IN MEMORIAM : Décès du Dr Osmane Aïdi

Dr Osmane Aïdi

Le Dr Osmane Aïdi, décédé le 4 octobre à 89 ans, était issu d’une grande famille damascène de double culture arabe et française.

Son père, Ahmad Mounif Aïdi, médecin, qui fut l’un des fondateurs de la faculté de médecine de Damas en 1918, avait créé le premier lycée privé en Syrie, en 1907 pour les garçons et en 1931 pour les filles, avec un double enseignement arabe et français.

Le Dr Osmane Aïdi avait fait ses études supérieures en France : il était diplômé de l’École des Ingénieurs Hydrauliciens de Grenoble, devenue en 2008, École Nationale Supérieure de l’Energie, Eau et Environnement (Grenoble INP-ENSE3). Il obtint le doctorat d’État ès Sciences en Mécanique des Fluides de la Sorbonne, fin 1955.

Grâce à ses capacités techniques, il fut un homme de progrès en participant dès 1956 à la modernisation de la Syrie, dans des domaines aussi divers que l’hydraulique, les barrages, les systèmes d’irrigation, les centrales thermiques, l’électrification, l’eau potable, puis la construction d’hôpitaux.

Il réalisa avec la société Bouygues,  un  tunnel construit long de 11 km qui amène l’eau de la source Fijeh jusqu’à Damas permettant ainsi l’alimentation en eau potable de la capitale.

Toujours passionné par l’eau, l’hydraulique et ses applications (à travers les sociétés Études et Installations Hydrauliques créées en Syrie en 1997, puis SETI à Nîmes, et enfin IRRIFRANCE dont il a été le Président), le Docteur Osmane Aïdi a été un homme d’affaires international qui s’engageait personnellement et entièrement pour la réussite de ses entreprises.

Il fut également un capitaine d’industrie et un homme de développement, initiateur de l’expansion de l’hôtellerie en Syrie ; il créa à partir de 1977 dans les principales villes de Syrie, une chaîne d’hôtellerie de luxe, les Cham Palace (Damas, Alep, Bosra, Hama, Palmyre, etc.), puis en France, le Groupe Royal Monceau et l’Institut de Thalassothérapie de Port-Crouessy. A titre complémentaire, la société Cham Tours assurait le transport des touristes. Grâce à lui et à son savoir-faire, la Syrie devint une destination du tourisme culturel international dans les années 1990 et 2000.

Il fut enfin un homme de grande culture, car en plus d’être professeur d’Hydraulique tant à l’Université de Damas qu’à celle d’Alep, membre de l’Académie syrienne des Sciences, le Dr. Osmane Aïdi a été un érudit passionné et un esthète averti, profondément attaché à la culture méditerranéenne : il créa en 1988 la « Fondation Osmane Mounif Aïdi » pour la préservation du patrimoine et la promotion de la culture et des sciences, il contribua à la restauration du site hellénistico-romain de la ville d’Apamée, connu aujourd’hui pour ses portiques à colonnades encadrant une avenue dallée de 1850 m de longueur et sauva le site de Jerf AI Ahmar condamné à l’immersion par les eaux d’un barrage en construction sur l’Euphrate, au nord de la Syrie, là où naquit l’agriculture il y a près de 12.000 ans.

Malgré des temps particulièrement difficiles, le Dr Aïdi oeuvra inlassablement au rapprochement franco-syrien.

Il était Commandeur du Mérite Syrien, Commandeur de la Légion d’honneur française, Grand Officier du Patriarcat des deux Saints Pierre et Paul d’Antioche et de tout l’Orient et titulaire de la médaille de St Cyril et Methodius, la plus haute distinction bulgare.

L’Association d’Amitié France-Syrie et nombre de ses membres qui l’ont connu, garderont le souvenir d’un homme simple, cordial, dynamique, pugnace, compétent avec un grand charisme.  Tous les membres de l’AFS présentent leurs sincères condoléances à sa famille.

Ce texte a été publié par IRRIFRANCE.

Les Espaces Sacralisés de Mari | Conférence Zoom

Dans le cadre de notre partenariat avec

l’Association Troubadours

nous sommes heureux de vous annoncer la visio-conférence de 

Jean-Claude Margueron

Les Espaces Sacralisés de Mari

Jeudi 10 juin 2021 à 18h30
(Connection obligatoire dès 18h20 // Connection impossible après le début de la conférence)
 
Visio-Conférence Zoom
 ID de réunion : 870 9708 6387
 Code secret : 172484
 
 
Association Troubadours
Espace Harmattan
24, rue des Écoles 75005 Paris
www.asstroubadours.fr

Venez nombreux.

AFS | Visioconférence : La situation de l’éducation en Syrie après dix ans de troubles. Où en est celle du français ?

Chers amis,

L’AFS a le plaisir de vous inviter à participer à une vidéoconférence :

« La situation de l’éducation en Syrie après dix ans de troubles.
Où en est celle du français ? »

 

Le jeudi 27 mai 2021 à 18h30 (Heure de Paris).
Durée 1h30.

 

Intervenants :

Madame Katia KHAYAT, Coordinatrice du français à Alep.
Monsieur Michel LEPRÊTRE, Ancien proviseur du Lycée Charles de Gaulle de Damas.

 

Coordonnées Zoom :

ID de réunion : 939 7605 9065
Code secret : 787926

 

Il est conseillé de se connecter quelques minutes en avance.

La connexion sera ouverte à partir de 18h15.

