L’appel d’une syrienne au monde : « soyez humains, levez les sanctions » !

Source: Michel Raimbaud, le 3 avril 2020

Mme Noomah Ali, journaliste à la télévision syrienne, vient d’écrire, « de la part de tous les Syriens », une lettre dans laquelle elle interpelle « le Monde »…

Vous en trouverez ci-après le texte dans une traduction libre, mais qui se veut fidèle.

La Syrie, après avoir résisté face au fléau terroriste, saura venir à bout de la pandémie Covid-19

Citation :

En tant que Syriens, avec vous nous faisons face au coronavirus…Mais, savez-vous que depuis 2011 nous affrontons seuls tous ces pays puissants qui marchent aux côtés de l’Amérique…Il faut ajouter, et c’est une grosse affaire, qu’un petit virus invisible à l’œil nu nous oblige à rester confiné à la maison, nous interdit de sortir, de travailler, nous obligeant à mettre en veilleuse notre volonté de vivre. Et cela alors qu’il y a toutes ces attaques terroristes, ces organisations takfiristes, de Da’esh à « Al Nosra » et « Ahrar Al Sham », de Machin et Truc &Cie et tout le bataclan, avec tout le sinistre bilan de leur terrorisme, de leur traîtrise : ils ont massacré, coupé les têtes, dévoré les cœurs des soldats de l’armée syrienne, fait rôtir les têtes, écorché vif…. Ils ont organisé le commerce d’organes, pris les femmes en captivité, vendu des êtres humains sur les marchés aux esclaves, pratiqué le nettoyage confessionnel, cultivé le mensonge, l’hypocrisie, réduisant à presque rien les fondamentaux à respecter : des coupures d’électricité aux pénuries de carburant, jusqu’à l’incendie des récoltes de blé et l’abattage des oliviers.

Avec l’arrivée du coronavirus, l’économie syrienne est complètement confinée…

Mais l’État syrien n’a pas décrété de couvre-feu, n’a pas décidé de fermer les marchés, n’a pas cherché à instiller la crainte dans les esprits par précaution ou pour mettre en garde. Peuple pacifique, nous n’avons pas eu peur et notre détermination n’a pas faibli…Bien au contraire nous avons fait face, dans la solitude, en silence et avec fierté ; chez nous, les martyrs en cohortes sont plus nombreux que les victimes du coronavirus. Malgré tout cela, ô toi, ce Monde que j’interpelle, tes paupières n’ont pas cillé…

 

J’ai de la compassion pour l’Italie, j’ai de la compassion pour l’Espagne, mais est-ce que les peuples de ces pays ont eu de la compassion pour la peur qui est mienne, le froid dont je souffre, la maladie qui me frappe, moi Syrien, citoyen d’un pays qui est encore en guerre…J’ai de la compassion pour les Américains, mais est-ce que les Américains ont la moindre compassion pour moi, citoyen syrien assiégé économiquement et réduit à la pauvreté que l’on sait, tandis que l’Amérique tire bénéfice des sanctions économiques sans cesse alourdies qui nous sont imposées à nous les Syriens, alors que lever ces sanctions nous permettrait au moins de résorber les pénuries dans le secteur sanitaire. Peut-être pourrions-nous vaincre ce virus américain ???

Je compatis avec tout être humain, pour la simple raison que je suis syrien. Pour moi, le message délivré il y a des millénaires par Baal le dieu syrien, loin d’être superficiel, était destiné à rester pour l’éternité (« Brise ton sabre, prends ta pioche et suis-moi afin que nous semions l’amour et la paix au centre de la terre. Tu es syrien et la Syrie est le centre de la terre »).

Et nous à l’heure qu’il est, dans cette confrontation mondiale, nous souhaitons la paix au monde entier. Nous affrontons ce virus avec courage, le même courage qui nous a permis d’affronter celui qui est accusé de l’avoir créé (l’Amérique). Et j’aimerais ajouter ceci : au moment où les Européens, les Américains et les Arabes du Golfe se retrouvent en confinement forcé, ils doivent remarquer que l’électricité ne leur est pas coupée, qu’ils ont du pain et qu’ils disposent de tous les aliments essentiels au renforcement de leur appareil immunitaire.

