« Tempête sur le Grand Moyen-Orient » Par Michel Raimbaud

Recension du livre de Michel Raimbaud par Didier Destremau, Administrateur de l’AFS en charge des Relations Extérieures.

Michel Raimbaud, ancien ambassadeur de France en Mauritanie, au Soudan, et au Zimbabwe, a publié un ouvrage intitulé « Tempête sur le Grand Moyen-Orient». Il en explique ainsi la teneur : « En raison de sa position stratégique aux confins de l’Eurasie, autant que par sa richesse en gaz et pétrole,
cette immense « ceinture verte» islamique détient un potentiel de puissance considérable et constitue un enjeu majeur. De son devenir, mis en question par la tempête actuelle, dépend en bonne partie la physionomie de notre monde de demain.»

Quant au titre, il dit qu’il a intitulé son livre « Tempête sur le Grand Moyen-Orient » parce que cela ne concerne pas seulement le Moyen-Orient géographique mais il s’agit du Grand Moyen-Orient au sens donné par les néoconservateurs américains. Pour eux, affirme-t-il, le Grand Moyen-Orient est extensible au gré des pulsions américaines, parce que ce sont les Américains qui l’ont modelé pour lui donner l’extension qu’il a maintenant.»

Ces affirmations quelque peu péremptoires donnent d’emblée le ton de l’ouvrage, plaidoyer à charge contre Washington qui aurait fabriqué des révolutions clés en main, les Printemps arabes, tous synonymes de mort, de destruction et de chaos. Pour M Raimbaud, le début de cet imbroglio ne date pas de 2011, avec la Tunisie, mais de 1991, avec la chute de l’Union Soviétique. La question n’est pas le regard que l’on porte sur le bilan de l’Union Soviétique au plan national ou plan international, mais sur le fait, selon lui incontestable que ce grand bouleversement géopolitique fait passer la planète d’un monde bipolaire, celui de la Guerre froide, à un monde unipolaire, celui de l’Ouest. C’est donc l’Occident qui va prétendre incarner la communauté internationale à lui seul alors que les autres pays, les anciens pays communistes, les non-alignés, les pays du Sud étant priés finalement de se soumettre ou de se démettre. S’ils se rebellent, ils sont qualifiés d’États voyous ou d’États parias !

Beaucoup de sang musulman a coulé depuis la machiavélique mise en scène du 11 septembre 2001, date choisie pour favoriser l’érection d’un Nouvel ordre international, le Grand Moyen-Orient qui, extensible au gré des pulsions américaines, s’étend désormais de l’Atlantique à l’Indonésie.

Après avoir évoqué les raisons objectives de l’effilochement de l’URSS et les inconséquences de Saddam Hussein lors de son invasion du Koweït, (du reste encouragé par les Américains…) M Raimbaud souligne que Al Qaïda a été créée par les USA, les Saoudiens et les Pakistanais pour lutter contre les Soviétiques en Afghanistan. Certes, il n’y a jamais eu de collaboration entre Al Qaîda et Saddam Hussein, et cette proclamation de GW Bush fut une escroquerie par laquelle tout commence. C’est ensuite, le démantèlement de la Yougoslavie pour réduire la zone d’influence russe, puis le Soudan, harcelé pour obtenir sa partition 15 ans plus tard, et la Somalie qui se retrouve divisée en trois ou quatre États. La troisième guerre du Golfe aboutira au démantèlement de l’Irak que suit, logiquement, l’offensive contre la Syrie présentée comme un État dangereux.

C’est donc après les attentats de 2001 que George Bush aurait mis en œuvre sa doctrine du Grand Moyen-Orient auquel il faut imposer la démocratie par la force. Washington annonce clairement la couleur, avec une liste de pays à déconstruire afin de les mettre hors d’état de nuire aux intérêts américains.

On le constate, M Raimbaud n’y va pas de main morte qui, destine son livre à tous ceux qui s’intéressent aux peuples arabes et/ou musulmans, à leur histoire et leur avenir. On peut ne pas partager son interprétation des événements, mais on doit admettre que, visant le public des personnes désireuses de comprendre les événements actuels et de démystifier ce vieux monde où l’on sème si facilement la mort et la destruction au nom du Bien, si ce n’est au nom de Dieu, il se montre assez convaincant.

Six ans de guerre en Syrie: le miroir de nos échecs

 

Deux chercheurs de sensibilité opposée, Jean-Pierre Filiu et Frédéric Pichon publient chacun un livre clair et argumenté. Ces deux ouvrages permettent de mieux comprendre ce pays ravagé par la guerre civile. Et nos propres erreurs

Il y a six ans, le 15 mars 2011, le pouvoir syrien de Bachar al-Assad réprimait violemment des manifestations d’opposants. Le début d’une atroce guerre, toujours pas terminée.