Vous pouvez inviter vos amis à suivre cette conférence.

 

Avec toute notre amitié.

Appel à l’arrêt des sanctions contre le peuple syrien

L’association d’Amitié France-Syrie s’associe pleinement avec ces requêtes. Elle juge indispensable et urgente la levée de ces injustes sanctions qui pénalisent cruellement le peuple syrien déjà en butte depuis dix ans à de multiples avanies. Elle espère que la nouvelle administration américaine tout comme les gouvernements de l’UE prendront en compte cette légitime demande.

Alep: Guerre, sanctions, Corona, César, crise économique et quoi encore?

lettre-dalep

L’AFS vous recommande la lecture de l’article du docteur Nabil Antaki, publié sur Arrêt sur info, le 1er juillet 2020, qui décrit d’une manière poignante la situation des Syriens oubliés par tout le monde.
L’AFS a entrepris depuis 2 ans d’interpeler la communauté internationale afin que cessent les mesures d’embargo contre le peuple syrien.

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Le peuple syrien ne sait plus à quel saint se vouer.

Les drames se suivent, ne se ressemblent pas mais aboutissent au même résultat : celui de continuer à faire souffrir la population syrienne qui ne demande qu’à vivre dignement dans la paix.

Commençons par la guerre. Elle dure depuis plus de neuf ans.

Elle a fait des centaines de milliers de victimes et une dizaine de millions de déplacés internes et de réfugiés, a poussé un million de personnes à l’exil, a détruit l’infrastructure de la Syrie et a ruiné un pays qui, autrefois, était paisible, sûr, stable et prospère. Lire la suite…

En cours…

 

 

 

 

Le retour des Tcherkesses de Syrie sur la terre d’origine dans le Nord-Caucase

Originaires du Nord-Caucase, les Tcherkesses, autrefois appelés Circassiens, furent contraints à l’exil lorsqu’en 1864, l’armée impériale russe acheva sa conquête de la région. Vaincus, ils partirent majoritairement s’installer dans l’Empire ottoman. Au début des années 1990, l’implosion de l’Union soviétique incita des Tcherkesses à revenir sur la terre de leurs ancêtres. Un flux migratoire qui s’est densifié à partir de 2011, lorsque la guerre éclate en Syrie. Ni réfugiés ni étrangers, ils sont appelés « rapatriés ». Dans le Caucase, la communauté tcherkesse se mobilise pour organiser leur retour sur une terre désormais constitutive de la Fédération de Russie.

À la périphérie de Panakhes, des maisons neuves aux façades brutes se succèdent en enfilade, le long d’une conduite de gaz surélevée. Nart habite la dernière, au bout du chemin de terre. Dans son jardin, il nourrit ses poules qui se massent bruyamment autour de lui. Dans une autre vie, cet homme au sourire immuable était barbier dans un salon de Damas. Ces dernières années, il s’est improvisé fermier dans cet aoul (village) de l’Adyguée où se sont installés des « rapatriés » de Syrie. La famille de Nart est originaire de Marj al-Sultan, un village tcherkesse de la Ghouta. Lorsque la guerre s’est déclarée dans le pays, elle a fait le choix de partir dans le Caucase. Ou plutôt, d’y revenir. « Désormais, il faut construire notre vie ici. C’est notre patrie », appuie Mazhar, l’octogénaire patriarche. Mais 150 ans plus tard, ces descendants d’exilés s’apparentent à des immigrés sur leur propre terre. Sans se départir de son humeur allègre, sa fille Barina peine à y trouver sa place. « Les premières années ont été très difficiles, nous vivions sans ressources financières. Et sans la maîtrise du russe, il est très compliqué de trouver un travail ou de lancer un business. » Dans une région où le travail se fait rare, elle aimerait mettre à profit sa connaissance de l’anglais.

Au moment où la Syrie s’embrase, le pouvoir fédéral russe envoie une délégation parlementaire à Damas. « Les représentants des parlements locaux et le milieu associatif ont demandé aux autorités de prendre des mesures en faveur des Tcherkesses de Syrie », rapporte Asker Sokht, responsable de la principale organisation tcherkesse à Krasnodar. La Russie accorde alors visas et titres de séjour à des populations dont « l’essentiel avait conservé, d’une manière ou d’une autre, des liens avec le pays ». À l’époque soviétique déjà, la Syrie est un pays « ami » qui envoie étudiants et futurs militaires en URSS. Barsbi, le neveu de Barina, est d’ailleurs né en Russie. « Mon père s’y rendait régulièrement dans les années 1990 », précise celui qui endosse régulièrement le rôle d’interprète familial. Arrivé jeune, russophone, il envisage désormais, comme la majorité des rapatriés de sa génération, de faire sa vie en Russie. « Pourquoi retournerais-je en Syrie ? Nous avons tant attendu ce retour sur notre terre ».