Ils ne manqueront pas de noter également que moi-même, en tant que citoyen syrien, je ne dispose pas de toutes ces choses simples dont ils bénéficient dans leur lieu d’isolement sanitaire. Et ce n’est pas tout, car j’ai aussi un frère, ou un père ou un mari « au front », combattant les groupes terroristes que les pays précités soutiennent. Et en raison du confinement, du couvre-feu et des mesures de précaution, ce combattant si cher à notre cœur ne peut plus, même lors de ses « permissions », retrouver les siens, sa mère ou son fils…

Mon mot de la fin, soyez humains, levez les sanctions pour tous les pays et mettez fin à toutes vos guerres contre tous les pays. Cessez de fabriquer des armes et tournez-vous vers l’humanité, car la condition humaine est la plus belle et la plus pure des conditions que l’on puisse trouver sur terre. Assez de sang versé !!

Fin de citation

Noomah Ali, journaliste syrienne

 

Je ne connais pas Noomah Ali, mais son texte m’a profondément touché. Car ce n’est pas seulement un cri du cœur, c’est également un rappel à la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, sans fard et sans exagération, loin des prudences diplomatiques, des mensonges médiatiques, des artifices politiques et des pirouettes intellectuelles.

On ne saurait reprocher à une journaliste syrienne travaillant à Damas de rappeler que son pays fait face depuis 2011 à une guerre sauvage organisée par l’Amérique et ses alliés, dénoncés sans ambages. Si elle n’en rappelle pas le bilan effrayant — pas moins de 400°000 morts, environ deux millions de blessés, estropiés et handicapés, et une bonne douzaine de millions de réfugiés ou déplacés – son énumération des crimes commis est impressionnante et édifiante. Elle ne fait pourtant que rappeler la stricte vérité, si bien occultée par les hypocrites, et sa dénonciation des criminels devrait rafraîchir les mémoires qui flanchent.

Oui, le coronavirus est un fléau inquiétant qui fait déjà bien des dégâts, et n’a pas fini d’en faire. Mais, quel que soit son impact en Syrie, où il a fait son apparition, il n’effacera pas les immenses malheurs d’une guerre entrée dans sa dixième année, même s’il tend à les occulter, comme c’est déjà le cas – et plus que jamais par ces temps coronariens – dans le paysage médiatique de nos rivages, amnésique après avoir été envahi si longtemps par le mensonge et le déni de justice.

Qui donnerait tort à Madame Noomah de mettre en lumière le deux poids deux mesures systématique qu’affectionnent les professionnels de la compassion, une compassion à sens unique puisque les malheurs de l’Occident sont les seuls à être universels. Son appel vibrant à l’Amérique et à ses alliés pour que soient levées « les sanctions contre tous les pays » et qu’il soit mis un terme à toutes les guerres, devrait trouver un écho chez les hommes et femmes de bonne volonté, pour qui le virus de la guerre est au moins aussi dévastateur que celui des pandémies.
Oubliée du côté de chez nous, la guerre des sanctions menée contre la Syrie (ou d’autres pays) par l’Amérique et ses laquais est une guerre invisible, excellent prétexte pour n’en pas voir le bout. Elle n’est pas moins impitoyable que l’affrontement militaire qui, selon toute vraisemblance, tire à sa fin. Elle est illégale, infâme, criminelle.

C’est une insulte à l’humanité du monde. Elle doit cesser immédiatement et sans délai et sans conditions. Il restera encore aux agresseurs à s’occuper de leurs affaires, ne serait-ce que de cette pandémie mystérieuse qui sème le chaos au sein du désordre et le trouble dans toutes les certitudes.

SYRIE : ENTRETIEN TELEPHONIQUE ENTRE ASSAD ET LE PRINCE HERITIER D’ABOU DHABI

Source: AFP

Le président syrien Bachar al-Assad et le prince héritier d’Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed al-Nahyane, ont eu vendredi un entretien téléphonique, a rapporté l’agence officielle syrienne Sana, une première depuis le début du conflit en Syrie en 2011.

Citant la présidence syrienne, Sana a fait état d’un « entretien téléphonique entre le président Assad et le prince héritier d’Abou Dhabi (…) axé sur les conséquences de la propagation du nouveau coronavirus (…) » durant lequel le responsable émirati a assuré M. Assad de « l’appui des Emirats arabes unis au peuple syrien durant ces circonstances exceptionnelles ».

Sur son compte twitter, le prince héritier d’Abou Dhabi a confirmé l’information, relayée également par l’agence officielle du riche émirat du Golfe.

« J’ai discuté avec le président syrien (…) des derniers développements liés (à la maladie) Covid-19. Je l’ai assuré du soutien des Émirats arabes unis et de la volonté d’aider le peuple syrien », a-t-il écrit.

