Plaidoyer pour l’ouverture d’un réel processus de médiation en Syrie

A l’occasion des obsèques du père Jacques HAMEL, lâchement assassiné par des terroristes déstructurés, l’AFS s’associe au nombreux messages d’indignation et de solidarité, émanant de la collectivité nationale et internationale et des associations syriennes ou franco-syriennes.

Nous nous sommes interrogés sur la question de savoir s’il était nécessaire de mêler, une fois de plus, notre colère à celle unanime du monde entier.

Nous avons préféré rester dans un silence compassionnel.

Cette fois-ci c’est au cœur même de l’Eglise que le terrorisme a frappé en France, comme il a frappé encore plus durement en Syrie d’une manière indiscriminée, les communautés chrétiennes et musulmanes.

Cependant, nous ne manquons pas de nous interroger sur les raisons pour lesquelles le Peuple français, s’est si bien mobilisé encore une fois, contre cet odieux assassinat d’un modeste prêtre de 86 ans mais qui n’a pas autant manifesté lors des massacres en Syrie depuis plus de 5 ans commis par toutes les parties en présence !

Par toutes les parties, nous entendons le Gouvernement syrien qui porte une responsabilité particulière, mais également les nombreux Groupes terroristes y compris les rebelles dits « modérés », s’il en existe encore, alors qu’il ne fait pas de doute pour les observateurs sérieux, qu’ils sont considérés à juste titre comme tels par la communauté internationale, pour avoir partie-liée avec des groupes djihadistes.

La neutralité qui caractérise la doctrine de notre Association n’empêche pas une critique lucide de la situation.

L’ensemble des spécialistes et des dirigeants politiques sérieux s’accordent
à reconnaitre, qu’il n’y aura pas d’issue du conflit en Syrie par la guerre.

Or, les différentes parties en présence continuent à faire la guerre d’une manière particulièrement cruelle et alors que, les puissances occidentales et orientales y contribuent, à n’en point douter.

Nous avons maintes fois appelé à la cohérence des politiques internationales menées par les grandes puissances et les puissances régionales, mais également les belligérants eux-mêmes.

Si ces puissances et les parties en cause mettaient autant d’énergie pour faire la paix qu’ils mettent pour faire la guerre, il y aurait bien longtemps qu’une solution aurait été trouvée pour arrêter le conflit, en tout cas, entre les forces régulières syriennes et les opposants armés non djihadistes.

Seuls les Russes, les Iraniens et le Hezbollah parlent avec Bachar El Assad, pourquoi leur laisser cet avantage stratégique ? pourquoi ne pas reprendre la main et parler directement avec lui et son Gouvernement ainsi qu’avec ces mêmes Russes et Iraniens, pour tenter de trouver une solution commune au conflit.

Le rétablissement des relations diplomatiques entre la France et la Syrie permettrait de dialoguer, ce dont cette crise manque cruellement.

Ce dialogue est fondamental pour comprendre la réelle position de chacun, ce qui éviterait de se perdre en accusations et en interprétations hasardeuses.

Il serait important de faire la différence entre ceux qui veulent faire la paix et entamer la reconstruction du pays, pour épargner le peuple syrien dont nombreux d’entre eux risquent d’être assassinés, comme l’a été le Père Hamel.

Un tel positionnement permettrait de lutter contre le terrorisme d’une manière plus ordonnée et sortir ainsi, d’une certaine ambiguité.

L’ambiguité et le jeu à plusieurs bandes mènent toujours à plus de drames.

Les grandes puissances s’honoreraient de sortir de leur propre ambiguité et les puissances régionales seraient mises au pied du mur, car il ne faut pas s’y tromper, les syriens et les français sont victimes de cette ambiguité mortifère.

Au nom de l’amitié séculaire entre la France et la Syrie et en tant que défenseur de cette amitié, nous appelons à un sursaut, une rupture avec les politiques dogmatiques et la reprise du dialogue direct, pour mener à un processus de médiation digne de ce nom.

Le Docteur Elias Lahham, Président du Forum National Syrien, nous rappelait à juste titre, lors de son dernier séjour en France que, sur les 2 millions de chrétiens que comptait la Syrie, il n’en reste plus qu’environ400.000 dans la zone contrôlée par les autorités de Damas et que dans cette zone, environ 12 millions de syriens y vivent à majorité musulmane sunnite, protégés par le Gouvernement du Président Bachar Al Assad.

Cependant tous les jours tombent sur Damas des obus tirés par des rebelles djihadistes ou non, qui font des victimes d’une manière indiscriminée.

La vie continue à être difficile pour les Damascènes et les Syriens de toute la Syrie, sans parler des atrocités qui se passent à Alep.

