Communiqué de l’AFS sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie

A l’instar du monde entier, l’association d’Amitié France-Syrie a appris avec stupéfaction l’utilisation d’armes chimiques lors d’un bombardement à Khan Cheikoun. Elle ne peut qu’exprimer le sentiment d’horreur qui l’étreint devant cette escalade inacceptable du conflit dans ce pays déjà profondément éprouvé. Elle condamne avec la plus vive fermeté tout acte provoquant la mort de civils innocents et l’utilisation d’armes cruelles et prohibées qui entraînent que des conséquences néfastes sur les efforts déployés pour l’obtention d’un dénouement rapide à cette guerre qui n’a que trop duré.

Elle ne peut que déplorer l’escalade des bombardements qui nuit gravement aux efforts de paix dont toute la population syrienne a tant besoin après 6 ans d’une guerre atroce.

U.S. military likely to send as many as 1,000 more ground troops into Syria ahead of Raqqa offensive, officials say

The Washington Post:

The deployment, if approved by Defense Secretary Jim Mattis and President Trump, would potentially double the number of U.S. forces in Syria and increase the potential for direct U.S. combat involvement in a conflict that has been characterized by confusion and competing priorities among disparate forces. The U.S. military has drawn up early plans that would deploy up to 1,000 more troops into northern Syria in the coming weeks, expanding the American presence in the country ahead of the offensive on the Islamic State’s de facto capital of Raqqa, according to U.S. defense officials familiar with the matter.

Trump, who charged former president Barack Obama with being weak on Syria, gave the Pentagon 30 days to prepare a new plan to counter the Islamic State, and Mattis submitted a broad outline to the White House at the end of February. Gen. Joseph Votel, head of U.S. Central Command, has been filling in more details for that outline, including by how much to increase the U.S. ground presence in Syria. Votel is set to forward his recommendations to Mattis by the end of the month, and the Pentagon secretary is likely to sign off on them, according to a defense official familiar with the deliberations.

U.S. likely to send up to 1,000 more ground troops to Syria

If the deployment is approved by Secretary of Defense Jim Mattis and President Trump, it would double the number of U.S. service members already in Syria. (The Washington Post)

While the new contingent of U.S. troops would initially not play a combat role, they would be entering an increasingly complex and dangerous battlefield. In recent weeks, U.S. Army Rangers have been sent to the city of Manbij west of Raqqa to deter Russian, Turkish and Syrian opposition forces all operating in the area, while a Marine artillery battery recently deployed near Raqqa has already come under fire, according to a defense official with direct knowledge of their operations.

The moves would also mark a departure from the Obama administration, which resisted committing more ground troops to Syria.

The implementation of the proposed plan, however, relies on a number of variables that have yet to be determined, including how much to arm Kurdish and Arab troops on the ground, and what part regional actors, such as Turkey, might have in the Raqqa campaign.

The new troops, if sent, would be focused on supporting Kurdish and Arab fighters in northern Syria battling the Islamic State. Under the plan, the added American forces would act primarily as advisers, offering expertise on bomb disposal and coordinating air support for the coalition of Kurds and Arabs, also known as the Syrian Democratic Forces.

About 500 U.S. Special Operations forces are already in Syria operating alongside the SDF, in addition to about 250 Rangers and 200 Marines. The new U.S. troops, if approved, would probably come from parts of both the 24th Marine Expeditionary Unit — a flotilla of ships loaded with 2,200 Marines that is now steaming toward the region — and the U.S. Army’s 82nd Airborne Division, from which 2,500 troops are headed to Kuwait. These conventional troops would supplement the Special Operations forces already on the ground and operate much like their counterparts fighting in the Iraqi city of Mosul.

“This would still be by, with and through our local partners on the ground,” one defense official said of the potential surge. The official, like others, spoke on the condition of anonymity to discuss plans that have not yet been made public.

The new Syria deployments are set to occur in tandem with a likely White House decision that would officially abolish the troop caps that were put in place for U.S. forces in Iraq and Syria by the Obama administration. The number of troops in Iraq and Syria were officially capped by the previous administration at about 5,000 and 500, respectively. Military commanders have said in the past that the caps have split up units for the sake of keeping troop numbers low.

“If the caps were removed, it would allow us to fight as we train,” said the defense official who discussed the potential surge. “Military doctrine promotes agility, and it would help us respond as conditions dictate.”

 

Haytham Manna: Le dégagement de 70.000 combattants non syriens de Syrie, un préalable à la stabilisation du conflit.

 

M. Haytham Manna, président du Mouvement QAMH (Valeurs, Citoyenneté, Droits), figure de proue de l’opposition démocratique syrienne, a estimé que le dégagement de 70.000 combattants non syriens de Syrie doit constituer un préalable à la stabilisation du conflit, jugeant que l’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, se livre à un vain exercice culinaire consistant à «faire cuire des cailloux».

Ci joint l’intégralité de sa mise au point parvenue au site www.madaniya.info samedi 25 Février 2017, au lendemain de la fin de la 4 ème phase des pourparlers inter syriens de Genève:

« De nombreux amis, de même que des journalistes et hommes politiques syriens et non syriens, ont multiplié les contacts avec moi pour s’enquérir des raisons de mon absence de la scène médiatique, en pleine phase de reprise des pourparlers inter syriens de Genève, une ville où je réside.