« La solidarité humanitaire pendant les temps difficiles l’emporte sur toutes les considérations, et la Syrie et son peuple ne seront pas seuls », a ajouté le responsable émirati.

Sept ans après avoir rompu leurs relations diplomatiques, les Emirats arabes unis ont rouvert leur ambassade à Damas en décembre 2018.

La Syrie avait été mise au ban du monde arabe dès fin 2011, et des pays, notamment du Golfe, avaient rappelé leurs ambassadeurs, pour protester contre la répression sanglante menée par le pouvoir de Damas contre des manifestations pro-démocratie, avant de soutenir pour certains l’opposition en exil et les rebelles armés.

La Syrie, ravagée par neuf ans de guerre, a signalé jusqu’ici cinq cas de contamination au nouveau coronavirus. Les organisations humanitaires craignent une « catastrophe » en cas de propagation de l’épidémie.

 

MOSCOU – CANOSSA le 5 mars 2020

L’AFS accueille les contributions de tous dès lors qu’elles servent sa raison d’être qui est de consolider les liens entre la France et la Syrie et d’œuvrer à la réconciliation nationale entre les citoyens syriens. Elle publie celles qu’elle reçoit en français au premier chef, mais aussi en arabe et en anglais. Pour autant, elle n’endosse pas toutes les opinions exprimées, et ne retiendra pas celles qui contreviennent à l’éthique ou qui entretiennent une atmosphère polémique injustifiée. C’était déjà le sens de notre déclaration en introduction de la Lettre n° 50 de décembre 2016.

Nous publions ici un texte d’Alain Corvez, Conseiller en stratégie internationale, Membre du Conseil d’Administration de l’AFS.


 

Poutine a reçu Erdogan à Moscou le 5 mars dernier pour lui faire signer un accord qui est un pas décisif vers le dénouement de la crise syrienne. Il ne l’a pas fait attendre trois jours tête nue et pieds nus dans la cour du Kremlin comme le pape Grégoire VII l’a fait en janvier 1077 dans la cour de son château de Canossa pour l’empereur d’Allemagne Henri IV. Mais il a montré au Grand Turc, et par la même occasion au reste du monde, qui était le plus fort et le plus habile.

Le complot contre la Syrie en voie d’échouer

 Pour les observateurs objectifs et impartiaux, il était clair depuis longtemps que les prédictions d’un destin funeste pour Bachar el Assad étaient totalement fausses et déconnectées des réalités du terrain, ressemblant plus à des litanies incantatoires de politiciens aux ordres de la stratégie américaine de renversement des régimes indociles, pour se persuader eux-mêmes qu’ils avaient fait le bon choix et pour intoxiquer les peuples en leur disant où étaient les bons et les méchants, à coup de mensonges éhontés, mélangeant les fausses attaques chimiques (pour quel avantage tactique !!) aux soi-disant tueries de civils ou destructions d’hôpitaux. D’après ces dirigeants occidentaux visionnaires, notamment français, il devait être chassé du pouvoir par les islamistes incessamment, le lendemain, dans une semaine ou un mois au plus, et l’on pourrait alors parler à des hommes convenables à Damas, ceux qui « avaient fait du bon boulot sur le terrain ».

Les mensonges les plus divers ont été propagés pour essayer de contrefaire la réalité : on parlait d’un état alaouite, d’un boucher qui prenait plaisir à massacrer son peuple sans réaliser un seul instant l’absurdité d’une thèse contredite par un soutien massif au Président légal d’un peuple rassemblé contre l’agression organisée, financée et soutenue par la Turquie et l’OTAN, de djihadistes barbares venus de plus de cent pays différents. Qui peut croire que la Syrie aurait pu, quels que soient les soutiens importants qu’elle a reçu de ses alliés naturels, Russie, Iran, Liban et Chine, tenir neuf ans sans un soutien massif du peuple avec tous les corps constitués de l’état syrien obéissant aux consignes du gouvernement ? A commencer par l’Armée majoritairement sunnite. Malgré la guerre, les fonctionnaires ont reçu leurs salaires sans interruption, y compris ceux qui se trouvaient dans des zones sous contrôle des terroristes et collaboraient avec ces derniers. Les plus hauts dignitaires religieux des différentes confessions ont appelé leurs fidèles à s’unir dans le soutien au gouvernement, certains le payant de leur vie comme la Mufti sunnite Al Bouti assassiné sauvagement dans sa propre mosquée en 2013, et plusieurs prêtres et évêques chrétiens, pris en otages ou assassinés par les terroristes.