La médiation, en tant qu’instrument diplomatique de règlement des conflits, a connu depuis la fin de la guerre froide un renouveau en lien avec les transformations de l’Ordre international.

Il est cependant à déplorer que ce processus de médiation reste encore embryonnaire, qui serait pour certains, l’instrument des faibles qui auront choisi le « soft power », alors qu’il est clair que c’est le seul moyen digne de faire la paix.

La France, dotée des instruments de la puissance, ne semble pas avoir ressenti le besoin de s’investir dans ce processus.

Or la France, ancienne puissance mandataire, aurait pu jouer un rôle majeur dans un tel processus de médiation, montrant aux yeux du monde, qu’il existe pour le pays des droits de l’homme, une autre voie que celle de la guerre alors et surtout que ses alliances n’apportent pas la démonstration de la cohérence par rapport à nos fondamentaux démocratiques.

Alors, la France peut-elle jouer encore un rôle pour enclencher de façon déterminée ce processus de médiation en coordination avec les Nations unies, les Etats-Unis et la Russie ?

Pourquoi se satisfaire de la rupture des pourparlers à Genève dans le cadre des négociations menées par Staffan de Mistura ?

Une médiation neutre et indépendante se doit d’entreprendre toute démarche, afin que le dialogue ne soit pas rompu.

Alors reprenons au plus vite le chemin de la table des négociations et que les belligérants entrent véritablement dans ce processus de médiation.

La France pourrait jouer un rôle moteur dans une vraie médiation, même si elle a été marginalisée par les Russes et par les Américains.

Les Aleppins, et tous les syriens en général, attendent que l’on redouble d’effort pour mettre fin à ces massacres.

Cette guerre est insupportable, cette guerre n’a pas de sens, il faut s’employer à l’arrêter au plus vite.

Assez de guerre et de souffrance en Syrie !

Patrice Mouchon
Président de ! ‘Association d’Amitié France Syrie

Le gouvernement américain arme les jihadistes à Idleb

Poursuivant notre quête de vérité sur la guerre en Syrie nous publions le témoignage de Randa Kassis qui ne saurait être soupçonnée de soutenir le gouvernement du Président Assad.

Randa Kassis est une femme politique syrienne, elle est co-présidente de la délégation des syriens laïques aux pourparlers de paix pour la Syrie à Genève. Présidente de l’initiative d’Astana pour la paix en Syrie, Présidente du mouvement de la société pluraliste. Elle accorde un entretien exclusif à l’Observatoire de l’islamisation sur son essai co écrit avec Alexandre del Valle, Comprendre le chaos syrien (éditions du Toucan, juin 2016) :

L'Artilleur.

Randa Kassis et Alexandre Del Valle.

L’OI: Vous avancez dans Comprendre le chaos syrien que l’attentat du 18 juillet 2012 au cœur du siège de la sécurité nationale syrienne à Damas, est le fruit de la CIA, sur quels éléments vous appuyiez-vous ?

R.Kassis : Selon mes informations que je ne peux pas révéler, l’attentat était dirigé et effectué avec le support de  la CIA afin de décapiter le régime syrien. Durant la même période plusieurs généraux comme Tlass, Moufleh et quelques autres ont fait défection de l’armée. Des brigades dites de « l’armée libre » ont débuté une offensive près de Damas.

Le Front islamique qui fédère des bataillons salafistes, regroupe plus de 60 000 hommes, est financé par nos alliés saoudiens et qataris, quel type d’islam veut-il faire triompher ?

Les pétromonarchies, spécialement l’Arabie Saoudite ne veut que propager et faire régner le wahhabisme et pas seulement sur le Moyen Orient. Ils souhaitent peser en Syrie pour des raisons non seulement idéologiques mais aussi pour des raisons stratégiques afin d’endiguer l’influence d’un Iran qui est en train de reprendre une place centrale dans la région. Tandis que le Qatar a une tendance qui penche plutôt vers les frères musulmans. Dans tous les cas, l’Islam politique est le symbole de l’obscurantisme et de la barbarie dans toutes ses tendances. 

Des brigades turkmènes opèreraient en Syrie avec l’appuie de la Turquie, pouvez-vous nous en dire plus sur elles ?

La Turquie d’Erdogan rêve de restaurer l’empire Ottoman. Erdogan appuie les turkmènes et ouvre ses frontières à tous ces combattants pour rejoindre la bataille d’Alep. Effectivement, ces combattants avec d’autres jihadistes ont réussi à briser partiellement l’encerclement au sud Alep.

Dans quelles brigades armées se retrouvent les Frères Musulmans, très présents dans la région ?

Ils sont présents surtout dans l’Armée de la conquête, Jaysh Al Moudjahidin… De toute façon, les Frères musulmans soutiennent plusieurs brigades islamistes et tentent d’être partout. l’alliance de ces brigades changent sans arrêt et elles dépendent de leurs mentors financiers et leurs desiderata.

