A Palmyre, des musiciens veulent effacer les flétrissures de l’EI

Sur la scène du théâtre antique de Palmyre, que l’armée syrienne vient de reprendre au groupe Etat Islamique (EI), Angel Dayoub interprète le célèbre refrain arabe: « Nous serons de retour« .

La voix mélodieuse de cette chanteuse de 15 ans emplit cet édifice du IIe siècle, lourdement endommagé par l’EI, qui a abandonné la ville jeudi à l’approche de forces gouvernementales soutenues par la Russie.
« Les quelques destructions ne nous décourageront pas de venir chanter et jouer ici », dit-elle à l’AFP.
« Je veux jouer de la musique et chanter partout où l’EI a été chassé car ce groupe hait la chanson et interdit de jouer d’un instrument », ajoute-t-elle sur un ton de défi.

Pour son interprétation de la fameuse chanson de la diva libanaise Fayrouz, Angel est accompagnée par des amis musiciens jouant du violon, du tambourin ou de l’oud, le luth oriental.

« Nous serons de retour » (Fayrouz)

 

« Nous chantons ‘Nous serons de retour’ car nous allons revenir encore plus fort. Chacun reconstruira le pays à sa manière. Nous voulons le faire avec la musique et la chanson », explique-t-elle.
Palmyre, située en plein désert dans le centre du pays et dont les ruines ont été inscrites au patrimoine mondial de l’humanité en 1980, a changé plusieurs fois de mains lors des six ans de guerre.
L’EI s’en est emparé en mai 2015 et a détruit et vandalisé des trésors archéologiques durant dix mois d’un premier règne brutal.
A la recherche d’un spectaculaire mortifère, les jihadistes s’étaient livrés dans le théâtre romain à des exécutions, avant d’en être chassés en mars 2016.
Mais ils étaient revenus en décembre. Ils avaient alors détruit le tétrapyle, un monument de 16 colonnes érigé à la fin du IIIe siècle, et saccagé le théâtre.
Les jeunes musiciens ont donné un aperçu de leur talent devant une audience de soldats syriens et russes auxquels s’étaient joints des journalistes effectuant une visite organisée par l’armée.
Des explosions étaient encore audibles, en raison des combats des forces syriennes et de leurs alliés russes contre l’EI au nord et à l’est de la ville.
« Daech (acronyme en arabe de l’EI) voulait interdire le théâtre, la chanson, mais moi je veux les défier », assure Maysaa al-Nuqari, une jeune joueuse d’oud.
Vêtue d’une veste en cuir noir et de bottes de combat, cette jeune fille aux cheveux frisés teints en rouge appelle les autres musiciens à venir jouer.
« Daech, ce sont les ténèbres mais la musique, c’est la lumière », lance-t-elle.
Fondée il y a 2000 ans, Palmyre était une oasis caravanière qui tomba sous le contrôle romain dans la première moitié du Ier siècle et fut rattachée à la province romaine de Syrie.
La ville devint une cité prospère sur la route reliant l’Empire romain à la la Perse, l’Inde et la Chine, grâce au commerce d’épices et de parfums, de la soie et de l’ivoire de l’est, des statues et du travail du verre de Phénicie.
Ses temples magnifiques, ses tombes au style unique et ses allées de colonnades attiraient 150.000 touristes un an avant la début du conflit syrien.
Maintenant, l’inventaire de ce qu’ont subi les monuments a été confié à Wael al-Hafyan, un responsable du département des Antiquités de la province de Homs.
Ce quadragénaire arpente désormais le site, examine avec attention chaque pièce antique et note le tout sur petit carnet.
« Notre estimation préliminaire est que les nouvelles destructions sont limitées à la façade du théâtre, son abside, ainsi qu’à l’explosion du tétrapyle, assure-t-il à l’AFP.
Mais il s’effondre en larmes quand il arrive au théâtre et au tétrapyle, un édifice de 16 colonnes érigé à la fin du IIIe siècle.
L’EI l’a réduit en janvier à un amas de pierre, un acte qualifié par l’ONU de « nouveau crime de guerre et d’immense perte pour le peuple syrien et l’humanité ».
« Quiconque possédant un iota d’humanité ne peut pas ne pas se sentir triste en les voyant. Je suis triste et je le resterai jusqu’à ce que Palmyre redevienne ce qu’elle fut », martèle-t-il.
Mais cet ingénieur reste optimiste et considère que Palmyre sera restaurée grâce à l’aide de l’Unesco.
Quand on lui demande de faire le point sur ce qu’il reste des trésors de Palmyre, Wael al-Hafyan se mord la lèvre et réfléchit.
« Tout Palmyre demeure. Son histoire demeure. Quelques éraflures ne peuvent pas dénaturer sa beauté. L’énormité de ce qu’a commis Daech, tous ses crimes, ne peuvent porter atteinte à la gloire de cette ville », assure-t-il.

Témoignage de Samir Abdulac de retour de Damas

Témoignage remarquable de Samir Abdulac, Président du groupe de travail ICOMOS pour la sauvegarde du patrimoine culturel en Irak et en Syrie, qui s’est rendu récemment à Damas pour assister à un congrès d’archéologues organisé par la DGAM( Direction Générale des Antiquités et des Musées de Syrie). 02/01/2017.

« Je suis récemment rentré de Damas où je viens de passer quelques jours après une absence de près de six ans. J’y ai certes retrouvé des membres de ma famille, mais plonger dans une ville appauvrie et en proie aux pénuries de la guerre n’est guère une expérience agréable croyez-moi. La vieille ville d’Alep était déjà tombée sans davantage d’affrontements meurtriers et destructeurs. Le site internet de la direction générale des antiquités et des musées (DGAM) publie d’ailleurs en ce moment, quasi-quotidiennement des photos des différents quartiers de la vieille ville meurtris par la guerre fratricide menée par air, par terre et même sous terre. La nouvelle de la chute de Palmyre est par contre tombée comme une douche froide. Les nouveaux combats auraient épargné le site antique mais le pire reste à craindre. La population n’était presque pas rentrée encore.

Je me suis évidemment rendu dans la vieille ville de Damas que je connais bien. J’y étais accompagné de Stefan Simon de l’université de Yale. Elle change et sa composition sociale serait en cours d’évolution avec l’arrivée de nombreuses personnes déplacées. Une centaine de restaurants et d’hôtels y avaient ouvert au cours des années 2000, mais la plupart ont fermé leurs portes. Le vieillissement, le manque d’entretien et des adjonctions affaiblissent le bâti. Les services municipaux chargés des contrôles semblent relâcher leur vigilance. Beaucoup se plaignent du manque de matériaux traditionnels. Dernièrement plusieurs incendies se sont spontanément déclarés dans les souks. Il convient de mieux comprendre leur origine spécifique et de les prévenir. La chute aléatoire d’obus, la recherche de combustibles alternatifs, la multiplication de branchements électriques hasardeux et la pression insuffisante du réseau d’incendie représentent des menaces désormais permanentes. La reconstruction des locaux commerciaux est effectuée généralement vite, avec le respect d’une bonne échelle certes, mais trop vite, avec des fautes et sans matériaux appropriés dans un site du patrimoine mondial. L’ICOMOS avait déjà commencé des formations à la préparation aux risques avec l’ICCROM et l’UNESCO, mais il paraît nécessaire d’aller beaucoup plus loin encore.

Une visite au service de l’inventaire architectural de la direction générale des antiquités et des musées (DGAM) nous a révélé dans leurs archives des trésors concernant les monuments de Syrie, qu’il s’agisse des travaux passés de restauration à Palmyre dans les années 1930 signés Robert Amy ou des relevés de la synagogue de Jobar aujourd’hui détruite par des bombardements. J’ai en tout cas eu le bonheur de rencontrer une jeune équipe très enthousiaste de l’inventaire que nous (ICOMOS, CyArk, Université de Yale, Fonds Arcadia et UNESCO) équipons et formons aux techniques de relevés 3D. Ils commencent déjà des exercices pratiques dans le vieux Damas. Nous avons pu discuter de leurs attentes et des premiers problèmes concrets rencontrés. Une prochaine session de formation de deux semaines est prévue dès janvier prochain à Beyrouth. Nous espérons ainsi lancer, au sein d’une institution reconnue, une activité durable maitrisée et prise en charge par des enfants du pays.

Le musée national avait été jadis commencé par l’architecte français Michel Ecochard en 1936. Son architecture de style moderne correspond aux meilleures conceptions muséographiques de son temps. Ce bâtiment est en soi un monument du 20e siècle qui mériterait d’être classé. Sa visite commence désormais par l’ouverture d’un rideau d’acier qui se soulève lentement dans un vacarme épouvantable. Toutes les collections de petits objets ont été évacuées et les vitrines sont tristement vides. Par contre les grandes sculptures, les mosaïques et les peintures murales du musée national restent en place. Bien que la guerre se soit éloignée de Damas, un retournement de situation est toujours possible et des solutions adaptées doivent être planifiées. Le musée de Beyrouth est, d’une façon plus classique, un monument aussi. Autrefois situé sur la ligne de front, sa direction avait su protéger ses plus grandes pièces par des sarcophages de béton. Je suis allé au retour le visiter, il fait désormais l’objet d’une merveilleuse renaissance et vient tout juste d’inaugurer un sous-sol réaménagé.

Un colloque scientifique de haut niveau a été organisé par la DGAM pendant une partie de ce séjour dans la prestigieuse salle damascène de ce même musée national sur le thème « propositions pour la résilience du patrimoine syrien ». Une centaine de participants ont suivi les travaux : une vingtaine d’experts étrangers de toutes nationalités dont un seul russe et des Syriens : archéologues, architectes, universitaires, représentants d’associations, étudiants et- il faut le mentionner- des membres individuels de l’ICOMOS anciens, récents et postulants. Un condensé de société civile en somme. Au cours d’un programme dense, l’ordre des exposés alternait les contributions d’experts syriens et étrangers. Les différents services de la DGAM ont présenté les travaux qu’ils menaient par exemple sur les musées, les monuments, de la vieille ville de Damas, etc. Les exposés des spécialistes étrangers étaient riches aussi : les analyses de la forteresse croisée de Marqab, les prises de vues par drone, le projet d’inventaire national en 3D, la protection des ruines fragiles déterrées,  la recomposition de sites archéologiques bouleversés par le pillage, etc. Quelques propositions pour une évaluation rapide de l’état des lieux à Alep furent évoquées. Sa reconstruction n’est pas à l’ordre du jour, mais chacun pressent qu’elle pourrait être terriblement compliquée. Le professeur Pierre Leriche, l’archéologue de Doura Europos (il préfère dire Europos Doura) a proposé à ses collègues un moratoire généralisé sur les fouilles en Syrie, c’est à dire de ne plus fouiller pendant plusieurs années et se consacrer plutôt à la publication de la grande masse existante des travaux déjà entrepris et encore jamais divulgués aux collègues et au public. Les ministres annoncés ont par contre déserté la rencontre. Probablement inspirée de l’exemple des expositions le long des grilles du jardin du Luxembourg ou du siège de l’UNESCO, la start-up française ICONEM présentait des panneaux informatifs sur ses travaux en Syrie, accrochés sur la clôture extérieure du jardin du musée national. Une autre exposition, ailleurs en ville, présentait des pièces archéologiques volées et récemment récupérées.

Enfin, une visite à la faculté d’architecture de l’université de Damas en compagnie de Abir Arkawi et de Talal Akili, tous deux membres de l’ICOMOS, m’a enfin permis de rencontrer plusieurs professeurs et étudiants et de longuement discuter avec eux. J’ai été impressionné par la mise au point d’une grande maquette de la vieille ville de Damas, dans laquelle chacune des maisons figurait avec son patio. Par ailleurs des dizaines de panneaux accrochés aux murs d’une grande salle présentaient les quatre parties complémentaires de récents travaux d’étudiants sur Palmyre. La partie concernant l’analyse des ruines et de leur passé était franchement attendue, mais les projets d’évocation sur place des ruines dynamitées par des panneaux de verre ou des rayons lumineux l’étaient moins. La partie concernant la ville moderne commençait par un état des lieux, des statistiques chiffrées sur la dispersion actuelle de la population de Palmyre et se poursuivaient par un programme échelonné dans le temps de réparation des infrastructures, des logements et des services et même de sa future extension. La partie « écologique » était basée sur les ressources naturelles en eau du site et envisageait une future ville verte. Enfin la partie concernant la planification régionale tournait complètement le dos à l’ancien rôle touristique du site et tentait de lui donner un nouvelle vocation par le création de réserves naturelles et le développement d’énergies alternatives à l’échelle du pays. Par contre le temps m’a manqué pour visiter le centre Baroudi de l’université situé dans le quartier Qanawat, qui abrite l’ancienne antenne de l’Ecole de Chaillot et où se poursuivent des cours de restauration architecturale. Je n’ai pas non plus pu accompagner ses professeurs et étudiants à Maaloula, ce village inscrit sur la liste indicative et où s’effectuent actuellement des travaux de restauration et de reconstruction.

Que dire d’autre, sinon que Maamoun Abdulkarim, ce consensuel directeur général de la DGAM, était atterré (comme nous tous) par le retour de Daech à Palmyre. Il était également préoccupé par un projet turc de modification du cours du Tigre, qui risquait -par absence de concertation- de faire disparaître le pont de Ain Dewar de l’époque seljoukide au nord-est du pays (le « bec de canard »). Le soutien chaleureux de scientifiques étrangers difficilement parvenus à Damas le renforçait toutefois moralement dans sa bien difficile mission entamée en 2012″.

Samir ABDULAC

Docteur en urbanisme • Architecte DPLG • Dip. UCL Bartlett
Président, Groupe de travail ICOMOS pour la sauvegarde du patrimoine culturel en Syrie et en Irak

Vice-président, Comité scientifique international ICOMOS pour les villes et villages historiques (CIVVIH)

Membre, Comité d’Orientation, ICOMOS France
Membre de l’AFS.

Palmyre reprise par Daech

  • par Georges Malbrunot Le Figaro
  • Mis à jour
  • Publié

 

Profitant de la mobilisation de l’armée à Alep, les djihadistes ont lancé un assaut surprise qui leur a permis de reprendre la ville.

Dix mois après en avoir été chassés, les djihadistes ont réussi dimanche à reprendre la cité antique de Palmyre dans le désert syrien, a reconnu Talal Barazi, le gouverneur de Homs dont dépend la ville. Les forces syriennes épaulées par l’aviation russe font tout pour reconquérir le site classé au patrimoine mondial de l’humanité, a-t-il ajouté.

Dimanche soir, les troupes de Bachar el-Assad s’étaient retirées au sud de Palmyre, dont l’État islamique s’était emparé le 23 mai 2015, avant d’en être expulsé le 25 mars dernier.

Cette reprise surprise souligne la grande mobilité, dont font preuve les djihadistes, et qui les rend capables de lancer des attaques puis de se retirer rapidement, surtout dans des zones désertiques, comme la région de Palmyre.

Profitant, selon nos informations, d’un repli des soldats russes et syriens d’une base voisine de Palmyre en milieu de semaine dernière, quelque 4000 combattants de Daech se sont rapprochés jeudi de la cité antique. Ils ont commencé par reprendre des champs gaziers et pétroliers alentour, avant de lancer samedi plusieurs assauts contre «la Perle du désert».