La Syrie plaque tournante stratégique dans sa diversité

 Le peuple syrien n’est pas un bloc monolithique, tous les orientalistes le savent depuis longtemps ; une mosaïque de confessions religieuses et d’ethnies cohabitent depuis des siècles dans un relative harmonie. A côté d’un monde agricole important mais peu développé, une bourgeoisie sunnite très active et commerçante s’est constituée au cours de l’histoire du pays et participe à sa direction. Le mandat français respecta ces équilibres dans l’organisation des pouvoirs publics en général, mais lors de l’enrôlement des soldats pour créer une armée nationale, les Alaouites alors délaissés et pauvres s’engagèrent majoritairement pour avoir un emploi. Ayant suivi les divers cycles d’instruction militaire, au moment de l’indépendance proclamée par la France en 1941 dans des conditions chaotiques dues aux circonstances, ils étaient nombreux parmi les officiers supérieurs, notamment dans l’Armée de l’Air et ont, de ce fait, constitué une élite militaire qui s’est emparée du pouvoir en 1970 avec le général Hafez el Assad et a fait de la Syrie un pays stratégique dans les équilibres du monde arabe. Son fils Bachar exerçait la spécialité de médecin à Londres et n’était pas préparé à la politique, son frère Bassel ayant été formé pour succéder au père. La mort accidentelle de Bassel en janvier 1994 dans un accident de voiture a amené la vieille garde à exiger de Bachar qu’il revienne à Damas et se prépare à succéder à son père pour assurer une transition paisible. Dès son accession à la Présidence à la mort de son père en juillet 2000, il entreprit de moderniser le pays et de le démocratiser, coopérant activement à l’époque avec la France de Sarkozy qui le reçut plusieurs fois à Paris, jusqu’au revirement brutal de la France fin janvier 2011 qui devint soudain hostile de manière inattendue, comme si un signal avait été donné, accompagnant ensuite les premières contestations dans le sillage des « printemps arabes ».

Il existe au sein du peuple des opposants à l’actuel gouvernement, certains pacifiques et d’autres les armes à la main, évidemment soutenus par les Occidentaux, mais ils ne sont qu’une minorité qui ne peut prétendre seule au pouvoir, comme l’ont montré les votes des Syriens à la dernière présidentielle, notamment de manière symptomatique ceux d’entre eux vivant à l’étranger quand ils ont pu voter, comme au Liban. Dès l’été 2011, d’importantes réformes démocratiques furent votées, notamment l’abolition du parti unique qui faisait du Baath l’organe incontournable du fonctionnement du pays, avant le vote d’une nouvelle Constitution en 2012 qui inscrivait dans l’encre les libertés fondamentales. Désormais plusieurs dizaines de partis se sont constitués et exercent leur droit d’opposition aux mesures quand ils ne les approuvent pas. Une amnistie, plusieurs fois renouvelée lors des différentes phases des combats, offrant aux combattants syriens anti-gouvernementaux d’abandonner la lutte armée contre les forces régulières, a entraîné de nombreux ralliements, surtout depuis deux ou trois ans, encouragés par le gouvernement et sous l’égide du Ministère de la Réconciliation, indiquant clairement que ces opposants préfèrent la main tendue du gouvernement aux atrocités des terroristes islamistes que l’OTAN, avec la Turquie en fer de lance, continue de soutenir. Beaucoup de ces ralliés ont intégré l’Armée syrienne et luttent maintenant contre les terroristes.

Face aux succès militaires des armées syrienne, russe, iranienne, libanaise et la déroute militaire du Hayat Tahrir Al Cham (HTS) qui domine la poche d’Idlib, la Turquie a envoyé ses soldats, ses chars et ses drones à la rescousse de ses terroristes mais a été arrêtée dans son offensive par une réplique aérienne brutale des avions syriens et russes qui ont tué plusieurs dizaines de soldats turcs et détruit nombre de leurs matériels militaires. Poutine a ainsi brutalement sommé Erdogan d’arrêter son opération, tout en l’invitant subtilement à Moscou pour signer un accord qui entérine les gains syriens sur les terroristes mais lui offre, pour sauver la face, de créer et superviser avec lui une zone de désengagement de six kilomètres de part et d’autre de l’autoroute vitale M4 qui relie la Méditerranée à Alep, puis vers le Sud Rakka et Deir el Zor sur l’Euphrate vers Bagdad par la ville frontière d’Abou Kemal, ou vers le Nord par la région kurde de Hassaké vers l’Irak de Mossoul. En arrivant à Moscou, Erdogan s’est vu rappeler par Poutine, les termes de leur conversation téléphonique dans laquelle il regrettait la mort des soldats turcs mais ajoutait que ceux-ci se trouvaient imbriqués dans le dispositif des terroristes, sans que la Turquie en ait informé la Russie.

