Communiqué de l’Association d’Amitié France-Syrie
En ce mercredi 7 mai 2025, Ahmed Al Charaa, « Président intérimaire » du gouvernement provisoire de la Syrie, est reçu à l’Elysée par le Président de la République. C’est sa première visite en Europe….
Selon les sources officielles, le Président Macron « redira le soutien de la France à la construction d’une nouvelle Syrie, une Syrie libre, stable, souveraine et respectueuse de toutes les composantes de la société syrienne ». Cette rencontre « s’inscrit dans la continuité de l’engagement historique de la France pour les Syriennes et les Syriens qui aspirent à la paix et à la démocratie »…Emmanuel Macron rappellera « ses exigences vis-à-vis du gouvernement syrien, au premier rang desquelles la stabilisation de la région, et notamment du Liban, ainsi que la lutte contre le terrorisme ». Le Président Macron demandera aussi « de faire en sorte que la lutte contre l’impunité soit une réalité » et que « les responsables d’exactions contre les civils » soient « jugés ».
S’il convient de se féliciter de ce vaste programme, on est en droit de se demander si notre chef de l’Etat est bien au courant des réalités de la « nouvelle Syrie » : à savoir un pays occupé et/ou sous tutelle de plusieurs puissances, un Etat dont toutes les structures et infrastructures ont été systématiquement démantelées ou détruites sans réaction aucune de « la communauté internationale » ou même du Conseil de Sécurité, un pays finalement ouvert à tous vents On ne peut évidemment ignorer toutes les exactions à l’encontre de diverses composantes de la société syrienne, dont le tissu national traditionnellement tolérant a été dévasté suite aux évènements de décembre dernier.
Dans ce sinistre contexte, le « gouvernement provisoire » de Damas ne saurait être légitimé et « banalisé » sans être pleinement responsabilisé. La France doit oeuvrer à l’application des résolutions de l’ONU visant à préserver l’intégrité territoriale de la Syrie ou à empêcher les incursions étrangères systématiques en premier lieu israéliennes. Elle doit exiger des dirigeants de facto qu’ils mettent fin à toutes les violences et les mesures discriminatoires, qu’ils fassent de la cohésion de la Syrie, de sa souveraineté et du respect de son identité plurielle leurs priorités absolues, ce qui contribuera à recouvrer la paix sociale nécessaire (mais non suffisante) pour reconstruire leur pays en toute indépendance.