Dans la République d’Adyguée, le rapatriement des Tcherkesses de la diaspora bénéficie du soutien du pouvoir local. Mafekhabl se présente comme la vitrine de cette politique. « Ici, il y a tout ce qu’il faut : une infirmerie, une mosquée, un terrain de sport… Les conditions d’installation sont idéales », détaille Askhad Goutchetl, directeur du centre d’accueil des rapatriés. Cette structure régionale a été fondée pendant la guerre du Kosovo, en 1998. « Nous avons alors organisé le retour de plusieurs familles tcherkesses d’ex-Yougoslavie », raconte-t-il. Soucieux de faire revenir leurs compatriotes, les hommes d’affaires locaux financent la construction de cet aoul coquet et ordonné. Désormais, Mafekhal abrite des familles venues non seulement du Kosovo, mais aussi des principaux foyers de diaspora : Turquie, Syrie, Jordanie. « Le centre d’accueil nous permet de fournir aux nouveaux arrivants une aide administrative, juridique et sociale. Nous faisons en sorte que les Tcherkesses de l’étranger aient envie de vivre ici », explique Askhad Goutchetl pour qui cette mission présente un enjeu autant démographique que culturel.

Selon le militant Asker Sokht, environ 6 000 Tcherkesses de Syrie ont obtenu un titre de séjour russe depuis le début de la guerre. La moitié s’est établie sur le territoire tandis que l’autre est partie en Europe en transitant par la Russie. Environ un tiers de personnes restées sur le sol russe ont obtenu un passeport. « La méconnaissance du russe constitue le principal obstacle », indique-t-il tout en se montrant optimiste : depuis l’année dernière, le programme national d’aide au retour volontaire des compatriotes de l’étranger s’applique aussi à l’Adyguée. Une disposition qui doit permettre de régulariser l’ensemble des rapatriés présents dans la république. « Le développement d’internet a permis de rapprocher les diasporas à travers le monde », se réjouit Asker Bora, fondateur d’une association d’aide au retour à Naltchik, en Kabardino-Balkarie – dans le Caucase, les Tcherkesses vivent dans différentes républiques, autant de divisions administratives artificielles héritées de l’URSS. Au moment où les arrivées étaient nombreuses, l’association avait obtenu la mise à disposition de vieux sanatoriums. Le dernier encore occupé abrite une quarantaine de rapatriés. « Il nous faudrait des subventions fédérales… », élude Asker, soulignant la solidarité de la communauté et la réussite de l’intégration. « Dès qu’elles en ont la possibilité, les familles prennent leur indépendance ». Samira occupe toujours une petite chambre du sanatorium. Cette ancienne directrice d’école a quitté Damas avec des sentiments mêlés : l’amertume de tout laisser derrière elle et l’émotion de retrouver la patrie de ses ancêtres. Elle garde contact avec ceux qui, restés là-bas, n’ont pas eu les moyens de partir.

Permise par la chute de l’URSS, la réaffirmation des identités nationales a inspiré la rhétorique du Kremlin, qui honore aujourd’hui le caractère « multinational » de la Russie. Mais achevée il y a seulement 150 ans, la conquête du Caucase demeure source de crispations. Quand certains renoncent à remuer le passé, d’autres expriment un ressentiment sourd. « Contrairement à celui qu’ont subi les Arméniens, personne n’a entendu parler du génocide des Tcherkesses. Heureusement que ces dernières années, la diaspora s’active », glisse une rapatriée de Syrie. « Ce thème a été très présent avant et pendant les Jeux olympiques de 2014 à Sotchi, tenus sur les lieux où se livrèrent certains des derniers combats de la « Grande Guerre du Caucase » », note l’historien Iaroslav Lebedynsky. Sur ce sujet, les porte-parole de la cause tcherkesse en Russie observent généralement une certaine prudence. Selon Asker Bora, le bienfaiteur de Naltchik, le pays n’a pas encore fait son introspection. « Il est clair que l’enseignement de l’Histoire pose problème. »

*Source : RFI

Conférence de Sami Kleib le 29 octobre 2019 à l’AFS

L’association Amitié France-Syrie a eu le privilège d’accueillir Sami Kleib le   29 octobre 2019 au restaurant Dar qui lui a ouvert ses portes. Une centaine ses membres et de sympathisants notamment appartenant à l’association Troubadours se pressaient dans la salle.

Journaliste libanais de nationalité française, reporter de guerre. Sami Kleib est chef des infos de la chaîne de télévision Al-Mayadeen (Les places), qu’il a co-fondée en 2011, avec Ghassan Bin Jiddo, après avoir quitté Al-Jazeera. Après des études à la Sorbonne, il a travaillé Radio France international et France 24 tout comme à Radio Monte Carlo international (1990-2009). – Directeur de l’information sur la chaîne Al-Mayadeen, Beyrouth (2011-). Il présente le programme « Le Jeu des Nations ».

Il a publié plusieurs ouvrages dont le dernier, Syrie, documents secrets sur une guerre programmée se distingue par la révélation inédite des documents confidentiels, précisément ceux qui ont mené au drame syrien. C’est précisément de ce sujet dont il a parlé à cette conférence. Depuis le début des évènements en Syrie, en mars 2011, jusqu’au retrait américain en décembre 2018, de nombreuses questions s’imposent.. L’attachement indéfectible d’el Assad au pouvoir est-il réellement la cause du déclenchement de la guerre ? à contrario, le président syrien a-t-il épargné à son pays, le destin dramatique que connaissent aujourd’hui l’Irak ou la Libye? Quels sont les rôles respectifs des grandes nations ? Quel est le véritable enjeu de ce conflit, qui s’est révélé international ? et quelles pouvaient être les inquiétudes profondes des russes, des américains, des français ou même des monarchies du Golf ? Fondée sur des témoignages inédits et des documents confidentiels, l’enquête de Sami Kleib dévoile les secrets de ce conflit. Fin connaisseur de la scène géopolitique, il a exposé ses vues, clés indispensables pour comprendre les motivations politiques et idéologiques des divers acteurs de cette crise internationale. En dressant un portrait détaillé du président syrien et du contexte régional et international, Sami Kleib a mis à la disposition des membres de l’association et de ses sympathisants les secrets d’une guerre qui ne sont pas révélés à quiconque.