Suite à ces appels, il m’importe d’apporter les précisions suivantes »:

A PROPOS DE STAFFAN DE MISTURA: UN VAIN EXERCICE CULINAIRE CONSISTANT À «FAIRE CUIRE DES CAILLOUX», EN GUISE DE «CÉRÉMONIE D’ADIEU».

«En tant que citoyen syrien, agissant en toute indépendance d’esprit, j’ai considéré depuis plus d’un an que M. Staffan de Mistura, n’est plus le représentant spécial de l’ONU sur la Syrie, mais le simple coordinateur des positions des états parrains du conflit et que le diplomate n’est pas un élément de la solution mais du problème.

«En conséquence, je refuse de participer à la cérémonie d’adieu de M. De Mistura se déroulant sous couvert d’un mensonge collectif opéré tant sur le plan international que régional que syrien.

LE MANDAT DU HAUT COMITÉ DES NÉGOCIATIONS (SOUS LA COUPE SAOUDIENNE) A EXPIRÉ EN DÉCEMBRE 2016.

«De ma vie, je n’ai considéré une posture négative comme une forme d’attitude constructive. Aussi ai-je veillé depuis deux mois à tenir une conférence groupement les principales composantes de l’opposition syrienne avec la participation de personnalités syriennes indépendantes,

  • d’autant plus que le mandat d’un an du Haut Comité des Négociations a expiré en décembre 2016; et que cette instance n’est plus habilitée à négocier au nom de l’ensemble de l’opposition
  • que la composante Moscou est une instance consultative entre l’opposition et le pouvoir;
  • que la composante le Caire a été neutralisée par les efforts conjoints de l’Égypte et de la Russie;

De surcroît M. De Mistura a refusé de rencontrer des dirigeants de ce groupement, cédant en cela aux pressions d’un «état agissant sur le terrain», faisant avorter la rencontre projetée avant la tenue de la pseudo conférence de reprise des pourparlers de paix sur le Syrie (Genève 4).

Les principaux groupements de l’opposition auxquels fait référence le document sont: le groupement du Caire (Groupement de personnalités indépendantes militaires et civiles de l’opposition démocratique syrienne), la Coalition Nationale (tendance Turquie-Qatar) et le Haut Comité pour les Négociations (tendance Arabie saoudite).

LE PROJET DE NOUVELLE CONSTITUTION DE LA SYRIE, UN DOCUMENT RÉDIGÉ PAR SIX ÉTATS.

«Dès le 30 septembre 2015, j’ai précisé à M. Qadri Jamil, ancien vice premier ministre syrien, proche de Moscou, lors d’un rencontre au Caire, que je ne me rendrai pas à Moscou tant que la Russie n’aura pas apporté la preuve tangible qu’elle se veut un intermédiaire et non comme une partie prenante au conflit, mais que je ne refuserai pas de rencontrer des responsables du ministère russe des Affaires étrangères dans tout autre pays neutre.

«J’ai refusé plus d’une invitation de Moscou, dont la dernière en date le 27 janvier 2017. Au point que l’ambassadeur russe s’étonnant de mon attitude m’a un jour apostrophé en ces termes: «Tu fais de la surenchère sur la coalition, qui, elle, nous rend visite» ?

« Je lui ai répondu: Il s’agit d’une position de principe qui n’implique ni surenchère, ni tentative de minoration du rôle de la Russie. J’ai qualifié la constitution irakienne de «Constitution Bremer» ( du nom du premier pro consul américian en Irak Paul Bremer) et vous présentez un texte aux Syriens, eux, qui ont contribué à la rédaction de la constitution de six Etats ? Quelle honte.

POUR UN DÉGAGEMENT DE 70.000 COMBATTANTS NON SYRIENS, D’OÙ QU’ILS VIENNENT ET QUELQUE SOIT LEUR ALLÉGEANCE

«J’ai précisé aux États parrains de la conférence d’Astana (Kazakhstan) que nous sommes favorables à toute négociation visant à mettre un terme à la violence haineuse et la mort gratuite de citoyens syriens. Un tel projet implique que le processus soit assorti d’un calendrier de retrait et d’une cartographie du déploiement des forces afin de mettre en œuvre le dégagement de tous les combattants étrangers de Syrie d’où qu’ils viennent, quelque soit leur allégeance.

«La présence de 70.000 combattants non syriens en Syrie signifie la prolongation de la violence sur plus d’une décennie.

«J’ai enfin confirmé à tous les intervenants que l’émissaire spécial de l’ONU en Syrie, M. Staffan De Mistura, se livre en fait à un vain exercice culinaire consistant à faire cuire des cailloux» (Tabkhet Bahs)

«Je m’abstiens de toute précision complémentaire afin de ne pas être accus de chercher à faire capoter les négociations.

en partenariat avec www.madaniya.info

Syrie: fin des discussions de Genève avec un « agenda clair »

Staffan de Mistura, à Genève, le 3 mars 2017 (Afp)

Les discussions de Genève ont pris fin avec l’acceptation par les belligérants syriens d’un « agenda clair » incluant la gouvernance et la lutte contre le terrorisme, et l’ONU prévoit un nouveau rendez-vous en mars.

Après un peu plus d’une semaine de discussions difficiles, l’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a fait vendredi soir le bilan de ce quatrième round de négociations.PUBLICITÉ »Le train est prêt, il est en gare, les moteurs chauffent. Tout est prêt, il a juste besoin d’un accélérateur », a déclaré M. de Mistura.