Une seule chose réunit Jean-Pierre Filiu et Frédéric Pichon : leur amour de la Syrie. En revanche, sur la guerre civile qui s’y déploie depuis six ans, leurs désaccords d’historiens et d’arabisants sont profonds. C’est dire si la lecture parallèle de leurs deux livres permet, non de se faire une opinion moyenne et insipide, mais d’aller plus loin dans la compréhension d’une situation tragique, en évitant l’écueil des anathèmes et des polémiques.

Depuis le premier jour, Jean-Pierre Filiu soutient activement ceux qu’ils appellent les « révolutionnaires », c’est-à-dire l’opposition modérée, au risque de privilégier son engagement personnel à la froide réflexion. Au risque, lui, de passer pour un soutien du régime, Frédéric Pichon se méfie des amis syriens de Filiu, par crainte de l’islamisme et attachement aux chrétiens d’Orient. Et si le premier approuve la politique anti-Assad de la France, le second y voit un « naufrage de la diplomatie française ».

Jean-Pierre Filiu n’en est pas à son premier livre sur la Syrie. Son Je vous écris d’Alep (Denoël, 2013) était un témoignage à chaud de la situation sur le terrain. En 2015, l’universitaire publie une BD (avec Cyrille Pomès) intitulée La Dame de Damas (Futuropolis, 2015), une manière pour lui de raconter cette « révolution » à un autre public. Avec Le miroir de Damas, Jean-Pierre Filiu en revient à l’histoire. Il entreprend de nous convaincre que « nous avons tous en nous une part de Syrie ». Si son livre part d’un cri de colère contre « l’indifférence » de « notre monde [qui] a abandonné la Syrie et son peuple à une horreur inimaginable », il nous montre comment « Damas nous tend aujourd’hui son miroir », tant « la descente aux enfers de la Syrie et de son peuple n’est ni un problème d’Arabes, ni le solde de querelles immémoriales ». C’est une histoire partagée que Filiu nous raconte dans ce livre savant mais très accessible.

Chemin de Damas. Tout débute avec Saint Paul et sa conversion « sur le chemin de Damas » : « C’est en Syrie que le christianisme a commencé à s’émanciper du judaïsme » et, là aussi, qu’a « grandi une chrétienté consciente d’elle-même au point de nourrir une ambition universelle ». Suivrons « les schismes d’Orient », « le premier empire de l’Islam », « les croisades et Saladin », la terreur mongole, puis le retour des Européens avec « les échelles du Levant » ou « la trahison des Alliés » au lendemain de la Première Guerre mondiale. L’auteur rappelle que ce « pays de Cham » est, dans l’eschatologie islamique, « la terre de la fin des temps », des concepts médiévaux repris par Daech.

Jean-Pierre Filiu insiste sur les erreurs et les crimes commis par les Français durant la période du mandat (1920-1946). Cette histoire est peu connue dans notre pays et il faut, par exemple, lire l’Histoire des Arabes d’Eugène Rogan (Tempus) pour mesurer l’ampleur des dégâts. « Comment ne pas retrouver dans ce triste feuilleton mandataire les échos de la conflagration actuelle ? », s’interroge Filiu, fidèle à sa méthode de « concordance des temps ». C’est, selon l’auteur, le refus obstiné de comprendre qu’il s’agit d’une révolution et l’accent, excessif à ses yeux, mis sur le sort des « minorités ». « Ce discours n’a pas pris une ride depuis les propagandistes du mandat [français] jusqu’aux thuriféraires d’Assad », dit-il.

S’il n’est pas cité, Frédéric Pichon fait évidemment partie de ceux dont Jean-Pierre Filiu dénonce les thèses. Jeune spécialiste de géopolitique, auteur d’une thèse sur le village chrétien de Maaloula, Pichon considère que la Syrie est « une guerre pour rien ». Au vu de l’échec de la « révolution » déclenchée en mars 2011 et de la « résilience » du régime, il est difficile de lui donner tort. Il place son livre sous les auspices de George Orwell, qui écrivait à propos de la guerre d’Espagne : « J’ai vu l’histoire s’écrire non pas en fonction de ce qui s’était passé, mais en fonction de ce qui aurait dû se passer ».