De nombreuses questions lui ont été posées auxquelles il a répondu avec brio et humour.

Merci de tout cœur Docteur Kleib…

L’appel d’une syrienne au monde : « soyez humains, levez les sanctions » !

Source: Michel Raimbaud, le 3 avril 2020

Mme Noomah Ali, journaliste à la télévision syrienne, vient d’écrire, « de la part de tous les Syriens », une lettre dans laquelle elle interpelle « le Monde »…

Vous en trouverez ci-après le texte dans une traduction libre, mais qui se veut fidèle.

La Syrie, après avoir résisté face au fléau terroriste, saura venir à bout de la pandémie Covid-19

Citation :

En tant que Syriens, avec vous nous faisons face au coronavirus…Mais, savez-vous que depuis 2011 nous affrontons seuls tous ces pays puissants qui marchent aux côtés de l’Amérique…Il faut ajouter, et c’est une grosse affaire, qu’un petit virus invisible à l’œil nu nous oblige à rester confiné à la maison, nous interdit de sortir, de travailler, nous obligeant à mettre en veilleuse notre volonté de vivre. Et cela alors qu’il y a toutes ces attaques terroristes, ces organisations takfiristes, de Da’esh à « Al Nosra » et « Ahrar Al Sham », de Machin et Truc &Cie et tout le bataclan, avec tout le sinistre bilan de leur terrorisme, de leur traîtrise : ils ont massacré, coupé les têtes, dévoré les cœurs des soldats de l’armée syrienne, fait rôtir les têtes, écorché vif…. Ils ont organisé le commerce d’organes, pris les femmes en captivité, vendu des êtres humains sur les marchés aux esclaves, pratiqué le nettoyage confessionnel, cultivé le mensonge, l’hypocrisie, réduisant à presque rien les fondamentaux à respecter : des coupures d’électricité aux pénuries de carburant, jusqu’à l’incendie des récoltes de blé et l’abattage des oliviers.

Avec l’arrivée du coronavirus, l’économie syrienne est complètement confinée…

Mais l’État syrien n’a pas décrété de couvre-feu, n’a pas décidé de fermer les marchés, n’a pas cherché à instiller la crainte dans les esprits par précaution ou pour mettre en garde. Peuple pacifique, nous n’avons pas eu peur et notre détermination n’a pas faibli…Bien au contraire nous avons fait face, dans la solitude, en silence et avec fierté ; chez nous, les martyrs en cohortes sont plus nombreux que les victimes du coronavirus. Malgré tout cela, ô toi, ce Monde que j’interpelle, tes paupières n’ont pas cillé…

 

J’ai de la compassion pour l’Italie, j’ai de la compassion pour l’Espagne, mais est-ce que les peuples de ces pays ont eu de la compassion pour la peur qui est mienne, le froid dont je souffre, la maladie qui me frappe, moi Syrien, citoyen d’un pays qui est encore en guerre…J’ai de la compassion pour les Américains, mais est-ce que les Américains ont la moindre compassion pour moi, citoyen syrien assiégé économiquement et réduit à la pauvreté que l’on sait, tandis que l’Amérique tire bénéfice des sanctions économiques sans cesse alourdies qui nous sont imposées à nous les Syriens, alors que lever ces sanctions nous permettrait au moins de résorber les pénuries dans le secteur sanitaire. Peut-être pourrions-nous vaincre ce virus américain ???

Je compatis avec tout être humain, pour la simple raison que je suis syrien. Pour moi, le message délivré il y a des millénaires par Baal le dieu syrien, loin d’être superficiel, était destiné à rester pour l’éternité (« Brise ton sabre, prends ta pioche et suis-moi afin que nous semions l’amour et la paix au centre de la terre. Tu es syrien et la Syrie est le centre de la terre »).

Et nous à l’heure qu’il est, dans cette confrontation mondiale, nous souhaitons la paix au monde entier. Nous affrontons ce virus avec courage, le même courage qui nous a permis d’affronter celui qui est accusé de l’avoir créé (l’Amérique). Et j’aimerais ajouter ceci : au moment où les Européens, les Américains et les Arabes du Golfe se retrouvent en confinement forcé, ils doivent remarquer que l’électricité ne leur est pas coupée, qu’ils ont du pain et qu’ils disposent de tous les aliments essentiels au renforcement de leur appareil immunitaire.

Ils ne manqueront pas de noter également que moi-même, en tant que citoyen syrien, je ne dispose pas de toutes ces choses simples dont ils bénéficient dans leur lieu d’isolement sanitaire. Et ce n’est pas tout, car j’ai aussi un frère, ou un père ou un mari « au front », combattant les groupes terroristes que les pays précités soutiennent. Et en raison du confinement, du couvre-feu et des mesures de précaution, ce combattant si cher à notre cœur ne peut plus, même lors de ses « permissions », retrouver les siens, sa mère ou son fils…

Mon mot de la fin, soyez humains, levez les sanctions pour tous les pays et mettez fin à toutes vos guerres contre tous les pays. Cessez de fabriquer des armes et tournez-vous vers l’humanité, car la condition humaine est la plus belle et la plus pure des conditions que l’on puisse trouver sur terre. Assez de sang versé !!