(HTS est une métastase de Al Qaïda-Fatah Al Nosra et d’une myriade de factions plus ou moins rivales en fonction des payeurs des salaires : le Qatar, l’Arabie ou les Emirats, ou provenant des revenus du pétrole de contrebande en Irak et en Syrie, sous contrôle des services turcs. L’Arabie et les Emirats ont depuis peu changé leur stratégie et arrêté de financer les terroristes pour envisager une normalisation de leurs relations avec la Syrie. HTS est classé dans les organisations terroristes par l’ONU et l’UE)

Coup de maître de Poutine qui atteint ses objectifs de libérer la Syrie des terroristes avec l’assentiment -forcé- de celui qui les soutient depuis 2011 !

Cette diplomatie subtile de la Russie la place en modératrice indispensable aux crises de la région car elle est la seule à pouvoir parler à tous les protagonistes. Elle s’est bien arrangée pour n’attaquer de front aucune grande puissance, notamment l’Amérique qui devra sans doute décider d’elle-même prochainement de se retirer de l’occupation des puits de pétrole syriens qu’elle exploite illégalement. Invoquant la défaite du terrorisme elle pourra justifier ainsi son retrait.

Avec Erdogan, Poutine manipule un pion qui cherche encore à tirer avantage de son appartenance à l’OTAN mais qui a compris qu’il n’était plus soutenu qu’en paroles -et encore- par ses soi-disant alliés, notamment Européens, et que la protection de Poutine avait plus d’importance et de crédibilité. Le Ministre de la Défense américain Mark ESPER, ne lui a prodigué que des encouragements verbaux sans suite, de même que le chef de l’OTAN, Jens Stoltenberg.

Contesté de plus en plus véhémentement pour ses dérives autoritaires dans son propre pays, où les forces d’opposition se renforcent, s’organisent et gagnent des élections locales, même au sein de l’appareil sécuritaire pourtant purgé depuis 2016, Erdogan est maintenant critiqué par une partie de la population, émue par ses soldats morts en Syrie, qui s’interroge sur les raisons de leur présence illégale dans un pays voisin avec lequel les relations étaient autrefois de bon voisinage.

En ajoutant l’irrédentisme de l’importante population kurde qui ne fait que se renforcer sous la répression exercée par les forces de sécurité, sa position est fragilisée à divers égards.

 Il ne pouvait se permettre de dire comme Bismarck au Reichstag en 1872 : « Gehen wir nicht nach Canossa », « Nous n’irons pas à Canossa ».

 Il avait besoin du soutien de Poutine et a signé l’accord que ce dernier lui proposait.

Notons au passage que Poutine n’a pas invité les Européens à Moscou, alors que Merkel et Macron devaient au départ se retrouver à Ankara avec lui et Erdogan à la même date, même s’il a, peut-être, chargé ses services diplomatiques d’informer courtoisement « ses partenaires européens » de l’accord bilatéral signé avec la Turquie.

Le règlement de la crise syrienne sous l’égide de la Russie s’impose à tous.

La plupart des pays non membres de l’Alliance atlantique ont intégré la nouvelle donne géopolitique en Syrie et se rapprochent de Damas pour ceux qui s’en étaient éloignés, voire l’avaient combattue. Il serait temps pour la France et l’Union Européenne de faire enfin preuve de réalisme, et d’oublier l’idéologie atlantiste qui leur fait essuyer des échecs partout. Le faire dès maintenant serait plus honorable que de le faire à la suite des Etats-Unis qui s’y résoudront probablement bientôt.

Les EAU ont ouvert une ambassade il y a plusieurs mois, montrant les visions stratégiques de Mohammed Bin Zayed (MBZ), déjà intelligemment dissocié de Mohammed Bin Salman (MBS) au Yémen où celui-ci s’embourbe et perd la guerre ignoble qu’il a inconséquemment déclenchée.

