l’Association d’Amitié France Syrie
vous convie à la conférence donnée par
l’Association d’Amitié France Syrie
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Visite guidée
de l’exposition
Le Crac des Chevaliers
Métro Iéna ou Trocadéro
Groupe est limité à 25 personnes, merci de confirmer votre présence au plus vite, à ass.troubadours@free.fr
Frais de visite 10 €
Dans le cadre de notre partenariat avec
l’Association Troubadours
nous sommes heureux de vous annoncer la conférence de Madame Annie Caubet
elle nous parlera de
http://www.asstroubadours.fr/Troubadours/Conference.html
Nous comptons sur votre présence
Récital CLAVECIN & CHANT LYRIQUE
Vendredi 30 Novembre 2018 à 19h 30
Foyer de Grenelle
17, rue de l’Avre- 75015 Paris
Le récital sera suivi d’une collation amicale
Programme
Notre ami Frédéric Pichon chercheur et professeur en géopolitique,spécialiste de la Syrie, nous a fait part du décès du poète araméen de Maaloula, Georges Rizkallah, qui fut l’un des pionniers de la revitalisation du folklore araméen dans le Qalamoun.
Frédéric Pichon précise qu’il fut un précieux informateur lors de ses enquêtes de terrain en Syrie. Il lui avait raconté que jeune professeur d’anglais, il avait été muté à Qamishli dans les années 70 et que le spectacle des traditions syriaques encore vivaces dans cette région l’avait fait réfléchir sur la propre identité « araméenne » de son village, en voie d’extinction à cette époque.
الله يرحمو
لو ثكنيت غيلدة وغورموا………وذقني ثكنت شايبة
بت نسكل ندحكل قورموا …….مرايش الشنة بعصليبا
خسرنا عملاق اللغة الآرامية الذي فنى حياته ﻹعادة إحيائها.
الله يرحمك أستاذنا الكبير جورج رزق الله
اسمك خالد في تاريخ معلولا ومنقوش على جبالها ووديانها …… وسوف تتناقله الأجيال على مدى الدهر. لقد مت بالجسد ولكنك ستبقى في قلوبنا .
فليكن ذكرك مؤبدا + + +
May Abdulhak nous transmet un excellent article paru sans « L’Orient Le Jour » sur la mobilisation des Syriens pour la sauvegarde leur patrimoine. Ce combat est admirable ,c’est une nouvelle illustration de la résilience de ce peuple qui démontre qu’il saura se relever et reconstruire leur Syrie unitaire.
ENQUÊTE
Face aux pillages de tout bord, certains professionnels de l’art et du patrimoine choisissent l’exil, d’autres se font «douaniers », du côté des Kurdes.
Valentine LEROY | L’Orient Le Jour
08/04/2017
En 2012, ils œuvraient dans l’ombre, hébergés dans des hôtels insalubres de la frontière turque. La reconnaissance de leur travail leur vaut aujourd’hui un tout autre décor. Sous les bruits incessants des klaxons beyrouthins, les cliquetis des pinceaux à dépoussiérer et quelques bruissements de tissus se font répétition générale d’une guerre culturelle, celle menée par des Monuments Men* syriens contre l’État islamique (EI).
Dans les locaux de l’Unesco, plus de 400 professionnels du patrimoine syrien, répartis en plusieurs sessions de trois à cinq jours depuis 2014, ont appris à manier divers outils avec une précision chirurgicale afin de sauver les pièces syriennes menacées par les pillages. Des formations nécessaires « pour éviter de faire plus de mal à ces objets qu’on ne leur en a déjà fait », souligne, interrogé par L’Orient-Le Jour, Robert Bewley, directeur de projet et cofondateur de Eamena, programme de préservation des sites archéologiques menacés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Financés par l’Unesco, en partenariat avec Icomos, CyArk et Heritage for Peace, ces entraînements comprennent un programme complet fondé sur la préservation et le recensement du patrimoine syrien. « Les professionnels apprennent à prodiguer les gestes de premiers secours et à déplacer ces objets fragilisés par la guerre, le tout avec un minimum de moyens », explique M. Bewley. Ces enseignements vont du plus infime coup de pinceau sur les objets au scanner 3D portatif, ou à la photogrammétrie pour le recensement des monuments bâtis. Sur le terrain syrien, pas le droit à l’erreur, il faut se faire discret et efficace.
« Si je me fais arrêter… »
Le mouvement est lancé en août 2012, suite à une explosion dans le quartier général du ministère de la Défense, à Damas. Maamoun Abdulkarim, directeur général des antiquités et musées de Syrie, pense alors à s’enfuir, par sécurité pour sa famille, avant de demander l’avis de sa fille, qui l’arrête : « Je n’ai pas envie que mes amies pensent que mon père est un lâche. » C’est décidé, ils restent. M. Abdulkarim lance alors l’évacuation des musées, une initiative qui permet de sauver, entre août 2012 et mars 2015, 99% du contenu de 34 établissements, selon le rapport de Heritage for Peace publié en mars cette année. « Les musées sont les premières victimes de la guerre », explique-t-il. Une vision partagée par Leila**, coéquipière de M. Abdulkarim, Monuments Woman et archéologue syrienne, interrogée par L’OLJ : « Certains diront que les dommages causés aux sites syriens font partie de leur histoire, je pense que les sauver fait partie de nos devoirs. » Les 300 0000 pièces récupérées sont alors cachées dans des coffres scellés aux alentours de Damas, dans des endroits tenus secrets.