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Randa Kassis au Sommet de Genève pour les Droits de l’homme et la démocratie, février 2013.

Qui compose la Coalition nationale syrienne soutenue par la France et les Etats-Unis dans les négociations onusiennes consacrées au règlement du conflit ?

La C.N.S est composée principalement de frères musulmans et soutenue par la Turquie et le Qatar.

Le HCN ou la plateforme de Riyad est composé de la C.N.S, du C.N.C.D et d’autres personnalités avec les combattants de la brigade Jaiysh Al Islam, Ahrar Al Sham, etc… qui ne forment pas une force homogène. Mais nous pouvons dire que le volet politique du HCN a tendance à défendre tous les islamistes ou jihadistes (pour moi, un islamiste signifie un jihadiste potentiel). Rien ne m’étonne de la part de ces « politiques » du HCN puisqu’ils sont des pantins de pétromonarchies et la Turquie.

Je dois préciser que cette délégation qui participe aux pourparlers de paix pour la Syrie à Genève n’est pas la seule. Notre délégation des syriens laïques participe également.

La « Plateforme de Riyad », initiative saoudienne,  pousse un « Haut Comité des Négociations » censé représenter la diversité de l’opposition syrienne. Les Etats-Unis et la France y voient un interlocuteur privilégié, qu’en pensez-vous ?

Malheureusement, la France qui a choisi par ses politiques d’être du côté des islamistes en s’alignant sur la position saoudienne pour des raisons économiques ou intérêts personnels, voit le HCN le seul interlocuteur de l’opposition syrienne. Tandis que les Etats-Unis qui ne font que répéter leurs erreurs espèrent toujours de maitriser ces islamistes. Pour moi, c’est une erreur majeure qui ne fait que renforcer l’islam politique dans la région. 

Vous êtes à l’initiative des accords d’Astana, quel est votre plan de sortie de crise ?

Nous avons élaboré un plan pragmatique pour un changement progressif en Syrie sans toucher aux institutions d’Etat. Ce plan correspond aux accords de Vienne, c’est à dire, la demande d’un changement de la constitution, instaurer un gouvernement civil partagé par une opposition réaliste et une partie du régime, préserver l’armée syrienne qui est une armée nationale, et la décentralisation de la Syrie qui sera la seule garantie pour ses minorités religieuses et ethniques. Un état fédéral en Syrie pourrait être le seul rempart contre la propagation des islamistes et contre une nouvelle dictature. quand je parle d’une fédération en Syrie, je parle d’un modèle fédéral qui puisse être adapté à la société Syrienne.

L’accord de coopération militaire en Syrie contre les groupes djihadistes, que le gouvernement américain a conclu avec Vladimir Poutine fin juillet, ne sonne-t-il pas le glas de l’aventurisme diplomatique des membres de l’Otan ?

L’Otan n’a jamais souhaité collaborer militairement avec la Russie concernant les groupes djihadistes. Les Etats-Unis n’ont pas encore défini qui sont les groupes terroristes sur le terrain sans compter l’EI. Le gouvernement américain arme jusqu’a aujourd’hui des rebelles jihadistes à Idleb qui sont en liaison avec le Front Al Nosra. Ce dernier était un sujet à discuter entre les deux parties (Russes et Américains) puisque les Etats-Unis ne veulent pas les combattre malgré la présence du Front Al Nosra sur la liste des groupes rebelles reconnus par l’ONU comme terroristes. Malheureusement les Etats Unis comptent sur les éventuelles victoires sur le terrain de ces groupes rebelles afin de contrebalancer l’influence Russe et Iranienne .

Dans les coulisses de la diplomatie française

Dans les coulisses de la diplomatie française

Nicolas Sarkozy, François Hollande : deux styles très différents sur le terrain diplomatique.
D’un côté, « Sarkozy, l’atlantiste et l’occidentaliste », qui fait la leçon à Obama, ami puis ennemi d’Assad et Kadhafi. De l’autre, « Hollande l’urgentiste », confronté au cynisme de Poutine et au lâchage d’Obama, s’impose en chef de guerre contre les djihadistes d’Aqmi au Sahel et les massacreurs de Daech en Irak.
Les nombreux faits et confidences « off » des principaux acteurs de la diplomatie et des Armées, rapportés par Xavier Panon, plongent le lecteur au cœur des négociations au sommet. Elles illustrent les rapports différents de Sarkozy et Hollande avec Angela Merkel, comme avec Pékin, Washington, ou le Qatar. Entre continuité et volonté de se démarquer, ils offrent le spectacle de deux présidents, l’un transgressif, l’autre consensuel, qui se veulent porteurs de valeurs « universelles » et d’un rôle mondial pour la France de « Charlie ».