Ayant compris que les Etats-Unis se retireraient militairement du Moyen-Orient à proche ou moyen terme, notamment après leur absence de réactions après les attaques dévastatrices des Houthis sur l’Aramco, MBS ne veut pas faire face à l’Iran avec comme seul allié Israël. Il envisage donc lui aussi d’apaiser les tensions avec l’Iran et de se rapprocher de la Syrie puis de rouvrir aussi une représentation diplomatique à Damas, la décision n’étant repoussée que sous les pressions américaines. Le général Qassem Souleimani travaillait à cette négociation quand il a été assassiné le 3 janvier à l’aéroport de Bagdad avec d’autres dignitaires irakiens et iraniens par des missiles tirés d’un drone américain. Il devait officiellement rencontrer le lendemain matin le Premier Ministre irakien pour lui confirmer l’accord de Téhéran pour l’apaisement des tensions entre l’Iran et l’Arabie et pour un rapprochement des deux états sous l’égide de l’Irak, pays en bonne relation avec eux deux et avec la Syrie voisine.
Le règlement de la crise syrienne vient donc d’avancer notablement et l’on voit les pays concernés y adapter leur géopolitique; Il est vraisemblable que rien ne se passera du côté américain avant novembre prochain, mais il est probable qu’après la réélection de Donald Trump le processus va s’accélérer brutalement, car le Président devrait utiliser son deuxième mandat, libéré des entraves du premier, et appliquer enfin les promesses faites pendant sa première campagne.

Nouveau mensonge

 Concocté par les officines de presse de l’OTAN avec l’argent de différentes ONG, notamment de George Soros, face à l’échec des mensonges précédents sur la Syrie, une nouvelle fable éhontée est inventée depuis peu pour donner un visage acceptable aux terroristes de HTS, en expliquant que l’organisation avec son chef, Abou Mohammed Al Joulani, se serait éloignée de son idéologie initiale terroriste, barbare, internationaliste, pour devenir une force  dont le seul but est de renverser le gouvernement de Damas, ayant abandonné ses idées de califat mondial. Ses terroristes seraient donc maintenant de bons terroristes qu’il faudrait enlever des listes noires de l’ONU et de l’ensemble du monde civilisé -si tant est qu’on puisse définir ce dernier-, pour s’appuyer sur cette dernière chance de parvenir à l’objectif fixé dès 2011. Heureusement que nos services de renseignement ont certainement des informations sur les terroristes français qui appartiennent ou appartenaient à HTS, qui se mêlent d’ailleurs évidemment aux migrants que la Turquie envoie en Grèce et en Bulgarie, pour ne pas tomber dans le panneau.

A l’appui de cette affabulation, un article du journal Le Monde du 11 mars, signé Benjamin Barthe et intitulé « Les promesses ambiguës des djihadistes d’Idlib », tente d’accréditer ce nouveau mensonge.

Il est probable que les bureaux et agences chargés d’élaborer les scénarios mensongers pour justifier les guerres de l’OTAN dans le monde sont en retard d’un train et sont même incapables de comprendre les réalités du terrain qui leur déplaisent.

Conclusion

Les grandes puissances qui soutiennent la volonté russe d’en finir avec l’attaque inique contre la Syrie sont nombreuses et représentent maintenant une majorité des états du monde, majorité qui domine désormais par ses forces économiques et militaires les relations internationales. Fidèle à ses habitudes ancestrales, la Chine reste discrète dans le remodelage des rapports entre nations, mais elle avance calmement la création d’un monde multipolaire dans lequel chaque état devrait respecter les autres et comprendre ses impératifs, en réglant les inévitables différends par la négociation et non par la guerre.

La Russie est depuis longtemps une adepte de ce monde multipolaire : la France qui a montré intelligemment sa volonté de se rapprocher et de coopérer avec cette puissance européenne avec laquelle nous avons tant d’intérêts en commun, devrait saisir l’occasion pour accompagner la brillante diplomatie russe dans le règlement des crises européennes et mondiales, à commencer par celle de Syrie qui, de toutes façons, est maintenant inéluctable à court ou moyen terme.

 Et pourquoi pas la crise libyenne : le Maréchal Haftar vient d’ouvrir des relations diplomatiques officielles avec Damas qui a envoyé un ambassadeur à Benghazi. Haftar, formé aux Etats-Unis mais soutenu par la Russie, l’Egypte, les Emirats et l’Arabie Séoudite, contre la Turquie et le Qatar, a été reçu à l’Elysée il y a trois jours, ce qui pourrait être un signe de réalisme de la diplomatie française.

