La France et la Syrie : Aide humanitaire et Accueil des réfugiés.

Selon le site du ministère des affaires étrangères :
« Depuis le début du conflit en Syrie, la France a mobilisé 31 millions d’euros au titre de l’aide humanitaire. Sur ces 31M€, elle a consacré 6M€ à l’aide directe. Elle a également débloqué 25M€ pour renforcer l’action des ONG internationales, des agences onusiennes et du mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Sur les 15 prochains moins, la France consacrera une aide supplémentaire de 20M€, dont 1,5M€ seront décaissés en urgence d’ici la fin de l’année pour aider les populations syriennes à préparer l’hiver et pour soulager les efforts des communautés d’accueil dans les pays voisins de la Syrie ».
Rappelons que les relations diplomatiques sont suspendues depuis mars 2012.
D’autre part, une infographie sur l’accueil des réfugiés en France :
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/syrie/la-france-et-la-syrie/infographie-la-france-pays-d/
Rappelons que le Président de la République avait annoncé que la France accueillerait en plus des demandes d’asile de droit commun, 500 réfugiés en provenance des pays limitrophes de la Syrie (Liban, Jordanie, Egypte, Turquie) soit comme réinstallés (réfugiés déjà reconnus par le HCR), soit au titre de l’admission humanitaire.
La sélection des candidats se fait sur les critères de vulnérabilité et de liens existants avec la France par des missions conjointes de l’OFPRA et du HCR.
Ces réfugiés ont commencé à arriver sur le territoire depuis le mois de janvier, à raison d’un contingent d’environ 35 personnes, soit sept à huit familles sur toute l’année 2014.
La coordination de cette opération a été confiée au Préfet Richard DIDIER.

Relations bilatérales France-Syrie

(Les relations diplomatiques sont supspendues depuis mars 2012)

Les relations entre la France et la Syrie sont anciennes. A la fin de la première guerre mondiale, la France s’est vue confier un mandat sur la Syrie. Depuis l’indépendance en 1946, les liens sont restés forts. Le Président Chirac était le seul président occidental à assister aux obsèques de Hafez El Assad en 2000. Les relations se sont toutefois tendues suite à l’assassinat de l’ancien Premier Ministre libanais Rafic Hariri à Beyrouth en 2005.

Les relations bilatérales politiques de haut niveau entre les deux pays ont repris à la de la signature de l’accord de Doha le 21 mai 2008 [relatif à l’élection du Président de la République au Liban] et de l’existence de négociations indirectes entre la Syrie et Israël sous l’égide de la Turquie. Ce changement s’est traduit par une succession de contacts et de visites bilatérales : visite du Président Bachar Al-Assad à l’occasion du sommet de l’Union pour la Méditerranée du 13 juillet 2008 puis le 13 novembre 2009, visites en France des Ministres syriens de la culture et des Affaires étrangères, ainsi que du Vice-Premier Ministre chargé des Affaires économiques, envoi d’émissaires du Président de la République à Damas, visite de Bernard Kouchner en Syrie fin août puis visite du Président de la République, Nicolas Sarkozy, les 3 et 4 septembre 2008, et de François Fillon le 20 février 2009.

Au delà de ces relations d’Etat à Etat, il existe une grande diversité de liens décentralisés, associatifs notamment, entre ces deux pays.

En 2009, on note les principales manifestations suivantes :

Visite de M. Luc Chatel, Secrétaire d’Etat chargé de l’Industrie et de la Consommation, en Syrie du 7 au 9 février. Il était accompagné d’une importante délégation comprenant des responsables de grandes entreprises françaises, notamment des secteurs de l’agroalimentaire, des télécommunications, des transports, de l’énergie et de la construction.
Au cours de ce déplacement, M. Chatel a eu des entretiens avec M. Abdallah Dardari, Vice-Premier Ministre pour les Affaires économiques et les membres du gouvernement syrien chargés des dossiers économiques. Ces entretiens se sont conclus par la signature, avec M. Loutfi, ministre de l’Economie et du Commerce, et M. Jouni, ministre de l’Industrie, de déclarations d’intention permettant de renforcer la coopération bilatérale franco-syrienne, d’une part en matière de protection des consommateurs, et d’autre part de la qualité dans le domaine industriel.
Lancement du Club des entrepreneurs franco-syrien le 13 mai 2009.
A l’occasion de la visite à Paris du Dr. Amer Hosni Loutfi, ministre syrien de l’Economie et du Commerce, la Chambre de commerce et d’industrie de Paris et la Chambre de commerce franco-arabe ont organisé une conférence sur les atouts et les opportunités en Syrie, à l’issue de laquelle a été lancée en présence de Mme Anne-Marie Idrac, Secrétaire d’Etat au Commerce Extérieur, le Club d’affaires franco-syrien.

Mission de l’Agence Française pour le Développement (AFD) et du Ministère français de l’Agriculture (14-22 juin 2009)
Mission d’une délégation de la région PACA (27-30 juin 2009)
Convention de non double imposition entre la France et la Syrie

La convention entre la France et la Syrie en vue d’éviter les doubles impositions et de prévenir l’évasion et la fraude fiscales en matière d’impôts sur le revenu a été ratifiée par le Sénat le 19 février dernier et est parue au Journal Officiel du 27 février 2009.
Accord sur la protection réciproque des investissements

Cet accord a été signé le 12 mai 2009. Il doit permettre d’augmenter le montant des investissements entre les deux pays. Rappelons que le montant des investissements français en Syrie est passé en trois ans de 10 à 800 millions d’euros. Tandis que le montant des échanges commerciaux a connu une hausse de 12% en un an, puisqu’il est passé de 883 millions d’euros en 2007 à 992 millions d’euros en 2008 cette année.
Visite de M. Joseph Sweid, ministre des Emigrés à Paris les 19-23 septembre, où il a rencontré les différents représentants des associations syriennes en France.
M. Walid Mouallem, ministre des affaires étrangères s’est rendu à Paris le 30 septembre, dans le but de renforcer la dynamique des relations syro-françaises.

Le Premier ministre syrien, Mohammad Naji Otri, et le secrétaire d’Etat français aux Transports, M. Dominique Bussereau, se sont entretenus à Damas début novembre, des perspectives de coopération bilatérale concernant les compagnies Airbus et CMA-CGM. La contribution des grandes compagnies françaises au financement et à la mise en œuvre de projets d’infrastructure dans le domaine des transports, a été évoquée.