Fin de citation

Noomah Ali, journaliste syrienne

 

Je ne connais pas Noomah Ali, mais son texte m’a profondément touché. Car ce n’est pas seulement un cri du cœur, c’est également un rappel à la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, sans fard et sans exagération, loin des prudences diplomatiques, des mensonges médiatiques, des artifices politiques et des pirouettes intellectuelles.

On ne saurait reprocher à une journaliste syrienne travaillant à Damas de rappeler que son pays fait face depuis 2011 à une guerre sauvage organisée par l’Amérique et ses alliés, dénoncés sans ambages. Si elle n’en rappelle pas le bilan effrayant — pas moins de 400°000 morts, environ deux millions de blessés, estropiés et handicapés, et une bonne douzaine de millions de réfugiés ou déplacés – son énumération des crimes commis est impressionnante et édifiante. Elle ne fait pourtant que rappeler la stricte vérité, si bien occultée par les hypocrites, et sa dénonciation des criminels devrait rafraîchir les mémoires qui flanchent.

Oui, le coronavirus est un fléau inquiétant qui fait déjà bien des dégâts, et n’a pas fini d’en faire. Mais, quel que soit son impact en Syrie, où il a fait son apparition, il n’effacera pas les immenses malheurs d’une guerre entrée dans sa dixième année, même s’il tend à les occulter, comme c’est déjà le cas – et plus que jamais par ces temps coronariens – dans le paysage médiatique de nos rivages, amnésique après avoir été envahi si longtemps par le mensonge et le déni de justice.

Qui donnerait tort à Madame Noomah de mettre en lumière le deux poids deux mesures systématique qu’affectionnent les professionnels de la compassion, une compassion à sens unique puisque les malheurs de l’Occident sont les seuls à être universels. Son appel vibrant à l’Amérique et à ses alliés pour que soient levées « les sanctions contre tous les pays » et qu’il soit mis un terme à toutes les guerres, devrait trouver un écho chez les hommes et femmes de bonne volonté, pour qui le virus de la guerre est au moins aussi dévastateur que celui des pandémies.
Oubliée du côté de chez nous, la guerre des sanctions menée contre la Syrie (ou d’autres pays) par l’Amérique et ses laquais est une guerre invisible, excellent prétexte pour n’en pas voir le bout. Elle n’est pas moins impitoyable que l’affrontement militaire qui, selon toute vraisemblance, tire à sa fin. Elle est illégale, infâme, criminelle.

C’est une insulte à l’humanité du monde. Elle doit cesser immédiatement et sans délai et sans conditions. Il restera encore aux agresseurs à s’occuper de leurs affaires, ne serait-ce que de cette pandémie mystérieuse qui sème le chaos au sein du désordre et le trouble dans toutes les certitudes.

SYRIE : ENTRETIEN TELEPHONIQUE ENTRE ASSAD ET LE PRINCE HERITIER D’ABOU DHABI

Source: AFP

Le président syrien Bachar al-Assad et le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed al-Nahyane, ont eu vendredi un entretien téléphonique, a rapporté l’agence officielle syrienne Sana, une première depuis le début du conflit en Syrie en 2011.

Citant la présidence syrienne, Sana a fait état d’un « entretien téléphonique entre le président Assad et le prince héritier d’Abou Dhabi (…) axé sur les conséquences de la propagation du nouveau coronavirus (…) » durant lequel le responsable émirati a assuré M. Assad de « l’appui des Emirats arabes unis au peuple syrien durant ces circonstances exceptionnelles ».

Sur son compte twitter, le prince héritier d’Abou Dhabi a confirmé l’information, relayée également par l’agence officielle du riche émirat du Golfe.

« J’ai discuté avec le président syrien (…) des derniers développements liés (à la maladie) Covid-19. Je l’ai assuré du soutien des Émirats arabes unis et de la volonté d’aider le peuple syrien », a-t-il écrit.

« La solidarité humanitaire pendant les temps difficiles l’emporte sur toutes les considérations, et la Syrie et son peuple ne seront pas seuls », a ajouté le responsable émirati.

Sept ans après avoir rompu leurs relations diplomatiques, les Emirats arabes unis ont rouvert leur ambassade à Damas en décembre 2018.

La Syrie avait été mise au ban du monde arabe dès fin 2011, et des pays, notamment du Golfe, avaient rappelé leurs ambassadeurs, pour protester contre la répression sanglante menée par le pouvoir de Damas contre des manifestations pro-démocratie, avant de soutenir pour certains l’opposition en exil et les rebelles armés.

La Syrie, ravagée par neuf ans de guerre, a signalé jusqu’ici cinq cas de contamination au nouveau coronavirus. Les organisations humanitaires craignent une « catastrophe » en cas de propagation de l’épidémie.

 

MOSCOU – CANOSSA le 5 mars 2020

L’AFS accueille les contributions de tous dès lors qu’elles servent sa raison d’être qui est de consolider les liens entre la France et la Syrie et d’œuvrer à la réconciliation nationale entre les citoyens syriens. Elle publie celles qu’elle reçoit en français au premier chef, mais aussi en arabe et en anglais. Pour autant, elle n’endosse pas toutes les opinions exprimées, et ne retiendra pas celles qui contreviennent à l’éthique ou qui entretiennent une atmosphère polémique injustifiée. C’était déjà le sens de notre déclaration en introduction de la Lettre n° 50 de décembre 2016.