Ces hommes et femmes risquent leur vie pour le patrimoine syrien. Quinze personnes l’ont ainsi perdue dans ces missions de sauvetage, selon Maamoun Abdulkarim. « Si je me fais arrêter, on me retrouvera probablement sur le marché, pas celui de l’art, celui de l’esclavage sexuel », confie Leila. Pour favoriser la réussite de ces missions, la Direction générale des antiquités et des monuments travaille avec les autorités internationales, mais également locales, telles que la police, les gouverneurs, les municipalités, les universités et associations privées, et d’autres entités de la sphère publique à Damas, Palmyre, Homs, Hama, ou encore Deir ez-Zor. Tous ont leur rôle dans l’encadrement de ces missions.
« Mon choix est fait »
Maamoun Abdulkarim, initiateur des Monuments Men en Syrie, insiste sur la nécessité de coopérer avec les forces militaires dans les zones à haut risque. « Je suis accepté comme scientifique dans certaines zones de Syrie, comme au Nord, où mes origines kurdes permettent de me faire entendre par les habitants. Pour les zones à risque, notamment au Sud, on s’entoure de forces militaires, mais je sépare le politique du scientifique. » Ce partenariat avec les forces du régime syrien en rebute toutefois plus d’un. C’est le cas d’Ayman*, archéologue syrien et Monuments Man, témoin des méfaits de certains soldats. « On parle de fouilles illégales ; moi, ce que j’ai vu, c’était du pillage, ni plus ni moins », martèle, à L’OLJ, le professionnel. C’est d’ailleurs ce qui l’a poussé à abandonner la mission de sauvetage du patrimoine et à opter pour l’exil. « J’avais le choix entre dénoncer ce que j’ai vu sans avoir l’assurance de changer cette réalité, ou me protéger et abandonner une mission qui ne sera jamais complétée à mes yeux. J’ai une famille, mon choix est fait », explique-t-il, déçu.
Face aux dérives de toutes les parties au conflit, Tayssir, également Monuments Man, a choisi le camp des Kurdes, « douaniers » de la frontière nord de la Syrie. Il empêche les pièces syriennes de sortir du pays, dernière étape avant que celles-ci ne se retrouvent sur le marché noir de l’art. Il croise donc régulièrement les pilleurs et note leur profil. D’après Tayssir, les soldats de l’EI ne sont pas les seuls à profiter de la guerre pour orchestrer des pillages. « Quand la communauté internationale pointe l’État islamique du doigt, ça en arrange plus d’un, qui en profitent pour faire leur marché sur les sites syriens », lance-t-il, amer, à L’OLJ. « On a arrêté plus de 15 000 objets à ce jour, on essaye d’empêcher toute pièce du patrimoine syrien de sortir du pays. Parce que, quand cela arrive, il y a de grandes chances pour qu’on ne les retrouve jamais », explique-t-il.
Marché noir
Les pilleurs constituent le premier échelon d’une immense hiérarchie de trafiquants. Les pièces récupérées sur le territoire de l’État islamique (EI) doivent être soumises au préalable à l’avis d’un chef local, qui peut choisir de les détruire ou de les laisser au pilleur après avoir récupéré une compensation financière, auquel cas ce dernier ne touchera qu’une infime partie du prix de vente final de la pièce. Ces objets soumis au marché noir passent de main en main dans de nombreux pays de transit tels que le Liban, Israël ou encore la Jordanie, avant d’atterrir aux États-Unis, au Japon ou, plus rarement, en Europe.
Qu’ils soient avec Maamoun Abdulkarim, du côté des Kurdes ou en exil, les Monuments Men ont œuvré et œuvrent encore contre ces pilleurs, préservant ainsi le patrimoine de la Syrie. Mais la majorité des œuvres pillées se trouve maintenant hors de Syrie, dans les réseaux du marché noir de l’art (lire ci-contre).
*Les Monuments Men sont des sauveurs d’art en temps de guerre. Ils ont eu droit à un buzz énorme en 2014 avec le film Monuments Men de George Clooney, adaptation du livre éponyme de Robert M. Edsel, paru en 2009.
**Les prénoms ont été modifiés.
Le Dark Web, théâtre du marché noir artistique de l’EI
Installé en Turquie depuis le début du conflit syrien en 2011, Bassem pianote sur le clavier de son ordinateur, sourire en coin. Du haut de ses 29 ans, le jeune Syrien s’est spécialisé dans la recherche de trafiquants de pièces syriennes sur le Dark Web, face cachée de la toile où se regroupent les plus grands réseaux de trafic au monde, mais également bête noire de l’organisation internationale de police criminelle Interpol. En partenariat avec l’Unesco, cette dernière cherche à identifier et intercepter les pièces syriennes pillées puis revendues sur le « dark web ».