Visite en France du président Bachar Al-Assad les 12 et 13 novembre, laquelle s’inscrit dans le cadre de la dynamique constructive des nouvelles relations franco-syriennes.
Les grands enjeux régionaux ont été au cœur des entretiens, ainsi que l’approfondissement de la relation bilatérale franco-syrienne dans les domaines économique et culturel.
Un Accord de coopération financière entre la France et la Syrie et une note de compréhension issue de l’accord ont été signés avec la société /Bull/ pour l’informatisation du système fiscal en Syrie a été signé à Paris le 11 décembre 2009 entre le ministre syrien des Finances, Mohammad al-Hussein, et Mme Christine Lagarde.
Visite de Mme Christine Lagarde, ministre de l’Econome et des Finances en Syrie, le 17 décembre, au cours de laquelle les deux parties ont signé trois accords de coopération l’un entre la chambre de navigation maritime syrienne et l’union du transport maritime et naval de Marseille, un autre entre l’établissement des chemins de fer syrien et le CMA-CGM, et un troisième entre les commissions de standardisation dans les deux pays.

Un mémorandum portant établissement d’une centrale de contrôle du réseau d’électricité en Syrie et une déclaration d’intention pour le financement par la France du projet du métro de Damas et pour le soutien de l’élaboration d’une loi-cadre concernant l’association entre les deux secteurs public et privé, ont été signés également, ainsi que le plan de travail du Club des entrepreneurs syro-français pour l’année 2010.


En 2010
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Le Sénateur Philippe Marini, président du groupe d’amitié parlementaire franco-syrienne, envoyé du président français a remis au président Bachar Al-Assad le 2 février 2010 un message du président français Nicolas Sarkozy portant sur les relations franco-syriennes et les perspectives de leur développement.

M. François Fillon, Premier ministre, se rend à Damas le 19 février à la tête d’une nombreuse délégation dont fait part Mme Christine Lagarde, ministre de l’Economie, M. Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture ainsi que d’une trentaine de chefs d’entreprises, en vue de l’approfondissement de la coopération bilatérale et l’établissement d’un partenariat global. Sur le plan économique, un contrat de 27 millions d’euros a été signé pour la vente de deux avions de transport régional (ATR) et le protocole pour la vente de 14 Airbus à la compagnie Syrian Arab Airlines bloqué par un embargo américain, a été prorogé.

A l’occasion du Forum International des Femmes Arabes, qu’elle a ouvert, Mme Anne-Marie Idrac, Secrétaire d’Etat chargée du Commerce Extérieur, s’est rendue les 14 et 15 mai en Syrie, accompagnée de Mme Christiane Kammermann, Sénateur représentant les Français établis hors de France

Au cours de ce déplacement, Mme Idrac a rencontré le Vice-premier ministre pour les Affaires économiques, M. Abdallah Dardari, le ministre des Transports, M. Yarob Badr, ainsi que le Vice-ministre des Affaires Etrangères, M. Abdelfattah Ammoura, et le Président de la Commission d’Etat au Plan, M. Amer Loutfi.

M.Bernard Kouchner, ministre des Affaires Etrangères et Européennes, effectue une visite en Syrie, les 22-23 mai 2010.

Visite à Damas du Secrétaire Général de l’Elysée, M. Claude Guéant, le 29 mai.

Visite à Damas de la Secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville, Mme Fadela Amara, les 6-8 juillet 2010.

Les entretiens avec MM. Abdallah Dardari, vice Premier ministre chargé des Affaires économiques, Tamer Hijjeh, ministre de l’Administration locale et Mme Diala Hajj Aref, ministre des Affaires sociales et du Travail, portent sur le développement de la coopération entre la France et la Syrie en matière de politique urbaine, en particulier les perspectives offertes par les jumelages entre les villes des deux pays.

Le président Nicolas Sarkozy a chargé le 4 août 2010, M. Jean-Claude Cousseran, ancien ambassadeur de France dans plusieurs capitales arabes, de tenter de relancer les pourparlers de paix entre Israël et la Syrie. M. Cousseran remet un message écrit de Nicolas Sarkozy au président al-Assad à Damas le 13 septembre.

Visite d’une délégation sénatoriale (18-22 septembre 2010)

Une délégation sénatoriale française, composée de M. Jean-Pierre Vial, Président du groupe d’amitié France-Syrie au Sénat, de Mme Christiane Kammermann, Vice-Présidente du groupe, de M. Jean-Pierre Michel, Vice-Président, de Mme Bernadette Dupont et de M. André Ferrand, a effectué une visite en Syrie du 18 au 22 septembre.  Cette visite a confirmé le renforcement des liens entre les deux pays et leur volonté conjointe d’entretenir une relation privilégiée. L’accent a été mis sur la nécessité d’accroître le rôle des entreprises françaises dans le développement économique syrien, ainsi que sur l’importance d’un renforcement de la coopération universitaire.

Visite à Paris d’Abdallah Dardari, Vice-Premier Ministre syrien chargé des Affaires économiques (22-26 septembre 2010)

  1. Abdallah Dardari, Vice-Premier ministre syrien pour les Affaires économiques, a effectué une visite à Paris du 22 au 26 septembre 2010. Ce déplacement s’inscrit dans le cadre de l’intensification de la coopération entre la France et la Syrie.
  2. Dardari a notamment été reçu au cours de ce déplacement par Mme Christine Lagarde, afin d’évoquer les perspectives de la coopération économique franco-syrienne dans les secteurs de l’énergie, des chemins de fer, et du tourisme. Toujours au chapitre économique, le Vice-Premier ministre a rencontré de nombreux représentants d’entreprises françaises, dans le cadre du MEDEF International, et lors d’entretiens avec les responsables de France Telecom , Alstom, Bouygues Construction.
  3. Dardari a par ailleurs été reçu par le Secrétaire Général de la Présidence de la République, Claude Guéant.

Le président Bachar al-Assad, président de la République arabe Syrienne, qui était accompagné de son épouse, a effectué une visite officielle en France les 9-10 décembre 2010 (voir Visite du président Bachar al-assad en France).