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Source : Dans les coulisses de la diplomatie française – Xavier Panon – Éditions l’Archipel

Suspendre la vente des armes à l’Arabie Saoudite

« La France doit suspendre la vente des armes à l’Arabie saoudite et à l’Égypte »

PAR

Publié le | Le Point.fr
Jean-Yves Le Drian et son homologue égyptien Sedki Sobhi sous le regard de François Hollande et du président al-Sissi le 17 avril 2016.  
Jean-Yves Le Drian et son homologue égyptien Sedki Sobhi sous le regard de François Hollande et du président al-Sissi le 17 avril 2016.   © AFP/ KHALED DESOUKI

La France carillonne ses succès dans les ventes d’armes, mais celles-ci ne sont pas toutes conformes aux exigences d’un traité ratifié en 2013. Interview.

La bataille de Raqqa.

La course pour Raqqa et le grand échec des Sunnites en Syrie

Publié le par Caroline Galactéros

Carte de la Guerre civile syrienne avec notamment les batailles de Manjib (au Nord-Est d'Alep) et de Tabqa (à la pointe Sud du lac Assad).

Carte de la Guerre civile syrienne avec notamment les batailles de Manjib (au Nord-Est d’Alep) et de Tabqa (à la pointe Sud du lac Assad).

 

Les choses bougent rapidement en Syrie alors que les deux coalitions principales, derrière les Etats-Unis et la Russie, commencent à envisager une avancée vers Raqqa, siège syrien de l’Etat islamique. En quelques mois, force est de constater que c’est surtout du côté occidental que les cartes ont été rebattues en s’appuyant désormais principalement sur les forces kurdes largement majoritaires au sein du Front Démocratique Syrien (FDS) et non plus sur les « rebelles modérés », formule généreuse pour décrire le vaste camaïeu de vert foncé que forme le camp islamiste sunnite en Syrie, appuyé par le Qatar, l’Arabie Saoudite et la Turquie. Dans le nouveau grand jeu syrien, les Sunnites parraissent les grands perdants.

Quelques points factuels.

Du côté du régime syrien, l’Iran, son principal soutien au sol, augmente considérablement son aide. Désormais, ce n’est plus seulement la Force Al-Qods – le corps d’élite des Gardiens de la Révolution – qui intervient en Syrie, mais également les troupes régulières de l’Armée iranienne, commandées en Syrie par le Général Mohsen Ridaii. Parmi les diverses forces iraniennes et les brigades chiites venus d’Irak, du Liban, d’Afghanistan et du Pakistan, cette force de soutien à l’armée régulière syrienne compterait près de 80 000 hommes répartis sur les différents théâtres d’opération. Les enjeux sont en effet de taille pour le régime de Bachar el-Assad :