Seulement, la nature de ce sous-ensemble de la toile rend la traque hasardeuse, et le recensement des pièces, difficile. « Accéder au Dark Web requiert une expérience en informatique plus qu’avancée et un large réseau dans le milieu, explique Bassem, contacté par L’Orient-Le Jour via Skype. Il faut d’abord télécharger un logiciel bien particulier, puis un VPN, mais surtout, il faut connaître l’adresse de la page visée. » Le Dark Web est constitué d’un ensemble de pages non indexées, c’est-à-dire introuvables via un moteur de recherche. On estime l’ampleur de celui-ci à plus de 600 téraoctets de données, soit plus de 90% de l’ampleur totale du web. Qui plus est, par un système d’onion rooting et d’adresses IP impossibles à tracer, les visiteurs des sites contenus sur cette facette de la toile semblent échapper à toute autorité. « Il est difficile de quantifier l’ampleur de ce trafic.
Ce que l’on sait, c’est qu’il nous faudra des dizaines d’années et autant de millions de dollars pour espérer récupérer certains de ces objets ou ornements », explique à L’OLJ Édouard Planche, chargé du programme de lutte contre ce commerce illicite des biens culturels à l’Unesco. Pour cela, l’organisme compte sur le soutien financier des États, de l’Union européenne, mais également de fondations privées. « Malheureusement, il y a certaines pièces que l’on ne retrouvera jamais », souligne-t-il.
Financer le terrorisme
Bassem a fait de cette vision fataliste sa motivation. « Jamais je ne me résoudrai à abandonner cette mission pour le patrimoine syrien. C’est mon histoire qui est en jeu, je sais me servir du Dark Web, j’ai mon réseau, je le mettrai à profit pour retrouver les pièces pillées autant que je le pourrai », affirme-t-il.
Ce génie de l’informatique a ainsi réussi à identifier plusieurs pièces pillées sur des sites syriens, qu’il a par la suite référencées via la centralisation de données concernant les pièces syriennes disparues, une initiative de l’Unesco et de ses partenaires. Pour les reconnaître, Bassem s’aide des listes rouges de l’ICOM, qui délivrent une typologie de pièces provenant de zones pillées. Aubaine pour ces Monuments Men du net, calvaire pour le marché noir, ces listes rendent presque impossible la revente de pièces telles que les bustes de Palmyre, que l’on ne trouve nulle part ailleurs. « J’ai pensé un temps à acheter les pièces que je trouvais, mais la monnaie du Dark Web, le bitcoin, connaît un cours tellement haut que ce n’était financièrement pas possible, explique Bassem. Et puis, je me suis vite rappelé qu’acheter ces pièces, c’est financer le terrorisme. »
« Les sortir du cercle de l’EI »
D’autres n’ont pas vraiment les mêmes scrupules. Ni les mêmes intentions. C’est le cas de Hady*, un collectionneur beyrouthin que L’Orient-Le-Jour a rencontré et qui possède notamment un buste de Palmyre. À ses yeux, l’œuvre passe pour un simple « investissement sur le long terme ».
« J’attends que cette histoire de pillage se tasse, pour ensuite le revendre une fortune », dit-il, assez fièrement. Financer une entité terroriste pour des besoins personnels ne stoppe pas l’appétit du collectionneur. « Je ne suis pas un terroriste, je préfère me voir comme une sorte de sauveur d’œuvres d’art, puisque je les sors du cercle de l’EI », explique-t-il. Hady conserve en moyenne un quart des œuvres réceptionnées et fait de ce trafic son fond de commerce. Pour parvenir à ses fins, il redouble d’effort en matière de précautions. Une fois l’accord scellé avec le vendeur, il lui transmet l’adresse de son coursier, un homme qu’il « paye pour mettre son adresse et son nom sur cette livraison ». « Si quelqu’un intercepte le colis, c’est lui qui tombe », résume Hady. Les intermédiaires ne connaissent pas sa véritable identité. Du Dark Net à son hangar, il utilise de multiples identités, toutes falsifiées. Ces transactions lui valent, selon les critères d’Interpol, le statut de trafiquant à échelle mondiale, ce qui ne l’arrête pourtant pas dans sa quête, insatiable. « C’est une vraie drogue, entre l’adrénaline face au risque de se faire prendre, et le besoin de collectionner », ajoute-t-il.
Ce commerce se présente comme une « véritable bombe à retardement », selon Édouard Planche. Le cœur de la lutte contre le trafic d’antiquités syriennes se tiendra en effet d’ici à une dizaine d’années, lorsque les pillages ne seront plus qu’une page tournée du passé syrien.
En attendant, Basem, cyber-Monuments Man, continue de pianoter.
Recension du livre de Michel Raimbaud par Didier Destremau, Administrateur de l’AFS en charge des Relations Extérieures.
Michel Raimbaud, ancien ambassadeur de France en Mauritanie, au Soudan, et au Zimbabwe, a publié un ouvrage intitulé « Tempête sur le Grand Moyen-Orient». Il en explique ainsi la teneur : « En raison de sa position stratégique aux confins de l’Eurasie, autant que par sa richesse en gaz et pétrole,
cette immense « ceinture verte» islamique détient un potentiel de puissance considérable et constitue un enjeu majeur. De son devenir, mis en question par la tempête actuelle, dépend en bonne partie la physionomie de notre monde de demain.»
Quant au titre, il dit qu’il a intitulé son livre « Tempête sur le Grand Moyen-Orient » parce que cela ne concerne pas seulement le Moyen-Orient géographique mais il s’agit du Grand Moyen-Orient au sens donné par les néoconservateurs américains. Pour eux, affirme-t-il, le Grand Moyen-Orient est extensible au gré des pulsions américaines, parce que ce sont les Américains qui l’ont modelé pour lui donner l’extension qu’il a maintenant.»