Art et Culture Syrien : Voyageurs français en Syrie

Après avoir évoqué le 3 avril 1990 (1) l’espace francophone en Syrie, issu de ces relations séculaires avec la France, c’est avec Yves Rannou, aujourd’hui décédé, et qui avait au cours d’un séjour professionnel de deux ans en 1970-1971 à Damas, réalisé de nombreuses photographies, que nous présentâmes (1) le 13 octobre 1992 un montage de diapositives intitulé “Syrie d’hier, Syrie éternelle”, illustré de comptes-rendus de divers voyageurs au cours des siècles. C’est en pensant à lui, qu’à la demande de M. Ali Ibrahim, j’ai repris un certain nombre de textes significatifs de l’intérêt que des voyageurs, souvent esthètes ou écrivains, venus de France, avaient porté aux sites syriens. D’ailleurs, la belle exposition au Petit Palais, en 1984, et celle de l’Institut du Monde Arabe (septembre 1993 – juin 1994) drainèrent un public passionné pour un pays, dont la culture aura été universelle.

 Comme on a parlé d’égyptomania, on peut parler de syromania. De tout temps, la Syrie avait été parcourue pour des raisons religieuses (pèlerinage), pour une formation intellectuelle, pour un véritable retour aux sources, que ce soit dans les villes prestigieuses, Alep, Damas, les grands sites antiques, Palmyre, ou les cités commerciales (le tabac parfumé de Lattaquieh).
Initié par Chateaubriand (“j’ai eu le très petit mérite d’ouvrir la carrière et le très grand plaisir de voir qu’elle a été suivie après moi ”), le “Voyage en Orient” sera particulièrement effectué à l‘époque romantique, où les ruines de Palmyre, révélées par Volney, joueront un rôle non négligeable. Napoléon, dans son “Mémorial de Sainte-Hélène” s’écriera: “Il n’y a plus qu’en Orient qu’on puisse faire quelque chose» ; Lamartine, admirateur de Damas, confirmera : “L’Orient, je l’aime comme le pays natal de mon imagination”. Et même ceux qui n’y auront pas été en seront influencés ; Omar Chakhachiro (2) rappelle ces vers de Victor Hugo :

“Alep dont l’immense murmure Semble au pâtre lointain le bruit d’un océan”

(La Fée et la Péri)

(1) au Centre Culturel Syrien
(2) voir bibliographie

I – MOYEN AGE

Nonne du IV siècle, de Galicie, Egérie est la première femme écrivain de langue latine à avoir tenu un journal de voyage (2) ; elle se rendit vers 385 en Egypte (Mont Sinaï), en Terre Sainte, en Syrie et en Cappadoce, en pèlerinage. Elle avait été .précédée d’un pèlerin anonyme de Bordeaux, comme le signale Pierre Maraval (2), qui en 333, avait dressé un itinéraire complet des étapes de Bordeaux à Jérusalem.

Les Croisades rapprocheront, et parfois opposeront, occidentaux et syriens, mais Usama Ibn Munqidh (2), seigneur de Chaïzar, près d’Apamée, aura montré les aspects positifs de la cohabitation.

En 1332, comme le rappelle Gérard Degeorge (2), un religieux dominicain, le Père Guillaume de Boldensele, décrit Damas en termes élogieux : “la cité de Damas, délectable, arrosée, peuplée est très belle et très riche, abondante en marchandises “épices, pierres précieuses, soies”. Trois ans plus tard, Jacques de Vérone le confirme : “de l’Assyrie, de l’Inde, arrivent une infinité de chameaux portant du poivre, du gingembre, de la cinnamome et d’autres épices en grande quantité”. il déclare aussi la supériorité architecturale de la mosquée des Ommeyyades sur toutes les églises d’Italie.

Un siècle plus tard, poursuit Gérard Degeorge (2), en 1432, Bertrandon de la Broquière rapporte qu’un grand nombre de commerçants européens résident à Damas, et parmi eux des Vénitiens, Génois, Florentins, Catalans et parmi les Français un certain Jacques Cœur, qui deviendra le ministre des finances de Charles VIT, et ornementera son palais de Bourges de souvenirs architecturaux damascènes, tandis que ses navires rapportaient draps d’or et de soie de Damas en France.

II – XVIIème et XVIIIème SIECLES

Au XVTIe siècle, le Chevalier d’Arvieux (2), consul de France à Alep de 1679 à 1686, dresse la carte de cette ville en 1683, et il aura été l’informateur de Molière sur les coutumes “turques”, que ce dernier évoquera dans “Le Bourgeois Gentilhomme». Les “Lettres Edifiantes” (2), des Pères Jésuites constituent une somme d’informations sur la Syrie de l’époque; ainsi le Père Gurynant décrit les Damasquains comme “naturellement fiers, ennemis de toute domination un peu dure”.

 

En 1752, le Sieur d’Anville, premier géographe du roi, devait dresser la carte de la région sous le libellé “Carte de la Phénicie (c.a.d. “Liban”) et des environs de Damas”, montrant ainsi l’intérêt de la Cour de France pour la Syrie. En 1764, c’est le baron de Tott, gentilhomme hongrois et informateur de la Cour, qui débarque à Lattaquieh, vante la qualité du tabac noir brûlé, très recherché en Europe. Quelques années plus tard, le peintre Cassas se rend à Palmyre dont il publiera les monuments dans son “Voyage pittoresque de Syrie” (2), ce sont ces dessins qui inspireront Volney (2), et ses “Considérations sur les ruines” qui vont tellement influencer l’époque romantique. Un autre Français, à la même période, l’Abbé Barthélémy, déchiffrera les inscriptions de ce site célèbre.

Volney, en 1783, s’installe dans un couvent du Nord-Liban pour apprendre “la langue, les coutumes ”, car ces conditions manquent souvent aux voyageurs. Il remarque que la France est la nation européenne qui fait le plus grand commerce avec la Syrie, exportant ses draps du Languedoc, ses indigos et son café des Antilles, très apprécié sur les rives du Barada.

(2) voir bibliographie

Volney se verra confier également une enquête en Egypte, en 1785, pour examiner le projet de Tort de conquérir ce pays ; son ouvrage deviendra le livre de chevet du Général Bonaparte, et l’on connaît la suite.