Progressive paralysie. Pour Frédéric Pichon, « la guerre régionale qui se joue en Syrie est devenue le symptôme de l’agonie d’un ordre international en même temps que la prémisse de celui qui vient. » Il diagnostique « la progressive paralysie de l’Occident, entravé dans ses actes mais aussi ses mots, donnant la pénible impression d’un monde qui lui échappe ». Il insiste sur « la dimension religieuse de ce conflit que les acteurs, à tort ou à raison, envisagent comme un élément essentiel, tandis que ce phénomène structurant est de plus en plus inconcevable dans nos sociétés qui vivent le crépuscule du religieux ».

Moins historique que celui de Filiu, le livre de Pichon décrit la situation actuelle, après la chute d’Alep-Est, en décembre dernier. Il revient toutefois sur les fondamentaux géopolitiques, sur lesquels s’est construit le régime baasiste depuis les années soixante. « Le système est confronté à deux contradictions majeures : celle du nombre et de l’espace », écrit-il. « Issu d’une communauté minoritaire, les Alaouites, et gouvernant avec d’autres groupes minoritaires, y compris la bourgeoisie sunnite, l’État baasiste manque d’un socle suffisant. Il lui est donc nécessaire de négocier quand c’est possible et de frapper brutalement quand il le faut, c’est-à-dire la plupart du temps ».

Finalement, note-t-il, « la contestation est venue de la plus grosse partie des mécontents, les populations des petits bourgs ruraux et des campagnes, véritablement sacrifiés sur l’autel des réformes économiques et ce paradoxalement alors que le Baas avait fondé ses succès et son arrivée au pouvoir sur cette ruralité ». En 2011, « c’est la Syrie périphérique qui se soulève brutalement ». Une thèse qui séduirait sans doute le géographe français Christophe Guilluy et sa « France périphérique »…

« Les révolutionnaires qui se sont soulevés en 2011 étaient persuadés de la chute imminente du régime Assad et ce fut sans doute leur plus grave erreur », juge Jean-Pierre Filiu. Un constat qui s’apparente finalement au « sursaut d’intelligibilité » revendiqué par Frédéric Pichon.

Le miroir de Damas », de Jean-Pierre Filiu, La Découverte, mars 2017, 14 euros.

Syrie, une guerre pour rien, de Frédéric Pichon, les éditions du Cerf, mars 2017, 16 euros.

 

CARTOGRAPHIE DES RELIGIONS (1)

CARTOGRAPHIE DES RELIGIONS (1) – APERÇU RÉGIONAL AU XXI e SIÈCLE
ARTICLE PUBLIÉ LE 02/12/2016

Par Oriane Huchon  

Plusieurs articles sur les différents courants de l’islam sont déjà parus sur Les clés du Moyen-Orient. Celui-ci a pour objectif de présenter une cartographie de l’implantation des religions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Les courants principaux y sont représentés, ainsi que les principaux lieux saints (sunnites et chiites), les lieux de naissance des principaux ordres soufis, et les minorités religieuses.

Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont les terres d’expansion de l’islam aux VIIe et VIIIe siècles de notre ère. Il ne faudrait pourtant pas considérer ces vastes territoires comme un monde unifié religieusement. Les religions antérieures à l’islam, le christianisme sous ses diverses formes (maronite, orthodoxe, copte, catholique…) et le judaïsme, demeurent au sud et à l’est de la Méditerranée et disposent d’un statut spécial dans le droit musulman, le statut de dhimmi. Jusqu’à la chute de l’Empire ottoman, le statut de dhimmi était communément appliqué dans les diverses communautés musulmanes.

Les musulmans sont de nos jours environ un milliard et demi sur la planète, soit 23% de la population mondiale. Ils forment le groupe religieux le plus important au monde après le christianisme. Les sunnites (toutes écoles confondues), représentent 87,4% de la population musulmane ; les chiites duodécimains 8,4 %, les autres mouvances chiites 3,5% et les ibadites 0,7% (1). La majorité de ces musulmans se trouve désormais en Asie, avec entre 700 et 800 millions de pratiquants, principalement en Indonésie (premier pays musulman du monde), en Afghanistan, en Inde, au Pakistan, au Bangladesh et en Chine (2). Au Moyen-Orient (Turquie, Egypte et Iran compris), ils seraient entre 350 et 400 millions ; alors qu’au Maghreb ils seraient un peu moins de 90 millions.

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A titre comparatif, les chrétiens représentent 32% de la population mondiale et sont 2,2 milliards sur Terre. Les hindous sont 1 milliard, les bouddhistes 500 millions et les juifs 14 millions (4). Les juifs ont globalement fui les terres d’islam depuis la création d’Israël, et 25 % de la population juive globale vit actuellement en Israël. Les chrétiens d’Orient sont entre 10 et 16 millions au début du XXIe siècle (5).