  • Le régime est attaqué au Nord, notamment à Alep, par le Front Al-Nosra, branche d’Al-Qaïda en Syrie, qui dispose par de savantes entourloupes, des armes fournies par les Américains et les puissances sunnites aux « rebelles modérés ». L’avenir de la bataille d’Alep, capitale économique du pays – et seconde grande ville, avec Idleb, sur laquelle misent les rebelles sunnites – sera probablement un tournant de la guerre. Si la ville d’Alep a largement été libérée par l’Armée syrienne, de sorte à couper notamment l’accès à la Turquie par le Nord pour les rebelles, le Front Al-Nosra poursuit sans trève ses offensives tout autour de la ville, infligeant des pertes au régime. Néanmoins, Bachar el Assad pourrait prendre l’avantage car les Américains semblent de plus en plus conscients du nouveau rapport de force qui s’établit en faveur de Damas au détriment du camp des“ rebelles”, désormais clairement dominé par Al-Qaïda. Ainsi, Le Figaro reprend la déclaration duministère russe des Affaires étrangères selon laquelle « le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le secrétaire d’Etat américain John Kerry ont évoqué ce mercredi au téléphone la nécessité « d’actions communes décisives » contre le Front Al-Nosra. La discussion concernait la situation en Syrie, plus particulièrement le besoin d’actions communes décisives contre le Front Al-Nosra, comme la partie russe l’a constamment proposé». En soi, il n’y a là rien d’étonnant. Si les Etats-Unis et les Occidentaux ont eu au départ des relations très troubles avec le Front Al-Nosra, Washington considère depuis quelques temps officiellement l’officine d’Al-Qaïda comme un groupe terroriste, d’ailleurs exclu du « cessez-le-feu » conclu à la toute fin du mois de février 2016. En revanche, envisager une collaboration avec Moscou (une campagne commune de frappes aériennes avait d’ailleurs été proposée pour le 25 mai par Vladimir Poutine, essuyant une nouvelle fin de non recevoir américaine) reviendrait à admettre pour Washington la nécessité d’envisager des actions renforçant le pouvoir de Damas. La position américaine, volontairement encore très floue pour entretenir un certain chaos et préserver les apparences, a dans les faits sensiblement évolué sous la pression constante de Moscou.
  • Le régime a libéré, fin mars 2016, la cité antique de Palmyre au cœur du désert syrien, comptant bien poursuivre son avancée vers l’Est (région où les exploitations pétrolières sont nombreuses) pour rejoindre finalement Deir ez-Zor, ville du régime assiégée par l’Etat islamique depuis le début du conflit. Une reprise de cette large zone vers l’Est couperait largement les liaisons de l’Etat islamique entre la Syrie et l’Irak et montrerait la capacité de Bachar el-Assad à sortir de la « Syrie utile » à l’Ouest pour contrôler une partie de l’immensité désertique sunnite, loin des côtes. Néanmoins, cette avancée vers l’Est marque le pas. Entre Palmyre, deux points stratégiques restent à « reprendre » : Arak d’abord, puis As-Sukhnah. Gênée notamment par les champs de mines laissés par Daech, l’armée syrienne piétine devant Arak. Les prochaines semaines diront si le régime parvient à avancer vers Deir ez-Zor.
  • Mais aujourd’hui, d’après le correspondant à Beyrouth de RFI, c’est directement vers Raqqa que l’Armée syrienne a lancé une offensive. Dans un premier temps, Damas compte reprendre la ville intermédiaire de Tabqa, près du lac artificiel d’El-Assad situé sur l’Euphrate. C’est d’ailleurs le barrage de Tabqa qui a permis la création de ce lac dans les années 1970 avec l’aide des Soviétiques. Pour l’Armée syrienne, cette ville est essentielle : en plus de comporter un aéroport, elle se situe sur la route qui relie Raqqa à Alep. Si l’Armée syrienne s’emparaît de Tabqa, le fief de l’Etat islamique aurait beaucoup de mal à rejoindre la frontière turque par laquelle transitent armes, djihadistes et pétrole. Paul Khalifeh explique ainsi que « l’armée syrienne est appuyée, dans cette offensive, par les unités d’élite appelées les « aigles du désert », entraînées par les Russes, et qui ont joué un rôle important dans la reconquête de Palmyre, en mars dernier (…) Cette bataille avait fait 700 morts dans les rangs de la garnison, dont des centaines de soldats massacrés après la chute de l’aéroport. En prévision de cette bataille, planifiée depuis longtemps, l’armée syrienne avait pris le contrôle des hauteurs surplombant les vastes espaces désertiques menant jusqu’à Tabqa ». Si l’Etat syrien est aujourd’hui poussé à accélérer la cadence de ses opérations, c’est aussi pour réagir à l’offensive du Front démocratique syrien (FDS) dominé par les Kurdes et soutenu par les Américains et qui tentent eux aussi d’avancer vers le Sud pour rejoindre en premier le lac El-Assad. Ce mouvement est toutefois ralenti par leurs difficulté pour reprendre la ville de Manbij au Nord (nous y revenons dans le paragraphe suivant). A l’heure où j’écris ces lignes, le quotidien L’Orient le Jour révèle que l’armée syrienne serait à 30 kilomètres de l’aéroport proche de Tabqa et à 24 km du lac El-Assad (Tabqa étant à une cinquantaine de km à l’Ouest de Raqqa).