III – XIXème SIECLE

C’est naturellement au XIXe siècle que les récits publiés de voyageurs deviendront très populaires ; sur les 200 qui ont atteint une certaine notoriété, nous en citerons treize à titre d’exemple.

Tout d’abord, un cousin de Jean-Jacques Rousseau, Jean-Baptiste Louis Rousseau, Consul de France à Basrah, se rend en caravane, dans des conditions très éprouvantes de Mossoul à Alep, et nous livre une analyse du commerce français au Levant (2), qu’il évalue à quatre millions de francs de l’époque (à multiplier par 30 pour avoir l’équivalent aujourd’hui) ; ce sont des “draps du Languedoc, des bonnets et burnous (sic) d’Orléans, des soieries, des drogueries et des quincailleries”. En 1822, Alep est presque entièrement détruite par un violent séisme qui fait perdre à la ville les trois quarts de ses 200 000 habitants et met à bas les cent mosquées, cinquante chapelles de tous rites, cent dix cafés et quarante bazars. Mais la prospérité va revenir et Michaud et Poujoulat (2) vantent, en 1830, “les bains publics de Damas qui surpassent en commodité et en élégance ceux de Smyrne et de Constantinople; les cafés et les jardins sont la poésie de Damas …. Damas a cent vingt-deux cafés, les plus fréquentés sont le café des Roses, celui du fleuve et celui de la Porte du Salut”.

C’est Lamartine (2) qui déclarera : “Si j’étais maître de choisir mon séjour, j’habiterais le pied du Liban ou Lattakié pendant le printemps et l’automne”. Pour Damas, le poète a une grande admiration : “C’est une de ces villes écrites par le doigt de Dieu sur terre, une capitale prédestinée comme Constantinople. Tant que la terre portera des Empires, Damas sera une grande ville”. C’est que l’écrivain réside suffisamment de temps pour apprécier les demeures damascènes, d’extérieur modeste mais somptueuses à l’intérieur : “Les douces heures passées à causer le soir à la lueur de sa lampe, au bruit du jet d’eau dans la cour, sont restées dans ma mémoire et dans mon cœur comme un des plus délicieux repos de mes voyages”. Ainsi “les parois sont revêtues de stuc et peintes en arabesques de mille couleurs et souvent avec des moulures d’or extrêmement chargées”. L’hôte de Lamartine à Damas est un Français, Monsieur Beaudin, qui deviendra notre consul ; il dispose d’un magasin depuis 1824 au Khan Assad Pacha, ainsi décrit, non sans peut-être un grand lyrisme : “C’est une immense coupole dont la voûte hardie rappelle celle de Saint-Pierre à Rome”. Le coût de la vie n’y est pas élevé ; on peut s’y nourrir parfaitement pour 2 piastres par jour (50 centimes de l’époque), et vivre un an avec trois ou quatre cents francs de revenu annuel (soit 10 000 F de nos jours !). Lamartine achète trois coffres de cèdre peints en rouge avec des ornements dessinés en clous d’or, des selles, des harnais, des ballots de café de Moka et un cheval de 3 ans qu’il appelle “Tadmor”, pour évoquer Palmyre, où il n’aura pas pu se rendre pour des raisons de sécurité. Quant aux dames qu’il trouve “toutes belles et aussi aimables que belles”, il laisse une description de leur habillement : “des festons de pièces d’or et des rangées de perles sont mêlées à leurs longues nattes ; la tête est coiffée d’une petite calotte d’or ciselé. Elles portent une veste en soie brochée d’argent ou d’or, un large pantalon blanc descendant à plis jusqu’à la cheville et une longue robe de soie d’une couleur éclatante”.

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Avec Baptistin Poujoulat (2), en 1841, c’est la première mention des “dix bateaux à vapeur français qui sillonnent depuis un an les flots de la Méditerranée et sont comme un pont jeté entre Toulon, Marseille, Constantinople et Alexandrette”. Le voyageur se rend à Hama, l’ancienne Epiphania “charmante ville assise au penchant de deux collines, formant une large vallée, toute plantée de beaux arbres fruitiers … quatre ponts joignent les deux parties de la cité … Les machines hydrauliques font un bruit d’enfer en tournant … ces immenses roues, ces longs aqueducs, ces eaux perpétuellement agitées, les kiosques de Hama, mêlés aux grenadiers à la fleur écarlate produisent des paysages délicieux et pleins d’originalité”. L’écrivain se rend aussi à Palmyre : “Du haut du monument, on a sous les yeux … la magnifique colonnade qui vaut, à elle seule, la peine qu’on fasse le voyage … Couché sur le sable, la tête appuyée sur un tronçon de colonne, je prêtais l’oreille aux longs frémissements des branches de palmier … puis je croyais entendre des voix perdues dans l‘espace, des accents inconnus, des soupirs, des plaintes, des gémissements mystérieux”. Le Romantisme était toujours présent !

En 1844, M. Quétin publie un “Guide en Orient”, itinéraire scientifique, artistique, pittoresque (2) où il rappelle l’importance d’une bonne santé dans ces voyages ; à cette condition : “le voyageur commencera une existence nouvelle, simple et nomade, plus délicieuse que celle qu’il a menée dans les cités de l’Europe”.