Un revers pour Damas

En riposte, durant la nuit de samedi à dimanche, l’aviation russe a effectué pas moins de 64 raids, contraignant les djihadistes à se retirer de Palmyre, quelques heures seulement après y avoir pénétré, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, basé à Londres. Dans le même temps, Damas renvoyait des renforts dans cette ville du centre de la Syrie. Et dans la matinée de dimanche, des combats faisaient rage dans des vergers entourant l’oasis de Palmyre. «Les assaillants ont utilisé des voitures piégées avec des kamikazes, des véhicules blindés et de l’artillerie», précise un communiqué du ministère russe de la Défense. Selon Moscou, les raids aériens russes ont permis de tuer plus de 300 combattants de l’État islamique et de détruire 11 chars et 31 véhicules. Ce qui n’a pas empêché les djihadistes d’infliger un revers aux forces syriennes et à leurs alliés russes dans cette ville de Palmyre, symbole de la richesse culturelle syrienne, dont une partie a été détruite par les djihadistes durant leur première occupation du site en 2015.

Le retour de Daech à Palmyre intervient alors que l’armée de Bachar el-Assad resserre l’étau sur les rebelles assiégés à Alep-Est, qu’elle contrôle désormais à 85 %. Des négociations sont en cours entre Russes, Américains et Turcs pour permettre l’évacuation des insurgés et des civils, pris au piège des violences. La pression exercée sur Alep a manifestement fait le jeu de Daech. «Il faudrait beaucoup d’hélicoptères pour arrêter les djihadistes dans le désert, or de nombreux appareils sont mobilisés à Alep-Est», observe un expert au Moyen-Orient.

Ce revers illustre une nouvelle fois les limites de la stratégie de reconquête de tous les territoires contrôlés par les rebelles de la part d’un pouvoir syrien, dont les capacités en hommes restent insuffisantes pour faire face durablement à ses nombreux ennemis

LE TRAFIC D’ANTIQUITÉS AU MOYEN-ORIENT : DU NETTOYAGE CULTUREL AU FINANCEMENT DU TERRORISME INTERNATIONAL

ARTICLE PUBLIÉ LE 07/06/2016
Par Claude-Henry Dinand
Sources: Les clés du Moyen-Orient.

Carte du trafic des antiquités.
(source : ISW – UNESCO)
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Aujourd’hui, le trafic d’oeuvres d’art est considéré comme une menace réelle pour la sécurité internationale, en se classant au quatrième rang des crimes transnationaux selon Interpol (1) et au troisième rang des flux illicites en terme volumes, derrière la drogue et les armes, selon le Department of Justice (DOJ) américain (2). En effet, « les vols de tableaux et d’oeuvres d’art constituent des éléments importants dans l’industrie du crime (3) » et du terrorisme international. Des cités antiques de Nimrud et Hatra en Irak à celle de Palmyre en Syrie, le Moyen-Orient s’enfonce un peu plus chaque jour dans un chaos d’actes conduisant à la destruction progressive de « l’âme d’une région, le berceau d’une civilisation (4) ». Alors que les troupes de Daech se sont implantées au cours de ces derniers mois en Libye dans la région de Syrte, les chiffres d’avril 2016 feraient état, au Levant, de pas moins de 400 sites pillés (5) et de plus de 100 000 objets culturels de très grande valeur qui seraient désormais sous le contrôle de l’État islamique (6).
De l’émergence de la menace à l’économie de guerre

Depuis la fin de la Guerre Froide, le trafic d’oeuvres d’art a connu un essor important dans un contexte d’accélération de la mondialisation et de multiplication des conflits armés, en particulier dans la Corne de l’Afrique et au Moyen-Orient (7). En parallèle à cela, l’intérêt des collectionneurs pour les antiquités provenant du Moyen-Orient s’est progressivement accru dans la mesure où ces objets sont porteurs de l’Histoire des trois religions monothéistes de l’Humanité (8). Ainsi, dans un contexte de conflits religieux et d’instabilités politiques, de nombreux pays du Moyen-Orient comme l’Égypte, le Liban, la Turquie, l’Irak et la Syrie ont rencontré de nombreuses difficultés à assurer la protection et la préservation de leur patrimoine culturel (9). En effet, ces facteurs de déstabilisation des États du Moyen-Orient ont favorisé l’implantation et le développement de groupes de combattants terroristes qui se sont progressivement impliqués dans le pillage et le recel d’antiquités dans l’optique de servir leurs intérêts idéologiques (10). Ainsi, le Moyen-Orient dans les années 1990 se caractérise par une recrudescence de ce phénomène de pillages sauvages et anonymes comme tendent à le démontrer de nombreuses études et enquêtes menées sur des sites, comme celle de Christopher H. Roosevelt et Christina Luke sur les actes de pillage commis sur le site funéraire de Lydia en Turquie dans les années 1990 (11).

Pourtant, si ce phénomène de pillages gangrène l’ensemble des pays du Moyen-Orient de l’Égypte à l’Afghanistan, certains d’entre eux sont davantage touchés par les fouilles et exportations illégales d’antiquités en raison de la cohabitation de réseaux criminels et de dirigeants politiques corrompus sur leur territoire. Ainsi, en dépit de la loi du 14 septembre 1974 interdisant l’exportation d’antiquités du territoire national (12), l’Irak, sous le régime de Saddam Hussein, s’est peu à peu enfoncé dans le cercle vicieux de la contrebande d’antiquités au tournant des années 1980-1990 favorisant le développement d’une véritable « économie de guerre (13) » au profit des groupes armés pour mener notamment des actions terroristes. Au cours de la Guerre du Golfe (1990-1991) en Irak, plus de 4000 objets d’art et antiquités (14) auraient ainsi été dérobés puis revendus pour financer les activités criminelles et terroristes de la « nébuleuse » (15) des groupes armés présents sur ce territoire. Par la suite, l’intervention américaine en 2003 a contribué à l’accroissement de ce phénomène avec environ 15 000 antiquités assyriennes du patrimoine irakien qui auraient été dérobées dans des musées (16) ou déterrées sur des sites archéologiques nationaux (17). Dans ce contexte, ces simples vestiges du passé du Croissant fertile ont progressivement été destitués de leur fonction d’héritage culturel pour devenir ces « antiquités du sang » (18), véritable source de profit (19) au service des intérêts et projets d’attentats (20) des groupes terroristes (21) sunnites et chiites basés en Irak (22).

Or, suite à la propagation de la vague des printemps arabes et la montée des manifestations contre le régime de Bachar el-Assad en 2011 (23), ce phénomène s’est amplifié et diffusé en Syrie (24), berceau des cultures anciennes et foyer d’antiquités et sites archéologiques dont plusieurs sont classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ainsi, la Syrie est devenue progressivement le nouveau terrain de jeu des groupes djihadistes qui ont saisi l’opportunité du chaos syrien pour financer leurs activités antérieures en Irak. Par la suite, la proclamation du califat de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) en juin 2014 (25) a achevé ce processus de démocratisation du pillage d’antiquités à grande échelle en faisant de la Syrie un supermarché d’oeuvres archéologiques en libre-service à ciel ouvert (26). Dans ce bourbier syrien, chacun cherche à tirer profit de ce patrimoine culturel en danger avec d’une part des populations en détresse cherchant à survivre (27) en monnayant le fruit de leurs trouvailles et d’autre part les factions armées des groupes islamistes et des combattants de l’Armée Syrienne Libre qui exploiteraient ce commerce d’antiquités pour financer leurs « recrutement et armement » (28) au premier rang desquelles figurent les milices de Daech. Ainsi, aujourd’hui 4500 sites archéologiques seraient sous contrôle de l’État islamique sur l’ensemble de son territoire au Moyen-Orient partagé en l’Irak et la Syrie (29) dont environ la moitié 2000 sites en Irak (30).

Du nettoyage culturel à l’industrialisation par Daech

Considérées comme de véritables « crimes de guerre » (31) par les instances internationales, au premier rang desquels l’UNESCO, ces pillages passent par des réseaux divers et complexes plus ou moins organisés. Toutefois, depuis son instauration en tant que Califat sur un modèle de structure étatique, Daech a progressivement fait passer cette pratique ancestrale « de l’artisanat au pillage organisé » (32). En effet, en dépit d’une propagande médiatique redoutable (33) pour diffuser l’image d’un « nettoyage culturel » (34) radical contre toute forme d’art pré-islamique, les activités de Daech et des autres groupes armés en la matière relèvent d’une autre réalité (35). Ainsi, alors que le pillage et la contrebande d’antiquités remporteraient selon plusieurs sources (36) 150 à 200 millions de dollars par an à l’État islamique, celui-ci aurait procédé à une véritable « industrialisation » (37) de ce trafic, notamment par l’utilisation d’outils d’extraction sophistiqués (38). Dans ce contexte, l’organisation islamiste jouerait le rôle d’intermédiaire (39) en coordonnant de façon drastique (40) ce business, par le biais de sa division des antiquités (41) composée d’équipes de contremaîtres en charge du recrutement en masse et l’encadrement de pilleurs parmi les populations locales ou venus d’Irak pour faire bénéficier l’État islamique de leurs compétences en matière de fouilles archéologiques (42), de la délivrance de permis de fouilles certifiés par l’Organisation État islamique (43) et du prélèvement de taxes allant de 20% et 50% sur les objets découverts (44). Enfin, Daech disposerait d’équipes d’archéologues chevronnés (45) afin de procéder, en amont de leur exportation, à l’expertise des pièces et objets trouvés sur les sites archéologiques ou dérobés dans les musées.

Par ailleurs, en parallèle aux actes commis sur les territoires contrôlés par l’État islamique, d’autres réseaux de pilleurs seraient également aujourd’hui en action sur le reste de l’Irak et de la Syrie. Ainsi, entre les pilleurs issus des populations locales qui prospectent hors de la zone d’influence de Daech (46), ceux à la solde des forces de l’opposition (47) ou du régime syrien de Bachar El-Assad (48) ou encore ceux directement commandités par les collectionneurs eux-mêmes (49), l’Irak et la Syrie sont aujourd’hui en proie à un vol massif de leur identité culturelle et historique par l’ensemble des protagonistes (50) impliqués dans les conflits armés de cette région. En effet, à l’issue de leur extraction par des archéologues amateurs ou chevronnés, les antiquités sont ensuite acheminées par étapes vers l’Europe, les États-Unis ou encore l’Asie en transitant par des pays riverains des territoires occupés par l’État islamique à l’Ouest de la Syrie comme le Liban, la Turquie ou encore la Jordanie (51), ou à l’Est de l’Irak par les pays du Golfe arabo-persique (52).

Ainsi, si les pays riverains des zones d’affrontement avec les troupes de l’État islamique devraient appliquer un contrôle accru de leurs frontières en enregistrant et photographiant les objets antiques, bon nombre d’entre eux occupent en réalité le statut de zone de transit pour ces antiquités dérobées sur des sites irakiens ou syriens. Dans ce contexte, des réseaux transnationaux de trafiquants s’organisent à la frontière occidentale de la Syrie entre Alep et Gaziantep (Turquie) au Nord (53) et entre Homs et Balbeek (Liban) au Sud (54) où les passeurs d’antiquités profitent de la porosité des frontières (55). Dans ces villes de l’autre côté de la frontière syrienne, un véritable commerce d’antiquités s’organise avec de nombreux réfugiés syriens qui monnayent, souvent pour des sommes en deça de leur valeur archéologique (56), les pièces et antiquités récupérées lors de leurs fouilles illégales (57) auprès de marchands et antiquaires locaux (58). Si une partie de ces pièces est revendue sur place à de riches familles, des collectionneurs locaux ou encore de riches touristes (59), la plupart sont réexpédiées vers l’Europe et les Etats-Unis (60) accompagnées de faux certificats d’authenticité en vue d’être vendus à des collectionneurs fortunés (61).

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Carte du trafic des antiquités
(source : ISW – UNESCO)

Des réseaux transnationaux à l’impuissance de la communauté internationale

Sur un marché de l’art qui représente pas moins de 51 milliards d’euros en 2014 (62), le trafic d’antiquités est en plein essor en raison des exportations clandestines de ces antiquités irakiennes et syriennes qui envahissent les marchés des continents américain et européen et des monarchies pétrolières (63). En effet, une fois les faux documents et certificats dissimulant leur origine frauduleuse délivrés, ces antiquités sont envoyées vers des pays aux législations souples et aux conditions d’entrée des antiquités et pièces archéologiques moins strictes (64). À l’issue de ce transfert, ces antiquités sont, le plus souvent, stockées dans des ports francs (65), zones de transit de marchandises exemptées de droits de douane, de TVA d’importation et de paiement de cautions dans l’optique d’en faire disparaître l’existence et l’origine illégale du pillage en temps de conflit armé. En effet, outre ces facilités tarifaires et fiscales, les antiquités bénéficient de conditions de stockage idéales en matière de sécurité et confidentialité afin de disparaître de la circulation pour une période pouvant aller de cinq à dix ans (66) avant de ressurgir pour être écoulées sur le marché de l’art dans des capitales mondiales du commerce de l’art lors d’une vente aux enchères ou une succession (67) à la manière des antiquités volées au musée du Caire pendant la révolution arabe (68).

Toute une série d’acteurs extérieurs est ainsi impliquée directement ou indirectement (69), participant à la revente ou au recel de ces antiquités en provenance de sites archéologiques au Moyen-Orient. Ainsi, grâce aux moyens numériques (70), acheteurs et collectionneurs du monde entier disposent d’un accès libre à l’ensemble de ces antiquités circulant sur le marché de l’art qui se retrouvent dans des galeries d’art ou des salles de ventes aux enchères prestigieuses (71). Or, « si les maisons de vente aux enchères ont l’obligation de préciser l’historique de l’objet d’art proposé, des incohérences sont souvent constatées entre les descriptifs des objets et les certifications qui leur sont associées (72). »

Pourtant, face à cette menace croissante à l’encontre de ce patrimoine culturel faisant partie de l’identité des populations de l’Irak et de la Syrie (73) de nombreux acteurs se sont élevés en rempart à ces actes pour tenter de préserver ce patrimoine mondial de l’Humanité. Ainsi, de nombreux fonctionnaires (74) et enquêteurs (75) contribuent sur place au quotidien à mettre en sécurité les pièces des musées menacés par les avancées de Daech ou à fournir des informations aux autorités internationales comme l’UNESCO ou Interpol (76) pour le démantèlement des activités de pillages (77) et des réseaux des trafiquants établis aux frontières avec la Syrie. En parallèle à cela, de nombreuses institutions nationales comme les grands musées européens (78) ou internationales, comme le Conseil International des Musées (ICOM, International Council of Museums) travaillent en permanence à des solutions pour lutter contre ce fléau. Or, en dépit de nouvelles mesures prises en 2015 par les acteurs internationaux, aussi bien institutionnels que non-gouvernementaux, parmi lesquelles le vote par le Conseil de Sécurité des Nations unies de la résolution 2199 (79) et des mises à jour des listes d’urgence des biens culturels en péril (80), le manque de coordination rend la communauté internationale impuissante (81) face à la diffusion de ce phénomène vers la Libye (82), nouveau point d’ancrage de l’EI et d’extension de son Califat.