Ces affirmations quelque peu péremptoires donnent d’emblée le ton de l’ouvrage, plaidoyer à charge contre Washington qui aurait fabriqué des révolutions clés en main, les Printemps arabes, tous synonymes de mort, de destruction et de chaos. Pour M Raimbaud, le début de cet imbroglio ne date pas de 2011, avec la Tunisie, mais de 1991, avec la chute de l’Union Soviétique. La question n’est pas le regard que l’on porte sur le bilan de l’Union Soviétique au plan national ou plan international, mais sur le fait, selon lui incontestable que ce grand bouleversement géopolitique fait passer la planète d’un monde bipolaire, celui de la Guerre froide, à un monde unipolaire, celui de l’Ouest. C’est donc l’Occident qui va prétendre incarner la communauté internationale à lui seul alors que les autres pays, les anciens pays communistes, les non-alignés, les pays du Sud étant priés finalement de se soumettre ou de se démettre. S’ils se rebellent, ils sont qualifiés d’États voyous ou d’États parias !
Beaucoup de sang musulman a coulé depuis la machiavélique mise en scène du 11 septembre 2001, date choisie pour favoriser l’érection d’un Nouvel ordre international, le Grand Moyen-Orient qui, extensible au gré des pulsions américaines, s’étend désormais de l’Atlantique à l’Indonésie.
Après avoir évoqué les raisons objectives de l’effilochement de l’URSS et les inconséquences de Saddam Hussein lors de son invasion du Koweït, (du reste encouragé par les Américains…) M Raimbaud souligne que Al Qaïda a été créée par les USA, les Saoudiens et les Pakistanais pour lutter contre les Soviétiques en Afghanistan. Certes, il n’y a jamais eu de collaboration entre Al Qaîda et Saddam Hussein, et cette proclamation de GW Bush fut une escroquerie par laquelle tout commence. C’est ensuite, le démantèlement de la Yougoslavie pour réduire la zone d’influence russe, puis le Soudan, harcelé pour obtenir sa partition 15 ans plus tard, et la Somalie qui se retrouve divisée en trois ou quatre États. La troisième guerre du Golfe aboutira au démantèlement de l’Irak que suit, logiquement, l’offensive contre la Syrie présentée comme un État dangereux.
C’est donc après les attentats de 2001 que George Bush aurait mis en œuvre sa doctrine du Grand Moyen-Orient auquel il faut imposer la démocratie par la force. Washington annonce clairement la couleur, avec une liste de pays à déconstruire afin de les mettre hors d’état de nuire aux intérêts américains.
On le constate, M Raimbaud n’y va pas de main morte qui, destine son livre à tous ceux qui s’intéressent aux peuples arabes et/ou musulmans, à leur histoire et leur avenir. On peut ne pas partager son interprétation des événements, mais on doit admettre que, visant le public des personnes désireuses de comprendre les événements actuels et de démystifier ce vieux monde où l’on sème si facilement la mort et la destruction au nom du Bien, si ce n’est au nom de Dieu, il se montre assez convaincant.
Sur la scène du théâtre antique de Palmyre, que l’armée syrienne vient de reprendre au groupe Etat Islamique (EI), Angel Dayoub interprète le célèbre refrain arabe: « Nous serons de retour« .
La voix mélodieuse de cette chanteuse de 15 ans emplit cet édifice du IIe siècle, lourdement endommagé par l’EI, qui a abandonné la ville jeudi à l’approche de forces gouvernementales soutenues par la Russie.
« Les quelques destructions ne nous décourageront pas de venir chanter et jouer ici », dit-elle à l’AFP.
« Je veux jouer de la musique et chanter partout où l’EI a été chassé car ce groupe hait la chanson et interdit de jouer d’un instrument », ajoute-t-elle sur un ton de défi.
Pour son interprétation de la fameuse chanson de la diva libanaise Fayrouz, Angel est accompagnée par des amis musiciens jouant du violon, du tambourin ou de l’oud, le luth oriental.
« Nous serons de retour » (Fayrouz)
« Nous chantons ‘Nous serons de retour’ car nous allons revenir encore plus fort. Chacun reconstruira le pays à sa manière. Nous voulons le faire avec la musique et la chanson », explique-t-elle.
Palmyre, située en plein désert dans le centre du pays et dont les ruines ont été inscrites au patrimoine mondial de l’humanité en 1980, a changé plusieurs fois de mains lors des six ans de guerre.
L’EI s’en est emparé en mai 2015 et a détruit et vandalisé des trésors archéologiques durant dix mois d’un premier règne brutal.
A la recherche d’un spectaculaire mortifère, les jihadistes s’étaient livrés dans le théâtre romain à des exécutions, avant d’en être chassés en mars 2016.
Mais ils étaient revenus en décembre. Ils avaient alors détruit le tétrapyle, un monument de 16 colonnes érigé à la fin du IIIe siècle, et saccagé le théâtre.
Les jeunes musiciens ont donné un aperçu de leur talent devant une audience de soldats syriens et russes auxquels s’étaient joints des journalistes effectuant une visite organisée par l’armée.
Des explosions étaient encore audibles, en raison des combats des forces syriennes et de leurs alliés russes contre l’EI au nord et à l’est de la ville.
