Riedel cette semaine

Turkish President Recep Tayyip Erdogan will meet Russian President Vladimir Putin in Moscow on Jan. 23 to try to reset Turkey’s flailing Syria policy.

Putin wants the Syrian government to take control of eastern Syria, and eventually the entire country, following the withdrawal of US troops.

Erdogan’s priority is that the People’s Protection Units, the core of the US-backed Syrian Democratic Forces (SDF), do not cut a deal with Damascus that gives the Syrian Kurdish force a second wind after US forces leave…

“The apparent thaw in Damascus’ relations with the Arab world is more bad news for Turkey, which is already having a difficult time coping with the rapid change in the balance of power in Syria,” writes Semih Idiz.

“If President Bashar al-Assad is welcomed back to the Arab fold, as many expect, it will be the final nail in the coffin of Ankara’s Syria policy, which has been plagued with misjudgments, false assumptions and overambitious expectations from the start.”

“As countries like Sudan, UAE, Bahrain, Egypt, Jordan, Iraq, Lebanon and Tunisia line up to favor the normalization of ties with Syria — and many expect Saudi Arabia to join them eventually — Ankara could end up facing an anti-Turkish Arab bloc it never expected,” adds Idiz.

“Such a bloc could also complicate Turkey’s plans to enter northern Syria to clear the town of Manbij and territories east of the Euphrates River from the Kurdish People’s Protection Units … especially now that Damascus has declared its opposition to this incursion.”.. Erdogan also faces difficult upcoming choices in Idlib and Manbij. Idlib could be a “bargaining chip for Ankara in a potential deal with Russia,” writes Kirill Semenov.

“Moscow and the Syrian regime have wanted to launch a military operation against HTS [al-Qaeda-linked Hayat Tahrir Al Sham] without the moderates in the way. The moderate groups are gone now.”..

Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani, the emir of Qatar, seized the spotlight in Beirut on Jan. 20, capitalizing on Arab squabbling over Syria to take the first seat at the Arab economic summit. The summit was supposed to have included up to eight heads of state, but Lebanese and regional tensions over Iran’s role in Lebanon, and Syria’s possible return to the Arab League, led to only the presidents of Somalia and Mauritania saying they would make the trip to Beirut, with other participants attending at the ministerial level. Then Sheikh Tamim announced he would lead his country’s delegation, and in one stroke, Qatar was back in the game, on Syria and in Lebanon, at the expense of Saudi Arabia, as Riyadh continues to find its footing after the murder of journalist Jamal Khashoggi, as Bruce Riedel writes this week

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE 2019

Madame, Monsieur,

Conformément à l’article XI de nos statuts, j’ai le plaisir de vous convier à la réunion de la XXVIème Assemblée Générale ordinaire de notre Association qui se tiendra le :

Mercredi 3 avril 2019 à 18h00h précises
Salle Germaine Tillon
Patronage Laïque Jules Vallès
72, avenue Félix Faure 75015-Paris (M° Boucicaut)

 

Ordre du jour:

1- Allocution du Président,
2- Rapport moral,
3- Rapport financier,
4- Suggestions et questions diverses.
5- Election des membres du Conseil d’Administration, (Voir documents joints).

Au cas où il ne vous serait pas possible d’assister à cette Assemblée Générale, nous vous
serions obligés de nous retourner la procuration ci-jointe, établie au nom de l’adhérent de
votre choix.

Une conférence à laquelle vous êtes invités suivra la tenue de cette Assemblée Générale à
20h00, sur le thème :

« État des lieux en Syrie à la lumière des nouvelles donnes géopolitiques ».

Par monsieur Fabrice Balanche

Nous vous prions de croire, Madame, Monsieur, en l’assurance de nos sentiments les
meilleurs.

Sami CHATILA
Secrétaire générale

Conférence de Fabrice Balanche

À l’issue de son Assemblée générale du 3 avril 2019 à partir de 20H,
Salle Germaine Tillon Patronage laïque Jules Vallès,
72, avenue Félix Faure 75015 Paris, (M° Boucicaut)

l’Association d’Amitié France Syrie

vous convie à la conférence donnée par

Monsieur Fabrice Balanche,
géographe, spécialiste de la géographie politique de la Syrie,
du Liban et du Proche-Orient en général et Maître de conférences HDR à l’Université Lyon 2
et Chercheur associé au Washington Institute.

sur le thème :

« État des lieux en Syrie à la lumière des nouvelles donnes géopolitiques ».

 

L’entrée est libre dans la limite des places disponibles

Conférence de Pascal BUTTERLIN

Association Troubadours | Conférence  Pascal BUTTERLIN

Dans le cadre de notre partenariat avec

l’Association Troubadours

nous sommes heureux de vous annoncer la conférence de Pascal BUTTERLIN.

Il nous parlera de

« Les échanges entre le monde
mésopotamien et iranien entre 5000 et 2500 avant notre ère »

 

Nous comptons sur votre présence

 
 
 

A la Maison de la Vie Associative et Citoyenne 12e
181 Avenue Daumesnil 75012 Paris
♦ ♦ ♦
Jeudi 21 Mars 2019 à 19h
 
 

 

 
 
 
 

Exposition: Le Crac des Chevaliers

Exposition "Le Crac des Chevaliers" commentée par Manar HammadVisite guidée
de l’exposition

Le Crac des Chevaliers

Chroniques d’un rêve de pierre
Commentée par
Manar Hammad

 

Jeudi 20 Décembre 2018
à 16h 30

 

A la Cité de l’Architecture
Galerie des moulages- Salle Viollet-le-Duc
1 place du Trocadéro et du 11 novembre – Paris 16e

Métro Iéna ou Trocadéro

 

 

Groupe est limité à 25 personnes, merci de confirmer votre présence au plus vite, à ass.troubadours@free.fr
Frais de visite 10 €