Notes :

(1) MITA Kumiko, « Art crime and International Security », Keio University, Research paper 2014-2015, 15 pages. Extract p.1 : « Art crimes impose a threat in the realm of global security, being ranked as the fourthhighest-grossing transnational crime by Interpol. » URL : http://www.us-jpri.org/en/reports/cspc_mita_2015.pdf
(2) Ibid. 1. Extract p.4 : « Yet it does exist and remains a serious issue, being ranked just behind drugs and arms in terms of highest-grossing criminal trades by the U.S. Department of Justice (DOJ). »
BELLANGER Anthony, GUETTA Bernard, « Le pillage à grand échelle du patrimoine archéologique irakien et syrien », France Inter, Émission Géopolitique, 27 avril 2015, 2,44 minutes. Extrait : « Le marché noir de l’art – qui est la troisième source de revenu illégal après les drogues et les armes – n’est plus capable d’absorber une telle quantité. » 1,40 min à 1,45 min. URL : http://www.franceinter.fr/emission-geopolitique-le-pillage-a-grande-echelle-du-patrimoine-archeologique-irakien-et-syrien
(3) CRAIG Pierre, « Les gangsters de l’art », Radio Canada, Émission Enjeux, 17,09 minutes. URL : https://www.youtube.com/watch?v=10wbt0JQnro
(4) DOIEZIE Mathilde, « Paris, Berlin et Rome réclament des règles communes contre le trafic d’art mené par Daech », Le Figaro, Rubrique : Culture, 8 décembre 2015. Extrait : « Fleur Pellerin, ministre de la Culture, et ses homologues allemand et italien, Monika Grütters et Dario Franceschini, ont adressé lundi 7 décembre un courrier à la Commission européenne dans lequel ils réclament que des mesures « efficaces » soient prises au niveau européen pour lutter contre le trafic d’objets culturels, afin de tarir l’une des sources de financement du groupe État islamique. « En détruisant sauvagement les sites de Nimrud en Irak, de Palmyre en Syrie, et tant d’autres au Moyen-Orient, les terroristes s’en prennent à l’âme même de cette région, berceau de notre civilisation. C’est notre conception même du dialogue, de la diversité et de la coexistence des cultures qui est en jeu. En se livrant à la contrebande directe ou indirecte des biens culturels provenant de sites archéologiques, des musées et des bibliothèques, ils financent leurs crimes abjects, dans la région comme en Europe », ont écrit de concert les trois ministres. » URL : http://www.lefigaro.fr/arts-expositions/2015/12/08/03015-20151208ARTFIG00287-daech-paris-berlin-et-rome-reclament-des-regles-communes-contre-le-trafic-d-art.php
(5) COHEN Patrick, invité : ROY Arnaud, « Le trafic des antiquités du sang ou le pillage par Daech », France Inter, Émission le 7/9, le zoom de la rédaction, 15 avril 2016, 4,22 minutes. Interview d’Arnaud Roy : « Selon les experts, il n’y aurait pas moins de 400 sites ayant fait l’objet de pillage. Le but : détruire la mémoire d’une civilisation. Mais pas seulement, car ce pillage aurait déjà rapporté 30 millions de dollars à l’organisation terroriste. » 0,25 min à 0,35 min. URL :http://www.franceinter.fr/emission-le-zoom-de-la-redaction-le-trafic-des-antiquites-du-sang-ou-le-pillage-par-daech
(6) Rédaction L’Orient le Jour, « Trafic d’antiquités : Jusqu’à 200 millions de dollars de gains par an pour l’EI, selon Moscou », L’Orient le Jour, Rubrique : Économie, 8 avril 2016. URL : http://www.lorientlejour.com/article/979776/jusqua-200-millions-de-dollars-de-gains-par-an-pour-lei-selon-moscou.html
(7) TRIBBLE Jennifer, « Antiquities Trafficking and Terrorism : Where Cultural Wealth, Political Violence, and Criminal Networks Intersect », Middlebury Institute of International Studies at Monterey, Monterey Terrorism Research and Education Program, MonTREP Publications, 2014, 27 pages. Extract. p.2 : « Since the end of the Cold War, international trade in illicitly obtained antiquities has burgeoned. Archeological expeditions, global security operations, and increasing globalization have brought to light the wealth of valuable antiquities in developing nations. […] As a result, regions of political upheaval in Latin America, the Middle East, and Southeast Asia have become prime locations for the international market in cultural art and artifacts. Moreover, the proliferation of violent conflict in both the Horn of Africa and the Islamic Maghreb, combined with growing interest in African tribal art, will spur terrorist groups to enter the trade in those regions. » URL : http://www.miis.edu/media/view/37908/original/illicit_antiquities_networks_final_1.pdf
(8) Ibid. 7. Extract. p.3 : « Artifacts of the Middle East, for example, are highly valued for being representative of the genesis of the three modern monotheistic religions, 13 and they also generate a wellspring of diverse emotions. » URL : http://www.miis.edu/media/view/37908/original/illicit_antiquities_networks_final_1.pdf
(9) NEMETH Erik, « Cultural Security : The Evolving Role of Art in International Security », Terrorism and Political » Violence, 19 – 42, 6 février 2007. URL : http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/09546550601054550
(10) Ibid. 7. Extract. p.7 : « In the wake of the Cold War—the period when TCOs began seriously penetrating the antiquities trade—political insurgents and religious factions in many developing nations made the transition from freedom fighters to terrorists. Today, some of these terrorist groups are uniquely positioned to exploit the antiquities market and use the profits to advance their ideological goals or provide currency for weapons transactions. » URL : http://www.miis.edu/media/view/37908/original/illicit_antiquities_networks_final_1.pdf
(11) LUKE Christina, ROOSEVELT Christopher H, « Looting Lydia : The Destruction of an Archaeological Landscape in 29 Western Turkey », In : BRODIE Neil, KERSEL Morag, LUKE Christina, TUBB Kathryn, « The Destruction of an Archaeological Landscape in Western Turkey », Archaeology, Cultural Heritage, and the Antiquities Trade. Gainesville : University Press of Florida, 2006 : pp. 173-187. URL : http://www.academia.edu/5425735/Roosevelt_C.H._and_C._Luke_2006_Looting_Lydia_the_destruction_of_an_archaeological_landscape_in_western_Turkey_in_Archaeology_Cultural_Heritage_and_the_Antiquities_Trade_edited_by_N._Brodie_et_al._pp._173-187._University_Press_of_Florida_Gainesville_Florida
(12) « Loi n° 120 de 1974 modifiant la loi n° 59 de 1936 sur les monuments antiques », Irak, Lois de PI : promulguées par le pouvoir exécutif, Expressions culturelles traditionnelles, 14 septembre 1974, Site de l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI), Rubrique : WIPO Lex. URL : http://www.wipo.int/wipolex/fr/details.jsp?id=11001
(13) Définition économie de guerre : http://www.andlil.com/definition-de-leconomie-de-guerre-152346.html
(14) WILLIAMS Phil, « Organized Crime and Corruption in Iraq », Revue International Peacekeeping, Volume 16, Issue 1, 26 janvier 2009. URL : http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/13533310802485591
(15) DUGUET Margaux, HARDY Alix, « Irak : une nébuleuse de groupes armés », Le JDD, Rubrique : International, 2 août 2014. URL : http://www.lejdd.fr/JDDATA/International/Irak-une-nebuleuse-de-groupes-armes
(16) HAUMANT Stéphane, « Trafic d’art, le trésor de guerre du terrorisme », Canal +, Émission Spécial Investigation, 53 minutes, 25 novembre 2015. Extrait « Plus de 17 000 trésors inestimables sont volés au musée de Bagdad en 2003. C’est le point de départ d’un pillage sans précédent du patrimoine irakien. » 4 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=Ee6Z60JFf9E
(17) Ibid. 16. Témoignage du Cheick Salim Al Hamayde, chef de tribu : « Depuis plus de 7 ans en Irak, les pilleurs ont volé dans le désert, ils venaient par centaines, par milliers avec des armes et des véhicules et étaient très organisés. » 6,40 min à 6,50 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=Ee6Z60JFf9E
Ibid. 16. Témoignage d’un berger résidant dans le désert près de la cité de Umma : « Dans cette région l’insécurité est permanente, on est menacés par les pilleurs qui volent les trésors archéologiques. On ne voit personne dans la journée, ils viennent la nuit. Toutes les nuits on voit de la lumière sur la colline. […] Ces pilleurs viennent avec des armes et des voitures » 7,55 min à 8,20 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=Ee6Z60JFf9E
Rédaction AINA, « FBI Recovers Looted Iraqi Artifacts », Assyrian International News Agency, Rubrique : Syndicated news, 17 février 2015. Extract : « The Federal Bureau of Investigation unveiled a new unit on Wednesday to tackle the multi-billion dollar market in stolen art and announced the FBI’s first recovery of artifacts looted from Iraq after the U.S. Invasion. […] The objects, eight Mesopotamian stone seals about 5,000 years old, were purchased in Iraq by a U.S. Marine as a souvenir of his tour of duty. He handed them to the FBI in Philadelphia after an archeologist confirmed their authenticity and said they had been stolen from one of Iraq’s many archeological sites.[…] The international market in stolen artifacts is worth as much as $8 billion a year, and is comparable in size to the market for illegal drugs, Eckenrode said. Around 15,000 ancient artifacts are missing from numerous sites around Iraq because of looting, Ahmad said. Looting is a long-standing problem in Iraq as local people are eager for the high prices that international collectors will pay, but it has intensified in the chaos that followed the fall of Saddam Hussein, museum officials said. ». URL : http://www.aina.org/news/20050217103420.htm
(18) Ibid. 5. Extrait : « Les antiquités du sang : c’est l’appellation donnée aux trésors archéologiques pillés au Moyen-Orient, principalement en Syrie et en Irak où l’ « Organisation Etat islamique » se trouve le plus solidement implantée. Le tragique symbole de ce trafic : la cité de Palmyre. Mais, les sites dévastés sont très nombreux. » début à 1 min. URL : http://www.franceinter.fr/emission-le-zoom-de-la-redaction-le-trafic-des-antiquites-du-sang-ou-le-pillage-par-daech
(19) Ibid. 16 Témoignage du Colonel Matthew Bogdanos, Colonel U.S. Marines : « Dès 2004, 2005, les organisations terroristes, spécialement Al Quaïda et les groupes islamistes sunnites dans la province d’Al-Anbar ont commencé à taxer le trafic et le mouvement des antiquités. Ils ont compris qu’il s’agissait d’une importante source de financement. » 2,50 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=Ee6Z60JFf9E
Ibid. 16. Extrait : « Jusqu’en 2008, les antiquités extraites sur des sites situés au Sud de l’Irak devaient passer par le triangle de la mort [enclave majoritairement sunnite qui commence à une vingtaine de kilomètres au sud de Bagdad]. Ainsi jusqu’en 2008, les routes qui mènent aux frontières occidentales du pays (Syrie et Jordanie) sont largement contrôlées par les extrémistes sunnites et les milices d’Al-Quaïda. 17,10 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=Ee6Z60JFf9E
(20) BECATOROS Elena, « Smuggled Antiquities Funding Iraq Extremists, U.S. Says », National Geographic News, Rubrique : Daily news, 19 mars 2008. Extract : « The smuggling of stolen antiquities from Iraq’s rich cultural heritage is helping finance Iraqi extremist groups, says the U.S. investigator who led the initial probe into the looting of Baghdad’s National Museum. Marine Reserve Colonel Matthew Bogdanos claimed both Sunni insurgents—such as al-Qaida in Iraq—and Shiite militias are receiving funding from the trafficking. Bogdanos, a New York assistant district attorney, noted that kidnappings and extortion remain the insurgents’ main source of funds. But he said the link between extremist groups and antiquities smuggling in Iraq was « undeniable. » »The Taliban are using opium to finance their activities in Afghanistan, » Bogdanos told the Associated Press in an interview during a two-day UNESCO-organized conference that ended Tuesday on returning antiquities to their country of origin. « Well, they don’t have opium in Iraq, » he said. « What they have is an almost limitless supply of is antiquities. And so they’re using antiquities. » URL : http://news.nationalgeographic.com/news/2008/03/080319-AP-iraq-insurg.html
Ibid. 16. Témoignage du Colonel Abdelrahim, responsable des douanes irakiennes : « Aujourd’hui on est forts et on est très bien armés. On a les moyens de combattre les trafiquants, on peut surveiller tous les sites archéologiques de la région. Après la chute de Saddam Hussein, les trafiquants ont réussi à faire sortir beaucoup de trésors en dehors d’Irak. Il y avait des gangs, des bandes organisées qui faisaient ça uniquement pour garder de l’argent. Mais il y en a d’autres c’était carrément des groupes armés, des terroristes. Ils vendaient illégalement des antiquités pour financer des attentats. » 12,40 min à 13,25 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=Ee6Z60JFf9E
(21) KIEFFER Aurélie, Invitée : Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO, « Oeuvres d’art détruites par Daech : l’UNESCO se tourne vers la Cour Pénale Internationale », France Inter, Journal de 18h, 27 février 2015. 16 minutes. Interview d’Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO, « une part de ces objets, ces biens culturels d’archéologie illégale finance l’extrémisme terroriste. Certaines de ces statues, de ces objets ont été ramassés dans le sous sol du musée de Mossoul (puis probablement exportés). » 2,10 min à 2,20 min. URL : http://www.franceculture.fr/emissions/journal-de-18h/oeuvres-dart-detruites-par-daech-lunesco-se-tourne-vers-la-cour-penale
(22) Ibid. 16. Témoignage de Matthew Bogdanos, Colonel U.S. Marines : « Ces groupes de pilleurs seraient pilotés en sous main par une milice islamiste chiite, l’armée du Mehdi. Cette milice aurait organisé ce pillage dans un pur intérêt financier. Les milices auraient, la plupart du temps, confisqué les antiquités aux pilleurs ou alors les milices rachetaient les pièces volées à un prix dérisoire. Ils seraient devenus propriétaires des antiquités et auraient impliqué les marchands d’art qui figuraient parmi leurs sympathisants. » 9,40 min à 10 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=Ee6Z60JFf9E
(23) GRESH Alain, « Révoltes en Syrie », Le Monde diplomatique, Rubrique : Les Blogs du « Diplo », Nouvelles d’Orient, 28 mars 2011. URL : http://blog.mondediplo.net/2011-03-28-Revoltes-en-Syrie
(24) CORMERY Antoine, « Syrie : trésors à vendre. Un héritage culturel en danger », France 24, Émission Reporters, 4 mai 2015, 17,35 minutes. Interview d’Hédi Aouidj, reporter : « L’importation d’antiquités légales de plus de 100 ans a explosé depuis le début de la guerre en Syrie avec notamment 80% qui viennent de Turquie ou encore 130% qui viennent de Syrie. » 15 min à 15,15 min. URL : http://www.france24.com/fr/20150501-reporters-antiquites-syriennes-trafic-passeurs-patrimoine-turquie-syrie
(25) Rédaction Le Monde, « Les islamistes de l’EIIL proclament un califat islamique entre l’Irak et la Syrie », Le Monde, Rubriques : International, Proche-Orient, 29 juin 2014. URL : http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/06/29/l-eiil-proclame-l-etablissement-d-un-califat-islamique-et-change-de-nom_4447568_3218.html
(26) Rédaction TV5 Monde, Invitée : France Demarais, directrice de l’ICOM, ONG en charge de la lutte contre le trafic illicite de biens culturels, « Patrimoine mondial et « juteux trafic » d’art ancien », France TV 5 Monde, Émission Grand Angle, 12,55 minutes. Extrait « La Syrie et l’Irak demeurent les pays les plus touchés par ce pillage. La Syrie est dans une situation dramatique comme le montrent les images satellitaires. » 3,55 min à 4,15 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=9Gd6oyHbq8Q
(27) Ibid. 24. Extrait : « Pour survivre, les populations sont de plus en plus nombreuses à fouiller la terre. Ces petites mains sont le point de départ d’un trafic international » 1,20 min à 1,30 min. URL : http://www.france24.com/fr/20150501-reporters-antiquites-syriennes-trafic-passeurs-patrimoine-turquie-syrie
Ibid. 24. Extrait : « De nombreux pillages ont été effectué par les nombreux syriens qui cherchent à survivre mais les soldats de Bachar al-Assad n’hésitent pas eux aussi à se servir dans les musées. » 9,15 min à 9,25 min. URL : http://www.france24.com/fr/20150501-reporters-antiquites-syriennes-trafic-passeurs-patrimoine-turquie-syrie
(28) BÉNABENT Juliette, « Comment mettre fin au pillage d’oeuvres d’art en Irak et en Syrie ? », Télérama, Rubrique : Enquête, 26 juin 2015. URL : http://www.telerama.fr/scenes/comment-mettre-fin-au-pillage-d-oeuvres-d-art-en-irak-et-en-syrie,128493.php
(29) Rédaction L’Orient le Jour, « Trafic d’antiquités : Jusqu’à 200 millions de dollars de gains par an pour l’EI, selon Moscou », L’Orient le Jour, Rubrique : Économie, 8 avril 2016. URL : http://www.lorientlejour.com/article/979776/jusqua-200-millions-de-dollars-de-gains-par-an-pour-lei-selon-moscou.html
(30) LEBEAUPIN Jean-Marc, « Stopper le trafic d’antiquités, source de financement pour Daech », ArtsicMix, vibrez culture, Rubrique : Politique, 12 décembre 2015. URL : http://www.artsixmic.fr/stopper-le-trafic-dantiquites-source-de-financement-pour-daech/
(31) VINCELOT Sophie, « Les oeuvres pillées par Daech inondent le marché international », Le Figaro, Rubrique : Culture, 9 juillet 2015. URL : http://www.lefigaro.fr/culture/2015/07/09/03004-20150709ARTFIG00022-les-oeuvres-pillees-par-daech-inondent-le-marche-international.php
(32) MEIGNAN Géraldine, « Trafic d’antiquités : l’ombre de Daech sur le marché de l’art », L’Express, Rubriques : Actualité, Culture, Arts, 28 août 2015. URL : http://www.lexpress.fr/culture/art/trafic-d-antiquites-l-ombre-de-daech-sur-le-marche-de-l-art_1709720.html
(33) Ibid. 2. Extrait : « Ils ont pourtant détruit les sites archéologiques et les statues ? En apparence du moins. Il faudrait qu’ils soient très stupides pour détruire ce qu’ils peuvent si facilement monnayer. Au musée de Mossoul, par exemple, les statues détruites étaient des reproductions. On le voit assez facilement aux armatures de fer qui les composent. Le groupe Etat islamique savait-il qu’il détruisait des copies ? Ce n’est pas certain… Mais de toute façon, leur but était de scandaliser l’Occident avec ces images. Et ils y sont parvenus. » URL : http://www.franceinter.fr/emission-geopolitique-le-pillage-a-grande-echelle-du-patrimoine-archeologique-irakien-et-syrien
(34) Rédaction Culturebox, « L’Europe veut stopper le trafic d’antiquités, qui finance Daech », France Info Culturebox, Rubrique : Expositions, 8 décembre 2015. URL : http://culturebox.francetvinfo.fr/expositions/patrimoine/l-europe-veut-stopper-le-trafic-d-antiquites-qui-finance-daech-232065
Ibid. 26. Témoignage Anne-Catherine Robert Hauglusaine, directrice générale de l’ICOM « Nous devons être extrêmement vigilants que ce que nous voyons dans les médias n’est pas toujours la réalité et qu’effectivement le trafic c’est aussi prétendre avoir détruit des monuments pour les faire passer dans le mouvements des trafics illicites. » 2,30 min à 2,50 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=9Gd6oyHbq8Q
(35) Ibid. 24. Extrait « Malgré les apparences, l’organisation islamiste ne ferait pas que détruire les antiquités, elle serait elle aussi impliquée dans le trafic. Et depuis qu’elle menace de les détruire, elle aurait en plus fait flamber le prix des antiquités. » 10, 45 min à 11min. URL : http://www.france24.com/fr/20150501-reporters-antiquites-syriennes-trafic-passeurs-patrimoine-turquie-syrie
(36) Ibid. 6. Extrait : « La vente illégale d’antiquités de Syrie et d’Irak rapporte à l’organisation État islamique (EI) entre 150 et 200 millions de dollars par an, estime l’ambassadeur de Russie aux Nations unies dans une lettre publiée mercredi. ». URL : http://www.lorientlejour.com/article/979776/jusqua-200-millions-de-dollars-de-gains-par-an-pour-lei-selon-moscou.html
Rédaction Le Figaro, « Le business des antiquités de Daech », Le Figaro, Rubrique : Économie, 6 avril 2016. Extrait « La vente illégale d’antiquités de Syrie et d’Irak rapporte à l’État islamique entre 150 et 200 millions de dollars par an (entre 130 et 170 millions d’euros), estime l’ambassadeur de Russie aux Nations unies dans une lettre publiée mercredi. » URL : http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2016/04/06/97002-20160406FILWWW00389-le-business-des-antiquites-de-daech.php
(37) Ibid. 5. Interview d’Arnaud Roy : « Selon Jean-Luc Martinez, le directeur du Louvre, Daech a organisé ce vol des antiquités comme une industrie » 0,35 min à 0,40 min ; Interview de Jean-Luc Martinez, directeur du Louvre : « Ce que nous connaissons objectivement c’est le pillage systématique. Il est conduit dans les territoires dominés par Daech. Il y a une véritable industrialisation de ces antiquités du sang, explique-t-il, mais ce pillage, ce trafic, existait avant Daech. On assiste simplement à une forme d’industrialisation. Daech se comporte comme un Etat qui donne le droit de piller. » 0,40 min à 1,05 min. URL :http://www.franceinter.fr/emission-le-zoom-de-la-redaction-le-trafic-des-antiquites-du-sang-ou-le-pillage-par-daech
Ibid. 2. Extrait : « Mais depuis quelques mois, ce pillage prend des proportions industrielles. » 1,30 min à 1,40 min. URL : http://www.franceinter.fr/emission-geopolitique-le-pillage-a-grande-echelle-du-patrimoine-archeologique-irakien-et-syrien
(38) Ibid. 32. Extrait : « Pour diriger les fouilles et livrer cette « guerre des ruines », les djihadistes disposeraient désormais de leurs propres archéologues et seraient équipés d’outils d’extraction sophistiqués. » URL : http://www.lexpress.fr/culture/art/trafic-d-antiquites-l-ombre-de-daech-sur-le-marche-de-l-art_1709720.html
(39) Ibid. 16. Témoignage de Matthew Bogdanos, Colonel U.S. Marines : « Les terroristes ont réalisé qu’ils pouvaient gagner de l’argent en devenant les intermédiaires. Ce ne sont pas eux qui pillent les sites archéologiques mais les pilleurs savent que depuis 2005 ils ont un intermédiaire incontournable. Ce nouvel acteur du trafic ce sont les miliciens, les insurgés, les terroristes. Ce sont eux qui prennent le risque de transporter les antiquités en dehors du pays » 18 ,05 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=Ee6Z60JFf9E