« Je crois que nous avons à présent un agenda clair devant nous », a indiqué l’émissaire. « Nous avons discuté de procédure, mais nous avons aussi discuté de substance », a-t-il dit.

Ce diplomate chevronné, dont l’optimisme chronique bute depuis près de trois ans sur le du conflit syrien, a prévu de se rendre la semaine prochaine au Conseil de sécurité de l’ONU à New York.

Ensuite, a-t-il dit, « nous aurons Astana (…) pour consolider le cessez-le-feu, et puis à nouveau Genève », en mars.

La Russie, alliée de Damas, et la Turquie, soutien des rebelles, parrainent en effet depuis fin décembre un processus parallèle de négociation à Astana (Kazakhstan), centré sur les questions militaires.

Si huit jours de discussions à Genève n’ont pas permis d’avancée majeure, de tous petits pas ont été accomplis, et aucun des belligérants n’a pris le risque de claquer la porte.

Le médiateur de l’ONU a enchaîné les rendez-vous avec toutes les parties: la délégation du régime, celle du Haut comité des négociations (HCN, principale délégation de l’opposition), et les opposants proches de la Russie, le « Groupe du Caire » et le « Groupe de Moscou ».

Les pourparlers n’ont en effet pas permis d’entamer des discussions directes entre les belligérants. Les deux parties se sont simplement fait face lors de la cérémonie d’ouverture jeudi dernier, dans une ambiance polaire.

A l’issue des négociations, Bachar al-Jaafari, l’austère chef de la délégation du régime, a quitté l’ONU sans s’adresser aux médias, tandis que le chef des négociateurs de l’opposition syrienne, Nasr al-Hariri, a jugé cette session « plus positive ».

Terrorisme et transition politique

Les discussions ont essentiellement porté sur des questions d’agenda mais ont permis, pour la première fois, d’obtenir un « agenda clair » en quatre points, selon Staffan de Mistura.

Le gouvernement avait insisté à plusieurs reprises ces derniers jours sur sa volonté d’ajouter la lutte contre le terrorisme aux trois autres éléments prévus par l’émissaire avant le début des négociations, à savoir la gouvernance – thème flou pour évoquer une transition politique -, la Constitution, et les élections. Il a obtenu gain de cause.

Ces quatre sujets seront discutés « en parallèle », a assuré l’envoyé spécial, mais les questions de stratégie contre le terrorisme seront discutées à Genève tandis que la partie opérationnelle de la lutte contre le terrorisme sera abordée à Astana.

Pression russe

Les pourparlers de Genève visent à mettre fin à la guerre en Syrie, qui a fait plus de 310.000 morts et des millions de réfugiés alors que le conflit va entrer le 15 mars dans sa septième année.

Trois sessions de discussions en 2016 s’étaient soldées par un échec, en raison des violences sur le terrain et de l’insistance du régime à parler de terrorisme, quand l’opposition réclamait des discussions sur une transition politique.

Mais les positions se sont nuancées, sous l’influence de l’acteur majeur du dossier, Moscou. Présent à Genève pour le Conseil des droits de l’Homme, le ministre adjoint des Affaires étrangères russes, Guennadi Gatilov, a rencontré la délégation du régime, et, fait sans précédent, celle du HCN.

La Russie intervient militairement en Syrie depuis septembre 2015 et a permis au régime du président Bachar al-Assad de se renforcer sur le terrain. Elle tire aussi les ficelles sur le plan politique, en l’absence des Etats-Unis, dont le président Donald Trump n’a donné jusqu’à présent aucun signe d’implication dans la recherche d’un règlement du conflit syrien.

Et les pressions russes semblent avoir payé, puisque pour la première fois le régime a annoncé publiquement à Genève qu’il était prêt à discuter des trois thèmes politiques fixés par M. De Mistura.

La pression de Moscou s’est exercé aussi sur l’opposition. Jeudi, la porte-parole de la diplomatie russe a accusé le HCN de « saboter » le processus de Genève, intimant implicitement à l’opposition d’intégrer en son sein les représentants des groupes du Caire et de Moscou.

Syrie: Les attentats fragilisent le processus de paix à Genève

Syrie: Les pourparlers de Genève pour tenter d’amorcer un règlement politique au conflit syrien apparaissent comme plus fragiles que jamais, au lendemain d’un attentat meurtrier contre un symbole du pouvoir à Homs qui a replacé le « terrorisme » au coeur du débat.

Contrôle de sécurité à Homs en Syrie, le 25 février 2017 (Afp)