« Daech (acronyme en arabe de l’EI) voulait interdire le théâtre, la chanson, mais moi je veux les défier », assure Maysaa al-Nuqari, une jeune joueuse d’oud.
Vêtue d’une veste en cuir noir et de bottes de combat, cette jeune fille aux cheveux frisés teints en rouge appelle les autres musiciens à venir jouer.
« Daech, ce sont les ténèbres mais la musique, c’est la lumière », lance-t-elle.
Fondée il y a 2000 ans, Palmyre était une oasis caravanière qui tomba sous le contrôle romain dans la première moitié du Ier siècle et fut rattachée à la province romaine de Syrie.
La ville devint une cité prospère sur la route reliant l’Empire romain à la la Perse, l’Inde et la Chine, grâce au commerce d’épices et de parfums, de la soie et de l’ivoire de l’est, des statues et du travail du verre de Phénicie.
Ses temples magnifiques, ses tombes au style unique et ses allées de colonnades attiraient 150.000 touristes un an avant la début du conflit syrien.
Maintenant, l’inventaire de ce qu’ont subi les monuments a été confié à Wael al-Hafyan, un responsable du département des Antiquités de la province de Homs.
Ce quadragénaire arpente désormais le site, examine avec attention chaque pièce antique et note le tout sur petit carnet.
« Notre estimation préliminaire est que les nouvelles destructions sont limitées à la façade du théâtre, son abside, ainsi qu’à l’explosion du tétrapyle, assure-t-il à l’AFP.
Mais il s’effondre en larmes quand il arrive au théâtre et au tétrapyle, un édifice de 16 colonnes érigé à la fin du IIIe siècle.
L’EI l’a réduit en janvier à un amas de pierre, un acte qualifié par l’ONU de « nouveau crime de guerre et d’immense perte pour le peuple syrien et l’humanité ».
« Quiconque possédant un iota d’humanité ne peut pas ne pas se sentir triste en les voyant. Je suis triste et je le resterai jusqu’à ce que Palmyre redevienne ce qu’elle fut », martèle-t-il.
Mais cet ingénieur reste optimiste et considère que Palmyre sera restaurée grâce à l’aide de l’Unesco.
Quand on lui demande de faire le point sur ce qu’il reste des trésors de Palmyre, Wael al-Hafyan se mord la lèvre et réfléchit.
« Tout Palmyre demeure. Son histoire demeure. Quelques éraflures ne peuvent pas dénaturer sa beauté. L’énormité de ce qu’a commis Daech, tous ses crimes, ne peuvent porter atteinte à la gloire de cette ville », assure-t-il.
Témoignage remarquable de Samir Abdulac, Président du groupe de travail ICOMOS pour la sauvegarde du patrimoine culturel en Irak et en Syrie, qui s’est rendu récemment à Damas pour assister à un congrès d’archéologues organisé par la DGAM( Direction Générale des Antiquités et des Musées de Syrie). 02/01/2017.
« Je suis récemment rentré de Damas où je viens de passer quelques jours après une absence de près de six ans. J’y ai certes retrouvé des membres de ma famille, mais plonger dans une ville appauvrie et en proie aux pénuries de la guerre n’est guère une expérience agréable croyez-moi. La vieille ville d’Alep était déjà tombée sans davantage d’affrontements meurtriers et destructeurs. Le site internet de la direction générale des antiquités et des musées (DGAM) publie d’ailleurs en ce moment, quasi-quotidiennement des photos des différents quartiers de la vieille ville meurtris par la guerre fratricide menée par air, par terre et même sous terre. La nouvelle de la chute de Palmyre est par contre tombée comme une douche froide. Les nouveaux combats auraient épargné le site antique mais le pire reste à craindre. La population n’était presque pas rentrée encore.
Je me suis évidemment rendu dans la vieille ville de Damas que je connais bien. J’y étais accompagné de Stefan Simon de l’université de Yale. Elle change et sa composition sociale serait en cours d’évolution avec l’arrivée de nombreuses personnes déplacées. Une centaine de restaurants et d’hôtels y avaient ouvert au cours des années 2000, mais la plupart ont fermé leurs portes. Le vieillissement, le manque d’entretien et des adjonctions affaiblissent le bâti. Les services municipaux chargés des contrôles semblent relâcher leur vigilance. Beaucoup se plaignent du manque de matériaux traditionnels. Dernièrement plusieurs incendies se sont spontanément déclarés dans les souks. Il convient de mieux comprendre leur origine spécifique et de les prévenir. La chute aléatoire d’obus, la recherche de combustibles alternatifs, la multiplication de branchements électriques hasardeux et la pression insuffisante du réseau d’incendie représentent des menaces désormais permanentes. La reconstruction des locaux commerciaux est effectuée généralement vite, avec le respect d’une bonne échelle certes, mais trop vite, avec des fautes et sans matériaux appropriés dans un site du patrimoine mondial. L’ICOMOS avait déjà commencé des formations à la préparation aux risques avec l’ICCROM et l’UNESCO, mais il paraît nécessaire d’aller beaucoup plus loin encore.