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Dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient à l’exception d’Israël, les musulmans représentent la grande majorité de la population nationale, toutes confessions de l’islam comprises. En 2013, on estimait ainsi le nombre de musulmans au Maghreb et au Moyen-Orient, par pays :

Pays Population totale (en millions) % de musulmans dans la population
Algérie 39 99%
Arabie saoudite 27 100% (dont chiites entre 10 et 15%)
Bahreïn 1,3 70% (chrétiens 14%, hindouisme 10%, bouddhisme 2,5%, autres)
Egypte 87 90% (coptes 10%)
Emirats arabes unis 8,3 96% (dont chiites 16%)
Irak 32,5 97% (dont chiisme 65%, sunnisme 35%)
Iran 81 98% (dont chiisme 89%)
Israël 8 18% (judaïsme 75%, autres 7%)
9 Nigéria 2.7 Yémen 100
Jordanie 8 92% (christianisme 6%)
Koweït 4 85% (dont chiisme 30%, christianisme et hindouisme 15%)
Liban 6 54% (dont 27% chiisme, 27% sunnisme ; christianisme 40.5%)
Libye 6 97%
Maroc 33 98,7%
Oman 3,2 90% (dont ibadisme 75%)
Qatar 2,2 77% (christianisme 8,5%, autres 14%)
Syrie 22 98% (dont alaouite 10%, druze 3%, chiite 2% ; christianisme 5%)
Territoires palestiniens 5 Cisjordanie : 75% (judaïsme 17%), Bande de Gaza : 99%
Tunisie 11 99%
Turquie 82 99,8% (dont alévis 20%)
Yémen 26 100% (dont zaydisme entre 25 et 40%)

Source : Revue Moyen-Orient, “Bilan géostratégique 2014”, Juillet-Septembre 2014, Paris.

L’islam ne se résume pas aux deux grands courants connus, le sunnisme et le chiisme. Ces confessions connaissent des divergences de croyances en leur sein. Le sunnisme, courant majoritaire, se divise en plusieurs écoles juridiques interprétant de diverses façons le Coran et la sunna (ou tradition, comportement du Prophète) enregistrée dans les hadiths.
Le chiisme est né de la « grande discorde » du premier siècle islamique, liée à la succession à Mahomet au titre de calife. Les trois groupes chiites existants toujours aujourd’hui (zaydite, duodécimain et ismaélien) sont issus des allégeances aux différents imams ayant succédé à Ali.

Un troisième courant nommé kharidjisme est également né au moment de la « grande discorde ». Si les kharidjites ont aujourd’hui disparu, les ibadites en sont leurs héritiers (bien que certains d’entre eux s’en défendent). Ils subsistent à Oman, à Djerba en Tunisie, en Libye à Zuwarâ et Djebel Nafusa, en Algérie à Mzâb et en Tanzanie à Zanzibar.

Enfin, de multiples confréries soufies se sont développées dans toute la région. Le soufisme est le penchant mystique de l’islam, souvent méconnu en France. Les soufis cherchent l’accès direct à la divinité d’Allah à travers des pratiques particulières dont le dhikr (répétition du nom de Dieu), la musique et la danse parfois, et la méditation. Ils s’appuient sur une théorie des hommes et du divin développée par les théologiens soufis au cours des siècles. Les confréries soufies sont nombreuses, et constituent toujours une réelle influence dans certains pays, notamment en Egypte.

Cette richesse cultuelle s’exprime par la présence de nombreux lieux saints et sanctuaires musulmans, chrétiens et juifs. Au-delà des villes saintes de Jérusalem, de Médine et de La Mecque, diverses villes attirent chaque année des milliers de pèlerins. Les sunnites les plus rigoristes interdisent le culte des saints. La mosquée n’est pas sacralisée comme l’est l’église. Les chiites toutefois célèbrent de nombreux saints, et la plupart des sunnites ressentent le besoin de « localiser le sacré, de l’inscrire dans l’espace, au travers de rites », selon les propos de Dominique Logna-Prat et de Gilles Veinstein, qui poursuivent : « Il existe ainsi des lieux [de culte des saints], généralement des sépultures, dotées de mausolées, et, le cas échéant, d’un complexe de bâtiments, dont des mosquées, que sanctifie la présence des restes d’un saint et à travers lesquels se diffuse sa baraka » (6) (Influence bénéfique qu’exercent certains personnages révérés de l’islam, ou certains objets sacrés, Larousse). Ces lieux saints et sanctuaires constituent des éléments centraux de la vie du musulman et les plus importants d’entre eux nécessitent d’apparaître sur une carte générale des religions de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, puisqu’ils génèrent d’importants flux de population.