 Le Baron Taylor publiera sous l’anagramme de “R. P. Laorty-Hadji” un récit de voyage (2) en Syrie, où il décrit lui aussi le khan Assad Pacha : “Cet édifice est d’une étendue considérable et surmonté d’une énorme voûte ; sa forme extérieure rappelle un peu la Halle aux Blés de Paris. A l’intérieur, il est bordé de galeries où se trouvent distribués systématiquement des échoppes, des cafés, des magasins, des boutiques étalant aux yeux les trésors de tous les pays … Au centre du khan est un magnifique jet d’eau dont la gerbe, retombant dans un grand bassin de marbre, entretient dans le voisinage une agréable fraîcheur”.
En 1857, l’Emir Abdelqader et trois cents compagnons algériens s’installent à Damas, où lui- même est reçu, fêté et acclamé par la population syrienne ; il s’installe dans le quartier alors résidentiel de El Amara sur le Barada, et tout près de la mosquée des Ommeyyades, où il assurera lui-même un cours de théologie. Dorénavant, les Français se rendant en Syrie ne manqueront pas de solliciter une audience du grand expatrié, surtout après les événements de 1860, où il joua un rôle si courageux et si salvateur.
En 1858, Fernand Schickler (2), de passage à Damas, assiste à une noce, dont il rendra compte dans “l’Illustration” du 4 décembre : “ Quand on a traversé de nuit les rues de Damas et suivi leurs longs et obscurs méandres, on est fort aise d’arriver. Déjà de l’extérieur on entend la musique, et les hôtes s’avancent pour nous recevoir … les chants recommencent, mais l’air a varié, c’est celui de la Marseillaise, de la Parisienne, qu’on entonne à notre intention. La musique continue avec une verve toujours renaissante : elle se compose d’un violon arabe, d’une cithare qu’on touche comme un piano, d’un tambourin et de deux chanteurs”. Les femmes voyageuses ont un regard plus incisif car elles fréquentent les femmes, ayant accès aux haramliks et aux hammams, et elles se rendent compte de l’importance des femmes, non visibles, mais présentes, et souvent influentes. La Princesse de Belgiojoso (2) est l’une d’entre elles ; elle constate tout d’abord : “La Syrie que j’ai visitée ne ressemble guère à la Syrie que j’avais vue dans les livres ”. D’autre part, la maladie de sa fille lui impose d’estiver à Bloudane “centre d’une société nombreuse, élégante et choisie,” mais qui vivait

(2) voir bibliographie

dans une grande spartialité : “Mon logement à Bloudane était tout simplement une pièce de terre sur laquelle on m’autorisait à déployer mes tentes. Ce terrain, coupé dans la longueur par une haie, formait comme deux appartements disposés en prairies”. Les logements à Bloudane sont aujourd’hui plus confortables mais moins bucoliques !

En 1861, le diplomate Melchior de Voguë (2) se sent une vocation d’archéologue; cela lui vient du fait qu’il prétend revenir chez ses ancêtres, tant la Syrie a joué un rôle dans la culture occidentale : “Ce ne sont pas des habitants que je trouvais, mais mes grands-parents”, clame-t-il avec enthousiasme. Complétant les recherches de Renan, de Voguë va s’intéresser à l’archéologie chrétienne, d’abord, près de Qanawat, à Bosra, à Ezra, puis dans les cent cinquante villages en ruines de l’époque chrétienne (IVème – VIIème siècles) du territoire situé entre Antioche, Alep et Apamée. Plus tard, on lui donnera le nom de “région des villes mortes”, et de Voguë aura montré les emprunts par l’Occident, plusieurs siècles plus tard, du style architectural local que l’oïl connaîtra sous l’appellation “romane”. M. Georges Tate, notamment, a beaucoup fouillé dans cette partie de la Syrie.
Ernest Renan (2), installé à Byblos, se rend à Damas en 1865 en diligence (112 km de route dont 81 en montagne) ; il rend visite à l’Emir Abdelqader, qui se rendra en France cette année-là, et refait le périple que Saint-Paul avait dû effectuer en arrivant à Damas par le Maïdan et les faubourgs Sud de la ville. Il visitera Lattaquieh, Antioche et Alexandrette, et ses souvenirs apparaîtront dans les « Origines du Christianisme ».
Xavier Marmier (2) qui accompagna Flaubert, en Egypte et au Liban, décrit la Syrie dans un ouvrage réservé à la jeunesse; il y décrit la route de Palmyre : “sept jours d’une marche fatigante”, et l’arrivée dans l’oasis : “il est impossible d’exprimer ce que l’âme éprouve devant un pareil spectacle. Ces ruines sont d’une rare beauté et supérieures à toutes celles que renferme la Grèce ou l’Italie”.
En 1875, Jean-Auguste Bost (2) visite à Damas « un café baignant (sic). Nous sommes assis sur un divan ; nous contemplons les baigneurs dont les uns reposent tranquillement dans leurs cuves, d’autres se savonnent et sont couverts d’une mousse écumante … On nous apporte du café et des narguilehs ». Notre voyageur trouve “facile de s’orienter dans Damas une fois que l’on s’est assuré quelques points de repère. La ville forme une espèce d’ovale, partagé dans sa plus grande longueur, mais en deux parties inégales, par la Rue Droite qui, malgré des incendies, des tremblements de terre et des dévastations, n’a jamais cessé de justifier son nom et a toujours conservé son identité”. Bost nous a laissé une bonne description de la mosquée des Ommeyyades qui, depuis peu, était ouverte aux touristes étrangers.
Le Docteur Lortet (2) nous donne une description vivante des souqs, et cette scène pourrait se passer encore aujourd’hui, car elle nous montre les clientes éventuelles : “Ce qu’elles peuvent passer d’heures devant ces petites boutiques, regardant, touchant, palpant, discutant, marchandant pour économiser quelques paras, est chose incroyable. Elles ont l’habitude, comme le font aussi nos aimables compatriotes, de bouleverser des magasins entiers, et de faire déplier sous leurs yeux toutes les étoffes d’un malheureux marchand, avec l’idée parfaitement arrêtée de ne rien acheter. C’est une manière de se distraire, de passer le temps, et d’échapper quelques instants à la tristesse de leur vie intérieure, à la tyrannie du harem”.

(2) voir bibliographie

Charles Lallemand (2) décrit, lui, l’élément masculin, propre à s’amuser : “A côté de ces bourgeois paisibles, Damas compte un assez joli lot de jeunes viveurs, chrétiens aussi bien que musulmans. Cette jeunesse dorée préfère à ces jardins, trop bien fréquentés selon eux, de vulgaires débits de boissons ; pourvu qu’il y ait à côté de tous petits jardins avec un bassin, une vasque et un jet d’eau. Ils peuvent, dans ces endroits cachés, se griser à l’aise. Le maître de l’établissement, le hammardji, s’empresse d’apporter à d’aussi bons clients des chaises basses et une table sur laquelle il leur fait servir de l’araki de Souk-Mikaël (dans le Liban), avec accompagnement de la meza, c’est-à-dire d’un plateau chargé de toutes sortes de hors-d’œuvres et de petits concombres verts, qu’il convient d’absorber après chaque verre d’araki. La coutume des jeunes viveurs veut aussi que la consommation soit “renouvelée” jusqu’à complet échauffement des têtes. Le phénomène d’exaltation alcoolique s’accentue encore à l’arrivée de musiciens et de chanteurs : et bientôt, lorsqu’ils sont à l’état … complet, les jeunes viveurs se mettent à tout briser, chaises, verres et bouteilles. Ces muscadins de Damas se croiraient déshonorés, si la bombance ne se terminait pas par une casse générale. Il est même un jour, le jeudi gras, où le tout-Damas viveur croit devoir se livrer à une ribote … à tout casser”.