Une visite au service de l’inventaire architectural de la direction générale des antiquités et des musées (DGAM) nous a révélé dans leurs archives des trésors concernant les monuments de Syrie, qu’il s’agisse des travaux passés de restauration à Palmyre dans les années 1930 signés Robert Amy ou des relevés de la synagogue de Jobar aujourd’hui détruite par des bombardements. J’ai en tout cas eu le bonheur de rencontrer une jeune équipe très enthousiaste de l’inventaire que nous (ICOMOS, CyArk, Université de Yale, Fonds Arcadia et UNESCO) équipons et formons aux techniques de relevés 3D. Ils commencent déjà des exercices pratiques dans le vieux Damas. Nous avons pu discuter de leurs attentes et des premiers problèmes concrets rencontrés. Une prochaine session de formation de deux semaines est prévue dès janvier prochain à Beyrouth. Nous espérons ainsi lancer, au sein d’une institution reconnue, une activité durable maitrisée et prise en charge par des enfants du pays.
Le musée national avait été jadis commencé par l’architecte français Michel Ecochard en 1936. Son architecture de style moderne correspond aux meilleures conceptions muséographiques de son temps. Ce bâtiment est en soi un monument du 20e siècle qui mériterait d’être classé. Sa visite commence désormais par l’ouverture d’un rideau d’acier qui se soulève lentement dans un vacarme épouvantable. Toutes les collections de petits objets ont été évacuées et les vitrines sont tristement vides. Par contre les grandes sculptures, les mosaïques et les peintures murales du musée national restent en place. Bien que la guerre se soit éloignée de Damas, un retournement de situation est toujours possible et des solutions adaptées doivent être planifiées. Le musée de Beyrouth est, d’une façon plus classique, un monument aussi. Autrefois situé sur la ligne de front, sa direction avait su protéger ses plus grandes pièces par des sarcophages de béton. Je suis allé au retour le visiter, il fait désormais l’objet d’une merveilleuse renaissance et vient tout juste d’inaugurer un sous-sol réaménagé.
Un colloque scientifique de haut niveau a été organisé par la DGAM pendant une partie de ce séjour dans la prestigieuse salle damascène de ce même musée national sur le thème « propositions pour la résilience du patrimoine syrien ». Une centaine de participants ont suivi les travaux : une vingtaine d’experts étrangers de toutes nationalités dont un seul russe et des Syriens : archéologues, architectes, universitaires, représentants d’associations, étudiants et- il faut le mentionner- des membres individuels de l’ICOMOS anciens, récents et postulants. Un condensé de société civile en somme. Au cours d’un programme dense, l’ordre des exposés alternait les contributions d’experts syriens et étrangers. Les différents services de la DGAM ont présenté les travaux qu’ils menaient par exemple sur les musées, les monuments, de la vieille ville de Damas, etc. Les exposés des spécialistes étrangers étaient riches aussi : les analyses de la forteresse croisée de Marqab, les prises de vues par drone, le projet d’inventaire national en 3D, la protection des ruines fragiles déterrées, la recomposition de sites archéologiques bouleversés par le pillage, etc. Quelques propositions pour une évaluation rapide de l’état des lieux à Alep furent évoquées. Sa reconstruction n’est pas à l’ordre du jour, mais chacun pressent qu’elle pourrait être terriblement compliquée. Le professeur Pierre Leriche, l’archéologue de Doura Europos (il préfère dire Europos Doura) a proposé à ses collègues un moratoire généralisé sur les fouilles en Syrie, c’est à dire de ne plus fouiller pendant plusieurs années et se consacrer plutôt à la publication de la grande masse existante des travaux déjà entrepris et encore jamais divulgués aux collègues et au public. Les ministres annoncés ont par contre déserté la rencontre. Probablement inspirée de l’exemple des expositions le long des grilles du jardin du Luxembourg ou du siège de l’UNESCO, la start-up française ICONEM présentait des panneaux informatifs sur ses travaux en Syrie, accrochés sur la clôture extérieure du jardin du musée national. Une autre exposition, ailleurs en ville, présentait des pièces archéologiques volées et récemment récupérées.
Enfin, une visite à la faculté d’architecture de l’université de Damas en compagnie de Abir Arkawi et de Talal Akili, tous deux membres de l’ICOMOS, m’a enfin permis de rencontrer plusieurs professeurs et étudiants et de longuement discuter avec eux. J’ai été impressionné par la mise au point d’une grande maquette de la vieille ville de Damas, dans laquelle chacune des maisons figurait avec son patio. Par ailleurs des dizaines de panneaux accrochés aux murs d’une grande salle présentaient les quatre parties complémentaires de récents travaux d’étudiants sur Palmyre. La partie concernant l’analyse des ruines et de leur passé était franchement attendue, mais les projets d’évocation sur place des ruines dynamitées par des panneaux de verre ou des rayons lumineux l’étaient moins. La partie concernant la ville moderne commençait par un état des lieux, des statistiques chiffrées sur la dispersion actuelle de la population de Palmyre et se poursuivaient par un programme échelonné dans le temps de réparation des infrastructures, des logements et des services et même de sa future extension. La partie « écologique » était basée sur les ressources naturelles en eau du site et envisageait une future ville verte. Enfin la partie concernant la planification régionale tournait complètement le dos à l’ancien rôle touristique du site et tentait de lui donner un nouvelle vocation par le création de réserves naturelles et le développement d’énergies alternatives à l’échelle du pays. Par contre le temps m’a manqué pour visiter le centre Baroudi de l’université situé dans le quartier Qanawat, qui abrite l’ancienne antenne de l’Ecole de Chaillot et où se poursuivent des cours de restauration architecturale. Je n’ai pas non plus pu accompagner ses professeurs et étudiants à Maaloula, ce village inscrit sur la liste indicative et où s’effectuent actuellement des travaux de restauration et de reconstruction.