(40) Ibid. 24. Témoignage d’Hussein, trafiquant d’antiquités syriennes : « Avant que Daech n’arrive dans la région, la situation était plus tranquille, les gens travaillaient comme ils voulaient. Aujourd’hui, il y a beaucoup de restrictions, si tu veux travailler dans ce domaine (le trafic d’antiquités) nous avons notre pourcentage, tout ce que tu trouves doit passer sous notre contrôle, voilà ce qu’ils nous disent. Tu n’as pas le droit de travailler sans une autorisation écrite de leur part. Daech est impliqué directement dans le marché, toute pièce trouvée d’une certaine importance est achetée par des gens de chez eux. Ils travaillent en collaboration avec des commerçants qui vendent ensuite à l’étranger. » 11,05 min à 11,50 min. URL : http://www.france24.com/fr/20150501-reporters-antiquites-syriennes-trafic-passeurs-patrimoine-turquie-syrie
(41) Ibid. 6. URL : http://www.lorientlejour.com/article/979776/jusqua-200-millions-de-dollars-de-gains-par-an-pour-lei-selon-moscou.html
(42) AL-KUNTAR Salam, AL-ZAM Amr, DANIELS Brian. I, « ISIS Antiquities Sideline », The New York Times, Rubrique : The opinion pages, 2 septembre 2014. Extract : « These teams are often from Iraq and are applying and profiting from their experience looting ancient sites there. They operate with a “license” from ISIS, and an ISIS representative is assigned to oversee their work to ensure the proper use of heavy machinery and to verify accurate payment of the khums. » URL : http://www.nytimes.com/2014/09/03/opinion/isis-antiquities-sideline.html?_r=0
(43) Ibid. 5. Témoignage de Jean-Charles Brisard, Centre d’analyse du Terrorisme : « Ils ont une organisation dédiée à ce commerce illicite. Les recettes de ce pillage sont collectées sur les fouilles, une taxe estimée entre 20 et 50% du produit des pillages notamment en Syrie où les forces spéciales ont trouvé des permis de fouilles délivrés et estampillés « Organisation de l’état islamique » légalisant le pillage sur leur territoire. » 1,20 min à 1,45 min. URL : http://www.franceinter.fr/emission-le-zoom-de-la-redaction-le-trafic-des-antiquites-du-sang-ou-le-pillage-par-daech
(44) Ibid. 2. Extrait : « Pour faire des fouilles sauvages, il suffit d’aller demander un permis à l’Etat islamique qui, au passage, encaisse 20%. » URL : http://www.franceinter.fr/emission-geopolitique-le-pillage-a-grande-echelle-du-patrimoine-archeologique-irakien-et-syrien
MARCHAND Laurent, « Obscurantisme et business : le très lucratif « nettoyage culturel » de Daech », Blogs Ouest France, Regards sur l’actualité internationale, Tout un monde : Laurent Marchand, 21 août 2015. URL : http://international.blogs.ouest-france.fr/archive/2015/08/20/daech-palmyre-irak-syrien-isis-ei-14576.html
Ibid. 31. URL : http://www.lefigaro.fr/culture/2015/07/09/03004-20150709ARTFIG00022-les-oeuvres-pillees-par-daech-inondent-le-marche-international.php
(45) Ibid. 32. URL : http://www.lexpress.fr/culture/art/trafic-d-antiquites-l-ombre-de-daech-sur-le-marche-de-l-art_1709720.html
Ibid. 31. URL : http://www.lefigaro.fr/culture/2015/07/09/03004-20150709ARTFIG00022-les-oeuvres-pillees-par-daech-inondent-le-marche-international.php
(46) Ibid. 24. Témoignage de Omar, jeune syrien menuisier avant la guerre : « Maintenant je ne travaille plus, ça fait quatre ans que les usines ont fermé […] Pour trouver des antiquités il y a des machines mais nous on utilise des tiges de cuivre. C’est une ancienne technique. » 1,40 min à 2,10 min. URL : http://www.france24.com/fr/20150501-reporters-antiquites-syriennes-trafic-passeurs-patrimoine-turquie-syrie
(47) Ibid. 24. Témoignage d’un syrien : « Les Syriens hauts placés, ceux de l’opposition, acheminent les antiquités en Turquie par leurs réseaux puis les exportent vers l’Italie et sa périphérie. C’est une véritable mafia. » 8,45 min à 8,50 min. URL : http://www.france24.com/fr/20150501-reporters-antiquites-syriennes-trafic-passeurs-patrimoine-turquie-syrie
(48) Ibid. 24. Témoignage de Mohamed, ancien étudiant, chargé de communication d’un groupe rebelle syrien : « Le régime vide les musées. Ils transportent tout avec eux parce que les vestiges sont estimés à des milliards de dollars et le régime le sait très bien. » 9,50 min à 10,15 min. URL : http://www.france24.com/fr/20150501-reporters-antiquites-syriennes-trafic-passeurs-patrimoine-turquie-syrie
(49) Ibid. 28. URL : http://www.telerama.fr/scenes/comment-mettre-fin-au-pillage-d-oeuvres-d-art-en-irak-et-en-syrie,128493.php
(50) Ibid. 24. Interview d’Hédi Aouidj, reporter : « Daech, en tournant des images de destruction, détourne l’attention pour mieux organiser le trafics, donner les autorisations de fouilles et revendre les pièces. Toutefois Daech n’est pas la seule concernée, tous les protagonistes de la guerre en Syrie utilisent le commerce d’antiquités pour financer la guerre. » 15,35 min à 15,55 min. URL : http://www.france24.com/fr/20150501-reporters-antiquites-syriennes-trafic-passeurs-patrimoine-turquie-syrie
(51) Ibid. 28. URL : http://www.telerama.fr/scenes/comment-mettre-fin-au-pillage-d-oeuvres-d-art-en-irak-et-en-syrie,128493.php
Ibid. 32. URL : http://www.lexpress.fr/culture/art/trafic-d-antiquites-l-ombre-de-daech-sur-le-marche-de-l-art_1709720.html
Ibid. 31. URL : http://www.lefigaro.fr/culture/2015/07/09/03004-20150709ARTFIG00022-les-oeuvres-pillees-par-daech-inondent-le-marche-international.php
(52) Ibid. 28. URL : http://www.telerama.fr/scenes/comment-mettre-fin-au-pillage-d-oeuvres-d-art-en-irak-et-en-syrie,128493.php
(53) Ibid. 24. Témoignage de Omar, jeune syrien menuisier avant la guerre : « Par exemple, cette pièce que j’ai trouvé, je la prends en photo et je l’envoie à un expert turc. Il la vérifie et si elle est authentique je traverse la frontière pour lui apporter. » 2,40 min à 2,55 min. URL : http://www.france24.com/fr/20150501-reporters-antiquites-syriennes-trafic-passeurs-patrimoine-turquie-syrie
(54) Ibid. 16. Témoignage d’un pilleur de trésors : « Je fais des fouilles, c’est le rêve de tout le monde de trouver un trésor à Balbeeck pour le revendre et gagner de l’argent. Il y a des gens, des trafiquants qui achètent et revendent les antiquités à Balbeeck ou à l’étranger. […] Il s’agit d’antiquaires qui ont des magasins et qui s’y connaissent. […] Quand je trouve quelque chose c’est chez eux que je vais le vendre. » 41 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=Ee6Z60JFf9E
(55) Ibid. 24. Extrait : « le passage de la frontière est délicat, pourtant, tous les jours, ils sont des centaines à faire le trajet. Pour se fondre dans la masse [les passeurs d’antiquités]se mêlent aux familles syriennes en dissimulant les objets antiques dans des sacs à dos. […] Les réfugiés syriens sont fréquemment arrêtés par les militaires turcs mais sont rarement fouillés. Les responsables turcs font souvent office de passeurs et prélèvent des pots de vie (2500 livres syriennes par personne) pour autoriser le passage des convoyeurs clandestins d’objets d’art en Turquie. […] C’est par ces passages de frontières réguliers que des milliers de pièces archéologiques se retrouvent à travers le Monde. » 3,05 min à 4, 30min. URL : http://www.france24.com/fr/20150501-reporters-antiquites-syriennes-trafic-passeurs-patrimoine-turquie-syrie
(56) Ibid. 24. Témoignage d’Hussein, trafiquant d’antiquités syriennes : « Ceux qui creusent et font les fouilles, trouvent des pièces sans rien savoir sur leur Histoire, sur ce qu’elles valent en terme de prix et sur leur intérêt archéologique. Les acheteurs, ceux qui connaissent, viennent des prix entre 50 et 100 dollars pour des pièces pouvant valoir 100 000, 200 000 voire un million de dollars. » 7,05 min à 7,30 min. URL : http://www.france24.com/fr/20150501-reporters-antiquites-syriennes-trafic-passeurs-patrimoine-turquie-syrie
(57) Ibid. 24. Extrait : « Sur les 1 million d’habitants de Gaziantep à la frontière turco-syrienne, un quart sont des réfugiés syriens. Pour survivre, beaucoup font du trafic d’oeuvres archéologiques un commerce qui a presque pignon sur rue. » 4,50 min. URL : http://www.france24.com/fr/20150501-reporters-antiquites-syriennes-trafic-passeurs-patrimoine-turquie-syrie
(58) Ibid. 24. Témoignage d’Hussein, trafiquant d’antiquités syriennes : « J’ai trouvé beaucoup de pièces, environ 65, une rare à environ 75 000 dollars et les autres entre 4000 et 5000 dollars. […] Chaque pièce trouvée circule d’un trafiquant à un autre. La chaine de ventes continue jusqu’à ce que les pièces parviennent dans les mains d’un collectionneur. ». 6 min à 7 min. URL : http://www.france24.com/fr/20150501-reporters-antiquites-syriennes-trafic-passeurs-patrimoine-turquie-syrie
(59) Ibid. 2. Extrait : « Je suis tombé hier sur un remarquable reportage du quotidien britannique The Independent. Imaginez-vous deux minutes dans la peau de cette journaliste venue enquêter à Gaziantep, non loin de la frontière syrienne, côté turc, sur le trafic d’œuvres d’art. Elle n’est là que depuis quelques heures et déjà, elle a des rendez-vous. On lui montre des sacs entiers de pièces de monnaies antiques, des photos de manuscrits chrétiens du XIIIème siècle (pas chers) et surtout une tablette couverte d’écriture cunéiforme. Un joyau de 4.000 ans d’âge racontant les victoires de deux rois mésopotamiens. Une merveille digne du Louvre. C’est en rentrant à Londres et en montrant la photo à des spécialistes que la journaliste s’est rendue compte de l’immense valeur de la tablette. » […]L’important c’est que de pareilles merveilles sont visiblement échangées tous les jours à Gaziantep qui est devenue une sorte de marché de gros ou de demi-gros pour écouler le pillage systématique des trésors archéologique d’Irak et de Syrie. […] Et la mésaventure de la journaliste de The Independent montre combien ce marché est désormais parfaitement huilé et organisé. Visiblement, les revendeurs n’ont pas grand-chose à craindre et, par contre, beaucoup de choses à vendre. ». URL : http://www.franceinter.fr/emission-geopolitique-le-pillage-a-grande-echelle-du-patrimoine-archeologique-irakien-et-syrien
Ibid. 16. Extrait : « Certains marchands et antiquaires profitent de la basse saison pour vendre des antiquités issues des pillages. » 43,30 min à 44,20 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=Ee6Z60JFf9E
(60) Ibid. 16. Extrait : « La route des trafiquants terroristes s’arrête en Syrie et en Jordanie où d’autres réseaux se chargent ensuite de répartir les œuvres d’arts en Europe et aux États-Unis. » 18,30 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=Ee6Z60JFf9E
(61) Ibid. 24. Interview d’Hédi Aouidj, reporter : « Selon les archéologues, lorsqu’une pièce est sortie de son contexte et revendue, le contexte historique est perdu à tout jamais. […] Les pièces peuvent se retrouver dans les collections de riches propriétaires en Europe ou dans un pays arabe. » 13,30 min à 13,45 min. URL : http://www.france24.com/fr/20150501-reporters-antiquites-syriennes-trafic-passeurs-patrimoine-turquie-syrie
(62) Rapport TEFAF Art Market, « Global art sales in 2014 », The European Fine Art Foundation, Site de l’Observatoire de l’Art contemporain, Rubrique : Tendance à suivre, 11 mars 2015, 3 pages. URL : http://www.tefaf.com/media/tefafmedia/TEFAF%202015%20-%20PB%208%20-%20Global%20art%20sales%20in%202014%20break%20all%20known%20records%20EN.pdf
(63) Ibid. 16. Extrait : « De nombreuses antiquités illégales sont saisies dans de nombreuses parties du Monde : Aux Émirats, aux États-Unis, au Pérou, en Arabie saoudite » 19,05 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=Ee6Z60JFf9E
Et Extrait : « Les États-Unis, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, les Pays Bas, l’Espagne, le Japon, le Canada (sont autant de pays de destination) d’objets d’art pillés de l’Irak. » 19,50 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=Ee6Z60JFf9E
(64) Ibid. 5. Interview d’Arnaud Roy : « En Europe, la portée d’entrée ce sont des pays comme la Hollande, le Luxembourg, la Belgique parce que dans ces pays la législation sur le trafic est moins sévère que dans un pays comme la France. » 2 min à 2,10 min. URL :http://www.franceinter.fr/emission-le-zoom-de-la-redaction-le-trafic-des-antiquites-du-sang-ou-le-pillage-par-daech
(65) FRAYSSE Bertrand, « La vérité sur le trafic d’antiquités de l’État islamique », Challenges, Rubrique : Monde, Moyen-Orient, 22 février 2016. Extrait : « La plupart des belles pièces n’ont pas réapparu, confirme Edouard Planche, responsable de la lutte contre les trafics culturels à l’Unesco. Nombre d’entre elles se trouvent sans doute dans des ports francs – Genève, Luxembourg, Singapour ou Shanghai -, ou bien dans des collections privées dans les pays du Golfe. » URL : http://www.challenges.fr/monde/moyen-orient/20160219.CHA5279/la-verite-sur-le-trafic-d-antiquites-de-l-etat-islamique.html
(66) Ibid. 26. Interview de France Demarais, directrice de l’ICOM, ONG en charge de la lutte contre le trafic illicite de biens culturels « Souvent l’identification de ce trafic s’effectue à posteriori parce que les œuvres qui sont pillées aujourd’hui ou demain, elles ne referont probablement surface que dans quelques années. Nous devons toutefois être vigilants maintenant car c’est en ce moment qu’elles traversent les frontières. Après le pillage du musée de Bagdad en 2003, ce n’est seulement que cinq ou dix ans plus tard que beaucoup de ces œuvres ont pu être interceptées. » 3,10 min à 3,30 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=9Gd6oyHbq8Q
(67) Ibid. 28. Entretien Édouard Planche, chargé de la lutte contre le trafic illicite de biens culturels à l’UNESCO : « les pièces feront surface sur le marché à la faveur d’une revente ou d’une succession » URL : http://www.telerama.fr/scenes/comment-mettre-fin-au-pillage-d-oeuvres-d-art-en-irak-et-en-syrie,128493.php
(68) MEIGNAN Géraldine, « Trafic d’antiquités : l’ombre de Daech sur le marché de l’art », L’Express, Rubriques : Actualité, Culture, Arts, 28 août 2015. URL : http://www.lexpress.fr/culture/art/trafic-d-antiquites-l-ombre-de-daech-sur-le-marche-de-l-art_1709720.html
(69) Ibid. 32. URL : http://www.lexpress.fr/culture/art/trafic-d-antiquites-l-ombre-de-daech-sur-le-marche-de-l-art_1709720.html
(70) Ibid. 24. Extrait : « Les amateurs d’antiquités peuvent ainsi consulté les disponibilités sur le marché syrien grâce à Internet. Beaucoup d’entre eux utilisent les réseaux sociaux, dont Facebook, où des pages comme « Commerce d’antiquités. Vente et achat des antiquités : tableaux, pièces et statues » 6,30 min à 6,50 min. URL : http://www.france24.com/fr/20150501-reporters-antiquites-syriennes-trafic-passeurs-patrimoine-turquie-syrie
Ibid. 26. Interview de France Demarais, directrice de l’ICOM, ONG en charge de la lutte contre le trafic illicite de biens culturels « Par la démocratisation d’Internet, les acheteurs sont partout. Ils ne sont plus seulement sur les marchés traditionnels qui étaient auparavant les États-Unis et l’Europe bien que ces pays demeurent des marchés très importants. » 8,55 min à 9,15 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=9Gd6oyHbq8Q
(71) Ibid. 16. Extrait : « Des milliers d’antiquités issues du trafic ont été vendues par des groupes terroristes irakiens, dans des salle de ventes comme Christies, pour financer leurs activités. » 2,30 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=Ee6Z60JFf9E
(72) Ibid. 16. Extrait : « Si les maisons de vente aux enchères ont l’obligation de préciser l’historique de l’objet d’art proposé, des incohérences sont parfois constatées entre les descriptifs des objets et les certifications qui leur sont associés. » 23,50 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=Ee6Z60JFf9E
(73) Ibid. 25. Extrait « Sacrifices humains et patrimoine culturel sont « intrinsèquement liés » et que pour qu’un pays puisse se reconstruire, pour qu’un peuple puisse se reconstruire la guerre et des atrocités, le patrimoine est vital dans la mesure où cela fait partie de l’identité. » 5,25 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=9Gd6oyHbq8Q
(74) Ibid. 25. Interview de France Demarais, directrice de l’ICOM, ONG en charge de la lutte contre le trafic illicite de biens culturels « Tous les jours, nous sommes en contact avec les fonctionnaires des musées locaux afin de mettre en place des projets de prévention avec certains musées qui ont été sécurisé, comme le musée de mosaïques de Mari, grâce à des collègues syriens sur place que nous avons pu aider indirectement via la Turquie ou d’autres pays. 11,20 min à 12 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=9Gd6oyHbq8Q
(75) Ibid. 24. Témoignage d’Hussein, trafiquant d’antiquités syriennes : « Les enquêtes sont menées auprès des réfugiés syriens grâce au bouche à oreille. Le trafic fait vivre beaucoup de petites mains mais aussi de gros poissons qui profitent de la guerre pour s’enrichir. » 8,25 min à 8,35 min. URL : http://www.france24.com/fr/20150501-reporters-antiquites-syriennes-trafic-passeurs-patrimoine-turquie-syrie
(76) Ibid. 24. Témoignage d’Hussein, trafiquant d’antiquités syriennes : « En Turquie, certains réfugiés syriens font du trafic, tandis que d’autres luttent contre ce même trafic en travaillant par exemple pour l’UNESCO et Interpol pour collecter des informations sur les trafics. » 7,35 min à 8 min. URL : http://www.france24.com/fr/20150501-reporters-antiquites-syriennes-trafic-passeurs-patrimoine-turquie-syrie
(77) IZEMBARD Antoine, « Comment la Syrie tente de sauver son patrimoine face à l’État islamique », Challenges, Rubrique Challenge soir, 5 janvier 2016. Interview de Maamoun Abdulkarim, directeur des Antiquités et des Musées de Syrie : « J’ai 2.500 fonctionnaires qui œuvrent pour sauver ce patrimoine syrien. Dans les territoires contrôlés par le gouvernement, on travaille normalement. C’est aussi le cas dans les zones tenues par les rebelles, où l’on s’appuie notamment sur les élites tribales religieuses. Nous avons plus de 1.000 fonctionnaires dans ces zones. Mais malheureusement, nous avons aussi 200 fonctionnaires qui sont dans les régions où se trouve Daech, à Palmyre, Deir ez-Zor ou Raqqa. On leur envoie un salaire mais ils ne travaillent pas. Ce serait trop dangereux. » URL : http://www.challenges.fr/challenges-soir/20160105.CHA3496/comment-la-syrie-tente-de-sauver-son-patrimoine-face-a-l-etat-islamique.html
(78) Ibid. 24. Interview d’Hédi Aouidj, reporter : « Dès le début de la guerre, les musées, comme le Louvre, et les autorités culturelles syriennes avaient mis en place des coopérations pour aider la Syrie à maintenir son patrimoine. » 14 min à 14,20 min. URL : http://www.france24.com/fr/20150501-reporters-antiquites-syriennes-trafic-passeurs-patrimoine-turquie-syrie
(79) Résolution 2199 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, Publications des Nations unies, New York, S/RES/2199 (2015), 12 février 2015, 8 pages. URL : http://www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=S/RES/2199(2015) Ibid. 25. Interview de France Demarais, directrice de l’ICOM, ONG en charge de la lutte contre le trafic illicite de biens culturels « On arrive rarement à repérer les acheteurs. On peut repérer les vendeurs, les revendeurs. En ce moment, par exemple, la résolution 2199 des Nations unies prévoit que si quelqu’un se rend responsable de tentative de prise de profit par ces antiquités ou de financement de l’État islamique, le Conseil de Sécurité peut vous placer sur la « Al-Quaïda & Daech Watch List ». Des outils et une législation internationale existent donc. » 9,20 min à 10 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=9Gd6oyHbq8Q
(80) Communiqué de presse ICOM, « Liste rouge d’urgence des biens culturels irakiens en péril », Comité International des Musées (ICOM), Site de l’ICOM, Rubrique : Communiqués de presse, 1er juin 2015, 16 pages. URL : http://icom.museum/communiques-de-presse/communique-de-presse/article/liste-rouge-durgence-des-biens-culturels-irakiens-en-peril-un-outil-de-licom-pour-combattre/L/2/
Ibid. 25. Interview de France Demarais, directrice de l’ICOM, ONG en charge de la lutte contre le trafic illicite de biens culturels « Les listes rouges ont pour but de sensibiliser les acheteurs, les marchands, les douaniers, les forces de l’ordre. Il s’agit d’une façon pour eux les types d’objets à ne pas laisser passer par les frontières par exemple. C’est un outil de sensibilisation pour tous. » 7,10 min à 7,25 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=9Gd6oyHbq8Q
(81) Ibid. 25. Interview de France Demarais, directrice de l’ICOM, ONG en charge de la lutte contre le trafic illicite de biens culturels « Les moyens de sanction sont trop faibles. À ce titre, le Pape, les pouvoirs publics, les dirigeants commencent à s’y intéresser alors qu’avant ce problème n’était que considéré comme un bête problème culturel. Aujourd’hui, c’est devenu un enjeu de sécurité publique et de criminalité. » 10,40 min à 11,05 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=9Gd6oyHbq8Q
Ibid. 21. Interview d’Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO, « une coalition internationale est attendue contre les trafics de biens culturels illicites en Syrie et en Irak. » 2,35 min. URL : http://www.franceculture.fr/emissions/journal-de-18h/oeuvres-dart-detruites-par-daech-lunesco-se-tourne-vers-la-cour-penale
(82) Ibid. 25. Extrait « Cette situation se retrouve également par delà le Moyen-Orient comme en Libye où « les vestiges sont désormais en danger en raison du chaos qui y règne depuis la chute de Muammar Khadafi en 2011 et l’arrivée de Daech ces derniers mois » 1,40 min à 1,55 min URL : https://www.youtube.com/watch?v=9Gd6oyHbq8Q
Ibid. 25. Témoignage de Khaled Ghellali, conseiller culturel adjoint à l’Ambassade de France en Libye « Cette situation se retrouve également par delà le Moyen-Orient comme en Libye où « les vestiges sont désormais en danger en raison du chaos qui y règne depuis la chute de Muammar Khadafi en 2011 et l’arrivée de Daech ces derniers mois » 2,10 min. URL : https://www.youtube.com/watch?v=9Gd6oyHbq8Q