Nous publions ici un texte d’Alain Corvez, Conseiller en stratégie internationale, Membre du Conseil d’Administration de l’AFS.


 

Poutine a reçu Erdogan à Moscou le 5 mars dernier pour lui faire signer un accord qui est un pas décisif vers le dénouement de la crise syrienne. Il ne l’a pas fait attendre trois jours tête nue et pieds nus dans la cour du Kremlin comme le pape Grégoire VII l’a fait en janvier 1077 dans la cour de son château de Canossa pour l’empereur d’Allemagne Henri IV. Mais il a montré au Grand Turc, et par la même occasion au reste du monde, qui était le plus fort et le plus habile.

Le complot contre la Syrie en voie d’échouer

 Pour les observateurs objectifs et impartiaux, il était clair depuis longtemps que les prédictions d’un destin funeste pour Bachar el Assad étaient totalement fausses et déconnectées des réalités du terrain, ressemblant plus à des litanies incantatoires de politiciens aux ordres de la stratégie américaine de renversement des régimes indociles, pour se persuader eux-mêmes qu’ils avaient fait le bon choix et pour intoxiquer les peuples en leur disant où étaient les bons et les méchants, à coup de mensonges éhontés, mélangeant les fausses attaques chimiques (pour quel avantage tactique !!) aux soi-disant tueries de civils ou destructions d’hôpitaux. D’après ces dirigeants occidentaux visionnaires, notamment français, il devait être chassé du pouvoir par les islamistes incessamment, le lendemain, dans une semaine ou un mois au plus, et l’on pourrait alors parler à des hommes convenables à Damas, ceux qui « avaient fait du bon boulot sur le terrain ».

Les mensonges les plus divers ont été propagés pour essayer de contrefaire la réalité : on parlait d’un état alaouite, d’un boucher qui prenait plaisir à massacrer son peuple sans réaliser un seul instant l’absurdité d’une thèse contredite par un soutien massif au Président légal d’un peuple rassemblé contre l’agression organisée, financée et soutenue par la Turquie et l’OTAN, de djihadistes barbares venus de plus de cent pays différents. Qui peut croire que la Syrie aurait pu, quels que soient les soutiens importants qu’elle a reçu de ses alliés naturels, Russie, Iran, Liban et Chine, tenir neuf ans sans un soutien massif du peuple avec tous les corps constitués de l’état syrien obéissant aux consignes du gouvernement ? A commencer par l’Armée majoritairement sunnite. Malgré la guerre, les fonctionnaires ont reçu leurs salaires sans interruption, y compris ceux qui se trouvaient dans des zones sous contrôle des terroristes et collaboraient avec ces derniers. Les plus hauts dignitaires religieux des différentes confessions ont appelé leurs fidèles à s’unir dans le soutien au gouvernement, certains le payant de leur vie comme la Mufti sunnite Al Bouti assassiné sauvagement dans sa propre mosquée en 2013, et plusieurs prêtres et évêques chrétiens, pris en otages ou assassinés par les terroristes.

La Syrie plaque tournante stratégique dans sa diversité

 Le peuple syrien n’est pas un bloc monolithique, tous les orientalistes le savent depuis longtemps ; une mosaïque de confessions religieuses et d’ethnies cohabitent depuis des siècles dans un relative harmonie. A côté d’un monde agricole important mais peu développé, une bourgeoisie sunnite très active et commerçante s’est constituée au cours de l’histoire du pays et participe à sa direction. Le mandat français respecta ces équilibres dans l’organisation des pouvoirs publics en général, mais lors de l’enrôlement des soldats pour créer une armée nationale, les Alaouites alors délaissés et pauvres s’engagèrent majoritairement pour avoir un emploi. Ayant suivi les divers cycles d’instruction militaire, au moment de l’indépendance proclamée par la France en 1941 dans des conditions chaotiques dues aux circonstances, ils étaient nombreux parmi les officiers supérieurs, notamment dans l’Armée de l’Air et ont, de ce fait, constitué une élite militaire qui s’est emparée du pouvoir en 1970 avec le général Hafez el Assad et a fait de la Syrie un pays stratégique dans les équilibres du monde arabe. Son fils Bachar exerçait la spécialité de médecin à Londres et n’était pas préparé à la politique, son frère Bassel ayant été formé pour succéder au père. La mort accidentelle de Bassel en janvier 1994 dans un accident de voiture a amené la vieille garde à exiger de Bachar qu’il revienne à Damas et se prépare à succéder à son père pour assurer une transition paisible. Dès son accession à la Présidence à la mort de son père en juillet 2000, il entreprit de moderniser le pays et de le démocratiser, coopérant activement à l’époque avec la France de Sarkozy qui le reçut plusieurs fois à Paris, jusqu’au revirement brutal de la France fin janvier 2011 qui devint soudain hostile de manière inattendue, comme si un signal avait été donné, accompagnant ensuite les premières contestations dans le sillage des « printemps arabes ».