L’attentat contre les services de renseignement du régime, sans précédent depuis une attaque en 2012 à Damas, a fait entre 30 et 42 morts selon les sources, et tué un proche du président syrien Bachar al-Assad, le chef du renseignement militaire de Homs, Hassan Daaboul. L’attaque, perpétrée par plusieurs kamikazes, a été revendiquée par le groupe Fateh al-Cham, l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda.
Immédiatement, l’ONU s’est inquiétée d’une tentative de faire « dérailler » les négociations de Genève.
« A chaque fois que nous avons des pourparlers, il y a toujours quelqu’un qui essaye de faire dérailler le processus. Nous nous y attendions », a déclaré l’émissaire de l’ONU Staffan de Mistura.
Mais la réaction la plus forte est venue de Damas, qui a promis de ne pas laisser cet attentat impuni, et estimé, par la voix de son représentant aux négociations de Genève, que l’attentat envoyait un « message clair ».
Dans une conférence de presse particulièrement offensive après avoir rencontré M. de Mistura, le chef de la délégation du régime, Bachar al-Jaafari, a sommé l’ONU et surtout l’opposition de condamner clairement les attaques de Homs.
« Aujourd’hui, nous attendons de l’opposition qu’elle condamne le terrorisme », a martelé M. Jaafari, ajoutant que Damas considérerait comme « complice » toute partie refusant de condamner l’attentat.
« Ce qui s’est passé aujourd’hui a jeté une ombre sur les pourparlers de Genève », a-t-il poursuivi, même s’il a nié vouloir lier la poursuite des pourparlers à la condamnation des attentats par l’opposition.
« La priorité numéro un à Genève est de discuter du terrorisme », a-t-il répété à plusieurs reprises.
L’opposition, qui s’est exprimée dans la foulée lors d’une conférence de presse, a condamné « le terrorisme », mais sans mentionner explicitement Homs.
« Notre position est claire, nous condamnons le terrorisme et les terroristes, nous condamnons Daech (acronyme arabe du groupe Etat islamique) et Al Nosra (ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) », a déclaré le chef de la délégation du Haut comité des Négociations (HCN, opposition), Nasr al-Hariri.
Interrogé pour savoir s’il parlait de Homs, il a répondu: « Nous condamnons toutes les opérations terroristes, et si ce qui s’est passé à Homs est une opération terroriste, alors mes déclarations sont claires ».
Un autre membre de la délégation du Haut comité des négociations (HCN, opposition), Fateh Hassoun, représentant d’un groupe armé, a lui accusé implicitement Damas d’avoir facilité l’attentat pour servir ses objectifs.
L’attentat de Homs, tout comme les 13 civils tués par des frappes aériennes du régime à travers le pays samedi, selon les chiffres de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), sont venus fragiliser des discussions de paix déjà singulièrement mal engagées.
Les négociations de Genève engagées jeudi font suite à trois précédentes sessions en 2016. A chaque fois elles avaient échoué, victimes de la reprise de la violence sur le terrain et du fossé entre les belligérants. Et comme samedi, Damas répétait à l’époque que sa priorité était de « lutter contre le terrorisme », quand l’opposition réclamait des négociations sur une transition politique.
Aucune avancée n’a été enregistrée depuis la cérémonie d’ouverture jeudi où les deux délégations se sont fait face à face dans une ambiance tendue. M. de Mistura a multiplié les bilatérales, mais les discussions s’enlisent dans des questions de procédure.
« Nous avons exclusivement parlé de questions relatives au format des discussions », avait ainsi déclaré M. Jaafari vendredi.
Censées aborder sur le fond la question d’un règlement politique du conflit, les discussions se retrouvent de nouveau dominées par la question du « terrorisme ».
Les attaques de Homs se sont produites au lendemain d’un autre jour sanglant en Syrie vendredi, où des attentats revendiqués par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) ont fait 83 morts, dont 45 civils, près d’Al-Bab dans le nord du pays.
Comme Fateh al-Cham, l’EI est exclu des négociations et du cessez-le-feu parrainé par la Russie, alliée de Damas, et la Turquie, qui soutient les rebelles.
Ce cessez-le-feu, entré en vigueur le 30 décembre, est censé concerner uniquement le régime de Damas et l’opposition non jihadiste, mais il est régulièrement violé.
Cette violence générale illustre la fragilité de toute « normalisation » dans un pays ravagé par six ans de guerre, où interviennent des acteurs multiples aux agendas différents. La guerre en Syrie a fait plus de 300.000 morts et des millions de réfugiés.

(26-02-2017 – avec les agences de presse)

Des combattantes syriennes défient l’Etat-Islamique pour la reconquête de Raqa

Près de Raqa, des combattantes arabes défient l’EI et les traditions

PRÈS D’AL-TORCHANE (SYRIE) (AFP)
Une combattante arabe syrienne contre l’EI près de Raqa, en Syrie, le 6 février 2017 – AFP

Elles combattent la plus redoutable organisation jihadiste au monde, mais en suivant l’exemple de leur cons?urs kurdes, les centaines de guerrières arabes en Syrie doivent également braver le courroux de leur famille et le poids des traditions.

A 20 km de Raqa (nord), « capitale » du groupe ultraradical Etat islamique (EI) qu’une alliance arabo-kurde veut conquérir, Batoul, 21 ans, défend sa cause avec ferveur, derrière des digues de sable.

« J’ai bravé mon clan, mon père, ma mère. Maintenant je brave l’ennemi », affirme la jeune femme portant un gilet à munitions et au cou, un foulard fleuri de couleur bordeaux.

« Mes parents m’ont dit +tu abandonnes les armes ou te renies+ », raconte-t-elle. Depuis, ils ne lui ont plus adressé la parole.

AFP

Des combattantes arabes syriennes contre l’EI près de Raqa, en Syrie, le 6 février 2017

A la différence des combattantes kurdes qui, à l’instar des hommes, portent depuis longtemps les armes, l’engagement militaire des femmes arabes en Syrie sort de l’ordinaire et est mal vu par leur entourage familial.

Batoul, issue des Al-Charabyé, l’un des clans conservateurs les plus connus du nord-est syrien, se décrit comme une rebelle.