IV – XXeme SIECLE

“Une enquête aux pays du Levant” avait été menée par Maurice Barrès (2) avant la première guerre mondiale, mais cette dernière précisément repousse à 1923 l’édition de cet ouvrage, resté un document incontournable de la présence, culturelle francophone dans la région, et des multiples rencontres Orient-Occident. Ainsi, de la description, à Damas de la Porte de Salhiyé et du tombeau d’Ibn Arabi, ou de la basilique Notre-Dame de Tartous, où pria Joinville, à Alep du Collège Halawiyya et de l’évocation du grand mystique Suhrawardi. Avec “Un Jardin sur l’Oronte”, célèbre roman, Barrès confirmait ce qu’il devait au Proche-Orient “une des patries de l’imagination, une des résidences de la poésie, un des châteaux de l’âme”.

Autre figure de l’époque, Henry Bordeaux (2) dont le rappel de ses prédécesseurs venus au cours des siècles sur ces terres constitue une trame solide et toujours reconstituée.
Jean et Jérôme Tharaud (2) donnent peut-être dans “Le Chemin de Damas” une définition de l’orientalisme : “Cet Orient qui n’est pas plus en Asie qu’en Europe, et qui n’est rien qu’une manière de songe, une certain façon de nommer certaines choses de l’amour et de la vie”. C’est dans cet ouvrage que les deux auteurs rappellent la montée sur le trône impérial de Rome d’Héliogobale, “né sur l’Euphrate”, qu’ils qualifient Alep de “Venise des sables”, en reconnaissant les qualités de ténacité de ses habitants : “Parmi les Alépins, le boiteux est arrivé jusqu’aux Indes”. Ils regrettent, parvenus à Deir-Ezzor “qu’il soit si démodé de raconter son enthousiasme devant un coucher de soleil”. Dans “Alerte en Syrie”, les réflexions sont plus inquiètes ; tout en dressant le tableau pittoresque de “l’oasis de Damas que prolonge jusqu’au Lac Tibériade la riche plaine du Hauran”, on ne peut que s’interroger sur la politique mandataire menée dans le nouvel Etat Syrien et l’affaire du Sandjak. “On ne supporte pas de ne pas être aimés”, soupirent avec un profond réalisme les Tharaud.

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Jean Gaulmier demeurera l’un des meilleurs amis de la Syrie à la fin de l’époque du mandat, et après l’indépendance. Venu à Alep pour la première fois, en 1928, avec Jean Sauvaget, il y revint à plusieurs reprises pour y rencontrer Ibrahim Hanano, y résida de 1934 à 1942 pour s’occuper de l’instruction publique. Au lycée “Sultaniyeh”, il eut comme élèves Abdessalam Ujeili ou Farid Jiha, auteur d’un grand nombre, d’articles rappelant ces liens de l’amitié. Jean Gaulmier enseignera également à Hama en 1929, et aura comme élève Fakhri Kilani ou Saddik Naasan, le fils du mufti.. Au collège “Maktab al Anbar”, dans le vieux Damas, il côtoya d’éminents collègues, Chukri Churbadji, Ruchdi Barakat, Wagih Samman, et, je le cite “il y avait mes longues promenades de printemps au bord du Wadi Barada, vers Rabwa et Zebdani : avec mon charmant camarade parisien Kazem Daghestani”.

Le souvenir de Lamartine réapparaîtra en 1929, avec une journaliste, Valentine de Saint-Point (2), sa petite-nièce qui publiera une courageuse “Vérité sur la Syrie”, et, s’étant convertie à l’Islam, sera enterrée au Caire dans la tombe de la famille de René Guénon.
Même les universitaires spécialistes de la Syrie, comme Thierry Bianquis, n’hésitent pas aujourd’hui à raconter avec poésie leur émotion devant cette belle ville de Damas, dans la revue “Qantara” de l’Institut du Monde Arabe (avril 1993). “Damas, une gravure jaunie, la sécheresse et la fraîcheur, l’ombre et le soleil, l’eau jaillissante et le roc brûlé. Une ville fauve, tapie sous sa falaise décharnée, que l’on dirait plus prête à bondir et à mordre qu’à ronronner. Et pourtant, une ville qui travaille avec soin, fignole son ouvrage, crée des décors aux formes harmonieuses, tisse des brocarts lumineux, construit des ouds délicats et des qanouns savants. Au printemps, leurs cordes égrènent toute la mélancolie de la terre, toute la tristesse d’un passé glorieux qui n’en finit pas de mourir. Certes, Damas n’oublie pas de mettre le nez au vent pour humer l’air du temps, utile précaution pour qui vit en un lieu où la foudre ne surgit pas que du ciel d’orage. De la steppe comme de la montagne, du Nord comme du Sud depuis trois mille et quelques années que la ville partage sa vie entre des petits matins industrieux et de longues soirées délectables à l’ombre des noyers de l’oasis de la Ghouta, bien des envieux ont lorgné sur ses beautés, sur les trésors accumulés de là cité, sur le savoir-faire de ses habitants. Pour survivre si longtemps dans un environnement menaçant, il faut savoir distinguer avec soin les amis d’hier des ennemis de demain, pour subsister quotidiennement quand on est commerçant et voyageur dans le sang, il faut s’intéresser au monde”.
Enfin, Denise Brahimi (2) s’intéresse aux Arabes des Lumières, à ces bédouins romantiques, à cette comtesse Margot d’Andurain, qui, sous le Mandat, ouvrit “l’auberge de la reine Zénobie” dans ces romantiques ruines palmyréennes, par amour pour un émir local.
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Ce rappel, bien modeste, car le corpus est énorme, de ces quelques délectables visions, ou projections d’eux-mêmes, conçues par ces voyageurs, poètes, aventuriers, chroniqueurs et archéologues ou historiens, devrait permettre de,souligner, une fois de plus, les multiples liens qui unissent la Syrie et la France, intellectuellement, littérairement, culturellement. Quel chercheur voudra bien, dans l’autre sens, se pencher vers les nombreux Syriens qui ont parlé de Paris, Marseille ou des Châteaux de la Loire, car l’admiration réciproque a toujours soutenu une amitié séculaire.