Il existe au sein du peuple des opposants à l’actuel gouvernement, certains pacifiques et d’autres les armes à la main, évidemment soutenus par les Occidentaux, mais ils ne sont qu’une minorité qui ne peut prétendre seule au pouvoir, comme l’ont montré les votes des Syriens à la dernière présidentielle, notamment de manière symptomatique ceux d’entre eux vivant à l’étranger quand ils ont pu voter, comme au Liban. Dès l’été 2011, d’importantes réformes démocratiques furent votées, notamment l’abolition du parti unique qui faisait du Baath l’organe incontournable du fonctionnement du pays, avant le vote d’une nouvelle Constitution en 2012 qui inscrivait dans l’encre les libertés fondamentales. Désormais plusieurs dizaines de partis se sont constitués et exercent leur droit d’opposition aux mesures quand ils ne les approuvent pas. Une amnistie, plusieurs fois renouvelée lors des différentes phases des combats, offrant aux combattants syriens anti-gouvernementaux d’abandonner la lutte armée contre les forces régulières, a entraîné de nombreux ralliements, surtout depuis deux ou trois ans, encouragés par le gouvernement et sous l’égide du Ministère de la Réconciliation, indiquant clairement que ces opposants préfèrent la main tendue du gouvernement aux atrocités des terroristes islamistes que l’OTAN, avec la Turquie en fer de lance, continue de soutenir. Beaucoup de ces ralliés ont intégré l’Armée syrienne et luttent maintenant contre les terroristes.

Face aux succès militaires des armées syrienne, russe, iranienne, libanaise et la déroute militaire du Hayat Tahrir Al Cham (HTS) qui domine la poche d’Idlib, la Turquie a envoyé ses soldats, ses chars et ses drones à la rescousse de ses terroristes mais a été arrêtée dans son offensive par une réplique aérienne brutale des avions syriens et russes qui ont tué plusieurs dizaines de soldats turcs et détruit nombre de leurs matériels militaires. Poutine a ainsi brutalement sommé Erdogan d’arrêter son opération, tout en l’invitant subtilement à Moscou pour signer un accord qui entérine les gains syriens sur les terroristes mais lui offre, pour sauver la face, de créer et superviser avec lui une zone de désengagement de six kilomètres de part et d’autre de l’autoroute vitale M4 qui relie la Méditerranée à Alep, puis vers le Sud Rakka et Deir el Zor sur l’Euphrate vers Bagdad par la ville frontière d’Abou Kemal, ou vers le Nord par la région kurde de Hassaké vers l’Irak de Mossoul. En arrivant à Moscou, Erdogan s’est vu rappeler par Poutine, les termes de leur conversation téléphonique dans laquelle il regrettait la mort des soldats turcs mais ajoutait que ceux-ci se trouvaient imbriqués dans le dispositif des terroristes, sans que la Turquie en ait informé la Russie.

(HTS est une métastase de Al Qaïda-Fatah Al Nosra et d’une myriade de factions plus ou moins rivales en fonction des payeurs des salaires : le Qatar, l’Arabie ou les Emirats, ou provenant des revenus du pétrole de contrebande en Irak et en Syrie, sous contrôle des services turcs. L’Arabie et les Emirats ont depuis peu changé leur stratégie et arrêté de financer les terroristes pour envisager une normalisation de leurs relations avec la Syrie. HTS est classé dans les organisations terroristes par l’ONU et l’UE)

Coup de maître de Poutine qui atteint ses objectifs de libérer la Syrie des terroristes avec l’assentiment -forcé- de celui qui les soutient depuis 2011 !

Cette diplomatie subtile de la Russie la place en modératrice indispensable aux crises de la région car elle est la seule à pouvoir parler à tous les protagonistes. Elle s’est bien arrangée pour n’attaquer de front aucune grande puissance, notamment l’Amérique qui devra sans doute décider d’elle-même prochainement de se retirer de l’occupation des puits de pétrole syriens qu’elle exploite illégalement. Invoquant la défaite du terrorisme elle pourra justifier ainsi son retrait.

Avec Erdogan, Poutine manipule un pion qui cherche encore à tirer avantage de son appartenance à l’OTAN mais qui a compris qu’il n’était plus soutenu qu’en paroles -et encore- par ses soi-disant alliés, notamment Européens, et que la protection de Poutine avait plus d’importance et de crédibilité. Le Ministre de la Défense américain Mark ESPER, ne lui a prodigué que des encouragements verbaux sans suite, de même que le chef de l’OTAN, Jens Stoltenberg.

Contesté de plus en plus véhémentement pour ses dérives autoritaires dans son propre pays, où les forces d’opposition se renforcent, s’organisent et gagnent des élections locales, même au sein de l’appareil sécuritaire pourtant purgé depuis 2016, Erdogan est maintenant critiqué par une partie de la population, émue par ses soldats morts en Syrie, qui s’interroge sur les raisons de leur présence illégale dans un pays voisin avec lequel les relations étaient autrefois de bon voisinage.

En ajoutant l’irrédentisme de l’importante population kurde qui ne fait que se renforcer sous la répression exercée par les forces de sécurité, sa position est fragilisée à divers égards.

 Il ne pouvait se permettre de dire comme Bismarck au Reichstag en 1872 : « Gehen wir nicht nach Canossa », « Nous n’irons pas à Canossa ».

 Il avait besoin du soutien de Poutine et a signé l’accord que ce dernier lui proposait.

Notons au passage que Poutine n’a pas invité les Européens à Moscou, alors que Merkel et Macron devaient au départ se retrouver à Ankara avec lui et Erdogan à la même date, même s’il a, peut-être, chargé ses services diplomatiques d’informer courtoisement « ses partenaires européens » de l’accord bilatéral signé avec la Turquie.

Le règlement de la crise syrienne sous l’égide de la Russie s’impose à tous.