Remise d’une médaille au Sénat au Directeur Général des Antiquités et des Musées de Syrie

M. Jean-Pierre Vial, Président du Groupe d’amitié France-Syrie a remis à M. Maamoun Abdul Karim, au Directeur Général des Antiquités et des Musées de Syrie (DGAM) au Sénat une médaille gravée au nom de Khaled Al Assaad, directeur du site de Palmyre, décapité par l’E.I en août dernier, le 9 novembre.
M. Abdul Karim avait dans le cadre d’une réunion organisée au préalable, par l’association des anciens élèves, élèves et amis de l’Ecole normale supérieure (A-Ulm), le laboratoire « Archéologie et philologie d’Orient et d’Occident » (UMR 8546 CNRS-ENS-EPHE) et l’association d’élèves « de la Renaissance aux Lumières » (LuRens), rendu un poignant hommage à M. Al Assaad à l’ENS devant un auditoire composé de deux cents personnes représentant les différentes écoles et disciplines de l’archéologie française.
Un état des lieux du patrimoine dévasté de la Syrie avait été dressé ainsi que les efforts entrepris en vue de de sa restauration avec les interventions de Houmam Saad et Komaït Abdallah, post-doctorants à l’AOROC.
N.B.La DGAM a publié une brochure témoignant du parcours de Khaled Al Assaad

Destructions du patrimoine en Syrie : la Résistance s’organise pour sauver ce qui reste.