Christian LOCHON

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 ELEMENTS DE BIBLIOGRAPHIE
 ANVILLE Sieur d’  Carte de la Phénicie et des environs de Damas   Paris, 1780
 ARVIEUX Chevalier d’  Mémoires aux Echelles du Levant  Paris, 1735
 BARRES Maurice  Une enquête aux pays du Levant  Paris, Plon, 1923
 BELGIOSOSO  Princesse de Asie Mineure et Syrie  Paris, Lévy, 1858
 BIANQUIS Anne-Marie, dir.  Damas, miroir brisé d’un Orient arabe  Paris, Autrement, 1993
 BIANQUI Thierry  Damas et Syrie sous la domination fatimide (2 tomes)  Damas, IFEAD, 1986 et 1989
BIANQUIS Thierry, dir. Le Nord-Est syrien  Damas, BEO XLI-XLII, IFEAD, 1993
 BORDEAUX Henry  Voyageurs d’Orient (2 tomes)  Paris, Plon, 1926
 BOST Jean-Auguste  Souvenirs d’Orient, Damas Jérusalem Le Caire  Paris, Sandoz, 1875
 BRAHIMI Denise  Arabes des lumières et bédouins romantiques  Paris, Sycomore, 1982
CASSAS  Voyage pittoresque de Syrie, de l’Egypte  Paris, 1799
 CHAKHACHIRO Omar  Proche et Moyen-Orient dans l’œuvre de Victor Hugo  Paris, Jouve, 1950
CHAUDOUET Jean  La Syrie (analyse dans le n°17, 01/1999, de la Lettre de l’AFS)  Paris, Karthala, 1997
 DEGEORGE Gérard  Damas, des Ottomans à nos jours  Paris, L’Harmattan, 1994
 DEGEORGE Gérard   Damas, des origines aux mamelouks   Paris, L’Harmattan, 1997
EGERIE Journal de Voyage d’une Gauloise du IVe siècle Paris, Cerf, 1983
 FUGLESTAN-AUMENIER Viviane, dir.  Alep et la Syrie du Nord  Revue Monde Musulman et Méditerranée (1991, 4ème trirn.)
 IBN MUNQIDH Usama Des enseignements de la vie, trad. ANDRE MIQUEL  Paris, Imprimerie Nationale, 1983
LALLEMAND Charles  Jérusalem – Damas  Paris, Quantin, 1895
LAMARTINE Alphonse de Voyage en Orient    Paris, 1833
 Lettres Edifiantes  Voyage aux Lieux Saints, Mont Liban, Alep, Damas  Paris, 1730
 LOCHON Christian  Francophonie Arabophonie, l’exemple de la Syrie  Paris, Bulletin de. l’INALCO, octobre 1989
 LOCHON Christian  La construction de la cathédrale de l’Assomption à Damas (1834) Paris, Bulletin Saint-Julien le Pauvre, décembre 1992
 LOIR Raymond  Vieux Damas  Toulouse, Aubanel, 1947
 LORTET Dr  La Syrie d’aujourd’hui  Paris, 1878
MARAVAL Pierre  Récits des premiers pèlerins chrétiens au Proche-Orient  Cerf, 1996
 MARMIER Xavier  Impressions d’un voyageur chrétien  Tours, Mame, 1877
 MICHAUD et POUJOULAT Correspondance d’Orient 1830-1831 (7 tomes)  Paris, Ducollet, 1835
 NERVAL Gérard de  Voyage en Orient (2 tomes)  Paris, 1843
 POUJOULAT Baptistin   Voyage à Constantinople, à Palmyre, en Syrie et en Palestine   Bruxelles, Grégoir, 1841
 QUETIN  Guide en Orient, itinéraire artistique, pittoresque  Paris, 1844
RENAN Emest  Mission de Phénicie  Paris, 1865
ROUSSEAU Joseph  Voyage d’Alep à Bagdad en 1807  Beyrouth,“Syria”, 1925
 SAINT-POINT Valentine de  La Vérité sur la Syrie  Paris, Cahiers de France, 1929
 SCHlCKLER Fernand  En Orient, Souvenirs de Voyage (1858-1861)  Paris, Lévy, 1863
 TAYLOR Baron  La Syrie, la Palestine et la Judée  Paris, Bolle-Lasalle, 1854
THARAUD Jérôme et Jean Le Chemin de Damas  Paris, Plon, 1922
 TOTI Baron de  Mémoires sur les Turcs et les Tartares (3 tomes)  Paris, 1785
VOGUË Melchior de  Syrie Centrale, architecture civile et religieuse (2 tomes)  Paris, 1865 et 1877
 VOLNEY  Voyage en Egypte et en Syrie (1783-1785)  Paris, Mouton, 1959

Parution : Pas de printemps pour la Syrie ( La Découverte, 2013)/les Carnets de l’IFPO

Nous apprenons la parution du livre  : Pas de printemps pour la Syrie. Les clés pour comprendre les acteurs et les défis de la crise (2011-2013), aux éditions La Découverte (sortie officielle le 5 décembre 2013). Ci-joint le lien pour découvrir le sommaire de cet ouvrage dirigé par François Burgat, directeur de l’Ifpo de 2008 à 2013, et Bruno Paoli, directeur du département scientifique des études arabes médiévales et modernes de l’Ifpo. De nombreux chercheurs de l’Ifpo (actuels ou anciens membres ) ont participé à la rédaction des différents chapitres.

Parution : La Syrie et la France : Enjeux géopolitiques et diplomatiques

La nature de la crise syrienne évolue constamment et en profondeur. La répression des forces armées de Bashar al-Assad, ainsi que l’internationalisation du dossier, ont progressivement transformé le soulèvement populaire en guerre civile. Comment comprendre la politique française fondée dès l’été 2011 sur la chute inexorable du régime à court terme ? Désormais le sort du régime syrien est devenu un enjeu géopolitique d’importance pour les puissances régionales et internationales.
Didier Destremau, membre du Bureau de l’AFS a établi une fiche de lecture concernant ce livre brûlant d’actualité,

 

L’enseignement de la langue française en Syrie : témoignage.