Lire sur Les clés du Moyen-Orient :

Hichem Djaït, La Grande Discorde, Religion et politique dans l’Islam des origines

Sunnites/chiites : aux origines du grand schisme de l’Islam

Notes :

(1) DUPONT Anne-Laure, Atlas de l’islam. Lieux, pratiques et idéologie, Autrement, 2014, Paris.
(2) Ibid.
(3) Revue Moyen-Orient n°23, “Bilan géostratégique 2014”, Juillet-Septembre 2014, Paris
(4) http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/12/18/les-chretiens-sont-le-premier-groupe-religieux-au-monde_1807767_3224.html#VTY0lHpcA3iuy91U.99
(5) LORIEUX Claude, Chrétiens d’Orient en terres d’Islam, Perrin, 2001, Paris.
(6) « Lieux de culte, lieux saints dans le judaïsme, le christianisme et l’islam : Présentation ».

Bibliographie :

- DUPONT Anne-Laure, Atlas de l’islam. Lieux, pratiques et idéologie, Autrement, 2014, Paris.
- HOURANI Albert, Histoire des peuples arabes, Seuil, 1991 (traduction française en 1993), Londres.
- HANIF, N, Biographical Encyclopaedia of Sufis : Central Asia and Middle East, Sarup & Sons, 2002.
- SELLIER André, SELLIER Jean, Atlas des peuples d’orient. Moyen-Orient, Caucase, Asie centrale, La Découverte, 2002, Paris.
- Revue Moyen-Orient n°23, “Bilan géostratégique 2014”, Juillet-Septembre 2014, Paris.
- BALANCHE Fabrice, Atlas du Proche-Orient arabe, PUPS/RFI, 2012.
- LORIEUX Claude, Chrétiens d’Orient en terres d’Islam, Perrin, 2001, Paris.

Sitographie :

- Le dessous des cartes, « L’islam en conflit », Parties 1 et 2, Arte, Janvier 2015.
- Encyclopédie Larousse en ligne
- Encyclopedia Universalis
- http://www.lemondedesreligions.fr/actualite/les-ahmadis-musulmans-malgre-les-autres-05-02-2015-4492_118.php
- http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/12/18/les-chretiens-sont-le-premier-groupe-religieux-au-monde_1807767_3224.html#VTY0lHpcA3iuy91U.99

Le gouvernement américain arme les jihadistes à Idleb

Poursuivant notre quête de vérité sur la guerre en Syrie nous publions le témoignage de Randa Kassis qui ne saurait être soupçonnée de soutenir le gouvernement du Président Assad.

Randa Kassis est une femme politique syrienne, elle est co-présidente de la délégation des syriens laïques aux pourparlers de paix pour la Syrie à Genève. Présidente de l’initiative d’Astana pour la paix en Syrie, Présidente du mouvement de la société pluraliste. Elle accorde un entretien exclusif à l’Observatoire de l’islamisation sur son essai co écrit avec Alexandre del Valle, Comprendre le chaos syrien (éditions du Toucan, juin 2016) :

L'Artilleur.

Randa Kassis et Alexandre Del Valle.

L’OI: Vous avancez dans Comprendre le chaos syrien que l’attentat du 18 juillet 2012 au cœur du siège de la sécurité nationale syrienne à Damas, est le fruit de la CIA, sur quels éléments vous appuyiez-vous ?

R.Kassis : Selon mes informations que je ne peux pas révéler, l’attentat était dirigé et effectué avec le support de  la CIA afin de décapiter le régime syrien. Durant la même période plusieurs généraux comme Tlass, Moufleh et quelques autres ont fait défection de l’armée. Des brigades dites de « l’armée libre » ont débuté une offensive près de Damas.

Le Front islamique qui fédère des bataillons salafistes, regroupe plus de 60 000 hommes, est financé par nos alliés saoudiens et qataris, quel type d’islam veut-il faire triompher ?

Les pétromonarchies, spécialement l’Arabie Saoudite ne veut que propager et faire régner le wahhabisme et pas seulement sur le Moyen Orient. Ils souhaitent peser en Syrie pour des raisons non seulement idéologiques mais aussi pour des raisons stratégiques afin d’endiguer l’influence d’un Iran qui est en train de reprendre une place centrale dans la région. Tandis que le Qatar a une tendance qui penche plutôt vers les frères musulmans. Dans tous les cas, l’Islam politique est le symbole de l’obscurantisme et de la barbarie dans toutes ses tendances. 