En complément : signalons les liens suivants sur le même sujet :

http://www.afrique-asie.fr/moscou-canossa-le-5-mars-2020/

https://youtu.be/U8XgOdu0RX0

La Chine appelle à la levée immédiate des mesures Coercitives unilatérales contre la Syrie

NEW YORK (Nations Unies), 30 mars (Xinhua) — Un envoyé chinois auprès de l’ONU a appelé lundi à la levée complète et immédiate des mesures coercitives unilatérales imposées à la Syrie, ajoutant que les sanctions nuisent aux efforts de lutte de ce pays vulnérable contre la pandémie du COVID-19.

« Nous exigeons la levée complète et immédiate des mesures coercitives unilatérales », a affirmé Zhang Jun, représentant permanent de la Chine auprès des Nations Unies, également président du Conseil de sécurité pour le mois de mars, lors d’une réunion en vidéoconférence du Conseil à propos de la situation en Syrie.

« Nous sommes très préoccupés par l’impact négatif qu’ont les sanctions unilatérales sur la capacité des pays à répondre à la pandémie, en particulier pour les pays vulnérables comme la Syrie », a-t-il déclaré. « Les civils et les innocents souffrent gravement de ces sanctions ».

Mr Zhang a indiqué que la Chine soutient l’appel du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres à cet égard.

« Notre position a été expliquée en détail dans la récente lettre conjointe avec la Russie, entre autres, adressée au secrétaire général. Nous espérons que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires se joindra à la voix du secrétaire général et du Haut-commissaire aux droits de l’Homme à ce sujet », a souligné M. Zhang.

A propos de la situation en Syrie, le diplomate chinois a rappelé que depuis que la Russie et la Turquie s’étaient mis d’accord sur un cessez-le-feu au début du mois, la situation sécuritaire dans le nord-ouest du pays s’était considérablement améliorée.

« Nous apprécions leurs efforts diplomatiques et encourageons les parties concernées à poursuivre la mise en œuvre du cessez-le-feu », a-t-il dit.

« Nous avons toujours soutenu une solution politique au conflit en Syrie. Nous apprécions les efforts méticuleux de l’envoyé spécial (Geir Pedersen) et nous l’encourageons à continuer de faciliter le dialogue entre les parties syriennes, vers un processus politique inclusif dirigé par la Syrie et contrôlé par elle, conformément à la résolution 2254 (des Nations Unies) », a déclaré M. Zhang.

« Nous réitérons que l’avenir du pays doit être décidé par le peuple syrien, sans ingérence étrangère », a-t-il conclu.

Communiqué de l’AFS en raison de la pandémie liée au coronavirus

Amis syriens, amis de la Syrie,

Tout laisse à penser que la crise sanitaire que nous traversons va durer. Tout laisser à penser aussi que les préoccupations de nos gouvernants sont, aujourd’hui, à cent lieues de notre souhait de voir les relations entre Paris et Damas, s’améliorer et redevenir « normales ». Qu’elles sont concentrées sur notre pays qui souffre et non sur les affres que connaissent nos amis syriens.

Rien de nous empêche de manifester notre solidarité envers les Syriens qui continuent à endurer depuis neuf années les dures souffrances d’une guerre atroce et qui doivent également lutter, comme nous, contre le Covid 19 qui risque de faire des ravages en Syrie par manque de moyens dû à l’embargo sur les médicaments et les produits de première nécessité, mais aussi par insuffisance des structures hospitalières qui pour de nombreuses d’entre elles ont été détruites par la guerre.

C’est dans ces moments qu’il faut faire preuve de générosité et de solidarité envers les Syriens par l’entremise des associations humanitaires de votre choix opérant en Syrie.

Cela ne signifie en rien qu’il faut abandonner nos objectifs ou croire qu’ils sont devenus hors de portée. Le court et moyen terme est une chose et le long terme, celui qui façonnera notre avenir, une autre qui demeure beaucoup plus importante.

Il nous faut donc nous préparer et pour cela serrer les rangs, grandir, justifier notre existence, fourbir nos arguments et élargir le champ de nos contacts.

Certes, il peut paraître abusif en ces temps turbulents où chacun se calfeutre, applique les règles édictées pour se cuirasser et protéger les autres de penser à ce pays lointain ! Mais justement, confinés comme nous le sommes, nous pouvons réfléchir, échafauder des méthodes afin que la normalité revenue, nous soyons en ordre de bataille.

Confinement ne veut pas forcément dire isolement, alors envoyez-nous vos témoignages, vos idées, vos écrits, vos photos, que nous publierons dans la mesure du possible sur notre site et sur les pages de nos réseaux sociaux.

Inventons un monde meilleur, donnons de la profondeur au mot amitié.