« Je portais le voile et mon père nous obligeait à prier devant lui, je refusais cela », dit-elle, la tête nue.

Elle se trouve avec ses compagnes d’armes en plein désert, près du village d’Al-Torchane aux mains de l’EI dans le nord-est de la province de Raqa en majorité tenue par les jihadistes.

– « Libérer la femme » –

« J’ai rejoint les YPJ pour libérer la patrie mais aussi libérer la femme de l’esclavage. Il ne faut plus qu’on reste cloîtrée entre quatre murs », ajoute Batoul, en référence aux « Unités de protection de la femme », l’équivalent féminin des forces kurdes masculines des YPG.

AFP

Des combattantes syriennes près de Raqa, en Syrie, le 6 février 2017

Combattants arabes et kurdes sont alliés sous la bannière des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui luttent contre l’EI depuis fin 2015 avec le soutien de la coalition internationale dirigée par Washington.

Depuis les positions des combattantes arabes, on voit une épaisse fumée se dégager d’Al-Torchane, cible des raids des avions de la coalition et des tirs d’obus.

Batoul a rejoint les YPJ il y a deux ans mais c’est son premier combat contre l’EI, dans le cadre de l’offensive lancée par les FDS en novembre.

« La première fois que j’ai tenu une arme, j’ai eu terriblement peur », reconnaît-elle. « Désormais, mon arme fait partie de moi-même. Elle me libère et me protège ».

AFP

Des combattantes arabes syriennes près de Raqa, en Syrie, le 6 février 2017

Elle s’exprime en arabe mais ses propos sont entrecoupés de mots en kurde qu’elle a appris en côtoyant ses s?urs d’armes.

Les Kurdes en Syrie se targuent de mettre en avant l’égalité entre hommes et femmes, notamment en zone de combat.

D’après la porte-parole de l’offensive, la kurde Jihan Cheikh Ahmad, le nombre de combattantes arabes ayant rejoint les FDS s’élève actuellement à plus de 1.000. Les victoires remportées contre l’EI les ont encouragées à se rallier aux FDS.

– ‘Mêmes droits’ –

Près du front, sous une tente, six jeunes femmes blaguent et échangent des confidences en sirotant du thé.

« Mon but est de libérer la femme de l’oppression de Daech (acronyme en arabe de l’EI) mais aussi de l’oppression de la société », affirme Hevi Dilirin, souriante, vêtue d’une veste treillis et de baskets gris et blancs.

AFP

Des combattantes syriennes arabes près de Raqa, en Syrie, le 6 février 2017

« Chez nous, les femmes n’ont pas leur mot à dire. Elles doivent avoir les mêmes droits que les hommes », martèle la jeune femme qui a adopté un nom de guerre kurde après avoir rejoint les YPJ en 2015.

Sa s?ur d’armes Doza Jiyan, 21 ans, les cheveux bruns attachés en arrière, assure que la majorité des familles arabes acceptent « difficilement » qu’une femme participe aux combats.

« Dans notre société syrienne, on trouve bizarre qu’une femme prenne les armes », affirme la combattante aux sourcils épais, originaire de la ville Ras al-Aïn (nord-est).

« L’EI n’est plus invincible, (les jihadistes) ne se battent plus qu’à bord de motos et se contentent de miner les villages », ajoute-t-elle, en discutant avec ses compagnons masculins de la situation sur le terrain.

Cette tactique ralentit l’avancée des FDS qui se trouvent depuis un mois à 20 km de la ville de Raqa.

Doza Jiyan est confiante que les mentalités sur les femmes au combat changeront avec les futurs succès face aux jihadistes. « Je suis très heureuse ici », dit-elle, avec le sourire.

Syrie: Assad appelle les rebelles à rendre les armes

Actualités

Syrie: Assad appelle les rebelles à rendre les armes contre une amnistie

SANA/AFP/Archives / HOLe président syrien Bachar al-Assad face aux médias le 8 janvier 2017 à Damas

Le président Bachar al-Assad a souhaité que les rebelles acceptent le principe de rendre leurs armes en échange d’une amnistie, lors des négociations la semaine prochaine à Astana consacrées au renforcement du cessez-le-feu en Syrie.

Entrée en vigueur le 30 décembre, cette trêve, qui tient vaille que vaille, connaît des violations régulières, notamment à Wadi Barada mais un arrêt des combats a été décidé jeudi selon les rebelles dans cette région où l’armée veut s’assurer le contrôle des sources d’eau.

Le cessez-le-feu, parrainé par Moscou, alliée du régime, et Ankara, soutien des rebelles, a constitué un prélude aux négociations qui s’ouvrent le 23 janvier dans la capitale du Kazakhstan avec l’objectif ambitieux de jeter les bases d’un règlement du conflit dévastateur qui a fait plus de 310.000 morts en près de six ans.

Dans un entretien à la télévision japonaise TBS, dont des extraits ont été publiés jeudi par la présidence syrienne, M. Assad a affirmé que ces pourparlers auraient « comme priorité » de consolider la trêve.

AFP / George OURFALIANDes syriens dans une rue du quartier Tareeq al-Bab d’Alep, le 18 janvier 2017

« Cela visera à protéger la vie des gens et permettra d’acheminer l’aide vers les différentes régions de Syrie », a-t-il dit, alors que l’ONU s’est plainte que la trêve n’avait pas permis l’acheminement d’aides humanitaires supplémentaires.