Le Front démocratique syrien avance vers le Sud depuis plusieurs mois, mais le mouvement semble bien s’accélérer. Une difficulté considérable attend néanmoins le camp américain : les FDS sont très largement composés des forces YPG kurdes, branche armée du parti kurde PYD partisan d’une Syrie fédérale au sein de laquelle les trois cantons kurdes de Djézireh, d’Afrin, de Kobané disposeraient d’une très large autonomie, sur le modèle du Kurdistan irakien, et seraient réunis sous l’entité de « Rojava ». Le PYD contrôle déjà très largement ces trois cantons et ne souhaite aucunement déborder dans ses offensives au Sud vers des zones non peuplées par les Kurdes. Même s’ils le souhaitaient, poussés par les Américains, la chose serait malaisée dans la mesure où les guerres de contre-insurrection se font lentement avec le soutien progressif des populations civiles (cf. les thèses du stratège français David Galula). Or, les populations civiles sunnites ne souhaitent pas être libérées par des Kurdes ! En particulier à Raqqa, grande ville sunnite, les Kurdes se heurteraient à un fort ressentiment de la population locale, ce qui rendrait très difficile le contrôle de cette ville où, en réaction, les djihadistes pourraient compter sur un soutien beaucoup plus fort. Les Américains poussent au développement du rôle des Arabes et des Syriaques au sein des FDS, mais le rapport de force en faveur des Kurdes demeure largement inchangé. En témoigne les combats à l’Ouest de Kobané, dans cette bande de terre entre Alep et la frontière turque encore contrôlée par l’Etat islamique, créant une enclave entre les deux cantons kurdes d’Afrin et de Kobané. Evidemment, les Kurdes souhaiteraient reprendre ce territoire pour relier enfin ces deux territoires et constituer le grand Rojava (Kobané et Djézireh sont déjà reliés) tout le long de la frontière turque. Mais dans cette enclave entre les deux territoires kurdes, la population est majoritairement sunnite et turkmène, ce qui limite l’avancée des FDS. Les Américains ont promis que, pour cette offensive-ci, les FDS seront davantage composées d’Arabes que de Kurdes, mais Ankara et la population civile restent sceptiques à raison. Si les Kurdes en général ne souhaitent pas contrôler de territoire non-kurde, celui-ci a un statut stratégique très différent : les YPG kurdes qui dominent globalement les FDS accepteront-ils de ne pas contrôler un territoire qui les intéresse particulièrement et pour lequel ils ont consenti de grands sacrifices depuis le début de la guerre civile ? En même temps, les FDS ont tout intérêt à occuper ce territoire qui priverait Daech de tout accès à la frontière turque, notamment si les FDS reprennent les villes de Manbij et de Jarabulus, toutes deux encore aux mains des islamistes. Manbij est aujourd’hui complètement encerclée, mais les djihadistes de l’Etat islamique font preuve d’une résistance particulièrement forte. On s’attend néanmoins à ce la ville tombe sous peu. Quant à l’avancée vers Raqqa, le problème posé sera le même : plus les FDS iront au sud, plus les populations civiles seront hostiles aux Kurdes et risqueront de soutenir les djihadistes. Problème insoluble, car ce sont les Kurdes qui se battent le mieux contre l’Etat islamique !

Les Kurdes de Syrie et les Américains ne sont donc pas tout à fait sur la même ligne, d’autant que les premiers désapprouvent le jeu des seconds avec les « rebelles » islamistes dans les provinces d’Idleb et d’Alep. Nous avions écrit un article sur cet épisode grotesque et cynique il y a quelques semaines, quand on a vu un groupe rebelle islamiste, Fursan al-Haq, soutenu activement par la CIA affronter près d’Alep les FDS soutenu par les Kurdes. TTU – lettre d’informations stratégiques et de défense – est allé encore plus loin en révélant récemment que, « alors que le Congrès américain avait interdit toute aide en matériel à ce groupe en décembre 2014, la découverte que la moitié des missiles TOW aient été trouvés en possession du Front Al-Nosra, lié à Al-Qaida, laissait supposer que la CIA avait poursuivi sa coopération avec ce groupe pour tenir en échec l’offensive russe ». Dans le même ordre d’idée, L’Orient le Jourrévèle que « 3 000 tonnes d’armes et de munitions auraient été livrées depuis le mois de décembre 2015 (par les Américains aux rebelles islamistes, ndlr). Un premier cargo serait parti de Bulgarie le 5 décembre pour Constanza, en Roumanie, puis arrivé à Aqaba dix jours plus tard avec à son bord 81 containers, dont 994 tonnes de mitrailleuses AK-47 et PKM mais aussi de calibres 12,7 mm et 14,5 mm pour véhicules, ainsi que 864 tonnes de missiles antichars russes Fagot et Factoria, et de lance-roquettes RPG-7, destinés à être acheminés par la route jusqu’en Syrie en traversant le territoire jordanien. Un second cargo aurait quitté la Bulgarie le 28 mars avec à son bord 2 007 tonnes d’armements et 162 tonnes d’explosifs. Une opération dont le manque de discrétion frise la caricature, puisque l’achat de ces matériels à la Bulgarie et leur transport par des sociétés américaines avaient fait l’objet d’un appel d’offres publié sur le site FedBizGov.org en septembre dernier ! ». TTU estime finalement que, « après avoir échoué à monter une armée de volontaires syriens luttant à la fois contre les forces loyalistes et djihadistes, le Pentagone a perdu la fidélité du YPG kurde rallié à Moscou ». Nous avions consacré un dossier entier à la question kurde pour montrer à quel point ceux-ci étaient historiquement proches des Russes et faisaient l’objet de toute leur sollicitude. Le PYD kurde est en effet la branche syrienne du PKK turc, soutenu par Moscou pour entraver les actions d’Ankara. Mais ce n’est pas tout : à quelques rares exceptions près, les Kurdes syriens et le régime de Damas ne sont en rien ennemis, voire sont parfois tactiquement alliés. Un positionnement kurde qui est donc très éloigné de la position américaine de départ et qui est également très rarement évoqué dans les médias.