Nous publions une enquête  de Marie Wisza parue dans le magazine « l’Oeil » de septembre 2015 :
En Syrie, des milliers d’hommes et de femmes se mobilisent au milieu des combats pour sauver le patrimoine, souvent au péril de leur vie quand la province est tombée aux mains de Daesh. /fichiers/rubriques/loeil-syrie.pdf
Lire aussi sur le même sujet l’interview de Maamoun Abdul Karim, Directeur Général des Antiquités et des Musées de Syrie, parue dans le magazine Sciences et Avenir,  « Ne nous abandonnez pas » :

Polyphonies Syriennes, site consacré aux artistes, écrivains et intellectuels de la Révolution Syrienne

Une  compilation qui vient de paraître  sur le site nonfiction.fr de l’une de nos adhérentes Claire A. Poinsignon, qui rend hommage aux artistes, écrivains et intellectuels syriens qui accompagnent la Révolution Syrienne.

POLYPHONIES SYRIENNES : Écrivains, Artistes et Intellectuels résistent.

POLYPHONIES SYRIENNES – Les écrivains : introduction

Le Salon International du Patrimoine aborde le patrimoine culturel en péril au Moyen-Orient

Rappel du Patrimoine Culturel en péril au Moyen-Orient au Salon International du Patrimoine  (jusqu’au 8 novembre).
Le Proche-Orient est le théâtre d’événements tragiques dont le bilan accablant tant sur le plan humain que patrimonial fait l’objet d’une prise de conscience internationale. La guerre, le fanatisme, le chaos, et le pillage font malheureusement disparaître sous nos yeux un patrimoine culturel tangible et intangible irremplaçable. ICOMOS France  a ainsi initié une table ronde  le 5 novembre présentant la situation dans son ensemble ainsi que les initiatives des institutions mobilisées présidée par Samir Abdulac, membre d’ICOMOS France, en charge du groupe de travail ICOMOS pour la sauvegarde du patrimoine culturel en Syrie et en Irak, et animée par Francesco Bandarin, Sous-Directeur Général de l’UNESCO, Bruno Favel, Chef du Département des affaires culturelles européennes et internationales au ministère de la Culture et de la Communication, et Sophie Cluzan, archéologue et Conservateur du Patrimoine au musée du Louvre.
Nous saisissons cette occasion pour publier l’intégralité du compte-rendu de la séance d’information qui avait été organisée  le 22 avril dernier par Icomos France à la Cité de l’Architecture sur le même thème qui avait généré un intérêt tout à fait exceptionnel. Malheureusement, d’irréparables destructions se sont depuis poursuivies notamment à Palmyre.   /fichiers/cr-22-avril-revsa-illus.pdf

Destruction de l’Arc de Triomphe par l’E.I. à Palmyre

« Toute la Cité est désormais en danger » avertit Dr Maamoun Abdul Karim, Directeur Général de la DGAM. 
Encore une destruction à Palmyre ! On pourrait se demander quelle justification pourraient cette fois inventer les djihadistes de Daesh ?
Il ne s’agit pourtant ni d’idoles ni de tombes. Iront-ils inventer un “tyran” dont le souvenir serait à éradiquer ?
En tout cas, tout ce qui peut rattacher le peuple syrien à un passé qui n’est pas celui qu’ils se réinventent leur est abominable.
Ne parlons pas non plus de leur provocation délibérée à l’égards des amoureux du patrimoine et des opinions occidentales.
A tout détruire petit à petit, que restera-t-il de Palmyre ? C’était un impressionnant champs de ruines, bientôt il n’en restera plus qu’un vaste amas de pierrailles. Triste XXIe siècle.

L’ÉTAT ISLAMIQUE ET LE PATRIMOINE ARCHITECTURAL ARABE CIVIL ET RELIGIEUX

Nous reproduisons l’intégralité d’un article rédigé par Christian Lochon, administrateur de l’Association d’Amitiés France-Syrie, paru dans le Bulletin de l’Oeuvre d’Orient No 779 d’Avril 2015 sur la destruction du Patrimoine arabe.

C’est parce que le Proche-Orient est connu de beaucoup de nos lecteurs que les événements dramatiques qui s’y succèdent les interpellent à double titre; le christianisme y est né, y a triomphé avec Byzance puis a subi tant d’épreuves jusqu’à nos jours que les adhérents à l’Oeuvre d’Orient se mobilisent pour que nos Frères chrétiens demeurent là où leurs ancêtres ont tant lutté. Nous aurons à plusieurs reprises l’occasion au cours de ce modeste rappel de montrer les points de convergence, de rapprochement, d’échanges, de civilisations croisées entre les rives septentrionale et orientale de la Méditerranée. Mgr Pascal Gollnisch, nous rappelle constamment ses souhaits pour que ce pluralisme culturel et linguistique, que ce pluriconfessionalisme, traditionnels dans la région, demeurent car ils sont le substrat de toute citoyenneté.

A) ELEMENTS INTRODUCTIFS

Charia et interprétations coraniques
Le journaliste Yassin Al Haj Saleh, dans un numéro de Mars 2015 du quotidien arabophone Al Hayat, édité à Londres et très lu, consacre un article aux extrémistes musulmans qui aspirent à établir durablement le règne de l’islam en niant toute évolution historique, n’ayant aucune vision d’avenir. Il précise que «certains points adoptés par Daech sont aussi communément acceptés par les musulmans modérés comme l’interdiction de changer de religion s’il s’agit de l’islam, l’adoption de la charia qui entraînerait la coercition et le refus d’un État de droit ou la nostalgie d’un Califat qui unirait toute l’Oumma. Aussi grâce à des campagnes de communication très efficaces, Daech attire des milliers de volontaires étrangers qu’il associe à ses campagnes d’intimidation et de terreur, multipliant les attentats, les exécutions, les vols, les autodafés.» La lecture du Coran est intangible pour ces ignorants auxquels on a assuré que le texte dicté par Allah lui-même n’est pas susceptible d’adaptation à l’évolution de la civilisation islamique. Évoquant les destructions de Daech en Syrie, le Pr. Maamoun Abdulkarim, Directeur général des Antiquités et des Musées de Syrie les attribue «aux affrontements militaires, aux groupes mafieux mais aussi aux groupes extrémistes QUI VEULENT EFFACER TOUTE DIVERSITE CULTURELLE AINSI QUE LES REPERES PATRIMONIAUX».
En plusieurs endroits du monde musulman, on a assisté à des opérations de destruction de tout ce qui était préislamique, édifices et biens culturels; en Afghanistan, en 2001, lors des tirs au canon sur les Bouddhas de Bamyan (sculptés il y a 1500 ans); en Tunisie au Musée du Bardo en mars 2015 le saccage des antiquités phénico-carthaginoises s’accompagna de l’exécution d’étrangers «athées». Cette éradication comprend aussi les mosquées-mausolées et les centres confrériques sunnites, les mosquées chiites; au Mali avec la destruction de mausolées de saints musulmans et de manuscrits à Tombouctou (mai et décembre 2013); en Libye avec la démolition des mausolées très populaires des Cheikhs Al Chaab à Tripoli et Abdessalam al Asmar à Zliten, haut lieu confrérique. En Tunisie avec le vandalisme effectué sur le Mausolée de Sidi Ben Youssef à Hammamet et sur une soixantaine d’autres. A Koweït-City, le deuxième vendredi de Ramadan 2015, un jihadiste sunnite saoudien fait exploser son véhicule dans le périmètre de la Grande Mosquée chiite de la ville, tuant 27 fidèles et en blessant 200.
Les sanctuaires chrétiens au Pakistan, en Indonésie, aux Philippines et bien sûr au Proche-Orient comme on va le voir plus loin, sont également dévastés. La manière dont sont vilipendés les non-alliés musulmans de Daech laisse prévoir comment sont traités les non-musulmans et particulièrement les chrétiens. Sébastien de Courtois a vu une religieuse chaldéenne enlevée à Mossoul puis libérée; alors que ses geôliers irakiens la respectaient, les miliciens venus d’Europe l’auraient sauvagement exécutée imaginant sans doute que les chrétiens orientaux sont des musulmans convertis; d’autres témoignages de chrétiens enlevés montrent que les salafistes les plus cruels sont les Tchétchènes, les Belges et les Français. Comme la Russie soutient le Régime d’Assad et, au nom de la politique étrangère de l’empire russe, les Chrétiens orthodoxes de Syrie, ces derniers sont assimilés aux Russes par le millier de mercenaires venus de Grozny et dirigés par un homme de main de Baghdadi, Omar Chichani de mère géorgienne et de père tchétchène. Le massacre de Maaloula en Syrie (voir plus loin) où de jeunes chrétiens refusèrent de se convertir et furent exécutés est révélateur de la haine profonde qu’entretiennent des mercenaires Daech envers les chrétiens. On pourra se reporter pour essayer de comprendre les motifs de ces tortionnaires aux articles intitulés Les Chrétiens orientaux et la charia (Bulletins de l’Oeuvre d’Orient avril et juillet 2014, Nos 775 et 776)
Colloques récents sur le Patrimoine arabe religieux et civil
Le monde scientifique et les mouvements chrétiens se mobilisent à Paris depuis plusieurs mois pour alerter l’opinion sur la destruction du patrimoine architectural moyen-oriental. Le 28 Mars 2015, au Colloque à l’École Normale Supérieure de Paris pour la protection des sites archéologiques syriens, organisé par le Professeur Leriche et avec le soutien du Directeur de l’École, les témoignages de deux archéologues syriens doctorants en France furent édifiants. MM Human Saad et Karim Abdallah, ayant rappelé que leur patrimoine était leur identité et que leur avenir était lié à leur passé, décrivirent comment les employés du Département des Antiquités syriennes et la population locale s’étaient efforcés de cacher les objets antiques lorsqu’ils n’avaient pas pu les expédier vers Damas sur des camions de l’armée nationale; cela s’est produit à l’occasion du déménagement des musées de Deir Ezzor, d’Alep et plus récemment de Palmyre; des gardiens de sites qui participaient à la sauvegarde ont été tués par Daech. Le 15 avril 2015, à l’auditorium de l’Institut du monde Arabe, un colloque sur le Patrimoine des Chrétiens d’Orient était animé par M.Alain Desrémaux (CNRS), Mgr Pascal Gollnisch, le Père dominicain Nagib Michaïl qui sauva les manuscrits de Mossoul et Sébastien de Courtois. Le 22 avril 2015, à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine à Paris, une Table-ronde était consacrée au «Patrimoine culturel de Syrie et d’Irak en péril», à laquelle participèrent MM Bruno Favel (Ministère de la Culture), Samir Abdulac du Groupe de Travail Icomos pour la sauvegarde du patrimoine syrien et irakien, Mounir Bouchenaki (UNESCO), Chérif Khaznadar (Maison des Cultures du Monde). Le 6 mai 2015, l’UNESCO organisait une conférence sur le thème « Pour le Patrimoine Irak-Syrie et autres conflits». Le 10 juin 2015, au Centre Culturel de la Goutte d’Or (Paris 18e), Madame Nada Al Hassan traitait d’un thème semblable «Le Patrimoine syrien et irakien en danger». Les 18 et 19 juin 2015, un Colloque à l’UNESCO envisageait «La Reconstruction post-conflit de l’ancienne ville d’Alep».
Expositions sur la culture chrétienne au Proche-Orient
A Paris, deux remarquables expositions se sont tenues sur le patrimoine chrétien irakien; l’une intitulée «Mésopotamie, carrefour des cultures, grandes heures des Manuscrits irakiens» au Musée des Archives Nationales» (Hôtel de Soubise) du 20 mai au 24 août 2015; l’autre à la Mairie de Paris V «Mossoul métropole chrétienne dans la plaine de Ninive» grâce au fonds photographique du Couvent dominicain de Mossoul du 29 mai au 2I juin 2015; cette exposition, confiée à l’Oeuvre d’Orient pour cinq ans, pourra être prêtée à des paroisses dans le cadre de conférences consacrées aux Chrétiens d’Orient. D’autre part, l’Institut du monde arabe serait disposé à organiser également une grande exposition sur ce thème.
A) MONUMENTS ANTIQUES ET ISLAMIQUES D’IRAK
Philippe Flandrin dans Le Pillage de l’Irak dévoilait, avant la création de Daech, les déprédations occasionnées aux sites sumériens et assyriens aussi bien qu’aux Musées de Bagdad, de Mossoul, de Nasseriyah par la famille de Saddam Hussein, notamment son fils Oudaï pour laquelle le trafic des antiquités était source de revenus importante puis, au moment de l’occupation de l’Irak par l’armée américaine, la ville d’Our, par exemple, lieu de naissance d’Abraham, était incluse dans un périmètre militaire américain. A Bagdad, la Bibliothèque Nationale vit ses milliers de tablettes antiques, ses manuscrits bouyides, abbassides et ottomans emportés. Au Musée National de la capitale, des milliers d’objets , dérobés par des bandes de délinquants que le peuple appelait «Ali Baba» conduits par des spécialistes, allaient être vendus à New York et à Tokyo, comme cela s’était passé auparavant au Musée de Kaboul en 1993. Les responsables américains essayèrent de relativiser les faits après que l’UNESCO les ait accusés d’impéritie, voire de complicité. Aujourd’hui, est venue l’ère des exécutions de minoritaires religieux et des pillages de la richesse architecturale par la nouvelle composante islamiste Daech indûment appelée État Islamique.
Daech détient sur son territoire 1800 des 12000 sites archéologiques irakiens, dont trois sites classés à l’UNESCO, Assour, Hatra et Samarra. Les premières villes et l’écriture y apparaissent vers -3500; le Code d’Hammurabi (qui a inspiré plusieurs versets juridiques coraniques) a été élaboré pendant ce règne (-1792 à -1750); l’Empire assyrien dure de -1000 à -609; Cyrus le Grand y règne en -539, suivi des successeurs d’Alexandre, des Romains, des Parthes et à nouveau des Perses. L’arabisation commence en +534. Daech détruit tout ce qui contredit le projet de tradition iconoclaste mais aussi vend le produit des pillages sur le marché international de l’art et encourage la population en partie bédouine et qui considère le sol comme terrain clanique, à faire de même en percevant 20% de la valeur marchande. L’ICOM, Conseil International des Musées, surveille ce trafic, les missions archéologiques étrangères ne pouvant encore opérer qu’au Kurdistan ou au sud de Bagdad.
ASSOUR (Qalaat Sharqat), première capitale assyrienne en pierres (XXVIe siècle avant J.C.) On y a découvert le grand temple d’ Achour, dieu suprême assyrien et ceux d’Erbil, Hadad, Ishtar qui recelaient de nombreuses tablettes de prières aujourd’hui au Musée de Bagdad, des ziggourats et des palais. Ces cités en pierre ne se trouvent que dans le Nord irakien et opposent une résistance plus efficace aux dynamitages de Daech que les cités du centre et du sud bâties en briques cuites au soleil, comme les ziggurats, les minarets , donc moins faciles à protéger.