Veillez à votre santé, condition sine qua non pour l’efficacité de notre association

Tenons bon !

 

Patrice Mouchon                                                    Didier Destremau
Ancien Président de l’AFS                                        Président de l’AFS

Confrontation Syrie / Turquie

Turkey said Thursday that an airstrike by the Syrian government killed 29 of its soldiers in Idlib, a war-torn province in northwestern Syria that has become the site of an increasingly volatile military confrontation among Ankara, Damascus and Moscow.

The death toll was the highest for Turkish forces in a single day since Turkey began ramping up the deployment of troops to Idlib this month to block a Russian-backed Syrian military offensive.

Turkish President Recep Tayyip Erdogan convened an emergency meeting of his top security officials Thursday night, local media reported.

Fahrettin Altun, Erdogan’s spokesman, said Turkey would “retaliate against the illegal [Syrian] regime, which pointed their guns at our soldiers.”

Turkey has been trying to halt a rapid advance by the Syrian army across Idlib province and nearby areas, which have been held by rebels opposing the government of Syrian President Bashar al-Assad. The province is largely controlled by an extremist group that once was formally associated with al-Qaeda.

The Syrian offensive has sparked a massive humanitarian crisis and sent hundreds of thousands of displaced Syrians fleeing toward the Turkish border. Russia, which is the Syrian government’s principal ally, has carried out airstrikes to aid the Syrian advance and provided Assad’s forces with other military support.

Turkey has called for the restoration of a de-escalation agreement between Ankara and Moscow and threatened to take further military action if Syrian forces do not withdraw from areas they have captured in Idlib. But negotiations between Ankara and Moscow over the past month aimed at securing a cease-fire have faltered.

The Washington post

Les Kurdes de Syrie : Entre le marteau turc et l’enclume russo-syrienne (Fabrice Balanche)

Prochaine séance du séminaire

Violence & Dogme : Territoires et représentations de l’islam contemporain

Mardi 26 novembre 2019 de 19H00 à 21H00

École Normale Supérieure

en Salle des Actes – 45 rue d’Ulm

Les Kurdes de Syrie : Entre le marteau turc et l’enclume russo-syrienne

Intervenant :

Fabrice Balanche

Maître de conférences HDR à l’Université Lyon 2 Chercheur associé au Washington Institute

 

Séance modérée par

Gilles Kepel

Professeur à l’Université Paris Sciences et Lettres (PSL) Directeur de la Chaire Moyen-Orient Méditerranée à l’École normale supérieure

&

Bernard Rougier

Professeur à l’Université Paris III – Sorbonne Nouvelle Membre Senior de l’Institut Universitaire de France Directeur du Centre des Études Arabes et Orientales de l’Université Paris III – Sorbonne Nouvelle

 

Fabrice Balanche fondera son exposé sur son séjour passé dans le Nord-Est de la Syrie au début du mois octobre 2019, concomitant de l’offensive turque dans la région et de la décision de Washington d’en retirer ses troupes.

Pour des raisons impératives de sécurité et de limitation du nombre de places, il est obligatoire de s’inscrire, en nous indiquant votre nom et votre profession ou affiliation universitaire, par retour de mail à l’adresse suivante :

gilleskepel.ulm@gmail.com

 

Les mosaïques byzantines de l’église de ‘Oqeirbāt (Syrie Centrale)

Dans le cadre de notre partenariat avec

l’Association Troubadours

nous sommes heureux de vous annoncer la conférence de

Komait ABDALLAH.

Il nous parlera de

« Les mosaïques byzantines
de l’église de ‘Oqeirbāt
(Syrie Centrale) »

Nous comptons sur votre présence

A la Maison des Associations du 12e arrondissement
181 Avenue Daumesnil 75012 Paris ♦ ♦ ♦ Jeudi 19 Décembre 2019 à 19h
 
 

Conférence de Madame Annie Caubet

Conférence - L’émergence de l’image du divin dans la statuaire du Proche-Orient ancien 4e et 3e millénaireDans le cadre de notre partenariat avec

l’Association Troubadours

nous sommes heureux de vous annoncer la conférence de Madame Annie Caubet

elle nous parlera de

« L’émergence de l’image du divin dans la statuaire du Proche-Orient ancien 43millénaire »

 

http://www.asstroubadours.fr/Troubadours/Conference.html

 

 

À la Maison de la Vie associative et Citoyenne 12e
181 avenue Daumesnil 75012 Paris
♦ ♦ ♦
le 6 décembre 2018 à 19 h

 

Nous comptons sur votre présence