Que dire d’autre, sinon que Maamoun Abdulkarim, ce consensuel directeur général de la DGAM, était atterré (comme nous tous) par le retour de Daech à Palmyre. Il était également préoccupé par un projet turc de modification du cours du Tigre, qui risquait -par absence de concertation- de faire disparaître le pont de Ain Dewar de l’époque seljoukide au nord-est du pays (le « bec de canard »). Le soutien chaleureux de scientifiques étrangers difficilement parvenus à Damas le renforçait toutefois moralement dans sa bien difficile mission entamée en 2012″.
Samir ABDULAC
Docteur en urbanisme • Architecte DPLG • Dip. UCL Bartlett
Président, Groupe de travail ICOMOS pour la sauvegarde du patrimoine culturel en Syrie et en Irak
Vice-président, Comité scientifique international ICOMOS pour les villes et villages historiques (CIVVIH)
Membre, Comité d’Orientation, ICOMOS France
Membre de l’AFS.
Par Oriane Huchon
Plusieurs articles sur les différents courants de l’islam sont déjà parus sur Les clés du Moyen-Orient. Celui-ci a pour objectif de présenter une cartographie de l’implantation des religions au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Les courants principaux y sont représentés, ainsi que les principaux lieux saints (sunnites et chiites), les lieux de naissance des principaux ordres soufis, et les minorités religieuses.
Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont les terres d’expansion de l’islam aux VIIe et VIIIe siècles de notre ère. Il ne faudrait pourtant pas considérer ces vastes territoires comme un monde unifié religieusement. Les religions antérieures à l’islam, le christianisme sous ses diverses formes (maronite, orthodoxe, copte, catholique…) et le judaïsme, demeurent au sud et à l’est de la Méditerranée et disposent d’un statut spécial dans le droit musulman, le statut de dhimmi. Jusqu’à la chute de l’Empire ottoman, le statut de dhimmi était communément appliqué dans les diverses communautés musulmanes.
Les musulmans sont de nos jours environ un milliard et demi sur la planète, soit 23% de la population mondiale. Ils forment le groupe religieux le plus important au monde après le christianisme. Les sunnites (toutes écoles confondues), représentent 87,4% de la population musulmane ; les chiites duodécimains 8,4 %, les autres mouvances chiites 3,5% et les ibadites 0,7% (1). La majorité de ces musulmans se trouve désormais en Asie, avec entre 700 et 800 millions de pratiquants, principalement en Indonésie (premier pays musulman du monde), en Afghanistan, en Inde, au Pakistan, au Bangladesh et en Chine (2). Au Moyen-Orient (Turquie, Egypte et Iran compris), ils seraient entre 350 et 400 millions ; alors qu’au Maghreb ils seraient un peu moins de 90 millions.
A titre comparatif, les chrétiens représentent 32% de la population mondiale et sont 2,2 milliards sur Terre. Les hindous sont 1 milliard, les bouddhistes 500 millions et les juifs 14 millions (4). Les juifs ont globalement fui les terres d’islam depuis la création d’Israël, et 25 % de la population juive globale vit actuellement en Israël. Les chrétiens d’Orient sont entre 10 et 16 millions au début du XXIe siècle (5).
Dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient à l’exception d’Israël, les musulmans représentent la grande majorité de la population nationale, toutes confessions de l’islam comprises. En 2013, on estimait ainsi le nombre de musulmans au Maghreb et au Moyen-Orient, par pays :
Pays | Population totale (en millions) | % de musulmans dans la population |
---|---|---|
Algérie | 39 | 99% |
Arabie saoudite | 27 | 100% (dont chiites entre 10 et 15%) |
Bahreïn | 1,3 | 70% (chrétiens 14%, hindouisme 10%, bouddhisme 2,5%, autres) |
Egypte | 87 | 90% (coptes 10%) |
Emirats arabes unis | 8,3 | 96% (dont chiites 16%) |
Irak | 32,5 | 97% (dont chiisme 65%, sunnisme 35%) |
Iran | 81 | 98% (dont chiisme 89%) |
Israël | 8 | 18% (judaïsme 75%, autres 7%) |
9 | Nigéria 2.7 | Yémen 100 |
Jordanie | 8 | 92% (christianisme 6%) |
Koweït | 4 | 85% (dont chiisme 30%, christianisme et hindouisme 15%) |
Liban | 6 | 54% (dont 27% chiisme, 27% sunnisme ; christianisme 40.5%) |
Libye | 6 | 97% |
Maroc | 33 | 98,7% |
Oman | 3,2 | 90% (dont ibadisme 75%) |
Qatar | 2,2 | 77% (christianisme 8,5%, autres 14%) |
Syrie | 22 | 98% (dont alaouite 10%, druze 3%, chiite 2% ; christianisme 5%) |
Territoires palestiniens | 5 | Cisjordanie : 75% (judaïsme 17%), Bande de Gaza : 99% |
Tunisie | 11 | 99% |
Turquie | 82 | 99,8% (dont alévis 20%) |
Yémen | 26 | 100% (dont zaydisme entre 25 et 40%) |
Source : Revue Moyen-Orient, “Bilan géostratégique 2014”, Juillet-Septembre 2014, Paris.