Pour M. Assad, au delà de la consolidation du cessez-le-feu, « les pourparlers devront permettre aux groupes (rebelles) de se joindre aux accords de ‘réconciliation’, ce qui signifie rendre les armes en échange d’une amnistie ».

« C’est la seule chose que nous pouvons espérer en ce moment », a dit le président syrien dont les troupes sont en position de force après plusieurs victoires face aux rebelles, principalement à Alep reprise totalement aux rebelles en décembre après un siège de plusieurs mois.

– Accord à Wadi Barada? –

Le pouvoir syrien espère élargir les accords dits de « réconciliation », ces pactes léonins qui se traduisent par l’évacuation des rebelles en échange de la fin des bombardements et des sièges des villes par les prorégime.

Ces accords sont vivement critiqués par l’ONU et les rebelles, qui y voient le résultat d’une tactique du régime visant à la « capitulation par la famine », après les sièges de plusieurs mois imposés aux habitants et insurgés.

AFP / afpLocalisation des affrontements entre régime et rebelles dans la région de Damas, et de l’avancée du groupe EI vers Deir Ezzor

Un nouvel accord de ce type a été décidé à Wadi Barada, près de Damas, a annoncé à l’AFP un responsable local rebelle, Abou Mohamad al-Barwadi, après que les prorégime ont assiégé la ville et quelques jours après l’échec d’un précédent accord similaire.

Une équipe de maintenance doit entrer à Wadi Barada pour réparer les infrastructures d’approvisionnement et les insurgés qui refusent de déposer les armes seront transférés dans la province rebelle d’Idleb (nord-ouest), selon lui.

Mais le régime n’a pas confirmé cet accord. Depuis le matin, ses forces assiègent Wadi Barada qui abrite les principales infrastructures alimentant en eau la capitale syrienne, victime de graves pénuries depuis le 22 décembre.

AFP / Nazeer al-KhatibDes combattants de l’armée libre syrienne se reposent près de Qabasin, au nord est de la ville de Al-Bab, à 30 km d’Alep, le 8 janvier 2017

Les forces du régime, qui veulent déloger les rebelles et reprendre le contrôle des infrastructures à Wadi Barada, « ont coupé la route entre cette ville et les zones rebelles » dans la région de Qalamoun, a indiqué l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

L’OSDH a rappelé que « les prorégime ont régulièrement recours à la stratégie du siège pour arracher des accords avec les rebelles dans des zones assiégées, comme cela s’est produit dans plusieurs secteurs près de Damas et à Alep » (nord).

– L’ONU à Astana –

L’offensive du régime à Wadi Barada a été l’une des raisons avancées par le plus important groupe rebelle, Ahrar al-Cham, pour justifier son refus de participer aux négociations d’Astana sous l’égide de Moscou, Ankara et Téhéran, un autre allié du régime.

Une poignée d’autres groupes rebelles sous la direction de Mohammed Allouche se rendront à Astana. Ce sera la première fois qu’une délégation formée purement de groupes rebelles négociera avec le régime.

AFP / PHILIPPE DESMAZESStaffan de Mistura, l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, le 12 janvier 2017 à Genève

Outre des représentants des parrains des pourparlers, l’émissaire de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura sera également présent à Astana. Moscou et Ankara veulent une présence des Américains à Astana mais l’Iran y est hostile.

Des négociations sur la Syrie sous l’égide de l’ONU doivent en principe suivre à Genève le 8 février.

Jusqu’à présent, tous les pourparlers qui se sont déroulés sous les auspices de l’ONU, dont les derniers en avril 2016, ont échoué.

Le conflit très complexe en Syrie, impliquant acteurs syriens, régionaux et internationaux, ainsi que des groupes jihadistes, a provoqué une très grave crise humanitaire en poussant à la fuite plus de 10 millions de personnes.

La guerre de l’eau à Damas

 

 
11 janvier 2017 ..

La guerre de l’eau frappe durement Damas

La pénurie affecte 5 millions d’habitants. Régime et rebelles s’en rejettent la responsabilité
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Ce sont des scènes que les habitants de Damas s’étaient accoutumés à voir à la télévision : des files de civils faisant la queue devant un point d’eau à Alep pour remplir un bidon, au plus fort du conflit dans la ville du nord de la Syrie. Mais la guerre de l’eau a atteint la capitale.

Depuis le 22  décembre, les Damascènes sont à leur tour confrontés à l’attente et aux privations. Plus une goutte ne parvient de la région voisine de Wadi Barada, une enclave rebelle où se trouvent les principales sources d’eau qui alimentent la ville, depuis l’irruption de violents combats lancés par l’armée syrienne. Les affrontements se poursuivent malgré le cessez-le-feu parrainé par Moscou et Ankara. Régime et rebelles s’accusent mutuellement d’avoir provoqué la crise de l’eau.

La panique des premiers jours a laissé place à une résignation mêlée de colère. Dans certains quartiers de la capitale, les robinets restent désespérément à sec. Dans la plupart des faubourgs, l’eau est fournie quelques heures, mais pas tous les jours.  » Je n’ai jamais vu cela de ma vie, s’exclame Anas (le prénom a été changé), âgé d’une soixantaine d’années. Même avant la guerre, nous subissions de durs rationnements l’été, à cause de la sécheresse. Mais un peu d’eau parvenait chaque jour. « 

C’est une privation de plus pour Damas. Certes, relativement préservée des combats, malgré la chute régulière d’obus rebelles et malgré l’écho des bombardements de l’armée ou des affrontements dans les banlieues, la capitale syrienne est soumise, elle aussi, aux coupures d’électricité et à l’inflation galopante. Au cours des derniers jours, le prix des bouteilles d’eau potable s’est envolé.