Des brigades turkmènes opèreraient en Syrie avec l’appuie de la Turquie, pouvez-vous nous en dire plus sur elles ?

La Turquie d’Erdogan rêve de restaurer l’empire Ottoman. Erdogan appuie les turkmènes et ouvre ses frontières à tous ces combattants pour rejoindre la bataille d’Alep. Effectivement, ces combattants avec d’autres jihadistes ont réussi à briser partiellement l’encerclement au sud Alep.

Dans quelles brigades armées se retrouvent les Frères Musulmans, très présents dans la région ?

Ils sont présents surtout dans l’Armée de la conquête, Jaysh Al Moudjahidin… De toute façon, les Frères musulmans soutiennent plusieurs brigades islamistes et tentent d’être partout. l’alliance de ces brigades changent sans arrêt et elles dépendent de leurs mentors financiers et leurs desiderata.

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Randa Kassis au Sommet de Genève pour les Droits de l’homme et la démocratie, février 2013.

Qui compose la Coalition nationale syrienne soutenue par la France et les Etats-Unis dans les négociations onusiennes consacrées au règlement du conflit ?

La C.N.S est composée principalement de frères musulmans et soutenue par la Turquie et le Qatar.

Le HCN ou la plateforme de Riyad est composé de la C.N.S, du C.N.C.D et d’autres personnalités avec les combattants de la brigade Jaiysh Al Islam, Ahrar Al Sham, etc… qui ne forment pas une force homogène. Mais nous pouvons dire que le volet politique du HCN a tendance à défendre tous les islamistes ou jihadistes (pour moi, un islamiste signifie un jihadiste potentiel). Rien ne m’étonne de la part de ces « politiques » du HCN puisqu’ils sont des pantins de pétromonarchies et la Turquie.

Je dois préciser que cette délégation qui participe aux pourparlers de paix pour la Syrie à Genève n’est pas la seule. Notre délégation des syriens laïques participe également.

La « Plateforme de Riyad », initiative saoudienne,  pousse un « Haut Comité des Négociations » censé représenter la diversité de l’opposition syrienne. Les Etats-Unis et la France y voient un interlocuteur privilégié, qu’en pensez-vous ?

Malheureusement, la France qui a choisi par ses politiques d’être du côté des islamistes en s’alignant sur la position saoudienne pour des raisons économiques ou intérêts personnels, voit le HCN le seul interlocuteur de l’opposition syrienne. Tandis que les Etats-Unis qui ne font que répéter leurs erreurs espèrent toujours de maitriser ces islamistes. Pour moi, c’est une erreur majeure qui ne fait que renforcer l’islam politique dans la région. 

Vous êtes à l’initiative des accords d’Astana, quel est votre plan de sortie de crise ?

Nous avons élaboré un plan pragmatique pour un changement progressif en Syrie sans toucher aux institutions d’Etat. Ce plan correspond aux accords de Vienne, c’est à dire, la demande d’un changement de la constitution, instaurer un gouvernement civil partagé par une opposition réaliste et une partie du régime, préserver l’armée syrienne qui est une armée nationale, et la décentralisation de la Syrie qui sera la seule garantie pour ses minorités religieuses et ethniques. Un état fédéral en Syrie pourrait être le seul rempart contre la propagation des islamistes et contre une nouvelle dictature. quand je parle d’une fédération en Syrie, je parle d’un modèle fédéral qui puisse être adapté à la société Syrienne.

L’accord de coopération militaire en Syrie contre les groupes djihadistes, que le gouvernement américain a conclu avec Vladimir Poutine fin juillet, ne sonne-t-il pas le glas de l’aventurisme diplomatique des membres de l’Otan ?

L’Otan n’a jamais souhaité collaborer militairement avec la Russie concernant les groupes djihadistes. Les Etats-Unis n’ont pas encore défini qui sont les groupes terroristes sur le terrain sans compter l’EI. Le gouvernement américain arme jusqu’a aujourd’hui des rebelles jihadistes à Idleb qui sont en liaison avec le Front Al Nosra. Ce dernier était un sujet à discuter entre les deux parties (Russes et Américains) puisque les Etats-Unis ne veulent pas les combattre malgré la présence du Front Al Nosra sur la liste des groupes rebelles reconnus par l’ONU comme terroristes. Malheureusement les Etats Unis comptent sur les éventuelles victoires sur le terrain de ces groupes rebelles afin de contrebalancer l’influence Russe et Iranienne .

