Le Dr Osmane Aïdi, décédé le 4 octobre à 89 ans, était issu d’une grande famille damascène de double culture arabe et française.
Son père, Ahmad Mounif Aïdi, médecin, qui fut l’un des fondateurs de la faculté de médecine de Damas en 1918, avait créé le premier lycée privé en Syrie, en 1907 pour les garçons et en 1931 pour les filles, avec un double enseignement arabe et français.
Le Dr Osmane Aïdi avait fait ses études supérieures en France : il était diplômé de l’École des Ingénieurs Hydrauliciens de Grenoble, devenue en 2008, École Nationale Supérieure de l’Energie, Eau et Environnement (Grenoble INP-ENSE3). Il obtint le doctorat d’État ès Sciences en Mécanique des Fluides de la Sorbonne, fin 1955.
Grâce à ses capacités techniques, il fut un homme de progrès en participant dès 1956 à la modernisation de la Syrie, dans des domaines aussi divers que l’hydraulique, les barrages, les systèmes d’irrigation, les centrales thermiques, l’électrification, l’eau potable, puis la construction d’hôpitaux.
Il réalisa avec la société Bouygues, un tunnel construit long de 11 km qui amène l’eau de la source Fijeh jusqu’à Damas permettant ainsi l’alimentation en eau potable de la capitale.
Toujours passionné par l’eau, l’hydraulique et ses applications (à travers les sociétés Études et Installations Hydrauliques créées en Syrie en 1997, puis SETI à Nîmes, et enfin IRRIFRANCE dont il a été le Président), le Docteur Osmane Aïdi a été un homme d’affaires international qui s’engageait personnellement et entièrement pour la réussite de ses entreprises.
Il fut également un capitaine d’industrie et un homme de développement, initiateur de l’expansion de l’hôtellerie en Syrie ; il créa à partir de 1977 dans les principales villes de Syrie, une chaîne d’hôtellerie de luxe, les Cham Palace (Damas, Alep, Bosra, Hama, Palmyre, etc.), puis en France, le Groupe Royal Monceau et l’Institut de Thalassothérapie de Port-Crouessy. A titre complémentaire, la société Cham Tours assurait le transport des touristes. Grâce à lui et à son savoir-faire, la Syrie devint une destination du tourisme culturel international dans les années 1990 et 2000.
Il fut enfin un homme de grande culture, car en plus d’être professeur d’Hydraulique tant à l’Université de Damas qu’à celle d’Alep, membre de l’Académie syrienne des Sciences, le Dr. Osmane Aïdi a été un érudit passionné et un esthète averti, profondément attaché à la culture méditerranéenne : il créa en 1988 la « Fondation Osmane Mounif Aïdi » pour la préservation du patrimoine et la promotion de la culture et des sciences, il contribua à la restauration du site hellénistico-romain de la ville d’Apamée, connu aujourd’hui pour ses portiques à colonnades encadrant une avenue dallée de 1850 m de longueur et sauva le site de Jerf AI Ahmar condamné à l’immersion par les eaux d’un barrage en construction sur l’Euphrate, au nord de la Syrie, là où naquit l’agriculture il y a près de 12.000 ans.
Malgré des temps particulièrement difficiles, le Dr Aïdi oeuvra inlassablement au rapprochement franco-syrien.
Il était Commandeur du Mérite Syrien, Commandeur de la Légion d’honneur française, Grand Officier du Patriarcat des deux Saints Pierre et Paul d’Antioche et de tout l’Orient et titulaire de la médaille de St Cyril et Methodius, la plus haute distinction bulgare.
L’Association d’Amitié France-Syrie et nombre de ses membres qui l’ont connu, garderont le souvenir d’un homme simple, cordial, dynamique, pugnace, compétent avec un grand charisme. Tous les membres de l’AFS présentent leurs sincères condoléances à sa famille.
Ce texte a été publié par IRRIFRANCE.