 » Crime de guerre  »

Pour pallier les manques, l’eau est tirée des forages qui parsèment Damas. Les quelque 300 puits sont d’ordinaire exploités l’été. Face à l’urgence, les Nations unies, qui craignent une crise sanitaire, délivrent de l’eau à une cinquantaine d’écoles, tandis que le Comité international de la Croix-Rouge a distribué des citernes d’eau à des boulangeries ou des hôpitaux.

Le pouvoir accuse les insurgés, acculés par les combats, d’avoir empoisonné les réserves qui desservent Damas en y jetant du diesel. Mais pour les rebelles, qui contrôlent la zone rurale de Wadi Barada depuis 2012, ce sont les forces prorégime qui ont bombardé les infrastructures hydrauliques et sont responsables des privations. Qui a raison ?  » Ce qui intéresse les habitants de Damas, c’est qu’un retour à la normale soit possible « , soupire Anas.

L’ONU se garde de désigner un coupable.  » Il y a beaucoup d’allégations. Nous ne savons pas vraiment, car nous n’avons pas pu nous rendre sur place « , déclarait il y a quelques jours Jan Egeland, conseiller pour les affaires humanitaires de l’envoyé spécial de l’ONU sur la Syrie. Tout en rappelant quelques fondamentaux du droit international humanitaire :  » Le sabotage et la privation d’eau sont évidemment un crime de guerre « , alors qu’ils plongent les civils dans la détresse.

La crise à Damas frappe par son ampleur : elle touche près de 5,5  millions de personnes, dans la capitale et ses environs. Mais c’est loin d’être la première fois que l’eau se retrouve au cœur du conflit dans le pays, depuis 2011.

Dans de nombreuses régions, l’accès à cette ressource est défaillant : la destruction des infrastructures a réduit de moitié la capacité de production dans le pays. A Damas, l’afflux de nombreux déplacés a provoqué une pression supplémentaire. L’eau a aussi été utilisée comme arme de guerre, à Alep par exemple, de part et d’autre de la ligne de front, au détriment des civils. Avant les derniers mois de la violente offensive des forces prorégime pour reprendre les quartiers rebelles, des négociations avaient permis des arrangements ponctuels durant la longue guerre d’Alep.

A Damas, un accord tacite a longtemps prévalu entre les rebelles du Wadi Barada et le régime : pas d’assaut contre la zone insurgée, pas de coupures d’eau dans la capitale. Cet équilibre a toutefois été brisé à plusieurs reprises par les combattants anti-Assad, soit pour prévenir une attaque, soit pour négocier. Avant un retour à la normale.

Négociations

Cette fois, la crise semble devoir durer tant que les combats se poursuivront dans la région de Wadi Barada, prise en étau entre l’armée syrienne et le Hezbollah libanais. Depuis vendredi 6  janvier, les annonces de visites d’équipes techniques mandatées par Damas, pour réparer les installations sur place, se sont succédé. Mais l’accès à cette poche, située à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest de Damas, est impossible à cause de la violence des affrontements.Près de 10 000 personnes ont fui l’enclave rebelle. Selon une source onusienne, des négociations se sont poursuivies, lundi, entre belligérants, pour  » permettre la maintenance des infrastructures et parvenir à un accord dans la zone « .

Dans un entretien à des médias français qui accompagnaient la visite de parlementaires en Syrie le week-end du 7  janvier, le président Bachar Al-Assad a exclu l’idée d’une trêve :  » Le rôle de l’armée syrienne est de libérer ce secteur afin d’empêcher les terroristes d’user de – l’arme de – l’eau pour faire suffoquer la capitale.  » Alors que l’opposition dénonce des violations de la trêve, l’armée justifie la poursuite de l’offensive, malgré le cessez-le-feu, par la présence de combattants du Front Fatah Al-Cham (ex-Front Al-Nosra, émanation d’Al-Qaida),qui ne sont pas concernés par la trêve. Une présence démentie par les rebelles, mais dont fait état l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

Pour le pouvoir, l’enjeu n’est pas seulement de sécuriser les sources d’eau qui alimentent la capitale, mais de venir à bout des poches rebelles autour de Damas. Un objectif que le régime est d’autant plus déterminé à atteindre qu’il est en position de force depuis la reconquête d’Alep, le 22  décembre, et que de nouvelles négociations doivent s’ouvrir à Astana, au Kazakhstan, parrainées par Moscou et Ankara.

Laure Stephan

© Le Monde

Palmyre reprise par Daech

  • par Georges Malbrunot Le Figaro
  • Mis à jour
  • Publié

 

Profitant de la mobilisation de l’armée à Alep, les djihadistes ont lancé un assaut surprise qui leur a permis de reprendre la ville.

Dix mois après en avoir été chassés, les djihadistes ont réussi dimanche à reprendre la cité antique de Palmyre dans le désert syrien, a reconnu Talal Barazi, le gouverneur de Homs dont dépend la ville. Les forces syriennes épaulées par l’aviation russe font tout pour reconquérir le site classé au patrimoine mondial de l’humanité, a-t-il ajouté.