La plupart des pays non membres de l’Alliance atlantique ont intégré la nouvelle donne géopolitique en Syrie et se rapprochent de Damas pour ceux qui s’en étaient éloignés, voire l’avaient combattue. Il serait temps pour la France et l’Union Européenne de faire enfin preuve de réalisme, et d’oublier l’idéologie atlantiste qui leur fait essuyer des échecs partout. Le faire dès maintenant serait plus honorable que de le faire à la suite des Etats-Unis qui s’y résoudront probablement bientôt.

Les EAU ont ouvert une ambassade il y a plusieurs mois, montrant les visions stratégiques de Mohammed Bin Zayed (MBZ), déjà intelligemment dissocié de Mohammed Bin Salman (MBS) au Yémen où celui-ci s’embourbe et perd la guerre ignoble qu’il a inconséquemment déclenchée.

Ayant compris que les Etats-Unis se retireraient militairement du Moyen-Orient à proche ou moyen terme, notamment après leur absence de réactions après les attaques dévastatrices des Houthis sur l’Aramco, MBS ne veut pas faire face à l’Iran avec comme seul allié Israël. Il envisage donc lui aussi d’apaiser les tensions avec l’Iran et de se rapprocher de la Syrie puis de rouvrir aussi une représentation diplomatique à Damas, la décision n’étant repoussée que sous les pressions américaines. Le général Qassem Souleimani travaillait à cette négociation quand il a été assassiné le 3 janvier à l’aéroport de Bagdad avec d’autres dignitaires irakiens et iraniens par des missiles tirés d’un drone américain. Il devait officiellement rencontrer le lendemain matin le Premier Ministre irakien pour lui confirmer l’accord de Téhéran pour l’apaisement des tensions entre l’Iran et l’Arabie et pour un rapprochement des deux états sous l’égide de l’Irak, pays en bonne relation avec eux deux et avec la Syrie voisine.
Le règlement de la crise syrienne vient donc d’avancer notablement et l’on voit les pays concernés y adapter leur géopolitique; Il est vraisemblable que rien ne se passera du côté américain avant novembre prochain, mais il est probable qu’après la réélection de Donald Trump le processus va s’accélérer brutalement, car le Président devrait utiliser son deuxième mandat, libéré des entraves du premier, et appliquer enfin les promesses faites pendant sa première campagne.

Nouveau mensonge

 Concocté par les officines de presse de l’OTAN avec l’argent de différentes ONG, notamment de George Soros, face à l’échec des mensonges précédents sur la Syrie, une nouvelle fable éhontée est inventée depuis peu pour donner un visage acceptable aux terroristes de HTS, en expliquant que l’organisation avec son chef, Abou Mohammed Al Joulani, se serait éloignée de son idéologie initiale terroriste, barbare, internationaliste, pour devenir une force  dont le seul but est de renverser le gouvernement de Damas, ayant abandonné ses idées de califat mondial. Ses terroristes seraient donc maintenant de bons terroristes qu’il faudrait enlever des listes noires de l’ONU et de l’ensemble du monde civilisé -si tant est qu’on puisse définir ce dernier-, pour s’appuyer sur cette dernière chance de parvenir à l’objectif fixé dès 2011. Heureusement que nos services de renseignement ont certainement des informations sur les terroristes français qui appartiennent ou appartenaient à HTS, qui se mêlent d’ailleurs évidemment aux migrants que la Turquie envoie en Grèce et en Bulgarie, pour ne pas tomber dans le panneau.

A l’appui de cette affabulation, un article du journal Le Monde du 11 mars, signé Benjamin Barthe et intitulé « Les promesses ambiguës des djihadistes d’Idlib », tente d’accréditer ce nouveau mensonge.

Il est probable que les bureaux et agences chargés d’élaborer les scénarios mensongers pour justifier les guerres de l’OTAN dans le monde sont en retard d’un train et sont même incapables de comprendre les réalités du terrain qui leur déplaisent.

Conclusion

Les grandes puissances qui soutiennent la volonté russe d’en finir avec l’attaque inique contre la Syrie sont nombreuses et représentent maintenant une majorité des états du monde, majorité qui domine désormais par ses forces économiques et militaires les relations internationales. Fidèle à ses habitudes ancestrales, la Chine reste discrète dans le remodelage des rapports entre nations, mais elle avance calmement la création d’un monde multipolaire dans lequel chaque état devrait respecter les autres et comprendre ses impératifs, en réglant les inévitables différends par la négociation et non par la guerre.

La Russie est depuis longtemps une adepte de ce monde multipolaire : la France qui a montré intelligemment sa volonté de se rapprocher et de coopérer avec cette puissance européenne avec laquelle nous avons tant d’intérêts en commun, devrait saisir l’occasion pour accompagner la brillante diplomatie russe dans le règlement des crises européennes et mondiales, à commencer par celle de Syrie qui, de toutes façons, est maintenant inéluctable à court ou moyen terme.

 Et pourquoi pas la crise libyenne : le Maréchal Haftar vient d’ouvrir des relations diplomatiques officielles avec Damas qui a envoyé un ambassadeur à Benghazi. Haftar, formé aux Etats-Unis mais soutenu par la Russie, l’Egypte, les Emirats et l’Arabie Séoudite, contre la Turquie et le Qatar, a été reçu à l’Elysée il y a trois jours, ce qui pourrait être un signe de réalisme de la diplomatie française.

En complément : signalons les liens suivants sur le même sujet :

http://www.afrique-asie.fr/moscou-canossa-le-5-mars-2020/

https://youtu.be/U8XgOdu0RX0