Mme Régine Derrien, Professeur de Français Langue Etrangère, a donné une conférence au Centre Culturel Arabe Syrien le 5 juin 2012 sur l’Enseignement de la langue française en Syrie. Mme Derrien ayant occupé les fonctions d’expert sectoriel dans ce pays.
Hérité de la période du mandat, la langue française occupe une place particulière en Syrie ; ces dernières années, de profonds changements ont eu lieu que ce soit dans l’enseignement secondaire ou à l’université.
La mise en oeuvre de plusieurs projets de coopération et l’utilisation des nouvelles techniques dans l’enseignement du Français Langue étrangère ont tenté de relever les défis de ce début de siècle.

Le Liban et la Syrie au miroir français (1946-1991), par Marie-Thérèse Oliver-Saidi

Marie-Thérèse Oliver-Saidi, Agrégé de Lettres classiques, Docteur d’Etat ès Lettres et Sciences humaines a passé plusieurs années au Moyen-Orient (Liban, Egypte, Turquie), y exerçant diverses responsabilités au sein du ministère des Affaires étrangères.

Elle a présenté son livre « Le Liban et la Syrie au miroir français (1946-1991) », paru récemment aux Editions l’Harmattan (www.editions-harmattan.fr), le 23 février dans le cadre du Séminaire « Orient, littératures contemporaines », animé par Gilles Ladakany et Rania Samaria à l’EHESS, 96, bd Raspail à Paris.

Après une description des effets du mandat (1920-1946) sur les populations de la Syrie et du Liban, l’auteure s’est penché sur les événements politiques intervenus dans les deux pays et qui ont jalonné la période 1946-1991.

Elle analyse  ensuite  l’image d’un pays tel qu’il est perçu par un autre et comment cette image dispose de nombreuses facettes culturelles et économiques lesquelles influencent à leur tour la politique et la diplomatie.L’image est souvent façonnée par divers groupes de pression (pèlerins, religieux, journalistes, hommes d’affaires, médiateurs etc.) qui peuvent avoir un relais positif ou pas.

En l’occurrence, les représentations de ces deux pays ont connu en France, de leur indépendance en 1946 à la guerre du Golfe en 1991, des évolutions aussi importantes qu’inattendues.

Enfin, Mme Oliver-Saidi a conclu sa présentation en émettant le souhait que la situation actuelle puisse offrir de nouvelles perspectives aux relations franco-syriennes en particulier, et que la Syrie soit enfin abordée pour elle-même et non plus à travers le prisme libanais.

Le premier Ministre François Fillon, en visite à Damas le 20 février 2010

Le premier Ministre, François Fillon a effectué le 19 février une visite de 24 heures à Damas. Il était le premier chef du gouvernement français à se rendre en Syrie depuis 1977. Il a rencontré le président Bachar Al-Assad, lequel se serait réjoui « des améliorations intervenues dans la relation franco-syrienne » et a rappelé l’ouverture économique de son pays au secteur privé. La France souhaiterait accompagner cette « modernisation » syrienne, a dit M. Fillon. C’est ainsi que cette visite a été marquée par la signature d’accords bilatéraux. Un contrat d’achat de deux ATR (avions de transport régional) d’un montant de 27 millions d’euros a été paraphé et un protocole pour la vente de 14 Airbus à la compagnie Syrian Arab Airlines, datant de 2008 et bloqué par un embargo américain, a été prorogé.

François Fillon était accompagné de la ministre de l’Economie, Mme Christine Lagarde et d’une trentaine de représentants de grandes entreprises et de PME (Alstom pour le métro notamment, Lafarge, Total). Paris nourrit de grandes ambitions commerciales dans ce pays où la croissance a été de +3% en 2009 malgré la crise, selon le FMI, et qui s’ouvre de plus en plus aux investissements étrangers. Paris est ainsi très intéressé par le projet de métro à Damas programmé pour 2016 et du nouveau terminal de l’aéroport.

La culture était également à l’honneur avec la signature d’un accord pour la construction d’un réseau de musées modernes et la valorisation d’une trentaine de sites archéologiques.

Contribution aux pourparlers de paix :

Lors d’une conférence de presse à Damas, M. Fillon a souhaité passer à la vitesse supérieure et intensifier les partenariats économiques actuellement « très inférieures à leur potentiel ». Mais, avait-il prévenu peu auparavant, « l’une des conditions de la poursuite d’un développement économique en Syrie est la paix et la sécurité ». Selon lui, « la Syrie a un rôle fondamental dans l’établissement de la paix au Proche-Orient. Pour que la situation s’améliore, il faut que chacun fasse des efforts ».

Evoquant les dossiers où la Syrie peut jouer un rôle, le chef du gouvernement français a notamment mentionné l’Iran, qui refuse, malgré des sanctions de l’ONU, de suspendre ses activités nucléaires sensibles soupçonnées de cacher un volet militaire. « Nous avons tendu la main au gouvernement iranien, sans succès », a regretté M. Fillon, en allusion aux différentes propositions des pays occidentaux pour convaincre l’Iran. « Nous souhaitons que la Syrie nous aide dans cet effort pour que l’Iran renonce à des décisions dangereuses pour la paix dans le monde », a-t-il expliqué.

Son homologue syrien, Mohammad Naji Otri, a cependant indiqué : « Nous avons toujours appuyé l’emploi pacifique de l’énergie nucléaire, c’est un droit », a dit M. Otri. Celui-ci a appelé à une « dénucléarisation de la région » car selon lui « la menace vient de la puissance israélienne ».
Concernant les négociations de paix israélo-palestiniennes, François Fillon
a réaffirmé que la France était « disponible pour participer à renouer le dialogue entre la Syrie et Israël avec la participation de la Turquie ». « Il n’y a pas de temps à perdre », a-t-il insisté, affirmant que la France allait entamer des discussions avec les trois parties « dans les meilleurs délais » pour une reprise des négociations de paix également interrompues lors de la guerre de Gaza.