HATRA, à 110 km Sud-Ouest de Mossoul, sur la rive droite du Tigre, avait été fouillée à partir de 1950; son enceinte circulaire de 2 km de diamètre protégeait le siège d’une principauté arabe qui se battit vaillamment contre les Romains et fut occupée par les Sassanides à partir de 240; on y voyait ainsi des monuments d’influence mésopotamienne, parthe, iranienne, grecque bien conservés en 1969 lorsque je la visitais avec l’archéologue Paolo Costa; elle fut la première cité antique irakienne à être inscrite au Patrimoine mondial. Le 7 mars dernier 2015, ses temples du Soleil (-IIe siècle à +IIIe siècle), ses tours des morts (comme à Palmyre), ses statues de rois (comme «Volagèse, roi des Arabes») ou de dieux (Shamash, Poseidon, Apollon, Hermès) sont systématiquement détruits en utilisant explosifs et bulldozers; devant les protestations de l’Unesco qui dénonça cet acte comme «crime de guerre», le porte-parole de Daech répliqua «On va détruire toutes vos pièces archéologiques, vos sites, vos idoles, votre patrimoine et l’État Islamique va gouverner vos pays»(sic). Hatra était une étape de la «Route de la Soie», en relation avec Palmyre, Petra, Baalbeck, construite par des tribus nomades arabes
KHORSABAD, à 18km au Nord-Est de Mossoul, abrite les vestiges de Dour-Sharroukin, capitale assyrienne de Sargon II (-721-705); en 1843, les consuls français à Mossoul, nommés pour la protection des chrétiens de la région, Paul-Emile Botta puis Victor Place, y entreprirent des fouilles gigantesques avec peu de moyens, croyant qu’il s’agissait du site de Ninive; ils expédieront par la voie du Tigre jusqu’à Bassorah les fameux Lions ailés que le Louvre recueillera, à la demande de Louis-Philippe et qui inaugureront le Département des Antiquités assyriennes.
MOSSOUL, à 350Km de Bagdad, comptait en 2014 une population de deux millions d’habitants qui appartenaient aux communautés confessionnelles sunnite (majoritaire), chiite, chrétienne, yézidie(mazdéenne), chabak (chiite kurdophone) et ethniques, arabe, kurde, turcomane, araméenne. En investissant Mossoul, les miliciens daechis s’en sont pris aux églises, aux temples yézidis, aux mosquées chiites mais aussi à la Mosquée sunnite Younes (Jonas), ancienne église du VIIe siècle transformée en mosquée et que Tamerlan avait épargnée à cause de la sépulture du Patriarche nestorien Hanisho qui y était attestée. La dernière restauration de ce haut lieu de culte, objet de pèlerinages musulmans, datait de 1393. La mise à sac du Musée archéologique de Mossoul, le 26 février 2015, a été filmée; on y voit les miliciens briser les copies en plâtre d’originaux rapatriés au Musée de Bagdad depuis 2003 tandis que les objets précieux dissimulés dans les réserves ont été vendus hors du pays pour alimenter le trésor de l’État islamique. En janvier et en février 2015, les Daechis se livrèrent à des autodafés publics de milliers d’ouvrages de la Bibliothèque Centrale de la ville qui ne concernaient pas l’islam traditionnel.
NINIVE, en face de Mossoul, sur la rive gauche du Tigre, fut la dernière capitale assyrienne. Elle était entourée d’un long et massif mur de 12 km percé de quatre portes monumentales dédiés aux dieux Shamash, Adad, Nergal, Maski La colline de Kouyoumdjik recouvre le centre de la métropole avec ses palais, dont celui d’Assourbanipal (-668-626) où les fouilles commencées en 1842 révélèrent une collection de 25 000 tablettes consacrées à des textes littéraires (l’épopée de Gilgamesh dont on retrouvera des passages dans la Bible et la mythologie grecque), mais aussi des temples et de multiples statues. Le tell Nabi Younès dans la partie sud, couvre les restes du palais d’Essahardon (-681-660); la Mosquée du prophète Jonas qui y était érigée, a été détruite par Daech pour le fait qu’elle était devenue un lieu de pèlerinage; curieusement le terme «Ninua» devenue Niniwa (Ninive) a le sens de «poisson» en sumérien, allusion au mythe de Jonas(?). La porte de Nergal avait été reconstituée le plus exactement possible et flanquée de deux taureaux ailés androcéphales du VIIIe siècle avant J.C. On aura vu, en février 2015, des sbires daechis en train de détruire ces vénérables statues à la perceuse électrique!
NIMRUD (34km Sud de Mossoul) fut la deuxième capitale de l’Assyrie; son enceinte de 8 km de long protégeait le palais d’Assurzanipal (-885-850) resté célèbre pour avoir organisé en -879 un banquet offert à 70 000 hôtes ainsi qu’une ziggourat dotée d’une rampe hélicoïdale, laquelle inspirera l’architecte irakien du IXe siècle qui construisit sur ce modèle le minaret de la Mosquée de Samarra, reproduit au Caire dans la mosquée Ibn Touloun. Toutes ces références culturelles, qui font comprendre toutes les interinfluences de l’humanité en marche, ont été balayées le 5 mars 2015 par les miliciens daïchis filmés en train de déposer des charges de dynamite au pied des colonnes et des murailles du Palais de Sargon ou du temple de Ninurta, minutieusement étudiés en 1930 par l’archéologue Max Mallowan sous les yeux de son épouse Agatha Christie; le reste a été détruit au marteau-piqueur tandis qu’une voix off commentait la scène de carnage en ces termes :«Nous faisons disparaître tout objet ou statue voulus comme rivaux de Dieu».
SAMARRA, située à 120 km au Nord de Bagdad, fut capitale de l’Empire abbasside de 836 à 892; la Grande Mosquée (chiite) du Vendredi, flanquée de son minaret hélicoïdal exceptionnel comme vu plus haut, le Palais califal, les tombes des 10e et 11e Imams, ont été dévastés.
La résolution 2199 du Conseil de Sécurité pointait précisément « le pillage et la contrebande d’objets appartenant au patrimoine de l’Irak et de la Syrie.
B) MONUMENTS CHRETIENS D’IRAK
Dans cette région, la vie monastique, qui atteint son apogée aux VIe et VIIe siècles, s’est poursuivie jusqu’à aujourd’hui. L’enseignement théologique mais aussi littéraire et scientifique se répandit en dehors de la Mésopotamie; il est l’objet aujourd’hui d’un renouvellement des études qui lui sont consacrées dans les les universités occidentales. Les sanctuaires de l’Irak septentrional ont conservé des témoignages architecturaux anciens et leurs bibliothèques des manuscrits inestimables. Cependant, depuis 1915, un siècle de persécutions, de massacres envers les ressortissants chrétiens et le saccage systématique des lieux de culte ont considérablement appauvri leur influence locale.

MAR BEHNAM On est très inquiet des destructions opérées dans le monastère de Saint-Behnam à 35 km à l’est de Mossoul et qui était merveilleusement décoré; les Mongols l’avaient épargné parce qu’il était consacré à Saint-Georges assimilé au «Khodr» coranique Restauré en 1164, il demeura longtemps un foyer de culture syriaque surtout lorsque les Patriarches syriaques non-chalcédoniens y résidèrent. Le Jubilé de l’An 2000 y avait réuni 12 000 pèlerins et il était redevenu un centre de rayonnement spirituel mondial de la culture syriaque.On trouve une reproduction des hauts-reliefs des lions de la décoration de l’église dans l’une des chapelles du Monastère de Guegard en Arménie, montrant ainsi les relations séculaires entre les chrétientés monophysites arménienne et syriaque. Le Groupe de l’Oeuvre d’Orient conduit par Mgr Gollnisch qui visita la région en 2013 rencontra des moines maronites venus faire leurs recherches sur la patristique syriaque..
MAR DJORDJIS (Saint-Georges), couvent syriaque du XVIIe siècle, proche de Mossoul, où se réunissaient à chaque retour du printemps une foule de fidèles, a été transformé en prison par Daech.
MAR MATTI (Saint-Mathieu), fondé au IVe siècle, principal monastère fortifié syriaque monophysite, à 35 km de Mossoul et à 1200 mètres d’altitude, a accueilli de nombreuses familles qui vivent chichement dans les cellules des moines, dans la peur d’une attaque de Daech.
NOTRE-DAME DES MOISSONS domine la ville d’Al Qosh, menacée par Daech. A proximité, le superbe Couvent RABBAN HORMEZ en partie troglodytique qui fut le siège des Patriarches biphysites, fut détruit à plusieurs reprises par les voisins kurdes ou le Turkmène Nader Shah en 1743. Ses précieux manuscrits ont pu être sauvegardés en territoire kurde; le Groupe de l’Oeuvre d’Orient cité plus haut le visita et fut impressionné par le site et la résistance des moines.
MOSSOUL avait une minorité chrétienne importante (20% de la population) au XVIIe siècle; Rome y envoya des Capucins en 1636, des Dominicains italiens en 1726 puis français en 1750 qui ouvrirent des couvents. Ces derniers créent une imprimerie (en caractères arabes et syriaques) en 1854 pour la diffusion de bibles et de livres religieux ainsi que le Séminaire syro-chaldéen (1878- 1972) qui formera des générations de francophones. La bibliothèque des Pères dominicains rassemblera de nombreux manuscrits recueillis dans les couvents et les églises de la région. Le Gouvernement français ouvrit un consulat dans la ville dont la mission consistait surtout à essayer de protéger la communauté chrétienne. Le couvent dominicain devra être abandonné en 2014; ses locaux servent aujourd’hui de prison où sont torturés les opposants à Daech tandis que l’archevêché syriaque non-chalcédonien est devenu un des des sièges administratifs de l’État islamique. L’évêché syriaque catholique a été brûlé; certaines des vingt autres églises souvent médiévales ont été transformées en mosquées. Les couvents possédaient des manuscrits que le Père dominicain irakien Nagib Mikhaîl , conservateur formé en France, s’était efforcé de collationner pour les numériser au Couvent de Mossoul. En 2007, devant la menace islamiste, le religieux transporta ses collections à Qaraqoche (20 km de Mossoul) dans une annexe du Couvent moins exposée. Le Père Nagib continua son travail jusqu’en juin 2014; c’est à Erbil, dans la province kurde qu’il expédia les précieux manuscrits en juillet; le reste fut acheminé à la hâte le 6 août lors de la prise de Qaraqoche par les Daechis. Conservés dans un endroit sûr en Irak, le Père, soutenu par l’Oeuvre d’Orient , a réalisé un certain nombre de fac-similés des 809 manuscrits concernant des textes littéraires,liturgiques ou médicaux afin de les exposer aux Archives Nationales de France dans le cadre de l’ exposition citée plus haut, intitulée «Mésopotamie, Carrefour des cultures».
TIKRIT, où naquirent Saladin et Saddam Hussein, eut un long passé chrétien, c’est là que résida le Maphrien mot d’origine syriaque désignant «Le Maître» qui était le Numéro II de l’Église syriaque non-chalcédonienne et chargé des missionnaires et des églises en Asie; pour des raisons de sécurité, ce dignitaire résida à partir du XIIIe siècle à Qaraqoch et Mar Behnam. Daech, en septembre 2014, détruisit leur basilique restée depuis lors.On trouve encore aujourd’hui des membres de cette Église dans l’État de Kerala en Inde, qui reconnaissent la suprématie du Patriarche de cette communauté, en résidence à Damas.


C) MONUMENTS ANTIQUES DE SYRIE

Depuis la période mandataire (1922-1947), la France a été très présente dans le domaine archéologique de la Syrie; la destruction du patrimoine archéologique depuis le début de la guerre civile (2011) par les miliciens du Front Nosrah apparenté à Al Qaïda et de ceux de l’État islamique, ont conduit les archéologues syriens et français à rechercher comment préserver le patrimoine de ce pays. M.Maamoun Abdelkarim, cité plus haut, Directeur général des Antiquités et des Musées de Syrie, kurde et syriaque par sa mère, arménien par son père, a fait mettre à l’abri dans les réserves du Musée de Damas, les pièces rares (nombreuses tablettes) des musées de Deir Ezzor (16 000 objets), Alep, Palmyre, Homs parfois transportées par l’armée dans des tanks. Il avait constaté que les sites situés près des frontières étaient plus exposés dans la mesure où des filières bien organisées assurent l’exportation des objets antiques par la Turquie, le Liban et la Jordanie.

Sites archéologiques de l’Ouest syrien
ALEP a été détruite à 60%; c’est la plus grande catastrophe subie depuis la seconde guerre mondiale ; les souks centenaires sont démolis de fond en comble et la Citadelle, haut lieu stratégique a été l’objet de bombardements intensifs, mettant en péril les fouilles en cours qui mettaient à jour au-dessous des vestiges byzantins le temple du dieu phénicien Adad. Le minaret du XIe siècle de la Mosquée des Omeyyades a été lourdement atteint.
APAMEE est truffée de 14000 fosses creusés à la pelleteuse sur 2 ou 3 mètres de profondeur comme l’ont montré les images satellites; les fouilles sauvages se sont poursuivies sans interruption le long de la célèbre colonnade d’un kilomètre depuis mars 2011.
BOSRAH ainsi que le Théâtre fortifié de Bosrah occupé depuis le 25 mars 2015 par le Front Nosrah contient beaucoup d’objets antiques dont on craint l’éparpillement frauduleux.
EBLA abandonnée par ses gardiens, est livrée aux pillards
Le KRAK DES CHEVALIERS, superbe forteresse médiévale prise aux Hospitaliers par le Sultan mamelouk Baïbars au XIIIe siècle, est tour à tour occupée par l’armée syrienne et les miliciens du front Nosrah qui bombardent les villages chrétiens en contrebas (Wadi Annassara). Les dégâts sont très importants.
MAARET NAAMAM est la ville natale du grand penseur syrien libre-penseur du IXe siècle Al Maari; son tombeau installé dans le Centre culturel a été plastiqué par les miliciens du Front Al Nosra; de courageux volontaires locaux ont essayé de défendre un caravansérail médiéval proche qui abrite de superbes mosaïques paléo-chrétiennes, provenant du Monastère de Saint-Siméon et de 80 autres monastères du Ve siècle dans le massif calcaire du Nord de la Syrie.