Dans les coulisses de la diplomatie française

Dans les coulisses de la diplomatie française

Nicolas Sarkozy, François Hollande : deux styles très différents sur le terrain diplomatique.
D’un côté, « Sarkozy, l’atlantiste et l’occidentaliste », qui fait la leçon à Obama, ami puis ennemi d’Assad et Kadhafi. De l’autre, « Hollande l’urgentiste », confronté au cynisme de Poutine et au lâchage d’Obama, s’impose en chef de guerre contre les djihadistes d’Aqmi au Sahel et les massacreurs de Daech en Irak.
Les nombreux faits et confidences « off » des principaux acteurs de la diplomatie et des Armées, rapportés par Xavier Panon, plongent le lecteur au cœur des négociations au sommet. Elles illustrent les rapports différents de Sarkozy et Hollande avec Angela Merkel, comme avec Pékin, Washington, ou le Qatar. Entre continuité et volonté de se démarquer, ils offrent le spectacle de deux présidents, l’un transgressif, l’autre consensuel, qui se veulent porteurs de valeurs « universelles » et d’un rôle mondial pour la France de « Charlie ».

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Du même auteur

Source : Dans les coulisses de la diplomatie française – Xavier Panon – Éditions l’Archipel

L’Eglise catholique et l’Islam

Le Père Michel Lelong

Le Père Michel Lelong

En ce début du XXIe siècle, en diverses régions du monde,bien des incompréhensions et tensions demeurent entre chrétiens et musulmans. Mais dans l’une et l’autre communautés, de plus en plus nombreux sont les croyants qui découvrent les liens spirituels qui les unissent.

Dans ce contexte nouveau, quel fut, ces dernières années, et quel est aujourd’hui l’enseignement des papes? Ayant consacré sa vie au dialogue interreligieux, le Père Michel Lelong présente dans ce livre des documents peu connus-et pourtant d’une importance majeure-qui témoignent de l’attention portée par Paul VI, JeanPaul II, Benoit XVI et le Pape François aux relations entre l’Eglise catholique et le Monde Musulman.

Edité chez Erick Bonnier  Editions février 2016 www.erickbonnier-editions.com

Le Père Lelong est membre du Conseil d’Administration de l’AFS.

Nous recommandons la lecture de cet ouvrage.

Le monde arabe a l’honneur du 9ème salon des éditeurs indépendants du 18 au 20 novembre

 

Le monde arabe a l’honneur du 9e salon international des éditeurs indépendants du 18 au 20 novembre

Plusieurs éditeurs du monde arabe (Al Manar, Dergham, Editions Tamyras, Amers éditions, Mona Saudi, Bruno Doucey, Bleu autour, L’Escarbille, La Cheminante, etc.) se joindront aux 150 exposants pour proposer des livres orignaux à un large public (5000 visiteurs, entrée gratuite).

Cette année, le monde arabe est à l’honneur.
Conférences, lectures, rencontres, dédicaces… les éditeurs vous invitent à échanger autour de L’écrivain et son engagement moral et culturel au XXIe siècle, Kant et la burqa, Une histoire visuelle de la droite et de l’extrême droite, La guerre d’Algérie, La prostitution coloniale au Maghreb, Pierre Loti et le monde arabe…
Pour les enfants, une lecture-discussion est proposée autour du livre « En Route vers Bagdad », et de nombreuses surprises les attendent sur le pôle des éditions jeunesse.
Deux expositions de photographies organisées avec la librairie Envie de lire sont librement accessibles durant toute la durée du salon autour de la Palestine et des Sahraouis avec les photos de Rogerio Ferrari (tirées du livre Sahraouis paru aux éditions Le passager clandestin) en présence d’Ali Omar Yara, docteur en sociologie des conflits, et cofondateur de la Revue de l’Ouest saharien.
Enfin, l’autre LIVRE organise un débat samedi à 16h  autour des révolutions arabes, ainsi qu’un hommage à la poésie arabe contemporaine dimanche à 16h par les lectures des poètes Siham Bouhlal, Salah Al Hamdani, Aïcha Arnaout, Amina Saïd…
Inauguration vendredi soir jusqu’à 22h avec dégustation de pâtisseries orientales en musique, avec les joueurs de Oud du groupe Tarab Med’…
Découvrez le programme des animations et des dédicaces pour en savoir plus…

l’autre LIVRE – 9e Salon des éditeurs indépendants
du 18 au 20 nov. 2011 Espace des Blancs Manteaux
48 r vieille du Temple PARIS 4e (M° Hôtel de ville)