C’est précisément à cette aune que deux grands enseignements se dégagent :

  • Moscou n’a jamais eu autant de cartes en main pour imposer sa place sur l’échiquier géostratégique en Syrie. Non seulement la Fédération de Russie soutient l’axe chiite qui pourrait très progressivement avancer à Alep, vers Raqqa et Deir ez-Zor, mais elle exerce également une influence considérable auprès des Kurdes en jouant des différends entre ces derniers et les Américains, mis en défaut par leur attitude ambigüe entre les Forces démocratiques syriennes et ce qui reste de « rebelles ».
  • C’est le second enseignement des dernières évolutions du conflit syrien : les puissances sunnites n’ont jamais été aussi affaiblies. Le Qatar, la Turquie et l’Arabie Saoudite avaient dépensé force d’argent et d’énergie pour cacher aux Occidentaux la véritable nature des « rebelles modérés ». Acculés par les forces du régime, les rebelles apparaissent aujourd’hui pour ce qu’ils sont : des djihadistes tenus sur le terrain par le Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda, dont même les Etats-Unis sont obligés de s’éloigner peu à peu pour ne pas aggraver leur sort en révélant davantage encore leur jeu d’alliance avec ceux qui firent tomber les tours du World Trade Center en 2001. Duplicité et cynisme s’accommodent mal de la transparence médiatique…

Des rebelles islamistes coupables de « crimes de guerre » en Syrie.

Des rebelles islamistes coupables de « crimes de guerre » en Syrie, selon Amnesty

Le Monde.fr avec AFP | 05.07.2016 à 04h13 • Mis à jour le 05.07.2016 à 09h00

Amnesty International a accusé mardi 5 juillet des groupes rebelles islamistes en Syrie d’« exécutions sommaires et de torture » appelant la communauté internationale à retirer tout soutien aux mouvements responsables de crimes de guerre. L’organisation de défense des droits de l’homme sise à Londres pointe du doigt des milices dans les provinces d’Alep (Nord) et d’Idleb (Nord-Ouest). Certaines « auraient le soutien du Qatar, de l’Arabie saoudite, de la Turquie et des Etats-Unis », insiste l’ONG.

Lire aussi :   En Syrie, comprendre qui soutient qui en deux clics

L’organisme estime ainsi dans un nouveau rapport que ces groupes armés ont aujourd’hui « le champ libre pour commettre en toute impunité des crimes de guerre et d’autres violations du droit humanitaire international ». Amnesty cite les formations Noureddine Zinki, le Front Al-Chamia et la Division-16, qui font tous trois partie de la coalition islamiste Fatah Halab (« la conquête d’Alep »), mais aussi la puissante milice salafiste Ahrar Al-Cham, soutenu par Riyad, ainsi que les djihadistes du Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaida.

Déclenchée en 2011, la révolte contre le régime de Bachar Al-Assad s’est transformée en guerre dévastatrice, dans laquelle sont impliqués des acteurs régionaux et internationaux. Elle a fait plus de 280 000 morts et des millions de déplacés.

« Peur constante »

Le rapport d’Amnesty recense « 24 cas d’enlèvements par des groupes armés entre 2012 et 2016 », ciblant notamment « des militants pacifiques ou même des enfants », ainsi que des minorités religieuses. « Beaucoup de civils vivent dans la peur constante d’être enlevés s’ils critiquent la conduite des groupes armés, ou s’ils ne respectent pas les règles strictes qu’ils leur imposent. »

 Selon l’ONG, entre 2014 et 2015, cinq personnes affirment avoir été torturées par Noureddine Zinki et le Front Al-Nosra. L’organisme pointe par ailleurs les exécutions sommaires conduites par la branche syrienne d’Al-Qaida, le Front Al-Chamia, et les puissants tribunaux islamistes qui leur sont affiliés et rendent justice en vertu de la charia, la loi islamique.

« Parmi ceux qui ont été tués, on compte des civils – notamment un adolescent de 17 ans accusé d’être gay et une femme accusée d’adultère. »

Amnesty en appelle aux pays du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), notamment les Etats-Unis, le Qatar, la Turquie et l’Arabie saoudite, pour « cesser tout transfert d’armes ou tout autre soutien aux groupes impliqués dans des crimes de guerre ou d’autres violations flagrantes ».

 

Réfugiés syriens

Alors que la Syrie entre dans sa sixième année de guerre, les réfugiés continuent de fuir et de risquer leur vie en quête de protection et de sécurité. Pourtant, malgré la gravité de la situation, l’aide apportée par la communauté internationale reste insuffisante face à l’ampleur de cette tragédie humaine.