Dimanche soir, les troupes de Bachar el-Assad s’étaient retirées au sud de Palmyre, dont l’État islamique s’était emparé le 23 mai 2015, avant d’en être expulsé le 25 mars dernier.

Cette reprise surprise souligne la grande mobilité, dont font preuve les djihadistes, et qui les rend capables de lancer des attaques puis de se retirer rapidement, surtout dans des zones désertiques, comme la région de Palmyre.

Profitant, selon nos informations, d’un repli des soldats russes et syriens d’une base voisine de Palmyre en milieu de semaine dernière, quelque 4000 combattants de Daech se sont rapprochés jeudi de la cité antique. Ils ont commencé par reprendre des champs gaziers et pétroliers alentour, avant de lancer samedi plusieurs assauts contre «la Perle du désert».

Un revers pour Damas

En riposte, durant la nuit de samedi à dimanche, l’aviation russe a effectué pas moins de 64 raids, contraignant les djihadistes à se retirer de Palmyre, quelques heures seulement après y avoir pénétré, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, basé à Londres. Dans le même temps, Damas renvoyait des renforts dans cette ville du centre de la Syrie. Et dans la matinée de dimanche, des combats faisaient rage dans des vergers entourant l’oasis de Palmyre. «Les assaillants ont utilisé des voitures piégées avec des kamikazes, des véhicules blindés et de l’artillerie», précise un communiqué du ministère russe de la Défense. Selon Moscou, les raids aériens russes ont permis de tuer plus de 300 combattants de l’État islamique et de détruire 11 chars et 31 véhicules. Ce qui n’a pas empêché les djihadistes d’infliger un revers aux forces syriennes et à leurs alliés russes dans cette ville de Palmyre, symbole de la richesse culturelle syrienne, dont une partie a été détruite par les djihadistes durant leur première occupation du site en 2015.

Le retour de Daech à Palmyre intervient alors que l’armée de Bachar el-Assad resserre l’étau sur les rebelles assiégés à Alep-Est, qu’elle contrôle désormais à 85 %. Des négociations sont en cours entre Russes, Américains et Turcs pour permettre l’évacuation des insurgés et des civils, pris au piège des violences. La pression exercée sur Alep a manifestement fait le jeu de Daech. «Il faudrait beaucoup d’hélicoptères pour arrêter les djihadistes dans le désert, or de nombreux appareils sont mobilisés à Alep-Est», observe un expert au Moyen-Orient.

Ce revers illustre une nouvelle fois les limites de la stratégie de reconquête de tous les territoires contrôlés par les rebelles de la part d’un pouvoir syrien, dont les capacités en hommes restent insuffisantes pour faire face durablement à ses nombreux ennemis

ALEP Est est a été reprise par l’armée Syrienne

alep

Le président syrien, Bachar Al-Assad, a affirmé qu’une victoire à Alep serait une étape essentielle vers la fin de la guerre. Ses troupes ont repris la plupart des quartiers rebelles de la deuxième ville du pays.
Par Aymeric Janier & Edouard Pflimlin checklist@lemonde.fr

 

Les rebelles perdent la vieille ville d’Alep, Assad confiant

 

 

Assiégés et acculés dans les derniers secteurs sous leur contrôle dans la partie orientale d’Alep, les rebelles syriens ont appelé mercredi à un cessez-le-feu immédiat de cinq jours et à l’évacuation des civils pris au piège du déluge de feu à Alep, dans le nord du pays. Un appel à la trêve a aussi été lancé par six Etats occidentaux, dont les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni, qui ont dénoncé la « catastrophe humanitaire » dans l’est d’Alep, ainsi que « les actions du régime syrien » et de son allié russe, accusés d’empêcher l’acheminement des aides. Mais les appels à la trêve ont peu de chances d’être entendus par le régime du président Bachar Al-Assad, qui, fort de ses succès militaires, exclut un cessez-le-feu dans la ville, comme il le dit dans un entretien au journal syrien Al-Watan, proche du pouvoir, à paraître jeudi. « Sur le terrain, il n’y a pas de trêve » aujourd’hui, dit-il. « C’est vrai qu’Alep sera une victoire pour nous, mais, soyons réalistes, cela ne signifie pas la fin de la guerre. Mais ce sera une étape énorme vers la fin » du conflit.

Pour lui, une défaite des rebelles « marque un tournant dans la guerre », alors qu’Alep est le principal front du conflit qui a fait depuis mars 2011 plus de 300 000 morts et poussé à la fuite plus de la moitié de la population. Cinq ans et demi après le début du conflit, le régime est en bonne position pour enregistrer sa plus importante victoire en reprenant la totalité d’Alep, qui fut sa capitale économique, à la faveur d’une offensive dévastatrice lancée le 15 novembre. Appuyés par des combattants iraniens et du Hezbollah libanais, les soldats qui contrôlent les quartiers occidentaux d’Alep ont réussi à reprendre plus de 80 % des quartiers rebelles dans la partie est, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Mercredi, les prorégime ont remporté une victoire symbolique en reprenant la vieille ville, le cœur historique d’Alep, sans même combattre : les rebelles s’en sont retirés « de peur d’être assiégés », selon l’OSDH. L’armée et ses alliés occupent toute la partie à l’est de la célèbre citadelle, le monument emblématique d’Alep resté aux mains du régime.