Plus d’info : www.lautrelivre.net

Mathias Enard, ou la passion pour l’Orient

Boussole, un « roman d’une extraordinaire richesseParmi les quatre ouvrages de qualité qui constituaient leur ultime sélection, les Goncourt ont donc choisi de miser sur l’exigence, voire l’excellence, en mettant en avant le livre fleuve, sinueux et dense, érudit et nomade de Mathias Enard. Boussole, un « roman d’une extraordinaire richesse », résumait Gilles Heuré, rendant compte de sa lecture enthousiaste dans Télérama, dès le 22 août dernier. Il évoquait l’ampleur des motifs et des thèmes qu’embrasse Mathias Enard dans cet ouvrage, à travers le monologue intérieur de son personnage, Franz Ritter, musicologue passionné par l’Orient, ses cultures, ses artistes et ses atmosphères.
Du rapport entre Occident et Orient, son histoire millénaire aussi conflictuelle et violente que portée par une fascination réciproque, Mathias Enard a fait depuis plus de dix ans, le cœur de son travail romanesque, inscrit dans la continuité des études d’arabe et de persan qu’il a suivies à l’Inalco et de nombreux et longs séjours effectués au Moyen-Orient, entre Damas, Téhéran, Le Caire, Tunis ou Beyrouth. Mathias Enard est arrivé dans le paysage littéraire en 2003, avec la parution du très remarqué La Perfection du tir. Une fiction dans laquelle il mettait en scène un homme en armes participant à une guerre civile non identifiée – mais on pouvait y reconnaître les déchirements du Liban.
“Il fallait montrer ou rappeler que l’Islam et l’Orient ne sont pas que violence aveugle et bêtise absolue, que nous sommes tous un peu orientaux.” Mathias Enard
Ont suivi notamment le virtuose Zone (2008), qui a valu à Mathias Enard le prix du Livre Inter, puis Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants (2010) pour lequel il a reçu le Goncourt des lycéens – Enard y met en scène Michel-Ange le Florentin, débarquant à Constantinople pour y bâtir un pont qui enjambera la Corne d’or –, ou encore Rue des voleurs (2012). Interrogé cet été par le quotidien L’Humanité à propos de Boussole, l’écrivain déclarait : « Malheureusement oui, c’est aussi un geste politique. En écrivant ce livre j’étais sans cesse rattrapé par l’actualité, l’horreur de la guerre, au moment où j’ai écrit les scènes de Palmyre, Daesh était encore loin. Mais je pense qu’il fallait montrer ou rappeler que l’Islam et l’Orient ne sont pas que violence aveugle et bêtise absolue, que nous sommes tous un peu orientaux. »
P.S. Voir Pages 163 et 164 de la « Boussole »,  Mathias Ennard donne une vision clairvoyante sur l’apport de Julien Weiss avec un hommage appuyé, sur Al Kindi et son pouvoir de « passeur » de la musique orientale En tout cas un ouvrage passionnant qui évoque la Syrie vivante que nous avons connu. 

« Promenade dans le jardin andalou d’Ibn Al Awwam à Séville au 12e siècle »,

A la période médiévale, dans l’ensemble du monde arabo-musulman, la connaissance de l’ensemble des pratiques culturales connues dans une vaste aire sous domination de souverains musulmans était primordiale pour l’essor tant politique qu’économique des royaumes d’Occident et d’Orient !
Il ne faut donc pas s’étonner que de nombreux humanistes érudits, des savants : médecins, botanistes, pharmacologues et des princes au pouvoir, même, se soient fait agronomes et se soient attachés soit à compiler soit à rédiger d’importants Traités d’Agronomie.
Simone Lafleuriel-Zakri  qui a vécu de nombreuses années à Alep, a collaboré avec les professeurs Sourdel, à un doctorat sur les sources anciennes des traités arabes médiévaux d’agronomie. Elle a signé plusieurs publications consacrées aux pratiques hydro-agricoles traditionnelles d’après les manuscrits arabes d’Agronomie à la période médiévale et un répertoire des substances médicinales de la péninsule arabique d’après la compilation des auteurs cités dans le Traité des Simples d’Ibn Baytar !
Elle a participé à la rédaction de l’ouvrage: « Sciences et technologie en Islam (Unesco) » . Elle est l’auteure de « Syrie, berceau des civilisations » paru chez ACR , de la « Botaniste de Damas » : un roman historique paru en 2010, et de « Mémoires d’un herboriste andalou » à paraître prochainement …
Elle a donné une conférence au Centre Culturel Syrien le 18 juin sur un illustre jardinier qui a cultivé son jardin à Séville au XIIème siècle, Cheikh Abou Zakariya ibn Mohamed Ibn Ahmed ibn Al Awwam. Ci-joint  le  texte de la conférence : /fichiers/pdf/ibn-al-awwam.pdf