« La Syrie est confrontée à la plus grande crise humanitaire de notre temps, faisant des milliers de victimes. Le monde entier devrait se mobiliser pour leur venir en aide. » a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi.

Que fait le HCR pour aider ces populations vulnérables?

Depuis 5 ans, le HCR est sur le terrain pour apporter une aide vitale à des milliers de personnes. Les équipes distribuent des produits de première nécessité : de l’eau, de la nourriture, des médicaments, des couvertures et des vêtements chauds ainsi que des produits d’hygiène pour les familles.

Le HCR soutient aussi financièrement les réfugiés pour les aider à se loger, à accéder aux soins médicaux et à se chauffer pendant l’hiver. Cette aide financière permet également à des milliers d’enfants de pouvoir aller à l’école.

En améliorant les conditions de vie des personnes réfugiées dans la région, le HCR contribue aussi à la lutte contre les réseaux criminels des passeurs.

Pour permettre au HCR de poursuivre ses actions en faveur des plus vulnérables, il a besoin de votre soutien.

Votre don peut faire une réelle différence.  CLIQUER

Nouveau Président de la CCFA

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Vincent Reina, nouveau Président de la CCFA, et Dr. Saleh Al-Tayar, au poste de Secrétaire général pour un quatrième mandat.

Les instances de la Chambre de commerce Franco-Arabe ont procédé, lors de leur réunion tenue

au pavillon d’Armenonville le 2 juin 2016, au renouvellement des mandats des membres sortants desdites instances et à l’élection de nouveaux membres.

A cette occasion M. Vincent Reina, Directeur Développement Délégué chez Suez, a été élu Président de la Chambre de commerce Franco-Arabe à l’unanimité des votants pour un mandat de trois ans.

Il succède ainsi à M. Hervé de Charette qui n’a pas souhaité se présenter pour un troisième mandat et qui devient Président d’honneur.

Par ailleurs, M. Jean-Luc Chapoton, Directeur commercial Moyen-Orient chez RATP DEV ainsi que M. Thierry Girard, Directeur commercial international du groupe NGE, ont été élus successivement au poste de deuxième vice-président et quatrième vice-président, alors que les mandats de premier vice-président de M. Mohamed Sahraoui, de troisième vice-président de M. Ibraheem Foudah, et de cinquième vice-président de M. Naël Kabariti, ont été confirmés.

Le nouveau Conseil d’administration de la CCFA a par ailleurs confirmé la décision prise par le Conseil sortant, lors de sa réunion du 14 avril dernier, de prolonger le mandat du Dr. Saleh Al-Tayar au poste de Secrétaire général de la CCFA pour un quatrième mandat.

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فانسان رينــا، رئيسا للغرفة التجارية العربية الفرنسية

الدكتور صالح بكر الطيار، أمينا عــاما لولايـة رابعـــة

عقدت هيئات الغرفة التجارية العربية الفرنسية اجتماعاتها السنوية يوم الخميس الواقع في 2 حزيران / يونيو 2016 في بأفيون دارمونوفيل

وقامت بالتجديد لأعضاء مجلس الإدارة المنتهية ولايتهم وبانتخاب أعضاء جـدد.

وتم بهذه المناسبة انتخـاب السيد فانسان رينا، المدير المنتدب للتنمية في مجموعة سويز، رئيسا جديدا للغرفة التجـارية العـربية الفرنســـية لفتـرة ثــلاثة ســنوات بإجمـاع المصـوّتين،

خلفـا للسيد هيرفيه دو شــاريت الذي لم يرغب بالتقدّم لولايـة ثــالثة، وأصبح رئيســا فخـــريا.

كما تم انتخاب السيد جان لوي شابوتون، مدير التجارة الخارجية لمجموعة RATP-DEV في منصب النائب الثاني للرئيس، والسيد تييري جيرار،

 مدير التجارة الخارجية لمجموعة NGE في منصب النائب الرابع للرئيس.

كما أقرّت السيد محمد الصحراوي في منصب النائب الأول للرئيس،

 والسيد ابراهيم فودة في منصب النائب الثالث للرئيس،

 والسيد نـائل الكبـاريتي، في منصب النـائب الخامس للرئيس.

وقد أعاد مجلس إدارة الغرفة التجـارية العـربية الفرنسـية الجـديد التأكيد على قرار مجلس الإدارة السـابق المنعقد في 14 أبريل 2016،

بالتمديد للدكتور صالح بكر الطيار كأمين عـام للغرفة التجارية العربية الفرنسية لولاية رابعة في هذا المنصب.

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Tél : 01 45 53 20 12 – Fax : 01 47 55 05 59