L’islam ne se résume pas aux deux grands courants connus, le sunnisme et le chiisme. Ces confessions connaissent des divergences de croyances en leur sein. Le sunnisme, courant majoritaire, se divise en plusieurs écoles juridiques interprétant de diverses façons le Coran et la sunna (ou tradition, comportement du Prophète) enregistrée dans les hadiths.
Le chiisme est né de la « grande discorde » du premier siècle islamique, liée à la succession à Mahomet au titre de calife. Les trois groupes chiites existants toujours aujourd’hui (zaydite, duodécimain et ismaélien) sont issus des allégeances aux différents imams ayant succédé à Ali.
Un troisième courant nommé kharidjisme est également né au moment de la « grande discorde ». Si les kharidjites ont aujourd’hui disparu, les ibadites en sont leurs héritiers (bien que certains d’entre eux s’en défendent). Ils subsistent à Oman, à Djerba en Tunisie, en Libye à Zuwarâ et Djebel Nafusa, en Algérie à Mzâb et en Tanzanie à Zanzibar.
Enfin, de multiples confréries soufies se sont développées dans toute la région. Le soufisme est le penchant mystique de l’islam, souvent méconnu en France. Les soufis cherchent l’accès direct à la divinité d’Allah à travers des pratiques particulières dont le dhikr (répétition du nom de Dieu), la musique et la danse parfois, et la méditation. Ils s’appuient sur une théorie des hommes et du divin développée par les théologiens soufis au cours des siècles. Les confréries soufies sont nombreuses, et constituent toujours une réelle influence dans certains pays, notamment en Egypte.
Cette richesse cultuelle s’exprime par la présence de nombreux lieux saints et sanctuaires musulmans, chrétiens et juifs. Au-delà des villes saintes de Jérusalem, de Médine et de La Mecque, diverses villes attirent chaque année des milliers de pèlerins. Les sunnites les plus rigoristes interdisent le culte des saints. La mosquée n’est pas sacralisée comme l’est l’église. Les chiites toutefois célèbrent de nombreux saints, et la plupart des sunnites ressentent le besoin de « localiser le sacré, de l’inscrire dans l’espace, au travers de rites », selon les propos de Dominique Logna-Prat et de Gilles Veinstein, qui poursuivent : « Il existe ainsi des lieux [de culte des saints], généralement des sépultures, dotées de mausolées, et, le cas échéant, d’un complexe de bâtiments, dont des mosquées, que sanctifie la présence des restes d’un saint et à travers lesquels se diffuse sa baraka » (6) (Influence bénéfique qu’exercent certains personnages révérés de l’islam, ou certains objets sacrés, Larousse). Ces lieux saints et sanctuaires constituent des éléments centraux de la vie du musulman et les plus importants d’entre eux nécessitent d’apparaître sur une carte générale des religions de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, puisqu’ils génèrent d’importants flux de population.
Lire sur Les clés du Moyen-Orient :
Hichem Djaït, La Grande Discorde, Religion et politique dans l’Islam des origines
Sunnites/chiites : aux origines du grand schisme de l’Islam
Notes :
(1) DUPONT Anne-Laure, Atlas de l’islam. Lieux, pratiques et idéologie, Autrement, 2014, Paris.
(2) Ibid.
(3) Revue Moyen-Orient n°23, “Bilan géostratégique 2014”, Juillet-Septembre 2014, Paris
(4) http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/12/18/les-chretiens-sont-le-premier-groupe-religieux-au-monde_1807767_3224.html#VTY0lHpcA3iuy91U.99
(5) LORIEUX Claude, Chrétiens d’Orient en terres d’Islam, Perrin, 2001, Paris.
(6) « Lieux de culte, lieux saints dans le judaïsme, le christianisme et l’islam : Présentation ».
Bibliographie :
DUPONT Anne-Laure, Atlas de l’islam. Lieux, pratiques et idéologie, Autrement, 2014, Paris.
HOURANI Albert, Histoire des peuples arabes, Seuil, 1991 (traduction française en 1993), Londres.
HANIF, N, Biographical Encyclopaedia of Sufis : Central Asia and Middle East, Sarup & Sons, 2002.
SELLIER André, SELLIER Jean, Atlas des peuples d’orient. Moyen-Orient, Caucase, Asie centrale, La Découverte, 2002, Paris.
Revue Moyen-Orient n°23, “Bilan géostratégique 2014”, Juillet-Septembre 2014, Paris.
BALANCHE Fabrice, Atlas du Proche-Orient arabe, PUPS/RFI, 2012.
LORIEUX Claude, Chrétiens d’Orient en terres d’Islam, Perrin, 2001, Paris.
Sitographie :
Le dessous des cartes, « L’islam en conflit », Parties 1 et 2, Arte, Janvier 2015.
Encyclopédie Larousse en ligne
Encyclopedia Universalis
http://www.lemondedesreligions.fr/actualite/les-ahmadis-musulmans-malgre-les-autres-05-02-2015-4492_118.php
http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/12/18/les-chretiens-sont-le-premier-groupe-religieux-au-monde_1807767_3224.html#VTY0lHpcA3iuy91U.99