Sites archéologiques de l’Est syrien

DOURA-EUROPOS, appelée par les Romains «Pompéi du désert» marquait la limite de l’Empire romain séparé par l’Euphrate de l’Empire parthe, qui s’en empara en 256 et la ville fut livrée depuis aux vents et aux sables. La synagogue exceptionnellement décorée de fresques a été transportée au Musée National de Damas; l’équipe archéologique franco-syrienne du Professeur Pierre Leriche s’est consacrée à dégager les nombreux monuments (19 temples, plusieurs palais) de cette cité bâtie sur une falaise qui dominait le fleuve de 40 mètres. Malgré des campagnes de fouilles qui n’ont pas cessé depuis 1920, une petite partie seulement du site a révélé de nombreux documents qui mettent en valeur le rapprochement helleno-oriental. Aussi, depuis que les miliciens de Daech occupent la région, on peut imaginer le pillage de ce lieu exceptionnel.

MARI, plus au Sud, a été fouillé à partir de 1933 par André Parrot dont on peut voir la maquette du site au Louvre; Jean-Claude Margueron y consacra une grande partie de sa vie et Pascal Butterlin qui lui succéda y resta jusqu’en 2013; ce dernier organisa à l’Institut du Monde Arabe une très belle et émouvante exposition en 2014 sur cette cité qu’Hammourabi détruisit en 1750 avant J.C.; proche de la frontière irakienne, le site est également pillé par les mercenaires daechis.
PALMYRE, à 240 km au Nord-Est de Damas, était une cité caravanière très riche liée à Bassorah qui importait les produits indiens revendus vers l’Europe. Les colonnades avaient été réédifiées ainsi que des éléments de l’agora, du camp de Dioclétien, des tombeaux à tours ou souterrains, et ces ruines grandioses associées au souvenir de la Reine Zénobie, d’origine «arabe» étaient célèbres dans le monde. Le site.a été occupé le 21 mai 2015; le drapeau noir de l’État islamique hissé le même jour sur le château attribué à l’Émir libanais Fakhreddine (XVIe siècle). Le théâtre romain a servi dans les jours qui ont suivi à l’exécution publique des militaires syriens faits prisonniers. Si l’archéologue syrien Michel Al Maqdissi, ancien Directeur Général des Antiquités syriennes jusqu’à 2012, estime que les constructions massives peuvent résister aux déprédations, les nécropoles, fouillées seulement à 20% et où chaque mort a son buste, sont certainement pillées et les statues et bas-reliefs vendus à l’étranger. Déjà, 1300 pièces volées ainsi que huit statues ont été repérées hors du pays Les déprédations ont commencé avec la destruction de la statue du lion d’Al lat (Athéna), pesant 3 tonnes et mesurant 3 mètres de haut. qui se trouvait à l’entrée du Musée de Palmyre, dont les collections heureusement ont été acheminées vers Damas par les véhicules et les avions de l’armée nationale syrienne. La prise de Palmyre a été ressentie très fortement par la population syrienne, comme l’a souligné Monsieur Maamun Abdelkarim, en déclarant récemment au cours d’une conférence de presse à Paris;«Avant la prise de Palmyre, nous subissions une guerre civile; après, c’est devenu une guerre internationale.»

RAQQA, qui fut une capitale abbasside pour quelques années, possédait encore les restes d’un palais et d’une mosquée califals; devenue le chef-lieu syrien de l’État islamique, c’est de là que partent les expéditions punitives de Daech
RASSAFA , à proximité de Raqqa, fut une métropole byzantino-arabe contenant plusieurs églises, et qui avait été peu fouillée. L’aspect chrétien antique du site ne l’aura certainement pas fait épargner des destructions sauvages.

D) MONUMENTS CHRETIENS DE SYRIE

Depuis 2013, des membres du clergé de chaque ville syrienne ont été maltraités, enlevés, tués; ainsi à Qaryatayn, entre Palmyre et Damas, un prêtre syriaque catholique a été kidnappé le 22 mai 2015.
ALEP, qui fur la deuxième ville la plus importante de l’Empire ottoman après Istanbul développa un quartier chrétien au XVIe siècle qui se dota de nombreuses églises. Les bombardements particulièrement orientés vers cette partie de la ville depuis 2011 et plus particulièrement en avril et mai 2015, ont gravement endommagé les cathédrales maronite, melkite, arménienne catholique et complètement détruit l’église arménienne grégorienne des 40 Martyrs qui avait de superbes icônes. L’église évangélique a été détruite par explosifs. De nombreux enlèvements de citoyens chrétiens a réduit cette communauté à 50 000 personnes. Les évêques syriaque non-chalcédonien et grec-orthodoxe ont été enlevés depuis deux ans sans que l’on ait de nouvelles d’eux, de même que des centaines de paroissiens.
HOMS fut longtemps un lieu de pèlerinage à Saint Jean-Baptiste auquel on avait élevé un sanctuaire. Les Syriaques non-chalcédoniens y possèdent depuis le Ive siècle une église où aurait été recueillie la ceinture de la Vierge et d’ailleurs le Patriarche de cette communauté y résida au début du XXe siècle avant de s’installer à Damas; l’église de la Vierge fut reconstruite au XIXe siècle dans le style« seljouqide» caractérisé par l’alternance de pierres noires et blanches («ablaq») ; cette basilique s’est hélas effondrée sous les bombardements récents. La plupart des autres églises ont été endommagées , Notre Dame des Pères Jésuites, Saint-Antoine et Saint-Georges des Orthodoxes, la cathédrale syriaque-catholique et le temple protestant. Le Jésuite néerlandais Frans Van der Lugt (75 ans), en Syrie depuis 1966 a été froidement exécuté devant sa maison; son confrère syrien Ziad anime une équipe de volontaires qui assurent la scolarisation de 3500 enfants chrétiens et musulmans et prodiguent l’aide sociale
A KASSAB, au Nord-Ouest de la Syrie, à proximité de la frontière turque dont ils étaient venus, des miliciens du Front Al Nosra s’emparèrent de cette petite ville montagneuse où étaient établies des familles arméniennes descendant des victimes du génocide 1915; les habitants s’enfuirent à Lattaquieh. Al Nosra est constitué, comme Daech, de miliciens étrangers venus de Libye, Turquie, Tchétchénie, de Belgique et de France; ces derniers venus d’Europe, sont les plus acharnés contre les Chrétiens syriens.
MAALOULA à 55 km au Nord de Damas, a une population mixte (2/3 de Chrétiens et 1/3 de Musulmans); le couvent melkite Saint-Serge et Saint-Bacchus conserve un autel du IVe siècle et des icônes précieuses et surplombe l’agglomération; en contrebas, le couvent orthodoxe de Sainte-Thècle, est un lieu de pèlerinage traditionnel pour tous les orthodoxes arabophones. Le Front Al Nosra occupa Maaloula au début de septembre 2013; les miliciens saccagèrent les deux couvents, décapitèrent la statue de la Vierge, emmenant en otages à Yabroud dix-huit religieuses qui ne seront libérées au Liban qu’en mars 2014 qu’après la libération de 150 prisonnières islamistes; ce qui créa dans tout le pays une émotion considérable; trois jeunes Chrétiens ayant refusé d’apostasier furent exécutés. L’armée syrienne reprit la ville le 11 septembre et les lieux de culte ont été reconstruits
MAR MOUSSA, (Saint-Moïse) à proximité de Homs, est un couvent appartenant aux Syriaques catholiques; il était à l’abandon lorsque le Père jésuite Paolo Dall’Oglio s’y installa au cours des années 1980 et avec l’aide de restaurateurs italiens en dégagea des fresques aux superbes couleurs du VIe siècle; une Communauté y prit le nom d’Al Khalil (Abraham) et organisa des sessions de dialogue islamo-chrétien qui eurent un grand succès; malheureusement le Père Paolo a disparu à Raqqa en 2013 au cours d’un échange présumé d’otages et la Communauté n’a pas pu se maintenir étant donné l’insécurité dans la région.
QALB LOZE et MOUCHABBAK sont des basiliques à trois nefs du VIe siècle reconnues par l’archéologue Melchior de Voguë en 1862 dans son ouvrage La Syrie Chrétienne, comme le prototype lointain des façades de nos églises d’Occident. Il écrit de cet art dit «roman» qui sera adopté en Occident au moment des Croisades «L’enseignement oriental a précédé les Croisades et préparé de longue main le mouvement architectural qui s’est produit aux XI et XIIe siècles en Occident… C’est à l’abside qu’apparaît de manière plus évidente ce lien de parenté qui unit les églises de la Syrie centrale à celles de l’Occident».
SAINT-SIMEON était devenu au Moyen-Age un lieu de pèlerinage consacré au stylite et thaumaturge Siméon, qui s’y était fixé sur une colonne en 415 et qui y mourut en 459. Ce sanctuaire, le plus vaste d’Orient avant l’érection de Sainte-Sophie de Constantinople, couvrait 12000 m2. L’ Itinéraire rédigé par un pèlerin anonyme de Bordeaux au Ve siècle montre que les pèlerins occidentaux se rendaient à Alexandrie par bateau puis au Sinaï avant de gagner Jérusalem et de revenir par l’Anatolie en passant à Saint-Siméon, doté de trois hôtelleries et de la fameuse église cruciforme élevée par l’Empereur Zénon autour de la base de la colonne du saint stylite. Les miliciens du Front Al Nosra se sont livrés en l’occupant à de nombreuses déprédations.
SEDNAYA, à 80 km au Nord de Damas, dans le massif du Qalaoun, est depuis longtemps un lieu de pèlerinage à la Vierge, dont une église possède une ancienne icône dissimulée aux regards. On venait à Sednaya de toute la Syrie, du Liban, de Jordanie et d’Irak. Les moniales orthodoxes, que l’on appelle «hajja» comme si elles étaient musulmanes, accueillaient de nombreuse familles chrétiennes et musulmanes venues prier la Vierge. La Mère Supérieure envoya, en 1988, au Président Chirac une représentation de l’icône et je fus chargé, étant en poste à Damas, de lui transmettre la lettre de remerciement du Président français. Le couvent offrait des chambres aux familles de pèlerins venues se ressourcer.
YABROUD, lieu de naissance d’ intellectuels et de savants melkites, aujourd’hui comme hier (Nicolas Sarkis, spécialiste du pétrole, Boutros Hallaq) avait de belles églises anciennes. L’occupation par le Front Nosra qui en fit son Quartier Général a fait partir la plupart des habitants et causé d’énormes dommages aux églises et à leur mobilier; les icônes ont été envoyées à Damas pour être réparées.
L’Est de la Syrie, occupé par Daech, a vu ses populations fuir vers la Turquie ou l’Ouest syrien dans des conditions inhumaines; quant aux édifices religieux, ils ont été saccagés ou même démolis.

DEIR EZZOR, les Daechis y ont dynamité le 22 septembre 2014 le mausolée du Mémorial arménien du génocide ottoman sans doute pour faire plaisir au Gouvernement turc actuel.
HASSAKE est assiégé depuis plusieurs mois dans le but de «vider la ville des Chrétiens», comme l’annoncent par hauts-parleurs tous les jours les mercenaires de Daesh; les habitants sont les descendants des Assyriens irakiens massacrés par l’armée irakienne en 1933 et accueillis par des officiers français en Syrie, dont le futur Général Pierre Rondot; deux villes furent crées au cordeau pour les accueillir, Hassaké et Qamechlié. Dans les environs, le long de l’Euphrate et du Khabour, 34 villages assyriens s’échelonnaient et qui se sont vidés de leurs habitants à cause de l’insécurité occasionnée par les bandes armées de «takfiris» (islamistes). La Turquie a fermé ses frontières proches aux réfugiés chrétiens rendant difficile leur fuite; le Groupe de pèlerins de l’Oeuvre d’Orient en 2014 avait rencontré à Erevan des citoyens syriens de ces villes, dont le Chorévêque Mgr Antoine Ayzazian, de confession arménienne catholique qui avaient pu gagner l’Arménie en traversant la Turquie et même en soudoyant les attaquants daechis. Sur les 5000 déplacés de la région, 2000 ont été accueillis à Sarcelles, où se trouve une paroisse assyro-chaldéenne. Le Patriarche Sako a justement dit à ce propos qu’il fallait regrouper Assyriens et Chaldéens sous une seule appellation «Église d’Orient» , telle qu’elle était connue au Moyen-Age quand ses missionnaires atteignirent Pékin en ayant parcouru la Route de la Soie et converti des centaines de milliers d’Asiatiques.
RAQQA Quant aux Chrétiens de Raqqa,il leur est interdit de sonner les cloches de l’église et ils doivent payer la jizya s’élevant à 17 grammes d’or pour les plus riches par individu et à 4,5 grammes d’or pour les pauvres mais ils n’ont pas été expulsés comme ceux de Mossoul et ils semblent avoir provisoirement conservé leurs biens.

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Les événements qui, en 2011, avaient pu paraître comme une révolte intérieure contre le Régime Assad, se sont mués en affrontement international L’armée de Bachar se serait déjà effondrée sans l’appui technique de la Russie et le transfert incessant de militaires iraniens, de miliciens du Hizbollah venus du Liban et de formations populaires chiites venues d’Irak. Moscou a a annoncé son intention de protéger les citoyens orthodoxes de Syrie, reprenant ainsi la mission que s’était confiée Catherine II à la fin du XVIIIe siècle au nom des «Capitulations». Conserver la base navale de Tartous fait aussi partie des préoccupations russes. Téhéran, en aidant le clan alaouite au pouvoir s’oppose à l’Arabie Saoudite, à la Turquie et au Qatar qui soutiennent les Syriens sunnites. En Irak aussi, le pays se fragmente et s’installe dans des zones réservées au Nord aux Kurdes, au Sud aux Chiites et dans la partie occidentale conquise provisoirement par l’État islamique aux Sunnites.
On voit bien que les pays occidentaux ne sont plus en mesure de peser sur ce conflit régional qui d’ailleurs peut menacer l’Europe. Les alliés et partenaires économiques arabes de l’Occident paraissent de plus en plus menaçants à son égard en soutenant l’extrémisme sunnite.
Tant qu’aux citoyens syriens ou irakiens non-musulmans, tant qu’on ne les reconnaîtra pas comme citoyens ayant les mêmes droits que les musulmans, ils demeureront soumis à toutes les formes d’oppression. Les citoyens français se doivent de ne pas l’oublier.

CHRISTIAN LOCHON

ELEMENTS BIBLIOGRAPHIQUES

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BAR HAEBRAUS L’histoire du monde d’Adam à Kubilai Khan, Bruxelles Éditions EME 2013
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FIEY Jean Maurice, Mossoul chrétienne, Beyrouth Imprimerie Catholique
FIEY Jean Maurice, In Memoriam 1914-1995, Beyrouth Université Saint Joseph 1997

FLANDRIN Philippe,